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Ibn-Sad. Aux Zoghli est réservé le commandement en chef de toutes les branches de la tribu de Yezîd, tant de celles qui s'adonnent à la vie nomade que de celles qui ont des demeures fixes. Il est à notre connaissance que ce privilège avait appartenu à Zîan-Ibn-Zoghli, et ensuite à Dîfel, frère de celui-ci. De Dîfel l'autorité passa successivement à son frère, Abou-Bekr, à Saci, fils d'Abou-Bekr, à Mâtouc, autre fils du même, à leur cousin, Mouça, fils d'Abou-'l-Fadl-Ibn-Zoghli, à Ahmed, frère du précédent, à leur frère, Ali-Ibn-Abi-'l-Fadl, et enfin à Abou-l-Leil, fils de Mouça et petit-fils d'Abou-'l-Fadl. Abou'l-Leil mourut en 791 (1389) et eut pour successeur son fils.

Autrefois, les Beni-Yezîd comptaient les Beni-Ameraunombre de leurs confédérés; quand ils changeaient de station, les BeniAmer les accompagnaient, et dans leurs guerres, ce même peuple leur servait d'auxiliaire. Sous le règne du khalife hafside, ElMostancer, les Rîah, commandés, d'abord par leur chef MouçaIbn-Mohammed-Ibn-Masoud, et ensuite par son fils Chibl, se livrèrent, pendant un temps considérable, à des hostilités contre les Zoghba. Les Beni-Yezid prirent une part très active dans cette querelle, à cause de leur voisinage avec les parties belligérantes. En récompense des secours que leurs confédérés, les BeniAmer, leur avaient fournis pendant ces dissensions, les BeniYezid s'imposèrent une contribution annuelle de mille grands sacs (gherara) de grains; don qui fut appelé le gherara. L'on rapporte que les Beni-Amer avaient mérité cette marque de reconnaissance par leur empressement à venir en aide à AbouBekr-Ibn-Zoghli auquel, pendant ces troubles, les Rîah avaient enlevé Dehous, localité qui fait partie du Hamza. La portion des Beni-Amer qui accourut à son appel se composait des AuladChafaï, commandés par Saleh-Ibn-Balegh, des Beni-Yacoub sous les ordres de Dawoud-Ibn-Attaf, et des Hamîd sous la conduite de Yacoub-Ibn-Moarref. Au moyen de ce renfort Abou-Bekr-IbnZoghli recouvra la possession de son territoire, qu'il greva ensuite du gherara, offrande destinée à la tribu qui l'avait secouru. Pendant un temps assez long, cet impôt continua à être payé régulièrement aux Beni-Amer.

Vers le temps où Yaghmoracen établit son autorité dans Tlemcen et les pays voisins, époque à laquelle les Zenata vinrent occuper le Tell et les plateaux, les Makil se livraient dans ces régions à tous les désordres. Voulant contenir la violence de ces Arabes en leur donnant pour voisin un peuple rival, Yaghmoracen fit venir les Beni-Amer des lieux qu'ils parcouraient dans la partie du Désert appartenant aux Beni-Yezid, et les établit près de lui dans le Désert [au sud] de Tlemcen. La tribu de Hameïan1, branche des Beni-Yezid et descendue d'Ocba-Ibn-Yezîd, y suivit les Beni-Amer, parce que, s'adonnant exclusivement à la vie nomade et au soin des troupeaux, elle n'avait point de séjour fixe. Encore aujourd'hui on considère les Hameïan comme faisant partie des Beni-Amer.

Le reste des Beni-Yezid occupa les campagnes fertiles de la région maritime [à l'est d'Alger] et s'y établit à demeure. Un très petit nombre d'entre eux, composé de quelques membres de la famille d'Akerma et de diverses fractions de celles d'Abs, continue, cependant, jusqu'à ce jour, à vivre en nomades; ils fréquentent la partie du Désert que parcourent les AuladZoghli, et, presque toujours, ils s'y rendent de compagnie avec eux ou avec les alliés qu'ils se sont faits parmi les nomades de la tribu de Zoghba et ceux de la tribu de Rîah.

Entre les branches des Beni-Yezîd-Ibn-Abs-Ibn-Zoghba, on remarque celles des Beni-Khachîn[les Khachna], desBeni-Mouça, des Beni-Moâfa et des Beni-Lahec. Ces deux dernières familles avaient exercé le commandement sur toute la tribu antérieurement aux Beni-Sâd-Ibn-Malek: On y compte de plus les BeniDjouab, les Beni-Kerz et les Beni-Marbe, appelés aussi les Merabéâ. Toutes ces peuplades occupent encore le pays du Hamza 2. Une petite tribu, branche des Merabéâ, vit actuellement avec ses troupeaux dans les plaines de Tunis, où elle est connue sous le nom de Zoghba.

1. Si nous admettons l'orthographe ponctuée de ce nom, telle que les meilleurs manuscrits nous la présentent, il faut le prononcer Homeïyan. 2. Ils habitent maintenant entre le Hamza et la plaine de la Métidja.

Les Beni-Hosein-Ibn-Zoghba occupaient le pays qui touche à la partie occidentale du territoire habité par les Beni-Yezîd. A côté d'eux, les Thâleba, branche de la tribu de Makil, possédaient la région qui s'étend depuis la mer jusqu'à Tîteri et à Médéa. Dans la suite, cette contrée fut enlevée aux Thâleba par les Beni-Toudjîn 1, branche de la tribu des Beni-Badîn.

Comme les Toudjîn avaient pour voisins les Beni-Hosein, tribu aux habitudes nomades, ils les obligeaient à leur fournir, sur réquisition, un contingent en hommes, et à leur payer un tribut en sus des impôts. Plus tard, les Beni-Abd-el-Ouad mirent fin à la domination que les Toudjînides exerçaient autour de Médéa, et ayant alors abreuvé les Hosein d'humiliations, ils les soumirent aux impôts et aux avanies de toute nature : les décimant par l'épée et les accablant de corvées, ils les réduisirent enfin au rang des autres peuplades soumises à l'impôt.

Dans la suite, les Beni-Merîn étendirent leur domination sur toutes les populations d'origine zenatienne, comme nous le raconterons plus tard, et ces mêmes Hosein devinrent les sujets les plus obéissants de leur empire.

La puissance des Arabes commença à se faire sentir de nouveau quand la mort du sultan Abou-Einan eut permis à AbouHammou-Mouça de rétablir le royaume des Beni-Abd-el-Ouad. La puissance des Zenata fléchit vers la même époque; leur empire éprouva le sort de tous les autres et tomba en décadence; alors les Hosein s'emparèrent de Titeri, c'est-à-dire de la montagne d'Achir, et s'y fortifièrent. Ils y étaient déjà établis quand Abou-Zian, cousin du sultan Abou-Hammou [et fils d'Abou-Said, sultan] qui régna avant celui-ci, passa chez eux. Il s'était échappé de l'espèce de captivité dans laquelle les Mérinides le retenaient, et après avoir visité Tunis, il annonçait maintenant l'intention de monter sur le trône que son père avait occupé, et d'enlever le pouvoir à son cousin par les armes. Après plusieurs aventures dont je ferai le récit ailleurs, il s'arrêta chez les Ho

1. Dans le texte arabe, il faut lire li-Beni-Toudjîn, à la place de minBeni-Toudjin.

sein au moment le plus opportun, car ils cherchaient une occasion comme celle-là afin de secouer le joug dont le gouvernement de Tlemcen les avait chargés. Aussi lui firent-ils l'accueil le plus empressé, et s'étant engagés à le soutenir, ils en écrivirent à leurs frères et aux chefs des autres tribus zoghbiennes, telles que des Beni-Soueid et les Beni-Amer. Ayant obtenu la promesse de leur appui, ils se retranchèrent dans la montagne de Tîteri et repoussèrent, à plusieurs reprises, les troupes qu'Abou-Hammou avait envoyées contre eux. Alors, ce sultan marcha en personne pour les combattre, mais il eut à essuyer un nouveau revers. Par suite de ce dernier combat les Zoghba recouvrèrent la prépondérance qu'ils avaient tant ambitionnée.

Depuis ce temps, ils ont continué à résister avec succès aux prétentions du gouvernement [abd-el-ouadite], et ayant obtenu la concession de cette partie de la province, ils se la sont partagée entre eux. Abou-Zîan passa chez les Rîah après avoir fait la paix avec son cousin. Les Hosein ayant acquis par son moyen la puissance qu'ils conservent encore, se firent concéder par le gouvernement tous les territoires dont ils s'étaient emparés aux environs de Médéa et dans le pays des Sanhadja.

La tribu des Hosein forme deux grandes branches, les Djondel et les Kharrach. A celle de Djondel appartient la famille de SâdIbn-Khonfer-Ibn-Mobarek-Ibn-Fodail-Ibn-Sinan-Ibn-Sebâ-Ibn

Mouça-Ibn-Komam-Ibn-Ali-Ibn-Djondel. Le droit de commander cette branche appartient à Ali et à Séïdhom, fils de KhalîfaIbn-Sâd, mais les Aulad-Khachâ-Ibn-Djondel l'avaient exercé avant eux. Les Khachâ ont maintenant pour chef Ali-Ibn-SalehIbn-Debbab Ibn-Mobarek-Ibn-Mahya-Ibn-Mohelhel-Ibn-Chokr

Ibn-Amer-Ibn-Mohammed-Ibn-Khachâ.

Les Kharrach, seconde branche des Hosein, se composent de trois grandes familles : les Aulad-Masoud-Ibn-Modaffer-Ibn-Mohammed-el-Kamel-Ibn-Kharrach, qui obéissent aux fils de Rehab-Ibn-Eïça-ben-bou-Bekr-Ibn-Zemam-Ibn-Masoud;lesAuladFeredj-Ibn-Modaffer, commandés par les fils de Khalifa-Ibn-Othman-Ibn-Mouça-Ibn-Feredj, et les Aulad-Tarif-Ibn-Mâbed-IbnKharrach. Cette dernière famille, que l'on appelle aussi El-Méâ

beda [les Mâbeds], a pour chefs deux descendants d'Arîf-IbnTarif, savoir: Zian-Ibn-Bedr-Ibn-Masoud-Ibn-Moarref-Ibn-Arif et Misbah-Ibn-Abd-Allah-Ibn-Kethir-Ibn-Arif. Quelques personnes ont regardé les Aulad-Modaffer comme appartenant à la tribu de Soleim; selon leur opinion, Modaffer, fils de Mohammedel-Kamel, quitta les Beni-Soleim pour aller s'établir parmi les Kharrach. Dieu sait si cela est vrai,

Les Beni-Malek, descendants de Malek-Ibn-Zoghba, formèrent aussi trois grandes familles : celle de Soueid-Ibn-Ammar-IbnMalek, celle d'Attaf-Ibn-Roumi-Ibn-el-Hareth-Ibn-Malek, et celle des Dialem, dont l'aïeul, Dilem, était fils de Hacen-IbnIbrahim-Ibn-Roumi.

Les Soueid avaient été confédérés des Beni-Badîn avant que ceux-ci eussent fondé des dynasties, et comme ils s'étaient attachés plus particulièrement aux Beni-Abd-el-Ouad, ils recevaient d'eux certaines gratifications payables par les villes de Cîrat, El-Batha et Hoouara.

Quand les Beni-Badîn s'emparèrent des plateaux et villes du Maghreb central,les Beni-Toudjîn en obtinrent pour leur part cette portion du bord méridional du Tell qui s'étend depuis CalâSaída, du côté de l'occident, jusqu'à Médéa, du côté de l'orient. Ils possédèrent ainsi la Calâ-t-Ibn-Selama, Mindas, le Ouancherich, Ouzina et les pays intermédiaires; de sorte qu'ils se trouvèrent voisins des Beni-Malek, tant dans le Désert que dans le Tell.

Quand les Beni-Abd-el-Ouad obtinrent possession de Tlemcen et s'y établirent, ainsi que dans les pays voisins, les Soueid, d'entre toutes les tribus zoghbiennes, étaient leurs confédérés les plus dévoués. ·

Parmi les Soueid, on distingue plusieurs branches remarquables, telles que les Flita, les Chebaba, les Modjaher et les Djoutha, familles dont les aïeux étaient tous fils de Soucid.

Les Hassasna (ou Hassan), branche des Chebaba,descendent de Hassan-Ibn-Chebaba. Les Ghofeir, les Chafâï et les Malef ont pour aïeul Selîma-Ibn-Modjaher; les Bou-Kamel, les Bou-Rahma et les Hamdan remontent à Mocadder-Ibn-Modjaher. Quelques

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