Images de page
PDF
ePub

fait défaut dans le cercle et sont tombées au contraire dans le Sud, que les indigènes conduisent leurs moutons en hivernage dans les territoires limitrophes au S

En été, au contraire, les fa tions sont plus fréquentes, les mouvements ont lieu alors vers le Mrd, les troupeaux fuyant les pâturages brûlés du Sud.

Les lignes de marche et l'amplitude des mouvements sont d'autre part très différentes pour les différentes tribus.

Les Oulde-Allan-Bechieh et les Ouled-Allan-Zekri ne sortent guère de leurs territoires et leurs troupeaux se rendent dans le nord ou dans le sud de ces tribus suivant la saison, l'état des pâturages et l'abondance des sources.

Les Tittery ont à peu près les mêmes habitudes, mais en hiver ils se rendent assez souvent, en plus ou moins grand nombre, sur le territoire des Mouïadat-Cheraga et des Rahman-Cheraga.

Les Mouïadat-Cheraga émigrent parfois, en hiver, et d'une façon très inconstante, selon que les pâturages sont meilleurs, ici ou là, chez les Rahman-Cheraga, chez les Sahary ou vers le cercle de BouSaâda. En été, quelques propriétaires envoient leurs moutons chez les Ouled-Allan et chez les Adaoura de l'annexe de Sidi-Aïssa.

Les Rahman-Cheraga et Gharaba restent chez eux en hiver, sauf dans les années de sécheresse. Ils font partir alors leurs troupeaux dans les cercles de Djelfa et de Laghouat. En été, le tiers environ des troupeaux se rend dans les communes mixtes de Boghari, de Berrouaghia et de Djendel.

Les Mouïadat-Gharaba ont des migrations sensiblement identiques, mais ils vont, de préférence, en été, dans la région nord de l'annexe de Chellala et dans la commune mixte de Teniet-el-Had.

Enfin, les Sahary se rendent plutôt en estivage dans la commune mixte de Berrouaghia et les tribus des Adaoura de l'annexe de Sidi-Aïssa.

2° TRIBUS ÉTRANGÈRES

Aussi irrégulières et individuelles, au même degré, sont les migrations des tribus étrangères qui viennent dans le cercle.

En hiver, les troupeaux étrangers originaires du Nord sont généralement assez nombreux dans le cercle. Ils appartiennent aux indigènes de Berrouaghia et de Boghari: quelques troupeaux appartenant à des tribus des territoires du Sud se rendent aussi parfois dans le cercle, venant de Djelfa, de Bou-Saâda et par exception de Laghouat. En été, par contre, le nombre des troupeaux étrangers qui pâturent dans le cercle est presque nul. Ce sont principalement des troupeaux de fractions du cercle de Djelfa qui ont leur territoire sur les bords du Zahrez.

En résumé, la transhumance n'affecte pas actuellement dans le cercle de Boghar les caractères qu'elle présentait autrefois, qu'elle présente encore chez maintes tribus du Sud. Ce n'est plus l'émigration en masse, à des époques à peu près fixes, suivant des itinéraires à peu près invariables.

Cette différence est due principalement, sans doute, à des causes géographiques et climatériques spéciales au cercle de Boghar. Mais c'est aussi l'effet, il faut le reconnaître, de toutes les mesures prises par l'autorité pour l'amélioration des pâtuges, la création des redirs, le forage de puits, l'aménagement des Dres. De plus, il y a lieu de remarquer que l'établissement de la sécurité en pays arabe n'a plus rendu nécessaire les déplacements collectifs et que le goût que manifestent les indigènes du cercle pour les constructions et la vie sédentaire les détourne de plus en plus des migrations qui ne sont pas absolument indispensables.

[blocks in formation]

Les ventes des laines et des moutons s'effectuent dans le cercle, sur les trois marchés d'Aïn-Boucif, d'Aïn-Oussera et de Bouïra-Sahary. Or, ces trois marchés sont très prospères. Le tableau ci-dessous montre les variations des prix d'adjudication de 1895 à 1904 :

[blocks in formation]

De ce tableau on peut conclure que, d'une manière générale, le commerce des laines et des moutons est dans le cercle en progression croissante, car de ce commerce principalement dépend l'importance des marchés, et cette importance est proportionnelle au prix d'adjudication annuelle.

Les laines et les moutons du cercle de Boghar se vendent également en quantité notables sur les marchés voisins. Le plus important par le nombre et l'importance des transactions, en raison de sa situation géographique et de sa proximité du Tell, est celui de Boghari. Il faut citer encore, au nord, les marchés de Souk-el-Tléta, des Douair, de Berrouaghia, de Chellala-des-Adaoura; à l'est, ceux de Sidi-Aïssa et de Bou-Saåda; au sud, celui de Djelfa ; à l'ouest, ceux de Chellala et de Chabounia.

Le commerce des laines a pris surtout une plus grande extension depuis que de nombreux indigènes se sont appliqués à employer nos méthodes pour la tonte, avec les cisailles particulièrement. Ce commerce est surtout très actif à Boghari, où viennent des représentants des marchés de Roubaix, de Marseille et d'Alger. A Boghari, le prix de la tonte varie de 0,15 à 0,25 par mouton, selon l'importance du troupeau.

Quant au commerce des moutons, il se fait actuellement avec beaucoup plus d'envergure, plus de méthode et d'esprit pratique. Très nombreux sont les indigènes du cercle qui vont acheter des moutons dans le Sud, les engraissent et les revendent sur les marchés du cercle ou du Tell soit pour la consommation locale, soit pour l'exportation. Mais il est particulièrement intéressant d'étudier les procédés des commerçants du cercle qui vendent directement les moutons à Marseille. Ils sont actuellement au nombre de sept, tous des Mouïadat-Cheraga, sauf un des Ouled-Allan. Ils effectuent leurs achats principalement dans le cercle de Djelfa et dans le cercle même, dès le mois de mars. Ces achats sont de deux catégories : ceux des moutons maigres que l'acheteur doit engraisser avant la vente, et ceux de moutons déjà engraissés qui peuvent être vendus de suite. Cette deuxième catégorie tend à diminuer de plus en plus en raison de la clavelisation aujourd'hui obligatoire pour les moutons destinés à l'exportation. En effet, cette opération ne se pratique plus dans les mois de juillet et d'août et la vente des moutons clavelisés n'est possible qu'au moins 30 jours après la clavelisation. Il en résulte que l'acheteur de moutons pour l'exportation doit faire claveliser ses moutons le plus tôt possible et par suite les acheter également le plus tôt possible, quand ils sont encore maigres. Ces moutons sont, dès lors, engraissés soit dans le cercle, soit dans le Tell. De toute façon, ils passent tous plus ou moins longtemps dans des fermes de la Métidja que les commerçants louent pour une somme variant de 1,000 à 4,000 francs, du mois de mars au mois d'octobre de chaque année. Les moutons y sont expédiés par groupe suivant les achats et surtout dès que les pâturages font défaut dans le cercle. Ils y sont conduits par des bergers spécialement choisis en raison des dégâts qui peuvent être commis pendant la route sur les propriétés européennes. Ces bergers sont payés 2 francs par jour, De ces fermes, enfin, les troupeaux sont expédiés au fur et à mesure directement au quai d'Alger, d'après les ordres des commerçants. Ceux-ci sont en rapports directs avec des commissionnaires de Marseille qui leur expédient télégraphiquement, le matin et le soir des jours de marché de Marseille, les cours des moutons sur ce marché. C'est d'après ces cours que les commerçants règlent leurs envois. Ils admettent que du jour de l'arrivée à Alger chaque mouton leur coûte 3 francs qu'ils paient au commissionnaire. Celui-ci touche 0 fr. 75 par mouton, la différence lui sert à payer les frais de visite vétérinaire et tous les frais d'embarquement et de nourriture. Les commerçants, par contre, n'ont à s'occuper de rien à Alger; c'est le représentant, à Alger, du commissionnaire qui règle toutes les formalités et prend la responsabilité

des troupeaux, sans que les commerçants d'ailleurs aient à débourser la moindre somme pour ce représentant qui n'est payé que par le commissionnaire.

Les sept indigènes du cercle de Boghar qui opèrent dans ces conditions ont un chiffre d'affaires qui varie annuellement de 100,000 à 200,000 francs. Ils ont acheté, l'année dernière, le mouton non engraissé de 20 à 23 francs et le mouton engraissé de 25 à 27 francs. Les expéditions ont été ordinairement faites par groupes de 1,000 à 1,500 moutons et chaque opération a donné lieu à des gains de 3 francs par mouton au maximum, mais aussi quelquefois à des pertes qui ont atteint 5 francs.

Un grand nombre de commerçants n'ayant ni les moyens ni l'intelligence nécessaires pour agir sur une aussi grande échelle, se contentent de se procurer les capitaux nécessaires par emprunts et réservent à leurs associés la moitié des bénéfices. Ils achètent ou font acheter les moutons sur les marchés de Chellala, de Djelfa, de BouSaâda et sur ceux du cercle et ils vont les vendre principalement sur les marchés de Boufarik et de Maison-Carrée. Mais les commerçants de cette catégorie ne sont pas obligés de se plier aux formalités de la clavelisation et ils préfèrent acheter des moutons en bon état qu'ils vendent aussitôt.

Aperçu des améliorations qui pourraient être apportées aux ressources en eau dans le cercle de Boghar.

Sur les huit tribus qui composent le cercle, trois s'adonnent spécialement à la culture et cinq sont pastorales.

Les territoires des trois premières, Ouled-Allan-Bechieh, OuledAllan-Zekri, Tittery ne sont accessibles aux troupeaux qu'après les récoltes. D'ailleurs, à ce moment, elles fournissent de bons pâturages où vivent les moutons de ces tribus et les moutons transhumants, repoussés vers le Nord par la chaleur et le manque d'eau des tribus du Sud. Ainsi, en hiver, il est impossible d'augmenter les troupeaux de ces tribus, à cause des cultures; en été, les pâturages sont complètement utilisés. Il n'y a donc pas lieu de chercher à donner une plus grande extension à l'élevage des ovins chez les Ouled-AllanBechieh et Zekri et chez les Tittery.

Les cinq tribus pastorales du cercle sont les Mouïadat-Cheraga, les Rahman-Cheraga, les Rahman-Gharaba, les Sahary et les MouïadatGharaba. Elles présentent une superficie totale de 288,000 hectares qui, abstraction faite de la forêt des Sahary et de quelques terrains cultivés, sont essentiellement propres à l'élevage du mouton. Il est à remarquer, en effet, que si ces tribus, particulièrement les RahmanGharaba, les Sahary et les Mouïadat-Gharaba, renferment d'immenses plaines d'alfa, de très bons herbages poussent entre les touffes d'alfa, de sorte que les régions alfatières ne sont pas des terrains perdus pour les troupeaux de moutons.

Une extension toujours plus grande de l'élevage des ovins a été l'objet des constantes préoccupations de l'administration et il n'y a

pour ainsi dire rien à signaler à ce sujet qui n'ait été déjà mentionné et étudié maintes fois. La solution théorique du problème est très simple augmenter les ressources en eau, améliorer les pâturages. Lorsqu'il faut passer de la théorie à la pratique, les difficultés s'accumulent obstacles naturels et faiblesse des ressources budgétaires. Aussi, faudrait-il tout d'abord mettre de côté le rêves de promptes améliorations et se décider à des travaux très coûteux et, par conséquents très lents, dont l'achèvement demanderait de longues années, mais qui, une fois terminés, transformeraient le pays.

Pour augmenter les ressources eau on a eu recours à quatre procédés :

1o Creusage de puits ordinaires ;

2° Sondages, en vue d'atteindre la nappe souterraine et d'établir des puits artésiens;

3o Aménagement des redirs, afin d'y maintenir l'eau de pluie le plus longtemps possible;

4° Création de citernes-redirs.

Le creusage de puits ordinaires constitue l'un des travaux les moins coûteux et les plus productifs, si l'on peut trouver l'eau à une faible profondeur. Un certain nombre d'indigènes entreprennent euxmêmes cette opération et les puits creusés à la mode arabe augmentent chaque jour. Mais ces puits ne peuvent rendre de réels services que si l'eau est peu profonde, sinon leur utilité est nulle pour les indigènes qui ne peuvent, pour abreuver leurs troupeaux, retirer l'eau d'une profondeur supérieure à quinze mètres, au maximum. Or, c'est naturellement dans les régions actuellement dépourvues d'eau que les forages doivent être poussés le plus profondément pour atteindre la nappe souterraine. Il en résulte que la création des puits naturels constitue une dépense peu utile pour l'élevage si, comme à Afra-Haloufa, ces puits doivent être profonds de 30, 40 mètres ou même davantage.

A quelques exceptions près, ce genre de puits ne sert qu'à l'alimentation des personnes et des chevaux et ne permet donc pas de réaliser le but cherché.

La création de puits artésiens donnerait la meilleure solution de la question. Mais, même si les explorations géologiques constatent la possibilité d'atteindre la nappe souterraine, on recule devant l'énormité des dépenses qu'occasionneraient de tels travaux. C'est ici le cas de répéter que mieux vaudrait mettre trente ans à doter le cercle de Boghar de puits artésiens que de repousser cette solution comme trop dispendieuse.

L'aménagement des redirs a donné lieu à de nombreuses controverses. Un grand nombre de détracteurs de ce système déclarent que l'eau des redirs devient promptement malsaine, contient les germes d'une multitude de maladies épizootiques. Il est évident qu'un réservoir d'eau dans lequel les animaux ont libre accès pour aller boire, s'infectera rapidement de matières organiques, dont la fermentation viciera l'eau. Mais il y a un moyen de remédier à cet inconvénient capital, c'est de rendre le réservoir d'eau inaccessible aux troupeaux.

« PrécédentContinuer »