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y leva l'étendard de la révolte. Abd-el-Azîz traita cette démonstration avec mépris et ordonna à son vizir, Omar-IbnMasoud, de prendre quelques troupes et d'investir la montagne. Nous avons déjà parlé de cette affaire dans notre notice des Maghraoua '.

Vers la même époque, je décidai les cheikhs des Douaouida à se rendre auprès du sultan. Ils reçurent de lui un excellent accueil et rentrèrent dans leur pays, les valises pleines de cadeaux, les cœurs libres de tout souci et les bouches remplies des louanges d'Abd-el-Azîz.

TROUBLES DANS LE MAGHREB CENTRAL.

ABOUZIAN REPARAÎT A

TÎTERI ET ABOU HAMMOU FAIT UNE TENTATIVE SUR TLEMCEN.
DÉROUTE ET FUITE DE CES PRINCES.

Les Beni-Amer-Ibn-Zoghba témoignèrent, dans tous les temps, une sincère amitié aux Beni-Abd-el-Ouad, tandis que les Soueid montraient toujours un parfait dévouement aux Beni-Merin. On sait quelle était la position que les chefs soueidiens, Arîf-IbnYahya et ses fils, occupèrent auprès d'Abou-'l-Hacen et des princes qui succédèrent à ce sultan.

Les fractions de la grande tribu des Beni-Amer qui accompagnèrent Abou-Hammou [dans sa fuite] perdirent, à Ed-Doucen, tout ce qu'elles possédaient; et, consternées de ce désastre, elles allèrent se jeter dans les profondeurs du Désert. Ne pouvant espérer des Beni-Merîn la moindre bienveillance, tant que la faveur de cette dynastie se concentrait sur Ouenzemmar et ses frères, elles restèrent attachées au sultan Abou-Hammou et le suivirent dans toutes les parties du Désert où il voulut se diriger. Elles avaient mené ce genre de vie pendant quelque temps, quand Rahhou-Ibn-Mansour, chef des Obeid-Allah, Arabes makiliens, vint les joindre avec sa tribu. Ce renfort leur permit d'aller ra

1 Voy. p. 325 de ce volume.

vager les environs d'Oudjda et d'allumer une nouvelle insurrection contre les Mérinides.

Les Hosein, de leur côté, savaient que leur réputation d'aimer la révolte et le désordre suffirait pour leur attirer la vengeance du sultan mérinide; aussi, prirent-ils la résolution [de persister dans leurs anciennes habitudes et] d'envoyer leurs cheikhs auprès d'Abou-Zian, qui se tenait toujours chez les Aulad-YahyaIbn-Ali. L'ayant fait venir au milieu d'eux, ils marchèrent contre Médéa, et, bien que cette ville résistât à tous leurs efforts, ils ne se rendirent pas moins maîtres de la campagne qui l'entoure.

Le sultan Abd-el-Azîz, voyant le Maghreb central en pleine révolte contre son autorité, fit partir plusieurs corps de troupes pour combattre les Maghraoua et les Hosein.

Abou-Hammou vint alors se montrer, avec les Beni-Amer, aux environs de Tlemcen, mais il fut trahi par son allié, KhaledIbn-Amer. Ce chef, mécontent de voir quelques-uns de ses parents admis dans l'intimité du sultan abd-el-ouadite et indigné de trouver que les avis de certaines gens bien au-dessous de lui par le rang fussent adoptés plutôt que les siens, se laissa gagner par l'offre d'une somme d'argent et d'une position brillante à la cour d'Abd-el-Azîz. Soutenu par un corps de troupes que ce momarque lui envoya, il attaqua et mit en fuite les Obeid-Allah et les Beni-Amer qui accompagnaient Abou-Hammou. Le camp du sultan, ses trésors, son harem et son affranchi Atïa tombèrent au pouvoir des vainqueurs. Toutes ses femmes furent envoyées au palais d'Abd-el-Azîz, et Atïa, ayant obtenu la vie sauve, entra au service des Mérinides. Abou-Hammou courut se réfugier à Tigourar în, une des dernières villes que l'on traverse quand on pénétre au loin dans le Désert. Il y arriva seul, sans domestique ni vizir. Les Zenata se décidèrent alors à faire leur soumission au sultan du Maghreb.

Rien ne pouvait procurer à Abd-el-Azîz autant de satisfaction que cette victoire, si ce n'est la conquête du pays des Maghraoua et la prise de la montagne des Beni-Bou-Saîd par son vizir, Abou-Bekr-Ibn-Ghazi. Le chef des insurgés, Hamza, fils d'Ali

Ibn-Rached, fut fait prisonnier et mis à mort avec quelques-uns de ses partisans. On envoya leurs têtes au sultan et on mit leurs cadavres en croix auprès de Miliana.

A la suite de ce triomphe éclatant et de cette série de victoires, le sultan envoya son vizir, Ibn-Ghazi, contre les Hosein. Il m'écrivit, en même temps, à Biskera, où j'avais fixé mon séjour afin de remplir une mission dont il m'avait chargé; et, d'après ses instructions, je rassemblai tous les partisans qu'il avait gagnés parmi les Douaouida et les Riah. Ces troupes allèrent joindre le vizir au pied de la forteresse de Tîteri. Nous y bloquâmes les Hosein pendant quelques mois, jusqu'à ce qu'ils abandonnèrent leur asile et se dispersèrent de tous les côtés. Abou-Zian s'enfuit aussi et ne s'arrêta qu'à Ouargla, pays situé au Midi du Zab et trop éloigné pour craindre nos armes. Les habitants de cette région le prirent sous leur protection et le trai

tèrent honorablement.

Le vizir frappa les Thâleba et les Hosein de lourdes contributions qu'il se fit payer sur-le-champ, et, après avoir pacifié ces provinces, il revint à Tlemcen entouré de gloire et plus puissant que jamais. Le jour de son arrivée, Abd-el-Azîz tint une séance solennelle pour le recevoir ainsi que les députations arabes et berbères dont il s'était fait accompagner. A tous ces chefs, le sultan accorda des marques de faveur et de bienveillance selon le degré de leur rang et de leur influence; puis il ordonna aux émirs zoghbiens de lui livrer comme otages leurs enfants les plus chers et d'aller relancer Abou-Hammou dans sa retraite, à Tigourarîn.

Vers la fin de Rebiâ second 774 (fin d'octobre 1372), quelques jours seulement après le retour du vizir, eut lieu la mort d'Abd-el-Azîz. Il succomba à une maladie chronique qu'il avait soigneusement cachée et qu'il supportait en silence. Les troupes mérinides rentrèrent alors en Maghreb, après avoir reconnu pour sultan le fils de celui qui venait de mourir. Ce jeune prince, auquel on décerna le titre d'Es-Saîd (le fortuné), n'avait que cinq ans et savait à peine marcher; aussi la régence de l'empire fut confiée au vizir Abou-Bekr-Ibn-Ghazi.

LE SULTAN ABOU - HAMMOU REVIENT A TLEMCEN.

TROISIÈME RES

TAURATION DE LA DYNASTIE ABD-EL-OUADITE.

Après la mort du sultan Abd-el-Azîz, les Mérinides s'empressèrent de rentrer en Maghreb; mais, avant de se mettre en marche, ils proclamèrent sultan de Tlemcen un prince de la famille de Yaghmoracen, nommé Ibrahîm, qui, depuis la mort de son père, le sultan Abou-Tachefin, avait passé sa jeunesse à la cour du Maghreb. Le but de cette nomination était de créer un rival à Abou-Hammou et d'empêcher ce sultan de revenir à sa capitale. Le lendemain de leur départ, l'affranchi Atïa-IbnMouça, qui venait de s'évader du camp mérinide, entra dans la ville, y rétablit la souveraineté de son maître, Abou-Hammou, et repoussa Ibrahîm-Ibn-Tachefîn loin du trône dont il espérait s'emparer.

Les Aulad - Yaghmor, branche de la tribu makilienne des Obeid-Allah, firent aussitôt monter un courrier sur un dromadère afin de transmettre cette bonne nouvelle à leur allié, AbouHammou. Ce monarque venait d'apprendre que les Arabes zoghbiens se disposaient à marcher contre lui; et, désespérant de sa fortune, il faisait ses préparatifs pour s'enfuir dans le Soudan quand ce messager arriva. Son fils et successeur désigné, AbouTachefin-Abd-er-Rahman, partit aussitôt avec leur protecteur, Abd-Allah-Ibn-Sogheir, et se rendit à Tlemcen. Quatre jours après eux, le sultan y fit son entrée et monta sur le trône; s'étant empressé de quitter un sol où il avait été poussé par versité. Ce fut là, en réalité, un événement bien extraordinaire. Sans laisser écouler un seul instant, il ordonna l'emprisonnement de ses vizirs, qu'il soupçonnait d'avoir trempé dans la trahison de Khaled-Ibn-Amer et d'avoir secondé les projets de l'ennemi. Le même jour, il assouvit sa vengeance en les faisant égorger.

l'ad

Cette exécution augmenta plus que jamais la méfiance de Khaled-Ibn-Amer; mais, en attirant au sultan la haine des Beni

Amer et de leur chef, elle lui procura l'amitié des fils d'ArîfIbn-Yahya, lesquels voyaient d'un oeil jaloux la faveur dont Khaled jouissait auprès du sultan Abd-el-Azîz.

S'étant alors assuré que Ouenzemmar, chef de la famille Arif, emploierait toute son influence pour calmer les sentiments d'hostilité que les princes du Maghreb nourrissaient contre la dynastie abd-el-ouadite, le sultan Abou-Hammou s'occupa uniquement de rétablir l'ordre dans ses états.

Quand les Mérinides s'apprêtaient à rentrer en Maghreb, ils envoyèrent dans le pays de Chelif, en qualité de gouverneur, un prince maghraouien de la famille Mendil, lequel s'appelait Ali-Ibn-Haroun-1bn-Thabet-Ibn-Mendil. Par cette nomination, ils espéraient créer un nouvel embarras au sultan Abou-Hammou dont ils démembraient ainsi l'empire. Vers la même époque, Abou-Zian reparut dans le pays des Hosein.

ABOU-ZIAN RENTRE DANS LE PAYS DES HOSEIN ET EN SORT BIENTÔT APRÈS.

L'émir Abou-Zîan quitta Ouargla aussitôt qu'il apprit la mort d'Abd-el-Azîz et rentra dans le Tell afin de retrouver les populations nomades dont l'appui lui avait déjà permis de lutter avec Abou-Hammou. Pendant qu'il s'occupait à gagner ces tribus, Abou-Hammou sortit à la tête d'une armée avec l'intention de rétablir l'ordre dans ses états et d'empêcher les perturbateurs d'y pénétrer. Dans cette tournée, il fut parfaitement secondé par Abou-Bekr et Mohammed, tous les deux fils d'Arîf-IbnYahya et émirs des Zoghba nomades. En agissant ainsi, ces chefs obéissaient aux recommandations secrètes de leur frère aîné, Ouenzemmar. Chargés par lui de servir Abou-Hammou fidèlement, ils montrèrent à ce prince le dévouement le plus franc et le plus parfait.

Khaled-Ibn-Amer et ses gens, voyant leurs offres de soumission repoussées par Abou-Hammou, se trouvèrent dans une po

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