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mineure s'il y avait une note sensible, mais le chant arabe ramène obstinément le sol naturel dans le mode L'sain.

6 Le mode Saika, correspondant au mode Hyper-Lydien des Grecs et au quatrième ton du plain-cbant ayant pour base le si. Son emploi est très-rare et aussi son caractère mal défini. On le confond assez souvent avec le mode Mezmoum dont il dérive.

7 Le mode Méia, correspondant au mode Hyper-Phrygien des Grecs, et au sixième ton du plain-chant ayant pour base le do. Selon Plutarque, ce mode est propre à tempérer la véhémence du Phrygien. En effet, bien qu'il participe du mode Edzeil dont il a quelquefois la férocité, il conserve un caractère de grandeur et de majesté, même chez les Kabiles, qui l'emploient dans quelques-unes de leurs chansons populaires. El ou mouïma ou lascar que chantent les femmes pour encourager les guerriers au combat, et la chanson des Beni-Mansour sont dans ce mode. Dans le plain-chant, le cinquième et le sixième tons semblent aujourd'hui n'en former qu'un seul.

Il serait curieux de rechercher par quelles gradations on a successivement abandonné toutes ces gammes, usitées alors dans la musique profane comme dans la musique sacrée, pour ne conserver, dans la première, que la gamme du sixième ton du plain-chant.

C'est à ce point de vue qu'il serait bon d'étudier surtout la musique des Espagnols, non pas celle des 15° et 16° siècles, comme on l'a fait déjà, mais bien celle des chansons populaires. Dans ces chansons, où l'on reconnaît facilement le caractère arabe imprimé par sept siècles de domination, dans ces Canas, Jácaras, etc., doit se trouver la transition du principe ancien au principe nouveau, le germe de la révolution musicale qui donna naissance à l'harmonie, révolution dont Gui d'Arezzo fut le premier apôtre.

J'essaierai, en parlant des instruments, de donner quelques indications sur ce sujet (voir le chapitre suivant).

8° Le mode Rasd-edzeil, correspondaut au mode Hyper-mixolydien des Grecs, et au huitième ton du plain-chant ayant pour base le ré, octave du premier.

Ce mode offre un mélange singulier, un résumé des autres et principalement du mode Edzeil, auquel il donne une teinte lugubre. On le dit propre aux méditations sublimes et divines.

Les chansons écrites dans ce mode ne se distinguent de celles du premier et du troisième que par les terminaisons et des détails qu'il serait beaucoup trop long d'énumérer ici.

Tels sont, en somme, les huit premiers modes de la musique arabe. Tous sont basés sur chacune des sept notes de la gamme, sans déplacement des demi-tons.

(A suivre)

SALVADOR DANIEL.

NOTES HISTORIQUES SUR LES MOSQUÉES

et autres édifices religieux d'Alger.

(Voir les n° 24, 25, 27 et 29 de la Revue)

§ 3. LES CHORFA.

Il existe chez les Arabes trois sortes de noblesse: la noblesse d'origine; la temporelle ou militaire; et la noblesse religieuse.

On appelle noble d'origine (cherif, pluriel chorfa), tout musulman qni peut, au moyen de titres réguliers, prouver qu'il descend de Fatma-Zobra, fille du Prophète et épouse de Sidi Ali, fils d'Abou Taleb, oncle de ce dernier. Cette sorte de noblesse est très-considérée chez les Arabes, qui montrent, en général, une grande déférence aux Chorfa et leur donnent le titre de sidi (monseigneur). Toutefois, comme les Chorfa sont très-nombreux, si nombreux que, dans quelques contrées, ils forment des fractions (ferka) de tribu entières, les marques extérieures de respect qu'on leur donne varient avec les lieux.

Le chérif est sujet aux lois, mais il a, en pays musulman, le droit d'invoquer un jugement rendu par ses pairs. Bien que les Chorfa jouissent de prérogatives plutôt morales que matérielles, et que leur influence réelle ne doive pas se mesurer sur les honneurs qu'on leur rend, leur qualité leur procure cependant bien des immunités, exemptions d'impôts et autres privilèges. Je crois devoir donner, à ce sujet, le résumé suivant d'une pièce authentique que j'ai eue entre les mains.

« Un ordre émané du Grand, Eminent, Magnanime et Illustre Seigneur notre maître, le Douletli, le Seigneur Hoçain-Pacha, fils de Haçan, exempte les seigneurs pieux, les savants, vertueux, savoir le jurisconsulte Sidi Mohammed ben Zineb, Sidi 'el-Arbi,

Sidi el-Houari, Sidi Abed, et tous les Oulad Sidi el-Hadj Abd elHadi, de toutes les demandes que pourrait leur adresser le gouvernement, afin qu'ils jouissent de cette immunité, eux et leurs descendants, jusqu'à ce que Dieu hérite de la terre et de ceux qui sont à sa surface. Cette décision est fondée sur ce que les susdits ont établi et constaté qu'ils sont chorfa. A la date du second tiers du mois de moharrem de l'année 1235 (1819-1820). »

Il s'est passé pour les Chorfa ce qui a eu lieu pour les Andaloux. Alger, ville importante et relativement populeuse, renfermait une quantité assez forte de ces nobles, et les plus riches d'entr'eux eurent la pensée charitable de pourvoir, au moyen de fondations pieuses, aux besoins de ceux de leurs frères qui se trouvaient dans l'indigence. En 1121 (1709), Mohammed ben Baktache, alors dey d'Alger, donna un centre d'action à ces efforts individuels de charité, en bâtissant une Zaouïa spécialement affectée aux Chorfa. On trouvera de plus amples renseignements sur cet établissement au chapitre qui lui est consacré dans la deuxième partie de ce travail. (Zaouïa des Chorfa, rue Jenina)

§ IV. LES FONTAINES (EL-AIOUN).

Il y avait dans cette institution deux choses bien distinctes: une des branches de l'administration municipale et la gestion de fondations pieuses.

L'aménagement et la répartition des eaux, la construction des aqueducs et des fontaines et leur entretien, rentraient dans les attributions de l'État et formaient une administration dont le chef s'appelait caïd ou khodjet el-aïoun.

Mais les particuliers, qui souvent aussi se chargeaient spontanėment, à leur frais, de la construction de fontaines et puits, conduites, aqueducs, avaient une sollicitude toute particulière pour ce qui pouvait assurer le service régulier des eaux, ce liquide si précieux dans un pays où l'été est si long et si sec. Adoptant la forme du habous, ils faisaient des donations immobilières dont les revenus étaient consacrés exclusivement à l'entretien des fontaines et des aqueducs. Cette dotation, dont les produits venaient singulièrement en aide à l'administration, était gérée par le caïd el-aïoun.

Pour ne pas tomber dans des redites et la question de la dotation étant, d'ailleurs, secondaire ici, j'ai réservé les renseignements que

je puis avoir sur la question des eaux et des fontaines pour un travail que j'ai l'intention de publier prochainement sous le titre de Glanures historiques.

SV. LE BEIT-El-Mal.

Je ne citę le Beit-el-mal que pour m'en occuper négativement et protester contre le titre de corporation religieuse qui a été donné souvent à cette institution. Le Beit-el-mal avait des intérêts entièrement contraires à ceux des corporations; c'était simplement l'une des branches de l'administration, qui avait pour principale attribution de gérer les biens de l'État et de recueillir les propriétés attribuées à ce dernier dans les cas de déshérence fixés par la loi musulmane. Il était donc l'ennemi naturel des habous, dont les dispositions mettaient à néant les dispositions de la loi sur les successions et détournaient son intervention; et c'est bien à tort qu'on l'a classé dans les corporations religieuses, ou prétendues telles, dont les habous étaient l'élément fondamental.

Dans un travail que je me propose de publier prochainement sous le titre de Glanures historiques, je publierai tous les renseignements que j'ai pu recueillir, soit sur le Beit-el-mal, soit sur les Beit-el-maldji ou directeurs de cette administration.

FIN DE LA PRemière partie.

(A suivre)

Albert DEVOULX.

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