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voyez sur ce moule de la négresse Louise Zoulou, le faisceau inférieur de l'adducteur du pouce se fixe par des fibres tendineuses relativement longues à la gaine des fléchisseurs et

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aux ligaments métacarpo-phalangiens du troisième et du quatrième doigt.

Le muscle adducteur du pouce chez notre négressse, privé

de son faisceau moyen, peut être aisément comparé comme analogue aux deux muscles du pied et qui sont l'abducteur oblique du gros orteil représenté à la main par le faisceau supérieur ou carpien de l'adducteur du pouce et le muscle, l'abducteur transverse du pied ayant l'analogie la plus évidente avec le faisceau inférieur de l'adducteur du pouce; cette analogie est très frappante, si l'on compare les muscles de la région profonde du pied droit du moule de l'Annamite et les muscles de la même région de la main droite de la négresse Zoulou figurés sur ces deux moules en plâtre exécutés par nous au laboratoire d'anthropologie, et les dessins de la main gauche et du pied du même côté de la négresse Zoulou dus à notre collègue M. Deniker.

Pourtant on peut nous objecter que le muscle abducteur transverse du gros orteil se fixe généralement aux articulations des trois derniers orteils, tandis que dans notre cas le faisceau inférieur du muscle adducteur du pouce n'a que deux origines métacarpo-phalangiennes qui viennent du troisième et du quatrième doigt. Mais voici un dessin fait par M. Khuff, sur une préparation de la main de blanc disséquée par nous en 1880, où le faisceau du muscle adducteur du pouce s'insère par de longues fibres tendineuses aux trois derniers doigts, et, par conséquent, il présente dans sa conformation l'analogie la plus complète avec l'abducteur transverse du gros orteil.

En résumé, la description de cette anomalie de muscle de l'adducteur du pouce de Louise Zoulou nous permet d'établir sûrement des analogies parfaites des muscles qui se groupent à la partie interne des articulations métacarpophalangiennes du pouce et du gros orteil. Le gros muscle du pied qui porte le nom de l'abducteur oblique du gros orteil est analogue au faisceau supérieur de l'adducteur du pouce, et le faisceau inférieur de ce muscle est représenté exactement au pied par l'abducteur transverse du gros orteil.

Mėgaloglossie et idiotie;

PAR M. PARROT.

Je vous présente un enfant atteint de mégaloglossie, qui se trouve actuellement dans mon service de l'hôpital des Enfants assistés. Laissant de côté tout ce qui a trait à la pathologie proprement dite, je n'arrêterai votre attention que sur les particularités dignes de votre intérêt.

Cet état a été décrit sous les noms de glossoptose, de lingua vitulina, de prolapsus lingual. En effet, ce qui frappe tout d'abord, chez les sujets atteints de cette difformité, c'est le développement excessif de la langue, qui pend hors de la bouche. Il en résulte parfois de l'atrophie, et une sorte de renversement du maxillaire; les dents sont déchaussées, ébranlées, cariées et finissent par disparaître; la salive coule hors de la bouche, la succion et la mastication sont difficiles, très imparfaites. La nutrition se fait mal et la mort peut s'en suivre.

Le sujet actuel a deux ans. Son front est bas et couvert de poils, son nez est épaté; sa langue, volumineuse, pend constamment hors de la bouche. Elle est beaucoup plus longue, plus large et plus épaisse que celle d'un enfant du même âge. Elle est d'un violet foncé et sa face supérieure est couverte d'un enduit blanchâtre. La cavité buccale a des dimensions un peu au-dessus de la moyenne; les mâchoires sont encore dépourvues de dents. La lèvre inférieure, épaissie, violette, est renversée en dehors et en bas.

La fontanelle est encore assez largement ouverte.

Il y a une prédominance sensible de la face sur les régions antérieures du crâne; mais ce que l'on remarque avant tout, quand on examine le corps dans son ensemble, c'est un défaut de proportions entre les différentes parties qui le constituent. Ainsi le torse a une longueur exagérée relativement à celle des membres, qui sont courts et trapus. Le ventre est énorme, le thorax très développé. Les jambes, par le fait de la saillie

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des muscles en dehors et en arrière, présentent une concavité à leur face interne. Le système musculaire des membres paraît très développé. Les mains et les pieds sont lourds, épais, violacés.

Le tableau suivant met en évidence les anomalies que je viens de signaler.

J'y ai mis en regard des dimensions que m'a fournies notre sujet, celles d'un enfant du même âge, normalement conformé.

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Cet enfant ne peut marcher ni même se tenir sur ses jambes. Jusqu'ici, il n'a donné aucune preuve d'intelligence. Sa physionomie a quelque chose de brutal; dans son ensemble et par son attitude, il rappelle le jeune orang que nous avons tous vu au Jardin d'acclimatation.

Pour en finir avec lui, je dirai que l'auscultation du cœur y fait entendre un bruit de souffle du premier temps à la pointe.

Ce cas est intéressant en lui, mais il le devient bien davantage, lorsqu'on le rapproche d'un autre, identique, que j'ai observé il y a neuf ans. Je vous présente le moulage de la tête de ce second sujet : la ressemblance qui la rapproche de celle de l'enfant vivant ne peut vous échapper. Voici, d'après les notes que j'ai recueillies sur lui, les particularités les plus dignes de vous être signalées :

Fille de cinq ans et demi. Il y a une prédominance très marquée de la face sur le crâne. Le nez est très épaté et T. IV (3e SÉRIE).

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comme écrasé à sa racine. La langue, très grosse, fait une saillie notable hors de la bouche. Les dents temporaires sont apparentes, à l'exception des canines inférieures. La physionomie a un caractère très prononcé de bestialité.

L'abdomen est volumineux; et l'on y voit une hernie ombilicale, qui sert de jouet à l'enfant. Les pieds et les mains sont gros, surtout épais et violacés. Le sujet ne se maintient sur ses membres inférieurs que s'il est soutenu; il fait quelques mouvements comme pour marcher, mais en réalité il ne marche pas.

A la région du cœur, un peu en dedans du mamelon, il y a un bruit de souffle prolongé, qui masque le premier bruit normal.

L'enfant, atteinte de coqueluche, succombe le 15 mai. L'autopsie est faite le 16.

Poids: 7, 911.

A l'ouverture du crâne il s'écoule une petite quantité de

sérosité.

Les deux hémisphères cérébraux paraissent symétriques. Les circonvolutions ne diffèrent de celles des enfants du même âge qu'en ce qu'elles sont plus minces. La moelle ne semble pas altérée.

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Les valvules sigmoïdes de l'aorte, épaissies et rigides, rétrécissent l'orifice du vaisseau, dont la surface interne présente en ce point des plaques athéromateuses.

La langue pèse 46 grammes.

Les muscles des membres ont une apparence normale.

L'étude de l'encéphale d'un grand nombre d'enfants m'a appris que, de quatre à cinq ans, son poids moyen est de 1190 grammes; c'est-à-dire supérieur de 405 grammes à celui de notre sujet.

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