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fils de Yacoub, fils d'Abd-el-Hack, jouissait de la plus haute considération parmi les Mérinides.

Le vizir Masoud-Ibn-Rahhou partit alors pour le Maghreb avec son nouveau sultan et les troupes sous ses ordres ; il abandonna même la ville de Tlemcen sans se soucier de ce qu'elle deviendrait, et, après avoir châtié très-rudement les Arabes makiliens qui voulaient lui couper le passage, il poussa en avant vers la capitale mérinide.

Le sultan Abou-Hammou occupa encore le siége de son empire; et, ayant pris pour vizir Abd-Allah-Ibn-Moslem, chef qui venait d'embrasser sa cause, il plaça en lui une confiance entière et lui laissa tous les soins de l'administration.

ABD-ALLAH-IBN-MOSLEM, GOUVERNEUR DU DERA, ABANDONNE LE PARTI DES MÉRINIDES ET DEVIENT VIZIR DU SULTAN ABOU-HAMMOU.

Abd-Allah-Ibn-Moslem était un des notables de la tribu des Zerdal, fraction des Beni-Badîn et sœur des tribus d'Abd-elOuad, de Toudjîn et de Mozab. Les Beni-Zerdal étaient si peu nombreux qu'ils s'incorporèrent dans la tribu des Abd-el-Ouad et finirent par se confondre avec ce peuple. Ibn-Moslem fut élevé sous les yeux de Mouça-Ibn-Ali1 et s'acquit une brillante réputation, sous le règne d'Abou-Tachefin, par sa conduite intrépide pendant le siége de Tlemcen. Le sultan Abou-'l-Hacen, après avoir effectué la conquête du royaume des Abd-el-Ouad, résolut de prendre, dans le peuple vaincu, les hommes les plus distingués par leur courage afin de les envoyer aux frontières du Maghreb, pour y tenir garnison. Quand il passa en revue les Beni-Abd -el-Ouad, on lui signala comme guerrier intrépide Abd-Allah-Ibn-Moslem qui défilait avec ses camarades, et il l'expédia aussitôt vers le Derâ avec une lettre de recommandation adressée au gouverneur de cette province. La bravoure

1 Voy, ci-devant, p. 413.

qu'lbn-Moslem y déploya en combattant les Arabes révoltés le mit si bien en évidence qu'il mérita l'estime du sultan et obtint le commandement de la troupe dont il faisait partie.

Après le désastre de Cairouan, de graves désordres éclatèrent en Maghreb, et Abou-Einan, voulant usurper le pouvoir suprême, se fit proclamer sultan à Tlemcen. Mansour, fils d'AbouMalek-Abd-el-Ouahed et petit-fils du sultan Abou-'l-Hacen, réunit aussitôt les garnisons de ses places fortes et marcha contre son oncle; mais il essuya une défaite à Tèza et courut s'enfermer dans la Ville-Neuve de Fez. Abd-Allah-Ibn-Moslem, qui se trouvait alors sous les ordres de Mansour, montra, pendant quelques jours, une grande activité dans la défense de la ville; puis, reconnaissant que la place ne pouvait pas tenir plus longtemps, il donna à ses camarades l'exemple de la défection et passa aux assiégeants. Cette démarche lui attira la bienveillance d'Abou-Einan et lui procura sa nomination au gouvernement du Derâ. Pendant tout le règne de ce prince, il fit preuve d'une grande habileté dans l'administration du pays confié à ses soins; il s'acquit même l'amitié des Arabes makiliens et se les attacha encore davantage en contractant avec eux un engagement de fraternité.

Quand le sultan Abou-Einan eut forcé son frère Abou-'l-Fadl, qui s'était révolté contre lui, à chercher asile dans le DjebelIbn-Hamidi, montagne du Derâ, il invita Ibn--Moslem à mettre en œuvre son adresse ordinaire afin de se saisir du fugitif. A force d'argent et de promesses, cet officier obtint d'Ibn-Hamîdi l'extradition du malheureux prince, et le livra au sultan. Abou'l-Fadl fut mis à mort par l'ordre de son frère.

Vers la fin de l'an 760 (1359), peu de temps après la mort d'Abou-Einan, le sultan Abou-Salem se rendit maître du Maghreb. Ibn-Moslem, craignant alors d'encourir la vengeance de ce prince qui, pendant son séjour en Espagne, avait été le compagnon et l'ami d'Abou-'l-Fadl, abandonna son commandement et décida les Aulad-Hocein, émirs makiliens, à l'accompagner jusqu'à Tlemcen. Il emporta avec lui tout un trésor d'argent et alla se présenter devant Abou-Hammou à la tête de ses nom

breux parents et de ses alliés arabes. Le sultan abd-el-ouadite l'accueillit avec beaucoup d'empressement et le nomma vizir surle-champ.

Parvenu à gagner la confiance de son nouveau maître et à se faire charger du gouvernement de l'empire, Ibn-Moslem se conduisit avec tant d'habileté qu'il gagna bientôt tous les cœurs. Sur son invitation, les Arabes makiliens quittèrent les territoires qu'ils occupaient dans l'Afrique occidentale et vinrent se mettre à son service. Il leur concéda des terres dans la province de Tlemcen et, les ayant attachés aux Zoghba comme alliés et confédérés, il réussit, avec leur appui, à monter au faîte de la puissance et à s'y maintenir.

LE SULTAN ABOU-SALEM S'EMPARE DE TLEMCEN ET Y ÉTABLIT COMME Gouverneur Abou-zîan, petit-FILS DU SULTAN Abou-tachefîn.

Quand Abou-Salem eut établi son autorité dans le royaume du Maghreb et fait disparaître les traces des dernières révoltes, il conçut l'espoir d'étendre sa domination jusqu'à l'extrême limite du pays des Zenata, ainsi que l'avaient fait son père et son frère. La fuite d'Abd-Allah-Ibn-Moslem, qui venait de se réfugier à Tlemcen en emportant les sommes qu'il avait perçues dans le Dera à titre d'impôts, décida le sultan à mettre son projet à exécution. Vers le milieu de l'an 764 (avrıl-mai 1360), il campa en dehors de Fez et, aussitôt qu'il eut complété son armée par les troupes qu'il avait fait lever dans les tribus, il se mit en marche pour la capitale abd-el-ouadite.

Averti de l'approche des Mérinides, le sultan Abou-Hammou, secondé par son vizir, Abd-Allah-Ibn-Moslem, appela à son secours les Arabes Zoghba, ainsi que les Arabes makiliens, et les rassembla tous, à l'exception d'une petite bande des Ahlaf. Ayant alors évacué Tlemcen, il conduisit ses troupes dans le Désert où ses alliés se tenaient campés, avec leurs troupeaux, et laissa occuper la ville par Abou-Salem. Se dirigeant ensuite vers

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le Maghreb, que son adversaire venait de quitter, il ravagea les territoires d'Outat, du Molouïa et de Guercîf.

Abou-Salem fut vivement contrarié en apprenant cette nouvelle; et, voulant rentrer dans ses états le plus tôt possible, il plaça sur le trône de Tlemcen un descendant de Yaghmoracen qu'il avait amené dans sa suite. Ce prince, nommé Abou-Zian-Mohammed et surnommé El-Cobbi1, c'est-à-dire grosse téte, était fils d'Othman et petit-fils du sultan Abou-Tachefîn I. Le souverain mérinide lui donna les insignes du commandement et partit pour sa capitale, après avoir installé son protégé dans le palais et lui avoir fourni une somme d'argent pour l'entretien d'un corps de troupes fournies par les Toudjîn et les Maghraoua.

Abou-Hammou et ses Arabes sortirent du Maghreb à l'approche d'Abou-Salem et reprirent le chemin de Tlemcen. Ce mouvement suffit pour délivrer la ville : Abou-Zîan s'enfuit auprès des Mérinides qui occupait encore El-Bat'ha, Milîana, Oran et les forteresses de la frontière orientale. Il trouva même des protecteurs dans les Toudjîn et les Soueid, tribus que les Mérinides comptaient parmi leurs alliés.

Le sultan abd-el-ouadite reprit alors possession de sa capitale et y fit son entrée avec le vizir Ibn-Moslem. Dans la course qu'il venait de faire, il perdit Sogheir-Ibn-Amer qui lui fut enlevé par la mort. Soutenu par les Makil et les Zoghba, il se mit à la poursuite d'Abou-Zian, lui enleva le Ouancherich où il s'était retranché, dispersa tous les partisans de ce jeune homme et le contraignit à rentrer dans Fez pour se mettre sous la protection du gouvernement mérinide. Tournant alors ses armes contre les garnisons mérinides qui occupaient encore plusieurs de ses forteresses, il reprit Miliana, El-Bat'ha et Oran, ville qu'il emporta d'assaut après quelques jours de siége. Les Mérinides, qui s'y trouvèrent en grand nombre, furent passés au fil de l'épée. Cette conquête effectuée, il prit possession de Médéa et d'Alger, après avoir permis aux Mérinides qui y tenaient garnison de se

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retirer en Maghreb. A la suite de cette campagne victorieuse, il envoya une ambassade au sultan Abou-Salem et conclut avec lui un traité de paix.

En l'an 762 (1361), Abou-Salem mourut, et l'administration de l'empire mérinide passa entre les mains d'Omar-Ibn-AbdAllah-Ibn-Ali, fils de vizir, lequel proclama successivement plusieurs fils du sultan Abou-'l-Hacen.

ABOU-ZIAN, FILS DU SULTAN ABOU-SAÎD, ARRIVE DU MAGHREB AVEC

A

LE DESSEIN DE S'EMPARER DU ROYAUME DE TLEMCEN.

Abou-Zian-Mohammed était fils du sultan Abou-Saîd-Othman, fils d'Abd-er-Rahman, fils de Yahya, fils de Yaghmoracen. Arrêté snr le territoire hafside, aux environs de Bougie, en même temps que son oncle Abou-Thabet et le vizir Yahya Ibn-Dawoud, il fut conduit avec eux au camp d'Abou-Einan et condamné par ce sultan à passer le reste de ses jours dans une prison. Son oncle et le vizir subirent la peine de mort.

Abou-Salem, frère d'Abou-Einan, étant parvenu au trône du Maghreb après avoir éprouvé diverses vicissitudes de fortune, rendit la liberté à Mohammed-Abou-Zian et lui assigna une place à la cour parmi les autres princes du sang royal. En agissant ainsi, il avait pour dessein de l'opposer plus tard au sultan Abou-Hammou et de mettre ainsi un cousin aux prises avec l'autre. En l'an 762 (1360-4), peu de temps avant sa mort, il revint de Tlemcen à Fez, où Abou-Zian, petit-fils du sultan AbouTachefîn, arriva bientôt après; et, comme il s'était brouillé de nouveau avec Abou-Hammou, il prit le parti, après une mûre délibération, de susciter à ce sultan un rival dans la personne de l'autre Abou-Zian, fils du sultan Abou-Saîd. En soutenant les

Il ne faut pas confondre cet Abou -Zian avec l'Abou-Zian du chapitre précédent : l'un était fils du sultan Abou-Said-Othman et petitfils d'Abd-er-Rahman, lequel mourut en Espagne sans avoir jamais régué; l'autre était fils d'Othman ct petit-fils du sultan Abou-Tachefin.

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