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M. LE PRÉSIDENT. Je propose que le vœu de M. le comte de Marsy soit renvoyé à une commission spécialement chargée de l'examen des vœux soumis à l'approbation du Congrès. Cette commission pourrait être nommée dans la séance de demain matin au palais des Tuileries. (Adhésion.)

M. LE PRÉSIDENT. Avant de lever la séance, je dois faire connaître à l'assemblée une communication qui vient de m'être remise par le Bureau du Congrès. Les séances qui seront tenues au Trocadéro seront principalement occupées par la lecture résumée des mémoires étendus qui nous ont été adressés, et par plusieurs conférences que divers membres ont obtenu la permission de faire dans nos réunions plénières.

Dans les séances de sections qui sont tenues au palais des Tuileries, au contraire, l'ordre du jour restera ouvert à toutes les demandes spontanées de communications, et tous les membres du Congrès seront appelés à prendre part aux discussions qui pourront être engagées sur ces communications.

Les mémoires qui, par leur étendue ou par leur nature des questions dont ils traitent, ne pourraient être lus ni en séances plénières, ni en séances de section, seront renvoyés, après avoir été déposés sur votre bureau, à une commission spéciale chargée de les examiner et de choisir ceux qui pourront figurer dans le recueil de vos travaux.

Enfin il sera constitué une ou plusieurs sous-commissions pour s'occuper, avec les développements nécessaires, de certaines questions spéciales, qui ne sauraient être étudiées convenablement et dans des conditions de temps satisfaisantes dans le petit nombre de séances réglementaires qui ont été annoncées dans votre programme.

M. VION (d'Amiens). Je demande, au nom de plusieurs membres du Congrès et au mien, qu'une commission soit immédiatement constituée pour l'étude de la quatorzième question de la Section II du programme, présentée par Comité d'organisation et relative à la transcription de noms étrangers. (Appuyé.)

le

M. LE PRÉSIDENT. Cette demande étant appuyée, je propose de composer cette commission de MM. Vion (d'Amiens), Alphonse Castaing, le Dr Legrand, Lesouëf, Madier de Montjau, de Rosny, Gaultier de Claubry, Halévy, de Longpérier, Maspero, Oppert et le commandant de Villemereuil. (Adhésion.) Il est bien entendu que les membres du Congrès qui voudraient participer aux travaux de cette commission n'auront qu'à se faire inscrire au Bureau, pour être invités à la réunion.

Personne ne demande plus la parole? La séance est levée.

Le Secrétaire de la séance,

A. DULAURIER.

SÉANCE DU MARDI 16 JUILLET 1878.

PALAIS DES TUILERIES (PAVILLON DE FLore).

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SOMMAIRE. Nomination d'une Commission des vœux. Statistique des langues MM. DE ROSNY, MADIER DE MONTJAU, URECHIA, Mme Clémence ROYER, M. Pascal DUPRAT; proposition au sujet de la transcription phonétique des langues étrangères: M. VION; nomination d'une souscommission; nomination d'un rapporteur sur la question de la statistique des langues. Le droit d'asile MM. Pascal DUPRAT, DE ROSNY, MADIER DE MONTJAU, le D' Gaëtan DELAUNAY, SILBERMANN; nomination d'un rapporteur; carte ethnographique des ilots ethniques: MM. le chevalier DA SILVA, ROCHET, Charles LUCAS, Gaëtan DELAUNAY, le D' Ed. LANDOWSKI, CASTAING, ROCHET, SILBERMANN, Pascal DUPRAT, DE ROSNY; nomination d'une Commission pour la publication de cartes des flots ethniques. Les origines aryennes : Me Clémence ROYER, MM. HALévy, Henri MARTIN, Léon DE ROSNY, CASTAING, le D DALLY; la civilisation précolombienne : MM. Léon DE ROSAY, CASTAING; les origines péruviennes (période antéhistorique): MM. CASTAING, CANARETE, QUIROS; la race albanaise: MM. X. GAULTIER DE CLAUBRY, MADIER DE MONTJAU, DUCHINSKI (de Kiew), URechia.

La séance est ouverte à neuf heures et demie.

M. LE SECRÉTAIRE communique diverses propositions adressées au Bureau pour être soumises aux délibérations du Congrès. Ces lettres provoquent des discussions au sujet des limites à fixer aux travaux de l'assemblée.

Par mesure d'ordre, le Bureau propose que tous les vœux qui seront émis dans le cours des séances soient renvoyés, ipso facto, et sans qu'il soit besoin d'énonciation spéciale, à une Commission des voeux. La composition de la Commission est fixée ainsi qu'il suit : MM. MADIER DE MONTJAU, HALévy, Du

LAURIER.

STATISTIQUE DES LANGUES.

M. LE SECRÉTAIRE dépose une lettre par laquelle M. d'Acqui demande au Congrès de s'associer à un vœu ainsi conçu :

Que tous les Gouvernements européens se mettent d'accord pour dresser une statistique générale de linguistique.»

DISCUSSION.

M. Léon DE ROSNY. Quoique la formule de ce vœu soit assez obscure, il est du devoir du Congrès de l'examiner, de son intérêt de s'y arrêter. Cette réunion nous donne la faculté d'adresser des vœux aux ministres compétents; il faut en profiler. En ce qui concerne la proposition de M. d'Acqui, la question est de savoir si elle doit être l'objet d'un rapport, ou bien s'il y a seulement lieu de la renvoyer aux archives.

M. Édouard MADIER DE MONTJAU. A côté de la question dont il s'agit, vous me permettrez, Messieurs, de signaler la demande analogue de l'un des correspondants de la Société d'Ethnographie, relative aux langues bretonnes. Dans ses mémoires et ses brochures, l'auteur s'attache à montrer qu'il y a lieu d'entreprendre l'étude comparée des idiomes celtiques, afin de résoudre la question de leur commune origine ou de la fusion de dialectes remontant à des sources différentes.

M. URECHIA. La question est assez importante pour donner lieu à un vote, mais il faut s'attacher à bien préciser la portée qui sera donnée à la délibération du Congrès. Vous n'ignorez pas, Messieurs, qu'il est, de par le monde, des Gouvernements intéressés à faire disparaître certaines langues...

PLUSIEURS VOIX. Bravo!

M. URECHIA. Ma situation politique me donnant malheureusement qualité pour faire cette motion, je n'hésite pas à demander qu'on désigne un rapporteur qui soit chargé de formuler le vœu du Congrès.

M. Léon DE ROSNY. Je m'associe à l'opinion de M. Urechia : le renvoi pur et simple au Ministre aboutirait sans doute à un classement dans les cartons et à rien de plus; d'ailleurs, ceci n'est pas une besogne d'employés, mais de savants, peut-être d'hommes politiques, et c'est à cela que l'honorable préopinant vient de faire allusion.

Mme Clémence ROYER. La question est très importante au point de vue des langues près de mourir et de quelques peuplades très restreintes qui disparaissent de jour en jour. Je ne parle pas seulement de celles de la Cornouaille, mais aussi d'une foule de peuplades qui, devant l'envahissement de races supérieures, vont disparaître.

Je crois qu'il y aurait là peut-être un intérêt pressant à demander l'appui du Gouvernement qui, seul, pourrait désigner des missions chargées d'étudier les langues près de mourir, et qui pourraient trouver encore des traces de peuplades qui en sont à leurs derniers moments de décadence. Vous savez que les missions ne sont pas toujours données avec intelligence, et il serait bon par conséquent que, dans la désignation de ces missions, le Gouvernement déterminat les conditions dans lesquelles seraient étudiées les populations dont la langue est en voie de disparaître,

M. Édouard MADIER DE MONTJAU. Si l'on pouvait demander au Gouvernement de faire une chose et s'attendre à ce qu'il la fasse comme on le désire, le Gouvernement, d'une part, possédant les plus grands moyens d'exécution, et nous, d'autre part, ayant, dans notre esprit, les idées les meilleures du monde, tout irait pour le mieux. Mais mon expérience, qui est assez longue en matière de gouvernement, me prouve que le choix du danseur à la place du géomètre est la règle invariable de toute administration, en France.

M. Pascal DUPRAT. Ceci est par trop absolu!

M. Édouard MADIER DE MONTJAU. Ce ne saurait être trop absolu, et les occasions où l'on oublie ce principe administratif constituent des exceptions tellement peu nombreuses que je maintiens mon assertion dans sa critique la plus acerbe. Du reste, nous n'aurions pas à aller bien loin pour avoir un échantillon de la valeur des missions scientifiques.

Je crois donc que la proposition que nous discutons n'aurait d'autre effet que de donner le moyen de créer un nouveau chef de division, des chefs de bureau, beaucoup de commis et de cartons, c'est-à-dire de créer de nouvelles dépenses, chose très grave en ce moment, et cela pour arriver à la fabrication de noms illustres qui ne rendraient de services qu'à eux-mêmes.

M. VION, délégué de l'Académie d'Amiens. Je crois, Messieurs, que cette question s'élargit à mesure qu'on l'envisage. Tout en nous inquiétant de l'appui fort nécessaire du Gouvernement, nous devons faire quelque chose nous-mêmes, et le Congrès est réuni pour travailler dans ce but.

Je pense qu'il y a une question préalable à toutes les autres.

Comment recueillir les langues vivantes et les langues mortes ou mourantes? Par l'orthographe, ou à l'aide du phonographe? Mais il nous faut faire un alphabet international d'abord, et qui pourra devenir universel ensuite. Eh bien! il y a plus de vingt-cinq ans que j'y travaille; et au Congrès de Géographie d'Anvers, où j'ai posé la question au point de vue de l'application, au Congrès de Paris, partout, j'ai trouvé bon accueil. Les représentants des différents pays à ces Congrès reconnaissent qu'il faut de l'unité pour les langues, comme pour toute autre chose; on peut éviter le chaos où nous sommes, il faut sortir de Babel. On a reconnu qu'il serait utile d'avoir une même écriture latine, cursive et générale.

Puisque la téléphonie et bien d'autres découvertes analogues viennent de se produire, il faudrait s'occuper de réunir les moyens spéciaux de constituer l'alphabet dont je parle.

M. Léon DE ROSNY. Nous sortons de la question. Ce dont nous parle M. Vion est très intéressant, mais il faut revenir à notre ordre du jour.

L'assemblée, consultée, décide que la solution de cette question incidente de l'alphabet sera confiée à une sous-commission, composée de MM. le Dr Legrand, le com'e du Montblanc et de Lucy-Fossarieu.

Le Congrès ayant repris l'examen de la proposition relative à la statistique des langues, il s'établit une discussion à laquelle prennent part MM. Gaëtan Delaunay, Lagignole, Mme Clémence Royer et quelques autres membres, sur

la question de savoir s'il y a lieu de nommer une commission ou de charger un rapporteur d'effectuer le travail.

M. Léon DE ROSNY. Plusieurs personnes s'offrent-elles à faire partie de la commission?... Aucun membre ne s'offrant, je prendrai la liberté de proposer M. Castaing comme rapporteur.

M. Alphonse JOUAULT. Ce serait un choix excellent, car M. Castaing a déjà étudié la question; il la connaît parfaitement.

M. Léon DE ROSNY. Notre collègue est prié de vouloir bien nous présenter un rapport sur cette question dans le plus bref délai possible. (Marques d'assentiment.)

M. Castaing est nommé rapporteur de la question de statistique des langues.

DU DROIT D'ASILE.

Nous avons à nous occuper maintenant d'une lettre accompagnée d'un mémoire relatif aux associations internationales et au droit d'asile en temps de guerre. Je demande à l'assemblée de désigner, pour l'examen préliminaire de cette question, non pas une commission, mais un rapporteur, parce que de cette façon nous irons plus vite.

M. Pascal DUPRAT. Il me semble qu'il s'agit en ce moment d'une question par trop étendue. Je ferai remarquer que, s'il est permis aux fantaisies individuelles de présenter des vœux ou propositions de cette sorte, nous courons le risque, en les mettant à l'étude, en les comprenant au nombre de nos travaux, de sortir des limites qui s'imposent à notre Congrès. Le droit d'asile, -j'en sais quelque chose, puisqu'il m'a manqué autrefois, n'est pas une question d'ethnographie; je désire qu'on s'en occupe, mais ce n'est pas ici qu'on doit le faire.

M. Léon DE ROSNY. Je ne suis pas d'avis que certaines questions soient écartées de nos délibérations uniquement parce que, dans l'opinion de quelques membres, elles ne rentrent pas dans les attributions du Congrès. Nous pourrious engager avec succès, je crois, une discussion sur le point de savoir si telle ou telle branche des connaissances humaines fait partie de l'ethnographie; dans l'espèce, nous sommes saisis d'une question par un membre qui croit qu'elle rentre dans le cadre de nos études. Il me semble que nous ne pouvons pas, avant d'avoir eu l'opinion d'un rapporteur, nous prononcer sur une demande qu'en définitive le Congrès peut juger utile d'examiner ulté

rieurement.

M. Pascal DUPRAT. Il y aurait au moins lieu de consulter l'assemblée pour savoir si elle se reconnaît compétente sur cette question.

M. Édouard MADIER DE MONTJAU. Écarter la question dont il s'agit en ce moment, ce serait retrancher immédiatement un des paragraphes du programme du Congrès des Sciences ethnographiques. Or, il ne faut pas oublier

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