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tants, d'un commun accord, lui ôtèrent la vie et se mirent de nouveau sous les ordres de leur ancien gouverneur, MohammedIbn-Yezîd.

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MOHAMMED-IBN-YEZÎD, GOUVERNEUR POUR LA SECONDE

FOIS.

Ils écrivirent alors au khalife Yezîd-Ibn-Abd-el-Melek pour lui déclarer qu'ils n'avaient pas renoncé à leur fidélité, mais que Yezid-Ibn-Abi-Moslem les avait traités d'une manière outrageante devant Dieu et les musulmans, et qu'ils venaient de se remettre sous l'autorité de leur ancien gouverneur. Le khalife leur fit une réponse par laquelle il désapprouva la conduite d'Ibn-Abi-Moslem et confirma le choix qu'ils avaient fait de Mohammed-Ibn-Yezid 2.

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GOUVERNEMENT DE BICHR-IBN-SAFOUAN-EL-KELBI.

Dans la suite, Bichr, fils de Safouan, de la tribu de Kelb, fut chargé du gouvernement de l'Ifrîkïa. Arrivé en ce pays l'an 103 (721-722 de J.-C.), il destitua El-Horr-Ibn-Abd-er-Rahman, gouverneur de l'Espagne, et le remplaça par Anbeça-el-Kelbi. Ensuite il fit une expédition en Sicile, d'où il revint avec un

1 En 401, selon Ibn-Abd-el-Hakem. Il paraît, d'après les traditions recueillies par cet auteur, que Yezid s'était formé une garde berbère composée dés néophites que Mouça-Ibn-Noceir avait pris sous son patronage. Voulant leur donner une marque distinctive, il imagina de faire tatouer des inscriptions sur les mains de ces hommes; la main droite devait porter le nom de l'individu, et, la main gauche, les mots : garde de Yezid, « car tel, disait-il, est l'usage des Grecs.» Les soldats furent tellement mécontents qu'ils l'assassinèrent dans son oratoire.

2 Le peuple voulait prendre pour chef El-Mogheira-Ibn-Abi-Borda le coreichite; mais celui-ci, craignant la colère du khalife, s'y refusa. L'on choisit alors Mohammed-Ibn-Aus-el-Ansari, qui prit le commandement après avoir écrit au khalife Yezîd pour l'instruire de ce qui venait de se passer. Le khalife agréa sa justification, et, en l'an 102, il donna le gouvernement de l'Ifrîkia à Bichr Ibu-Safouan.

riche butin. Sa mort eut lieu à Cairouan, l'an 109 (727-728 de J.-C.), pendant le khalifat de Hicham-Ibn-Abd-el-Mélek, qui le remplaça par Obeida, fils d'Abd-er-Rahman, de la tribu de Soleim.

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GOUVERNEMENT D'OBEIDA-IBN-ABD-ER-RAHMAN-ES

SOLÉMI.

Obeida-Ibn-Abd-er-Rahman était le fils du frère d'Abou-'lAouar, officier qui avait commandé la cavalerie de Moaouïa 2. En arrivant 3, il fit emprisonner les amels de Bichr, et leur arracha de l'argent par toutes sortes de mauvais traitements et de tortures. L'un d'entre eux, Abou-'l-Khattab-Ibn-Safouan-esSolémis, membre de la tribu de Kelb et chef d'un rang élevé, composa à ce sujet les vers suivants, qu'il envoya au khalife Hicham ;

Les enfants de Merouan [les Omeiades] nous ont lésés dans nos personnes et nos biens; mais la justice de Dieu est là, s'ils n'agissent pas avec équité.

On dirait vraiment, qu'ils ne m'ont jamais vu au combat, et qu'ils n'ont jamais connu un homme de mérite!

C'est cependant vous que nous avons protégés contre les lances hostiles en leur présentant nos poitrines, dans ce temps où vous ne possédiez d'autres guerriers que les nôtres.

Parvenu depuis au but de vos souhaits et à la jouissance des délices de la vie,

Vous tâchez de nous oublier, comme si vous n'aviez jamais

Bichr entreprit une expédition maritime et perdit la plupart de ses troupes dans une tempête. (Ibn-Abd el-Hatem.)

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2 Ce fut en l'an 36, à la bataille de Siffin, qu'Abou-'l-Aouar commanda la cavalerie de Moaouïa qui faisait alors la guerre au khalife Ali. 3 Il arriva en Ifrîkïa l'an 110.

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(Baian.)

• On désigua par le mot amel (agent) les gouverneurs des villes, districts et cantons, et les collecteurs du revenu.

Selon l'auteur du Baian, ce fonctionnaire se nommait Abou-'lKhattar-el-Hoçam-Ibn-el-Dirar.

eu en nous des amis dévoués, comme si vous n'aviez jumais recherché notre alliance! mais cela, vous ne saurez l'oublier1.

A la lecture de ces vers, Hicham entra en courroux et prononça la disposition d'Obeida. Celui-ci, en quittant l'Ifrîkïa, y laissa, pour lieutenant-gouverneur, Ocba-Ibn-Codama, et pour cadi, Abd-Allah-Ibn-el-Mogheira-Ibn-Berda de la tribu de Coreich 2, ceci se passa dans le mois de Choual de l'an 144 (novembre-décembre 732) 3.

§ XIX.

GOUVERNEMENT D'OBFID-ALLAH-IBN-EL-HABHAB.

Obeid-Allah, fils d'El-Habhâb et client de la tribu de Makhzoum, occupait une place élevée dans l'administration de l'empire; il s'exprimait avec élégance et savait par cœur la poésie des Arabes du Désert, ainsi que l'histoire de leurs combats. Ce fut lui qui bâtit la grande mosquée de Tunis et l'arsenal de la marine. Sa nomination au gouvernement de l'Ifrikïa eut lieu dans le mois de Rebiâ premier, de l'an 116 (avril-mai,734). Il confia le commandement de Tanger et de la province qui en dépend à Omar-IbnAbd-Allah-el-Moradi; mais ce fonctionnaire, oubliant les principes de la justice, commit de nombreuses illégalités dans la perception de la dîme aumônière et dans la répartition du butin. Il voulait prélever le quint sur les Berbères, sous prétexte que ce peuple étaient un butin acquis aux musulmans, chose qu'aucun amel avant lui n'avait osé faire; ce fut seulement sur les populations qui refusèrent d'embrasser l'islamisme que les gouverneurs imposèrent ce tribut. Aussi les Berbères de Tanger se

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1 En-Noweiri a rapporté ces vers d'une manière peu exacte. Voyez le Baïan, texte arabe, pag. 37.

2 Selon Ibn-Abd-el-Hakem, Obeida revint en Orient l'an 115.

3 Obeida envoya une flotte contre la Sicile, mais elle se perdit dans une tempête. El-Mostatir-Ibn-el-Hareth el-Harsi, le commandant de cette expédition, échappa au naufrage et fut emprisonné par Obeida. • De Rebiâ second, selon le Baïan.

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5 Voyez ci-devant, pag. 216, et ci-après, pag. 367. La comparaison de ces passages fait voir que le quint dont il s'agit ici était celui de la population: d'ailleurs, un impôt sur les biens, quelqu'exorbitant qu'il fût, n'aurait jamais excité un soulèvement général.

soulevèrent contre lui, en l'an 122 (740). Ce fut la première fois que, dans l'Ifrîkïa, des troubles éclatèrent au sein de l'islamisme. Meicera-el-Madghari se mit en révolte et tua Omar-elMoradi.

Alors parurent en Ifrîkïa des gens qui professaient les doctrines des kharedjites et dont le nombre ainsi que la puissance prit de grands accroissements.

L'hisiorien dit plus loin: Obeid-Allah choisit des troupes parmi les Arabes et les envoya contre Meicera. Il en confia le commandement à Khaled-Ibn-Abi-Habib-el-Fihri, auquel il donna pour lieutenant Habib-Ibn-Abi-Obeida. Khaled vint livrer bataille à Meicera sous les murs de Tanger. Le combat fut soutenu avec un acharnement inouï ; mais, à la fin, Meicera rentra dans la ville. Plus tard les Berbères éclatèrent en plaintes contre leur chef, et ceux même qui l'avaient proclamé khalife et qui lui avaient prêté serment de fidélité, secouèrent le joug de son autorité et le mirent à mort. Alors ils décernèrent le pouvoir suprême à Khaled-Ibn-Hamîd de la tribu de Zenata. Ibn-Abi-Habib, vint [une seconde fois] leur livrer bataille, mais, au plus fort de la mêlée, il fut attaqué par Khaled-Ibn-Hamîd, à la tête d'un [autre] corps d'armée. Les arabes furent mis en déroute; mais Ibn-Abi-Obeida et quelques-uns de ses compagnons, trop fiers pour prendre la fuite, se précipitèrent dans les rangs ennemis et y trouvèrent la mort : pas un seul n'échappa. Les Arabes les plus braves et leurs cavaliers les plus intrépides succombèrent dans cette rencontre qui fut nommée la bataille des nobles (Ouaçát-el-Achraf).

Par suite de ce revers, la révolte se propagea dans tout le pays, et le désordre devint tellement grave que le peuple se réunit et déposa son gouverneur Obeid-Allah. En apprenant ce nouveau malheur, [le khalife] Hicham-Ibn-Abd-el-Mélek s'écria: << Quoi donc ? ces chefs arabes qui vinrent m'offrir leurs services; sont-ils morts? « Oui », répondirent ses serviteurs.— « Par Allah! reprit-il, je me fâcherai contre ces rebelles de la colère

Voyez ci-devant, page 203, note 5.

d'un Arabe ! Je leur enverrai une armée telle qu'ils n'en virent jamais dans leur pays; la tête de la colonne sera chez eux pendant que la queue en sera encore chez moi. Je ne laisserai point de château berbère sans établir à côté un camp de guerriers de la tribu de Caïs ou de la tribu de Temîm. » Il envoya alors à ObeidAllah une lettre de rappel. Ce chef quitta l'Ifrîkïa dans le mois de Djomada premier de l'an 123 (avril, 744) 1.

Lors de son arrivée en ce pays, dit l'historien, Obeid-Allah avait remplacé Anbeça, gouverneur de l'Espagne, par Ocba-Ibnel-Haddjadj; mais, sur la nouvelle de la révolte des Berbères, les [musulmans,] habitants de ce pays, déposèrent Ocba et choisirent pour chef Abd-el-Mélek-Ibn-Catan-el-Fihri.

L'historien ajoute que Hicham-Ibn-Abd-el-Mélek nomma alors Kolthoum, fils d'Eïad, de la tribu de Cocheir, gouverneur de l'Ifrîkïa.

§ XX.

GOUVERNEMENT DE KOLTHOUM-IBN-RÏAD-EL-COCHEIRI 2.

Au mois de Ramadan 123 (juillet-août 741), Kolthoum, fils d'Eïad, arriva en Ifrîkïa. Il venait de recevoir le commandement de douze mille hommes de cavalerie, fournis par les établissements militaires de la Syrie 3, et il avait écrit de tout côté pour qu'on vint prendre part à son expédition. Avec lui se trouvèrent les gouverneurs de l'Egypte, de Barca et de Tripoli. Aussitôt entré dans la province d'Ifrîkïa, il marcha directement sur Ceuta ' sans entrer à Cairouan, mais il confia le gouvernement de cette

1 Ibn-Abd-el-Hakem dit qu'Obeid-Allah envoya Habîb-Ibn-Abi-Obeidael-Fihri contre les pays de Sous et de Soudan, et que ce général er rapporta un butin énorme. Ibn-Khaldoun, qui rapporte le même fait, ajoute qu'en l'an 122, Obeid-Allah fit partir Habîb pour la Sicile. Arrivé à Syracuse, la ville la plus considérable de cette île, Habîb en soumit les habitants à la capitation et ravagea le reste du pays.

El-Cocheiri signifie membre de la tribu de Cocheir. Ibn-Abd-el-Hakem dit qu'il appartenait à la tribu de Caïs.

3 Voyez ci-devant, page 221, note 4.

A la place de Ceuta, il faut probablement lire Sebiba. Ibn-Abd-elHakem dit: a Kolthoum passa auprès de Cairouan et entra à Sebîba, ville à une journée de Cairouan, où il resta pendant le mois de Choual.>>

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