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émir des Maghraoua. En l'an 360 (970-1), El-Moëzz se décida à prendre le Caire pour sa résidence et manda à la cour DjâferIbn-Ali, dans l'intention, à ce que l'on prétend, de lui donner le gouvernement de l'Ifrîkïa, et d'accorder le gouvernement du Maghreb à Ziri et à Bologguîn, fils de Zîri. Comme Djâfer ne s'empressa pas d'obéir, El-Moëzz ordonna à Djâfer l'esclavon d'aller le chercher. Cette démarche excita la méfiance de DjâferIbn-Ali qui partit aussitôt avec ses troupes pour se joindre aux Zenata. Ayant ainsi rompu les liens qui l'attachaient au khalife El-Moëzz et aux Sanhadja, il rallia les Zenata autour de lui et les décida à répudier l'autorité des Fatemides pour reconnaître celle d'El-Hakem-el-Mostancer [le khalife oméïade d'Espagne]. A cette occasion Ziri se hâta de l'attaquer, espérant le prendre au dépourvu, mais la fortune ne le seconda pas, et, pendant que ses troupes abandonnaient le champ de bataille, son cheval s'abattit sous lui et le laissa au pouvoir de l'ennemi. Les Zenata lui coupèrent la tête, et Yahya-Ibn-Ali-Ibn-Hamdoun partit pour l'Espagne avec plusieurs notables zenatiens, afin de présenter ce trophée à El-Mostancer, souverain de Cordoue. Cette députation informa le prince oméïade qu'on venait de proclamer son autorité en Afrique et que son appui leur était indispensable. Il en accueillit les membres avec une grande bienveillance, les combla de dons et fit exposer la tête de Zìri au marché de Cordoue. Yahya-Ibn-Ali fut élevé au faîte des honneurs et reçut une place à côté du trône.

Djâfer-Ibn-Ali s'aperçut bientôt que les Zenata convoitaient ses trésors, et, ne pouvant compter sur la protection de leurs chefs qui étaient eux-mêmes mal disposés les uns pour les autres, il s'embarqua secrètement avec les gens de sa maison, ses esclaves et ses trésors, passa le Détroit et se rendit à Cordoue. Les personnes les plus considérables de la population zenatienne l'accompagnèrent afin de cimenter leur alliance avec le souverain oméïade et de prendre l'engagement de soutenir sa cause. La reception honorable qui les y attendit combla toutes leurs espérances; ils repartirent, pleins de dévouement et bien résolus de surpasser les Idrîcides et les Beni-Ifren par le zèle qu'ils déployeraient dans

le Maghreb en faveur de la dynastie oméïade. Djâfer et Yahya, fils d'Ali-Ibn-Hamdoun, restèrent à la cour de Cordoue, malgré leur soumission de fraîche date, ils se virent inscrits sur la liste des vizirs et gratifiés de fortes pensions. Quelque temps après, leur oubli des égards dus au khalife leur attira une leçon qui les rendit plus prudents: appelés au palais, ils y furent emprisonnés pendant plusieurs jours.

L'indisposition d'El-Mostancer, qui venait d'être atteint d'une paralysie d'un côté du corps, affaiblit à un tel degré l'influence du gouvernement oméïade en Maghreb, que les ministres espagnols jugèrent nécessaire de renforcer les garnisons des villes frontières. Djâfer-Ibn-Ali-Ibn-Hamdoun fut chargé par le grand chambellan El-Mashafi d'aller prendre le commandement des provinces africaines en remplacement de Yahya-Ibn-MohammedIbn-Hachem, rappelé en Espagne. De cette manière on opposa aux Zenata un chef capable de les contenir. Yahya, frère de Djâfer, reçut aussi un commandement dans le Maghreb. Ces deux chefs partirent pour leur destination, après avoir été revêtus de robes d'honneur, et ils emportèrent une forte somme d'argent et quantité de belles pelisses qu'ils devaient distribuer aux princes de ce pays. En l'an 365 (975-6), Djâfer arriva en Maghreb où il parvint à faire reconnaître son autorité et à réunir sous ses ordres les chefs des Beni-Ifren, des Maghraoua, des Miknaça et d'autres branches de la grande famille zenatienne.

Quand Hicham succéda au khalifat, après la mort d'El-Hakemel-Mostancer, son visir, El-Mansour-Ibn-Abi -Amer, établit dans la ville de Ceuta une forte garnison composée de troupes impériales et y installa plusieurs fonctionnaires, tant civils que militaires, tous choisis parmi ses propres créatures. Le reste du pays fut confié à la garde des princes zenatiens dont on s'assura le dévouement par des dons d'argent et des robes d'honneur. Chaque fois qu'ils se rendaient à la cour, on les comblait de prévenances et on accordait à ceux qui en faisaient la demande la faveur d'être inscrits sur la liste des militaires soldés par l'état. Pendant qu'El-Mansour travaillait à régulariser l'administration de l'empire et à étendre l'influence du gouvernement

oméïade, une mésintelligence éclata entre les frères Hamdoun, et Yahya s'établit, avec presque tous les partisans de sa famille dans la ville de Basra dont il s'était emparé. Quelque temps après, son frère Djâfer entreprit contre les Berghouata une expédition qui fut assez malheureuse, et ensuite il reçut de Mohammed-[el-Mansour]-Ibn-Abi-Amer, qui venait d'obtenir la régence du royaume, l'invitation de passer en Espagne afin de lui prêter appui, tant il comptait sur ses bons et fidèles services. Djâfer, qui se rappela le traitement qu'El-Hakem-el-Mostancer lui avait fait subir, eut d'abord quelque hésitation avant de se conformer aux vœux d'El-Mansour; mais enfin, il remit à son frère Yahya le gouvernement du Maghreb et partit pour l'Espagne. El-Mansour l'accueillit avec une haute distinction et, en l'an 369 (979-80], lors de l'envahissement du Maghreb par Bologguîn, il l'envoya à Ceuta en le chargeant de défendre les provinces africaines. Lui-même, se rendit de Cordoue à Algesiras, afin d'être plus près du théâtre de la guerre. Djâfer traversa le Détroit et, grâce à une centaine de charges d'or que le vizir avait mises à sa disposition, il réunit sous ses ordres les principaux chefs zenatiens et mit Bologguîn dans la nécessité de s'éloigner. Plus tard, El-Mansour devint jaloux de son lieutenant, et une nuit, à la suite d'une partie de débauche, il le congédia après avoir aposté des assassins pour le tuer. Djâfer se rendait du palais à sa maison quand il succomba sous leurs coups.

Yahya, frère de Djâfer, passa en Egypte et trouva auprès d'El-Azîz-Nizar[le khalife fatemide] un accueil plein de bienveillance. Il y demeura un temps considérable, rendit de grands services au gouvernement égyptien dans plusieurs circonstances graves, et lorsque Felfoul-Ibn-Khazroun sollicita le secours d'El-Hakem [le fatemide] afin d'enlever Tripoli aux [Zîrides] sanhadjiens, il partit à la tête d'un corps d'armée pour appuyer les opérations de ce chef. Arrivé à Barca, il eut avec les BeniCorra, tribu hilalienne, une rencontre dans laquelle ses troupes furent mises en pleine déroute. Alors il rentra en Egypte où il continua jusqu'à sa mort.

IV.

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ORIGINE ET CHUTE DE LA DYNASTIE DES IDRICIDES. RÉTABLISSEMENT DE LEUR AUTORITÉ DANS PLUSIEURS ENDROITS DU MAGHREB.

Dans le mois de Dou-'l-Câda, 169 (mai, 786), Hocein, fils d'Ali, fils de Hacen III, fils de Hacen II, fils de Hacen-es-Sibt, se révolta contre le khalife El-Hadi. Il prit les armes à la Mecque et réunit autour de lui plusieurs membres de sa famille, parmi lesquels se trouvèrent ses oncles Idris et Yahya. Il fut tué à Fekhh, endroit situé à trois milles de la Mecque, dans un conflit avec les troupes du khalife, commandées par Mohammed-IbnSoleiman-Ibn-Ali. Un grand nombre de ses parents resta sur le champ de bataille; ses partisans prirent la fuite et beaucoup d'entre eux furent faits prisonniers. Yahya, fils d'Idris, se sauva dans la province de Deilem, où il se révolta plus tard, et sont père réussit à atteindre l'Egypte. La direction de la poste aux chevaux établie en ce pays appartenait alors à Ouahed-elMeskin, affranchi de Saleh, fils du feu [khalife] El-Mansour. Ce fonctionnaire, partisan secret de la famille d'Ali, ne vit rien de plus méritoire que de fournir des chevaux à Idrîs et de l'aider ainsi à s'enfuir vers le Maghreb. En l'an 172 (788-9), Idris, accompagné de son affranchi Rached, atteignit Oulili, dans le Maghreb-el-Acsa, et se mit sous la protection d'Ishac-Ibn-Mohammed-Ibn-Homeid, grand émir de la tribu Auréba. Bientôt après, il annonça onvertement ses prétentions au khalifat et rallia à sa cause les Zouagha, les Louata, les Sedrata, les Ghaïatha, les Nefza, les Miknaça, les Ghomara et toutes les autres peuplades

Le mot sibt signifie petit-fils, né de la fille. Le petit-fils né du fils s'appelle hafid. Le Hacen dont il s'agit ici était fils de Fatema, fille de Mahomet et femme d'Ali.

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