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Caïs, fils de Moaouïa, fils de Djochem, fils d'Abd-Chems, fils de Ouathel, [fils de Haidan,] fils d'El-Ghauth, fils de Coten, fils d'Auf, fils d'Arîb, fils de Zoheir, fils d'Aïmen, fils d'El-Homeiça, fils d'Amr, fils de Himyer-el-Arendjedj, fils de Seba', fils de Yechdjob, fils de Yarob, fils de Kahtan, fils d'Aber (Heber), lequel est le même personnage que Houd.

Telle est la généalogie donnée par Ezz-ed-Dîn-Abou-Mohammed-Abd-el-Azîz, fils de Cheddad, fils d'El-Moëzz, fils de Badîs, dans son ouvrage historique intitulé El-Djemé ou El-Baïan fi Akhbar il-Maghreb ou el-Cairouan, (Recueil et Elucidation, touchant l'histoire du Maghreb et de Cairouan.)

Ce fut en l'honneur de cette famille qu'un poète composa les vers suivants :

Possesseurs d'un royaume et d'une couronne qui fut justement fière d'emprunter l'éclat de leur gloire,

Ces princes jetèrent les fondations de la digue de Mareb3, ouvrage colossal qui n'aurait cependant pas suffi à contenir le torrent de leur générosité.

1 Pour rattacher la famille des Zirides à la souche de Himyer-IbnSeba l'ancien, la personne qui composa cette généalogie intercala entre les noms purement berbères qui forment la véritable liste ancêtrale de cette maison et le nom de Himyer, fils de Seba le petit, une série d'aïeux imaginaires, portant tous des noms arabes. En remontant de Seba le petit jusqu'à Himyer l'ancien, ce d'Hozier musulman a commiş plusieurs bévues, ainsi que l'on peut facilement reconnaître à l'inspection du tableau I des généalogies arabes que M. Caussin de Perceval a donné dans son Essai sur l'Histoire des Arabes. La prétendue généalogie des Zirides est reproduite dans le Dictionnaire biographique d'IbnKhallikan, texte arabe, vol. 1, p. 143 de l'édition de cet ouvrage publiée, à Paris, par M. de Slane. Elle se retrouve aussi dans le Kharida, espèce d'anthologie et biographie poétique que composa le célèbre Eimaded-Din, secrétaire-rédacteur du sultan Saladin. Voy. manusc. de la Bib. imp., n° 4375, ancien fonds, fol. 59, recto.

• Voy. l'Essai de M. de Perceval, t. I, p. 14.

La digue du Mareb fut construite par Locman, un descendant de Himyer l'ancien, fils de Seba. Voy., à ce sujet, l'Essai de M. C. de Perceval.

Par un droit incontesté, cette famille posséda l'angle de la maison de Dieu; elle présida, sans rivale, aux cérémonies du pèlerinage1.

A elle appartenait la langue sublime dans laquelle furent révélés Ha-Mim et Ta-Hé.

C'est à eux qu'appartient l'honneur des journées de Beder, d'En-Nadir et de Kheibar 3; -et quel homme que celui qui invoqua leur appui à Honein!

L'historien dit le premier de cette famille qui arriva en Maghreb fut El-Mothenna, fils d'El-Misouer. Cet homme ayant vu les Abyssins s'emparer du Yemen et détrôner la dynastie des Himyerites, se rendit à Chihr où il trouva un devin habile. Celui-ci, qui appartenait aussi par la naissance à la famille

Les Khozâa, tribu descendant de Kehlan, frère de Himyer l'ancien, possédèrent, pendant un temps considérable, l'intendance de la Câba ou temple de la Mecque, et les Beni-Soufa, une de leurs familles, y présida aux cérémonies du pèlerinage. Voy. l'Essai de M. C. de Perceval, t. 1, p. 220.

2 Sept sourates du Coran commencent par un mot cabalistique formé des deux lettres ha (h) et mêm (m). Une sourate, la 20°, porte en tête les lettres ta (t) et hé (h).

3 Mahomet, soutenu par les Aous et les Khazredj, descendants de Kehlan, remporta la victoire dans ces trois expéditions.

Ce fut El-Abbas, oncle de Mahomet, qui rallia les Aous et les Khзzredj à la bataille de Honein. Voy. l'Essai déjà cité, t. 1, p. 250. C'est probablement Ibu-Cheddad dont En - Noweiri cite ici les paroles.

6 Selon l'auteur de l'Essai, les Abyssins conquirent une partie du Yémen dans le v siècle de nôtre ère et se rendirent maîtres de toute cette province en l'an de J.-C. 525, après avoir renversé la dynastie des rois himyerites.

7 Es-Chihr, village situé dans l'Arabie heureuse, entre Aden et Zafar, donna son nom à une province dont Zafar devint, plus tard, la capitale. Consultez sur la ville et la province de Chihr la Géographie d'Aboulfeda, traduite par M. Reinaud, t. 1, pp. 444 et 421, et les notes de ce savant orientaliste.

déchue, le salua et lui demanda le motif qui l'y avait amené. El-Mothenna répondit que les Abyssins venaient d'enlever l'empire à la maison de Himyer. Alors le devin lui adressa ćes paroles « Va fixer ta demeure dans le pays du Maghreb; il » arrivera à tes enfants de grandes choses. Plusieurs d'entre

eux règneront; ils se succèderont dans le commandement et » leur dynastie subsistera longtemps. » Encouragé par cette prédiction, El-Mothenna partit pour le Maghreb. Là il fit part à ses fils des paroles du devin et ceux-ci les transmirent à leurs enfants. A l'époque où Menad, fils de Menkouch, vint au monde, ils nourrissaient encore l'espoir que leur famille régnerait un jour. Menad acquit, en grandissant, une force extraordinaire, et eut beaucoup de richesses et d'enfants. Son hospitalité envers les voyageurs fut si grande que partout on s'entretenait de lui et que sa renommée fut portée au loin. Une mosquée qu'il avait fait construire fut le lieu où tous les voyageurs allaient descendre. Il s'y rendait lui-même régulièrement pour faire la prière, et, chaque fois qu'il y voyait un étranger, il le saluait, l'amenait chez lui et le traitait avec de grands égards; puis, lors du départ de son hôte, il lui donnait des vivres, des vêtements et de l'argent. Telle fut son habitude quand, un certain jour, on vint lui annoncer qu'un voyageur était arrivé à la mosquée et qu'il se disait venir du pèlerinage. Comme c'était alors l'heure de la prière qui se fait après midi, Menad se rendit à la mosquée et, quand il eut acquitté les devoirs de la religion, il salua l'étranger et lui demanda qui il était et d'où il venait. « Je suis natif du Maghreb, >> répondit le voyageur; je suis allé faire le pèlerinage, mais, à >> mon retour, j'ai été attaqué par des brigands, dépouillé et » séparé de mes compagnons de voyage. Arrivé en Ifrîkïa, j'en» tendis parler de l'hospitalité de Menad, et, pour cette raison, » je viens lui demander des secours afin de pouvoir continuer >> ma route et revoir ma famille. >> « Tu la reverras, lui >>>> répondit Menad, sois de bon courage. » L'ayant alors conduit chez lui, il lui fit servir une collation, et l'ayant ensuite laissé seul, en lui disant de se reposer, il alla égorger un mouton et préparer un grand repas. Quand le voyageur eut achevé de

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manger, il examina attentivement l'omoplate du mouton, le tournant, le retournant, et jetant sur Menad des regards étonnés : « Pourquoi me regardes-tu ? lui dit Menad; pourquoi examiner eet os de mouton ?-Ce n'est rien; lui répondit l'étranger.— Par Allah il faut que tu me le dise. -As-tu une femme enceinte? Oui, dit Menad. — En as-tu déjà eu des enfants? — Non, mais j'en ai eu d'autres femmes. Fais les mois voir.» Après les avoir bien examinés il demanda à Menad s'il en avait d'autres. -Je n'ai que ceux-là, répondit Menad. << Puisqu'il en est >> ainsi, aie grand soin de ta femme qui est enceinte, car, par » Allah! elle donnera le jour à un enfant qui deviendra maître » de tout le Maghreb et dont les fils régneront après lui. — » Par Allah! s'écria Menad, nous n'avons jamais cessé d'espérer > qu'il naîtrait dans notre famille un enfant tel que tu me l'an>> nonces; c'est une tradition que nous tenons de nos aïeux, mais >> nous ignorions de quelle branche il sortirait. Tu nous apprends donc une chose à laquelle nous nous attendions depuis longtemps. >>

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Ensuite, dit l'historien, Menad traita son hôte avec de grands égards jusqu'à ce qu'il se remit en route.

HISTOIRE DE ZÎRI, FILS DE MENad.

L'historien dit: la femme de Menad accoucha d'un fils qui reçut de son père le nom de Zîri. Jamais on ne vit un si bel enfant ; il surpassa même en beauté ses frères dont les formes et les traits étaient si parfaits que, dans le Maghreb, on disait proverbialement d'un bel homme On le prendrait pour un fils de Menad. Parvenu à l'âge de dix ans, Zîri paraissait en avoir vingt, à cause de sa haute taille et de sa vigueur. Les autres enfants de l'endroit avaient l'habitude de se rassembler autour de lui et de le nommer leur sultan. Ils se mettaient à cheval sur des bâtons pour représenter deux troupes en ordre de bataille, et Zîri les faisait combattre ensemble; puis, il les conduisit chez sa mère pour qu'elle leur donnât à manger. Pendant ces repas, il se tenait debout derrière eux, sans rien prendre.

Quand il fut parvenu à l'âge viril, il profita de l'influence qu'il exerçait sur tous ceux qui l'entouraient pour rassembler plusieurs de ses parents et d'autres personnes d'une bravoure reconnue. A la tête de cette bande, il fit des incursions dans le pays des Zenata, tuant, pillant, enlevant des captifs et du butin qu'il distribua toujours à ses compagnons sans rien réserver pour lui-même. Les autres familles sanhadjiennes virent d'un œil jaloux les exploits de Ziri, parce qu'elles avaient espéré que l'enfant annoncé par le devin naîtrait d'elles, et, convaincues enfin que ce chef était le personnage auquel la prédiction se rapportait, elles se réunirent pour l'écraser. A la suite d'une longue guerre, Zîri demeura vainqueur; il tua une foule d'ennemis, réduisit en servitude beaucoup d'autres et rentra dans sa montagne [à Titeri] chargé de butin.

A la nouvelle de ces événements, les Zenata formèrent une coalition contre Zîri, et écrivirent aux fractions de la tribu de Sanhadja qui lui résistaient encore pour les engager à faire cause commune avec eux. Zîri fut averti de ces menées, et, partant à l'improviste, il entra dans le territoire des Maghfla', tomba sur les Zenata pendant la nuit, leur tua beaucoup de monde, fit un grand nombre de prisonniers et rapporta à son lieu de retraite, dans la montagne de Tîteri, une quantité de têtes et de butin. Avec les chevaux pris sur l'ennemi il forma un corps de trois cents cavaliers. Sa renommée remplit bientôt tout le Maghreb; l'accroissement de son pouvoir inspira de vives appréhensions aux habitants de ce pays, et les populations, remplies de crainte, s'attendaient à le voir, d'un moment à l'autre, fondre sur leurs territoires. Tous les esprits insoumis, partisans du désordre, allèrent grossir le nombre de ses troupes, et, voyant enfin que le lieu où il s'était établi ne pouvait plus les contenir, ils l'engagèrent à chercher un autre local où ils seraient plus à leur aise. En conséquence de ces représentations, il se transporta

• Les Maghila habitaient les plaines du bas Chelif, depuis la mer jusqu'à Mazouna.

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