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APPENDICES.

I.

(Extrait de l'Encyclopédie d'En – Noweiri 1.)

ORIGINE ET GÉNÉALOGIE DES ZIRIDES 2.

Le premier de cette famille qui exerça l'autorité suprême fut Abou-'l-Fotouh (le père des victoires) Bologguîn-Youçof, fils de Zîri. Menad, père de Ziri, était fils de Menkouch, fils de Zenag [Sanhadj], fils de Zeid le petit, fils de Ouachfak, fils de Zicouch (?), fils d'Ouzghafi, fils de Seri, fils d'Outleki, fils de Soleiman, fils d'El-Hareth, fils d'Adi le petit, surnommé El-Mothenna, fils d'El-Misouer, fils de Yahsob, fils de Malek, fils de Zeid le grand, [fils d'El-Gouth le petit,] fils de Sâd-Abd-Allah, fils d'Auf, fils d'Adi, fils de Malek, fils de Zeid, fils de Cheddad, fils de Zerâ. Celui-ci, nommé aussi Himyer, était fils de Seba le petit, fils de Kâb, fils de Zeîd, fils de Sehl, fils d'Amr, fils de

Voy. t. 1, p. 313.

Dans les chapitres que nous donnons ici, Eu-Noweiri expose l'origine des Zirides d'après Ibn-Cheddad, historien qui appartenait à cette famille et qui cherchait toujours à en relever l'importance. Dans l'exécution de sa tâche, il n'a pas hésité de confondre les faits et les personnes, de sacrifier la vérité de l'histoire, d'altérer les dates et d'imaginer une généalogie qui pût rattacher son aïeul Zîri aux Himyerites, ancienne et illustre dynastie des Arabes antéislamiques. Nous avons, toutefois, reproduit les premiers chapitres de ce roman parce qu'ils renferment quelques détails qui paraissent être vrais et quelques faits auxquels d'autres historiens ont fait allusion.

Caïs, fils de Moaouïa, fils de Djochem, fils d'Abd-Chems, fils de Ouathel, [fils de Haidan,] fils d'El-Ghauth, fils de Coten, fils d'Auf, fils d'Arîb, fils de Zoheir, fils d'Aïmen, fils d'El-Homeiça, fils d'Amr, fils de Himyer-el-Arendjedj, fils de Seba1, fils de Yechdjob, fils de Yarob, fils de Kahtan, fils d'Aber (Heber), lequel est le même personnage que Houd.

Telle est la généalogie donnée par Ezz-ed-Dîn-Abou-Mohammed-Abd-el-Azîz, fils de Cheddad, fils d'El-Moëzz, fils de Badîs, dans son ouvrage historique intitulé El-Djemé ou El-Baïan fi Akhbar il-Maghreb ou el-Cairouan, (Recueil et Elucidation, touchant l'histoire du Maghreb et de Cairouan.)

Ce fut en l'honneur de cette famille qu'un poète composa les vers suivants :

Possesseurs d'un royaume et d'une couronne qui fut justement fière d'emprunter l'éclat de leur gloire,

Ces princes jetèrent les fondations de la digue de Mareb3, ouvrage colossal qui n'aurait cependant pas suffi à contenir le torrent de leur générosité.

Pour rattacher la famille des Zirides à la souche de Himyer-IbnSeba l'ancien, la personne qui composa cette généalogie intercala entre les noms purement berbères qui forment la véritable liste ancêtrale de cette maison et le nom de Himyer, fils de Seba le petit, une série d'aïeux imaginaires, portant tous des noms arabes. En remontant de Seba le petit jusqu'à Himyer l'ancien, ce d'Hozier musulman a commis plusieurs bévues, ainsi que l'on peut facilement reconnaître à l'inspection du tableau I des généalogies arabes que M. Caussin de Perceval a donné dans son Essai sur l'Histoire des Arabes. La prétendue généalogie des Zîrides est reproduite dans le Dictionnaire biographique d'IbnKhallikan, texte arabe, vol. 1, p. 443 de l'édition de cet ouvrage publiée, à Paris, par M. de Slane. Elle se retrouve aussi dans le Kharida, espèce d'anthologie et biographie poétique que composa le célèbre Eimaded-Dîn, secrétaire-rédacteur du sultan Saladin. Voy. manusc. de la Bib. imp., n° 4375, ancien fonds, fol. 59, recto.

2 Voy. l'Essai de M. de Perceval, t. 1, p. 44.

La digue du Mareb fut construite par Locman, un descendant de Himyer l'ancien, fils de Seba. Voy., à ce sujet, l'Essai de M. C. de Perceval.

Par un droit incontesté, cette famille posséda l'angle de la maison de Dieu; elle présida, sans rivale, aux cérémonies du pèlerinage1.

A elle appartenait la langue sublime dans laquelle furent révélés Ha-Mîm et Ta-Hé *.

C'est à eux qu'appartient l'honneur des journées de Beder, d'En-Nadir et de Kheibar 3; et quel homme que celui qui

invoqua leur appui à Honein ♦ I

L'historien dit le premier de cette famille qui arriva en Maghreb fut El-Mothenna, fils d'El-Misouer. Cet homme ayant vu les Abyssins s'emparer du Yemen et détrôner la dynastie des Himyerites, se rendit à Chihr où il trouva un devin habile. Celui-ci, qui appartenait aussi par la naissance à la famille

' Les Khozâa, tribu descendant de Kehlan, frère de Himyer l'ancien, possédèrent, pendant un temps considérable, l'intendance de la Câba ou temple de la Mecque, et les Beni-Soufa, une de leurs familles, y présida aux cérémonies du pèlerinage. Voy. l'Essai de M. C. de Perceval, t. 1, p. 220.

2 Sept sourates du Coran commencent par un mot cabalistique formé des deux lettres ha (h) et mim (m). Une sourate, la 20°, porte en tête les lettres ta (t) et hé (h).

3 Mahomet, soutenu par les Aous et les Khazredj, descendants de Kehlan, remporta la victoire dans ces trois expéditions.

Ce fut El-Abbas, oncle de Mahomet, qui rallia les Aous et les Khazredj à la bataille de Honein. Voy. l'Essai déjà cité, t. I, p. 250. C'est probablement Ibu-Cheddad dont En - Noweiri cite ici les paroles.

6 Selon l'auteur de l'Essai, les Abyssins conquirent une partie du Yémen dans le v siècle de nôtre ère et se rendirent maîtres de toute cette province en l'an de J.-C. 525, après avoir renversé la dynastie des rois himyerites.

7 Es-Chihr, village situé dans l'Arabie heureuse, entre Aden et Zafar, donna son nom à une province dont Zafar devint, plus tard, la capitale. Consultez sur la ville et la province de Chihr la Géographie d'Aboulfeda, traduite par M. Reinaud, t. 1, pp. 141 et 124, et les notes de ce savant orientaliste.

:

déchue, le salua et lui demanda le motif qui l'y avait amené. El-Mothenna répondit que les Abyssins venaient d'enlever l'empire à la maison de Himyer. Alors le devin lui adressa ces paroles « Va fixer ta demeure dans le pays du Maghreb; il » arrivera à tes enfants de grandes choses. Plusieurs d'entre >> eux règneront; ils se succèderont dans le commandement et »leur dynastie subsistera longtemps. » Encouragé par cette prédiction, El-Mothenna partit pour le Maghreb. Là il fit part à ses fils des paroles du devin et ceux-ci les transmirent à leurs enfants. A l'époque où Menad, fils de Menkouch, vint au monde, ils nourrissaient encore l'espoir que leur famille régnerait un jour. Menad acquit, en grandissant, une force extraordinaire, et eut beaucoup de richesses et d'enfants. Son hospitalité envers les voyageurs fut si grande que partout on s'entretenait de lui et que sa renommée fut portée au loin. Une mosquée qu'il avait fait construire fut le lieu où tous les voyageurs allaient descendre. Il s'y rendait lui-même régulièrement pour faire la prière, et, chaque fois qu'il y voyait un étranger, il le saluait, l'amenait chez lui et le traitait avec de grands égards; puis, lors du départ de son hôte, il lui donnait des vivres, des vêtements et de l'argent. Telle fut son habitude quand, un certain jour, on vint lui annoncer qu'un voyageur était arrivé à la mosquée et qu'il se disait venir du pèlerinage. Comme c'était alors l'heure de la prière qui se fait après midi, Menad se rendit à la mosquée et, quand il eut acquitté les devoirs de la religion, il salua l'étranger et lui demanda qui il était et d'où il venait. « Je suis natif du Maghreb, >> répondit le voyageur; je suis allé faire le pèlerinage, mais, à >> mon retour, j'ai été attaqué par des brigands, dépouillé et >> séparé de mes compagnons de voyage. Arrivé en Ifrîkïa, j'en» tendis parler de l'hospitalité de Menad, et, pour cette raison, » je viens lui demander des secours afin de pouvoir continuer » ma route et revoir ma famille. »> << Tu la reverras, lui >> répondit Menad, sois de bon courage. » L'ayant alors conduit chez lui, il lui fit servir une collation, et l'ayant ensuite laissé seul, en lui disant de se reposer, il alla égorger un mouton et préparer un grand repas. Quand le voyageur eut achevé de

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