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et du Maghreb. A cette occasion il lui donna le nom de Youçof et le surnom d'Abou-'l-Fotouh (père des victoires). Il ne voulut cependant pas lui accorder aucune autorité sur la Sicile et il confia le gouvernement de Tripoli à Abd-Allah-Ibn-Yakhlof le ketamien. La perception de l'impôt des biens meubles (djebaïat-el-amoual) fut donnée à Zîadet-Allah-Ibn-el-Cadîm 1, et celle de l'impôt territorial (kharadj), à Abd-el-Djébbar-el-Khoraçani et à Hocein-Ibn-Khalef-el-Marsedi. Ceux-ci furent placés sous le contrôle de Bologguîn. Vers la fin de Choual 361 (août 972), ElMoëzz établit son camp en dehors d'El-Mansourïa, et, s'étant porté à Sardènïa, il y passa quatre mois afin de réunir ses troupes et d'organiser l'administration de l'empire. Ayant appelé auprès de lui les membres de sa famille et les gouverneurs des provinces, il partit pour l'Egypte, emportant les trésors de l'empire et le mobilier du palais. Bologguîn, qui l'accompagna jusqu'à une petite distance, reçut alors son congé et revint au siége du gouvernement.

Pendant qu'El-Moëzz marchait sur Tripoli, une partie des populations se retira dans les montagnes de Nefouça, pour se mettre hors d'atteinte. Arrivé à Barca, en Redjeb 362 (avrilmai 973), il perdit son poète favori, Mohammed-Ibn-Hani-elAndeloci, qui fut trouvé assassiné au bord de la mer. Dans le mois de Châban (mai-juin), il fit son entrée à Alexandrie et reçut de la manière la plus grâcieuse les notables du Vieux-Caire (Misr).

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El-Moëzz, ayant confié à Youçof-Bologguin le gouvernement de » l'Ifrikia, nomma Abou-Moder-Ziadet-Allah-Ibn-Obeid-Allah-Ibn-el» Cadim directeur général de tous les bureaux établis dans les pro» vinces de l'empire (pour la perception de l'impôt). (En-Noweiri; man n° 702, fol. 29, recto) Ibn-Haucal avait connu ce Zîadel-Allah; voy., dans le Journal asiatique de 1842, sa description de l'Afrique,

D° CXLI.

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La vie de ce poète andalousien, que ces sontemporains plaçaient au niveau d'El-Moténebbi, le plus illustre des poètes de l'Orient, se trouve dans ma traduction d'Ibn-Khallikan, vol. ш, p. 125.

Le 5 du mois de Ramadan (10 juin), il entra au Nouveau-Caire (El-Cahera), ville qui devint le lieu de sa demeure et qui fut habitée par ses successeurs jusqu'à la chute de sa dynastie '.

Pour d'autres détails, voy. la Vie d'El-Moëzz, par M. Quatremère. La dynastie fatemide fut renversée par Saladin.

III.

HISTOIRE DES BENI-HAMDOUN, CONTEMPORAINS DE LA DYNASTIE FATEMIDE ET PRINCES D'EL-MECILA ET DU ZAB.

Le chef de cette famille se nommait Ali-Ibn-Hamdoun '-IbnSemmak-Ibn-Masoud-Ibn-Mansour-el-Djodami et portait le surnom d'Ibn-el-Andeloci (fils de l'Espagnol). Avant l'époque où les missionnaires fatemides commencèrent leurs démarches, pendant qu'Obeid-Allah et Abou-'l-Cacem étaient encore en Orient, il s'attacha au service de ces princes. Parti de Tripoli par leur ordre, il se rendit auprès d'Abou-Abd-Allah-es-Chiï et reçut de lui l'accueil le plus honorable. Ayant ensuite rejoint ses maîtres, il ne les quitta plus, même pendant leur emprisonnement à Sidjilmessa; aussi, lors de l'établissement de leur autorité en Afrique, il dut à leur reconnaissance une position trèsélevée dans l'empire. En l'an 345 (927), Abou-Cacem étant revenu de son expédition en Maghreb, chargea Ibn-Hamdoun de surveiller la construction de la ville d'El-Mecîla. Quand ce travail fut terminé, Abou-'l-Cacem y établit son protégé en qualité de gouverneur de la province du Zab. El-Mecîla reçut alors le nom d'El-Mohammedia. Pendant que ce prince assiégeait AbouYezid dans la montagne de Kîana, la ville d'El-Mecîla lui servit de dépôt d'approvisionnement. Ali-Ibn-Hamdoun garda le gouvernement du Zab jusqu'à la fin de ses jours. Djâfer et Yahya, fils d'Ali-Ibn-Hamdoun, furent élevés à la cour d'Abou-'l-Cacem, et la mère de Djâfer allaita El-Mådd [le même prince qui porta, plus tard, le surnom d']El-Moëzz. Lors des troubles qui agitèrent l'Ifrîka par suite de la révolte d'Abou-Yezîd, El-Caïm

Ibn-Khallikan écrit ce nom Hamdan, et notre auteur lui-même emploie le mot hamdani pour désigner la famille de ces chefs.

appela à son secours tous les partisans qu'il possédait dans les diverses provinces de l'empire, et il manda par écrit à [Ali-] Ibn-Hamdoun de lever des troupes parmi les tribus berbères et de les lui amener. En conséquence de cet ordre, Ibn-Hamdoun réunit une armée considérable et prit la route d'El-Mehdia. S'étant d'abord dirigé vers Constantine, il rallia autour de son drapeau toutes les peuplades dont il traversait les territoires, et il se rendit aux environs de Bédja, en passant par Sicca-Veneria. Aïoub, fils d'Abou-Yezîd, qui occupait Bédja avec un corps nombreux de Nekkariens et de Berbères, marcha à la rencontre de ce chef et réussit, par une attaque de nuit, à le surprendre dans son camp. Ibn-Hamdoun s'enfuit et trouva la mort en tombant dans un précipice. Cet événement eut lieu en l'an 334 (945-6).

Quand la révolte d'Abou-Yezid fut étouffée, El-Mansour donna à Djâfer, fils d'Ali-Ibn-Hamdoun, le gouvernement d'El-Mecîla et du Zab. Yahya reçut l'autorisation de s'y établir avec son frère, et ce fut ainsi le commencement de la dynastie hamdanide. Ces deux princes y élevèrent des châteaux et des maisons de plaisance, tout en étendant leur autorité sur les régions environnantes. Leur cour devint le rendez-vous des savants, et parmi les poètes qui vinrent célébrer leurs louanges, on remarqua Abou1-Cacem-Ibn-Hani, natif d'Espagne, dont les pièces composées en l'honneur des Hamdanides sont encore citées avec éloge1.

La jalousie et l'ambition suscitèrent une vive inimitié entre Djâfer-Ibn-Ali-Ibn-Hamdoun et Zîri-Ibn-Menad. L'expédition que celui-ci entreprit dans le Maghreb lui fournit l'occasion de nuire à son rival, et, tout en châtiant les Zenata, il gratifia sa haine en desservant Djâfer auprès du khalife [fatemide]. Il est vrai que Djâfer avait tenu une conduite peu franche; s'étant montré favorable aux Zenata et à Mohammed-Ibn-Khazroun,

Le recueil des poésies d'Ibn-Hani se trouve dans la Bibliothèque impériale. On y remarque plusieurs poèmes composés en l'honneur des princes hamdanides.

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