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dans une embuscade tendue par ses ennemis et y perdit la vie. Le cheikh des Aulad-Zekrîr s'appelait Yaghmor. Il était fils de Mouça, fils de Bou-Zeid, fils de Zekrîr, et il rivalisait avec Amer pour l'illustration. Ce dernier, toutefois, possédait plus d'autoque lui, parce qu'il s'adonnait à la dévotion.

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HISTOIRE DES DJOCHEM, PEUPLE ÉTABLI DANS LES PLAINES DU
MAGHREB.
NOTICE SUR LES TRIBUS DONT IL SE COMPOSE.

La population mélangée, qui a reçu le nom des Djochem, et qui existe encore dans le Maghreb, se compose de fractions de plusieurs tribus, telles que les Corra, les Acem, les Mocaddem, les Athbedj, les Kholt et les Djochem. Djochem, l'aïeul de ces derniers et celui dont le nom a fini par s'appliquer à cette réunion de tribus, était fils de Moaouïa-Ibn-Bekr-Ibn-Houazen.

Après la conquête de l'Ifrikïa par les Almohades, toutes les tribus arabes firent leur soumission, les unes de bon gré, les autres contraintes par la force des armes ; mais elles abandonnèrent le parti de cette dynastie lors de l'insurrection suscitée par IbnGhania. Sous le règne d'El-Mansour, elles rentrèrent dans l'obéissance, et ce souverain transporta en Maghreb toutes celles qui se distinguaient par leur nombre, leur puissance et leurs habitudes nomades. Il y fit passer les Acem et les Mocaddem, branches des Athbedj, qui formaient plusieurs familles, ainsi que les Djochem, tribu dont le nom s'appliqua, dans la suite, à toute les autres qui l'avaient accompagnée. Il établit les Riah dans le Hebet et les Djochem dans le Temsna, vaste plaine qui s'étend depuis Salé jusqu'à Maroc.

Le Temsna forme le centre du Maghreb-el-Acsa, et il est la seule partie de ce pays qui soit bien éloignée des routes qui mènent au Désert. En effet, le Mont-Deren [l'Atlas ] le protège de ce côté et s'oppose, par sa hauteur énorme, à toute communication avec ces régions solitaires.

Depuis l'époque de leur déportation, les Djochem ont cessé de fréquenter le Désert avec leurs troupeaux, et ayant renoncé à la vie nomade, ils ont pris des habitations fixes dans le Maghreb.

Ils se partagent en trois branches, les Kholt, les Sofyan et les

Beni-Djaber. Pendant toute la durée de la dynastie almohade, la famille Djermoun exerça le commandement chez les Sofyan. Appelés au secours de la dynastie d'Abd-el-Moumen dont la puissance commençait à décliner, les Djochem, forts par leur nombre et animés encore de l'esprit d'indépendance qu'ils avaient contracté pendant leur ancien genre de vie, se mirent à dominer l'empire, pousser les princes du sang à l'insurrection, se montrer tantôt amis, tantôt ennemis du khalifat de Maroc et imprimer partout les traces de leurs ravages.

Quand les Mérinides allèrent enlever le Maghreb aux Almohades et s'emparer de la double ville de Fez, ils ne rencontrèrent parmi les troupes chargées de la défense du pays, aucun corps qui fit une plus vigoureuse résistance que les bandes des Djochem et des Riah. Ces deux peuples n'ayant renoncé à la vie nomade que depuis peu de temps, conservaient encore leur ancienne bravoure et ne firent leur soumission qu'après avoir livré plusieurs batailles et subi de nombreuses défaites. Affaiblis, à la fin, par les grandes pertes qu'ils venaient d'éprouver, ces Arabes reconnurent l'autorité de la dynastie naissante. Dès lors, les Mérinides s'allièrent par des mariages avec les Beni-Mohelhel, famille des Kholt, de même que les Almohades avaient eu coutume de faire avec la tribu de Sofyan. Mais le temps opéra ses changements ordinaires la fortune abandonna les Djochem; leur renommée s'obscurcit; ils oublièrent jusqu'au souvenir de la vie pastorale, et réduits enfin au rang des peuples soumis à l'impôt, il leur fallut fournir de l'argent et des hommes pour le service du sultan.

Nous allons maintenant traiter des quatre peuples auxquels on donne le nom de Djochem; nous retracerons l'histoire de chacun d'eux et nous dirons la vérité sur leur origine. On y verra qu'ils ne descendent pas de Djochem, bien que l'opinion générale le leur assigne pour ancètre.

La tribu de Sofyan est comptée au nombre de celles qui descendent de Djochem. Ce Djochem, dont le nom nous est si famillier, était fils de Moaouïa, fils de Bekr, fils de Houazen, s'il n'appartenait pas à quelque autre famille. Sous le règne du sultan almohade El-Mamoun et du temps de ses fils, la tribu de Sofyan

eut pour chef Djermoun-Ibn-Eiça; personnage appartenant à la famille des Beni-Corra, s'il faut en croire un auteur qui a composé une histoire des Almohades. Pendant longtemps les tribus de Sofyan et de Kholt se livrèrent à des hostilités mutuelles, et comme les Kholts'étaient attachés à la cause d'El-Mamoun et de ses fils, les Sofyan prêtèrent leur appui à Yahya-Ibn-en-Nacer qui disputait à ce prince le khalifat de Maroc. Er-Rechid [fils d'El-Mamoun] ayant fait mettre à mort Masoud-Ibn-Hamidan, chef des Kholt (événement dont nous parlerons plus-tard), ceux-ci prirent le parti de Yahya-Ibn-en-Nacer, et les Sofyan passèrent aussitôt du côté d'Er-Rechid. En l'an 638 (4240-1), quelque temps après l'apparition des Mérinides dans le Maghreb, et pendant leur guerre avec les Almohades, Djermoun abandonna ErRechid, et alla se joindre à Mohammed-Ibn-Abd-el-Hack, émir des Beni-Merin. Ce fut un sentiment de honte qui le porta à cette démarche s'étant enivré une nuit avec Er-Rechid, il se mit à danser sur la pressante sollicitation de ce prince. Revenu de son ivresse, il en eut un tel regret, qu'il s'enfuit de la cour et alla joindre Mohammed-Ibn-Abd-el-Hack. Ceci se passa en l'an 638, et l'année suivante, il mourut. Kanoun, son fils et successeur, jouissait d'une haute faveur auprès d'Es-Said [fils d'El-Mamoun et successeur d'Er Rechid]; mais, en l'an 643 (4245-6), quand ce prince marcha contre les Mérinides, il l'abandonna et alla s'emparer d'Azemmor. Cette défection mit Es-Said dans l'impossibilité de donner suite à son expédition, et il y renonça pour tourner ses armes contre le chef rebelle. Kanoun s'enfuit devant lui, mais [ayant ensuite fait sa soumission] il l'accompagna à Temzezdekt et y mourut un jour avant lui. Il tomba sous les coups des Kholt, dans un conflit qui s'était élevé entre eux et les Sofyan. La mèlée eut lieu dans le camp même d'Es-Said, et lui coûta la vie. Yacoub-Ibn-Djermoun succéda à son frère Kanoun, dont il tua le fils Mohammed. En l'an 649, (1251-2), il accompagna El-Morteda [le successeur d'Es-Said] dans son expédition à Aman-Imelloulin. [Quand on se trouva en face de l'ennemi Yacoub se retira, et les troupes almohades s'enfuirent en désordre devant les Mérinides. Ce revers obligea El

Morteda à rentrer dans sa capitale, et quelque temps après, il pardonna à Yacoub sa défection. En l'an 659 (1261), Yacoub fut tué par Masoud et Ali, fils de Kanoun, qui voulurent ainsi tirer vengeance de la mort de leur frère. Les meurtriers se réfugièrent auprès de Yacoub-Ibn-Abd-el-Hack, sultan des Beni-Merin, et alors El-Morteda nomma Abd-er-Rahman, fils de Yacoub, au commandement de la tribu. L'ayant ensuite reconnu incapable de remplir les devoirs de cette charge, il le remplaça par ObeidAllah, fils de Djermoun, qu'il déposa bientôt après pour le même motif. Masoud, fils de Kanoun, reçut alors le commandement des Sofyan, et Abd-er-Rahman passa aux Mérinides. A la suite de ces changements, El-Morteda fit arrêter Yacoub-Ibn-Caïtoun, chef de la tribu de Djaber, et le remplaça par Yacoub-Ibn-Kanoun, de la tribu de Sofyan. En l'an 659 (1264), Abd-er-RahmanIbn-Yacoub retourna auprès d'El-Morteda, qui le fit mettre en prison et conserva Masoud-Ibn-Kanoun dans le commandement. Masoud eut deux neveux, Hattouch et Eïça, fils de Yacoub-IbnDjermoun, et il se plaisait à les mettre en évidence. Avant abandonné le parti de Yacoub-Ibn-Abd-el-Hack [dont il venait de reconnaître l'autorité], il passa dans le pays de Heskoura. Le feu de la guerre ss ralluma alors, et Hattouch ayant été nommé au commandement des Sofyan qui venait de vaquer, le conserva jusqu'à sa mort. Il mourut en l'an 669 (1270-4), et eut pour successeur, son frère Eïça. Masoud mourut dans le Heskoura, en 680 (1281-2), et son fils Mansour passa dans le Sekciouï où il resta jusqu'au règne de Youçof-Ibn-Yacoub. A cette époque, il rentra dans le devoir et fit sa soumission. Ce fut en l'an 706 (4306-7), pendant que ce sultan assiégeait Tlemcen, que Mansour se rendit auprès de lui. Depuis le moment où ce chef rentra en grâce jusqu'au temps actuel, la famille Djermoun a conservé le commandement des Sofyan. Sous le règne d'Abou-Einan, je fis la rencontre du chef qui les gouvernait alors : c'était Yacoub, fils d'Ali, fils de Mansour, fils d'Eïça, fils de Yacoub, fils de Djermoun, fils d'Eïça.

La tribu de Sofyan était établie à demeure fixe: elle occupait les bords de la province de Temsna, du côté d'Anfa; les Kholt

leur ayant enlevé la possession des vastes plaines de cette contrée. De toutes leurs familles il n'y a que les Hareth et les Kelabïa qui ont continué à parcourir, avec leurs troupeaux, le territoire du Sous et le désert qui en dépend; ils fréquentent les plaines du pays des Hèha, branche des Masmouda, et grâce à ce genre de vie, ils conservent encore leur force et leur bravoure.

Les Aulad-Motâ, branche de la famille des Hareth, exercèrent le commandement sur ces nomades. Pendant longtemps, ils répandirent la dévastation dans les campagnes de Maroc, et en l'an 776 (1374-5), lorsque l'émir Abd-er-Rhaman, fils de BouIfelloucen-Ali et petit-fils du sultan Abou-Ali, se trouva en possession du pouvoir, comme sultan de Maroc, ils s'attachèrent à lui et obtinrent une haute place dans sa faveur. Plusieurs fois même il les faisait venir avec leurs cavaliers et leurs fantassins pour les passer en revue selon l'ancien usage. Leur chef se nommait Mansour-Ibn-Yaïch, et il appartenait à la famille des Motà. Plus tard le sultan fit arrêter tous les membres de cette famille et les envoya, les uns en prison, les autres à la mort; de sorte que leur puissance s'est anéantie et leur malheur est cité comme un exemple des vicissitudes de la fortune.

Au nombre des tribus dont se compose celle de Djochem, on compte les Kholt, mais c'est un fait bien établi qu'ils, appartiennent à la tribu d'El-Montafic-Ibn-Amer-Ibn-Ocaïl-Ibn-Kab-IbnRebia-Ibn-Amer. Toutes les familles sorties d'Ocaïl-Ibn-Kab se firent partisans des Carmats dans le Bahrein. Lors de l'affaiblissement de cette secte, la tribu de Soleim s'empara du Bahrein au nom des Fatemides, et plus tard, les Beni-Abi-'l-Hocein, branche de la tribu de Taghleb, leur enleverent cette province au nom des Abbacides. Alors les Beni-Soleim émigrèrent en Afrique avec les Beni-'l-Montafic, les mêmes que l'on appelle les Kholt. Les autres tribus descendues d'Ocaïl, restèrent en Bahrein, et une d'elles, les Beni-Amer-Ibn-Auf-Ibn-Malek-Ibn-Auf-Ibn-Amer-Ibn-Ocaïl, tribu-sœur des Kholt, vainquit les Taghlebites. Il est vrai qu'en Maghreb on considère les Kholt comme sorties de la même souche que les Djochem; mais cette opinion ne peut trouver croyance chez des gens dépourvus d'instruction.

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