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Abboud, lequel transmit l'autorité à son fils Mohareb-Ibn-Abboud. [Yahya-Ibn-el-Cacem] continua à gouverner [le Maghreb jusqu'à l'an 292 (904-5), quand il fut tué dans un combat avec ErRebia-Ibn-Soleiman [général de Yahya-Ibn-Idrîs].

Il eut pour successeur Yahya-Ibn-Idris-Ibn-Omar 1, seigneur du Rîf et neveu d'Ali-Ibn-Omar. L'autorité du nouveau souverain s'étendit sur tous les états idrîciens, et son nom fut proclamé du haut de toutes les chaires du Maghreb. Il fut le prince le plus puissant de cette famille, et, par ses connaissances dans la loi et les traditions, il s'acquit une haute distinction.

Pendant les changements dont nous venons de parler, les Fatemides étaient parvenus à fonder un royaume en Ifrîkïa, à s'emparer de Cairouan et à bâtir El-Mehdia. En l'an 305 (947-8)2, ils conçurent l'espoir de conquérir le Maghreb, et donnèrent à Messala-Ibn-Habbous, chef des Miknaça et gouverneur de Tèhert, l'ordre d'entamer les hostilités contre les Idrîcides. Messala pénétra dans ce pays à la tête d'une nombreuse armée composée de troupes miknaciennes et ketamiennes. Yahya-IbnIdris marcha contre lui avec ses bandes arabes, son corps d'affranchis, les guerriers de la tribu d'Auréba et toutes les autres peuplades berbères qui s'étaient attachés à l'empire des Idrîcides. Dans la rencontre qui eut lieu, la fortune se déclara contre lui; ses partisans furent mis en déroute, et bientôt après, il fut assiégé dans Fez par Messala. Réduit ainsi à la dernière extrêmité, il consentit à payer une contribution de guerre et à gouverner Fez au nom d'Obeid-Allah le fatemide. Les autres provinces du Maghreb furent données par le vainqueur à son cousin MouçaIbn-'l-Afia, émir des Miknaça et seigneur de Teçoul et de Teza. Nous parlerons de ces événements dans l'histoire des Miknaça 3. Une inimitié profonde régnait entre Ibn-Abi-'l-Afia et YahyaIbn-Idris; aussi, en l'an 309 (921-2), le premier de ces chefs profita de la seconde expédition des Fatemides en Maghreb pour indisposer Messala contre le prince de Fez. Il en résulta l'arrestation de Yahya, la saisie de ses trésors et son bannissement dans la ville d'Azîla. Rîhan le ketamien reçut de Messala le gouvernement de Fez. Plus tard, Yahya essaya de passer en Ifrîkïa, mais il fut arrêté et retenu en prison pendant deux ans par Ibn-Abi-'l-Afia. Quand il recouvra la liberté, il partit pour El-Mehdïa où il arriva l'an 334 (942-3), et il mourut dans cette ville pendant qu'Abou-Yezîd la tenait assiégée. Ibn-Abi-'l-Afia obtint de cette manière le gouvernement du Maghreb.

Ci-devant, p. 526, ce personnage est désigné, à tort, comme fils d'Omar et petit-fils d'Idris.

• Ailleurs, cette expédition est placée dans l'année 308.

3 Voy. t. 1, p. 266.

En l'an 343 (925-6) 4, El-Hacen surnommé El-Haddjam a et fils de Mohammed-Ibn-el-Cacem-Ibn-Idrîs, expulsa Rîhan le ketamien de la ville de Fez. Il marcha ensuite contre Mouça-IbnAbi-'l-Afia et lui livra plusieurs batailles, dans une desquelles Minhal, fils de Mouça, et plus de deux mille guerriers [miknaciens] perdirent la vie. A peine fut-il entré à Fez, que, par une trahison insigne, Hamed-Ibn-Hamdan laurébien le jeta dans les fers et livra la ville à Mouça. Comme celui-ci exigea que le prisonnier lui fût remis, Hamed trouva des prétextes pour s'y refuser, et, ensuite, il le fit évader sous un déguisement. El-Haddjam, rendu ainsi à la liberté, essaya de se laisser descendre du haut de la muraille de la ville, à l'aide d'une corde, mais il fit une chute dont il mourut la même nuit. Hamed-IbnHamdan s'enfuit à El-Mehdia. Mouça-Ibn-Abi-'l-Afia tua ensuite Abd-Allah, fils de Thâleba-Ibn-Mohareb, ainsi que Mohammed et Youçof, fils de ce même Abd-Allah. Ayant enfin renversé Ja puissance des Idricides, il devint maître de tout le Maghreb. Après la mort d'El-Haddjam, ses frères se retirèrent dans le Rîf et, s'étant établis à Basra, ils reconnurent pour chef leur frère aîné, Ibrahim-Ibn-Mohammed-Ibn-el-Cacem. Ce fut alors, en l'an 317 (929), qu'Ibrahîm bâtit le château de Hadjer-enNesr pour servir de lieu de retraite à sa famille. Vers la même époque, les fils d'Omer-Ibn-Idris occupèrent le pays des Gho

4 Variante du Meçalek: 316; du Cartas: 310. * Voy. t. 1, p. 267.

mara, depuis Tikiças jusqu'à Ceuta et à Tanger. En l'an 349 (931), En-Nacer, le souverain oméïade d'Espagne, entreprit de réduire le Maghreb et obligea Abou-'l-Aich, fils d'Idris-IbnOmar, à lui livrer la ville de Ceuta. Après la mort d'[IbrahimIbn-Mohammed], ses frères reconnurent pour chef El-CacemIbn-Mohammed-Ibn-el-Cacem, surnommé El-Kennoun et frère d'Ibrahîm et d'El-Haddjam. Ce prince abandonna le parti d'IbnAbi-'l-Afia [qui avait consacré ses services aux Oméïades] et embrassa la cause des Fatemides. Après sa mort, l'autorité passa à ses enfants qui continuèrent à trouver l'appui des Ghomara et des autres tribus amies de la famille.

Les khalifes oméïades ayant alors étendu leur autorité sur le Maghreb, enlevèrent aux Zenata la possession des campagnes de cette province; ensuite, les Beni-Ifren occupèrent la ville de Fez et l'abandonnerent aux Maghraoua. Pendant ce temps, les Idrîcides étaient parvenus à établir un nouvel empire dans le Rif avec le concours des Ghomara.

Les descendants de Mohammed et ceux d'Omar possédaient Basra, Hadjer-en-Nesr, Ceuta et Azîla quand ils en furent dépossédés par les Oméïades et déportés en Espagne. Quelque temps après, on les envoya à Alexandrie, d'où, plus tard, ElAzîz, le khalife fatemide, autorisa El-Hacen-Ibn-Kennoun de partir pour le Maghreb afin de reconquérir le royaume idrîcide. Dans cette expédition, El-Hacen fut défait par [les troupes d']El-Mansour[-Ibn-Abi-Amer] et perdit la vie. Avec lui finit la dynastie des Idrîcides du Maghreb et la puissance de la tribu d'Aureba.

Les Idrîcides réfugiés dans les montagnes des Ghomara, succédèrent à l'autorité des Oméïades d'Espagne. Quand les contingents berbères passèrent en Espagne pour soutenir El-Mostaïn [dans ses prétentions au khalifat], les Hammoudites, famille descendue d'Idrîs, y accompagnèrent les bandes ghomariennes et parvinrent à y fonder un royaume.

Quant à Soleiman, frère d'Idrîs I, il se réfugia dans le Maghreb, qui obéissait alors aux Abbacides, et arrivé dans le territoire de Tèhert après la mort de son frère, il tacha d'y

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faire reconnaître son autorité. Les Berbères résistèrent à ses tentatives, et les Aghlebides essayèrent de le faire arrêter, preuve évidente de la noblesse de son origine. Parvenu à Tlemcen, il s'en rendit maître et soumit à ses ordres les Zenata et toutes les tribus berbères de cette localité.

Son fils Mohammed-Ibn-Soleiman lui succéda, et les enfants de celui-ci se partagèrent les provinces du Maghreb central après sa mort. Le gouvernement de Tlemcen échoua alors à Ahmed, fils de Mohammed, et passa ensuite à Mohammed, fils de celui-ci. El-Cacem, fils de Mohammed, succéda au pouvoir. Je crois que c'est à ce Cacem que les Beni-Abd-el-Ouad veulent faire remonter leur origine et non pas à El-Cacem, fils d'Idrîs. Eïça, fils de Mohammed, reçut en partage Archgoul et s'attacha aux Fatemides. Son frère Idrîs obtint la possession de Djeraoua et eut pour successeur son fils Aboa-l-Aïch-Eïça lequel transmit l'autorité à son fils El-Hacen-Ibn-Abi-'l-Aich. Ibrahîm, fils de celui-ci, succéda au pouvoir et, après lui, régnèrent successivement ses fils Yahya, Ibrahîm et Idrîs. Ce dernier, obtint la possession d'Archgoul, et, à l'instar de son frère Yahya, il s'attacha au parti d'Abd-er-Rahman-en-Nacer [le khalife oméïade d'Espagne]. Par cette conduite, il s'attira le mécontentement des Fatemides et, en 323 (935), il fut arrêté par leur général, Meiçour. Ibn-Abi-'l-Afia, ayant abandonné le parti des Fatemides pour se rallier aux Oméïades, assiégea ElHacen-Ibn-Abi-'l-Aïch dans la ville de Djeraoua et la lui enleva. El-Hacen se rendit alors auprès de son cousin, Idrîs, fils d'ibrahim, seigneur d'Archgoul. El-Bouri, fils de Mouça-Ibn-Abi-'lAfia, vint alors prendre Archgoul et en envoya les habitants à En-Nacer, lequel les établit à Cordoue. Ténès échut à Ibrahîm, fils de Mohammed, et passa ensuite sous la domination de Mohammed, fils de ce même Ibrahîm. Mohammed eut pour successeur son fils Yahya et, ensuite, Ali, fils de Yahya. Ali fut vaincu, en l'an 342 (953-4), par Zîri-Ibn-Menad et se réfugia auprès d'El-Kheir-Ibn-Mohammed-Ibn-Khazer [le maghraouien]. El-Kheir fit passer en Espagne Hamza et Yahya, fils d'Ali, et En-Nacer les accueillit très-honorablement. Plus tard, Yahya revint en Afrique dans le dessein de reprendre Ténès, mais cette tentative demeura sans succès. L'Ibrahîm, fils de Mohammed, dont nous venons de parler, eut encore d'autres descendants, savoir, Ahmed, fils d'Eïça, fils d'Ibrahîm, seigneur de SoucIbrahîm, et Mohammed, fils de Soleiman, fils d'Ibrahim, un des chefs du Maghreb central.

Parmi les descendants de Mohammed, fils de Soleiman, on signale Itowich, fils de Hanatech (?), fils d'El-Hacen, fils de Mohammed, fils de Soleiman, et Hammoud, fils d'Ali, fils de Mohammed, fils de Soleiman.

Ibn-Hazm dit que les membres de la famille Idrîs étaient extrêmement nombreux en Maghreb et qu'ils avaient fondé plusieurs royaumes; mais, ajoute-t-il, toute leur puissance a disparù et il ne reste plus un seul de ces chefs. Le même écrivain fait observer que Hamza, celui dont le lieu de la province de Bougie appelé Souc-Hamza porte le nom, appartenait [non pas à la famille des Idrîcides, mais] à la tribu [arabe] des Soleim. Djouher [le général d'El-Moëzz] transporta les enfants de Hamza [l'Idrîcide] à Cairouan, mais plusieurs membres de cette famille continuèrent à vivre dispersés dans les montagnes et parmi les Berbères du Maghreb.

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