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leur amour par la bonté de son administration. Pour mettre un terme aux brigandages des Arabes qui occupaient tout le

pays ouvert, il consentit à leur payer un tribut annuel.

En l'an 458 (1065-6), Temim, fils d'El-Moëzz, quilta ElMehdïa à la tête de ses troupes et s'étant fait accompagner par Yabki-Ibn-Ali, émir de la tribu de Zoghba, il alla faire le siége de Tunis. Ibn-Khoraçan résista à ses efforts pendant quatre mois et le décida enfin à s'éloigner en le reconnaissant pour souverain. Il continua à gouverner cette ville jusqu'à sa mort. Son fils Abd-el-Aziz, homme d'un esprit très-faible, lui succéda dans le commandement, en l'an 488 (1093), et mourut vers la fin du cinquième siècle. Ahmed, son fils et successeur, ôta la vie à son oncle, Ismaïl-Ibn-Abd-el-Hack, dont il craignait l'influence politique. Abou-Bekr, fils d'Ismaïl, s'enfuit à Benzert pour éviter un sort semblable. Ahmed s'affranchit alors du contrôle

que

lui imposait le corps des cheikhs et prit les allures d'un souverain absolu. Il accomplit cette usurpation vers le commencement du sixième siècle, et ayant écrasé toute résistance, il se montra le chef le plus remarquable que la famiile d'Ibn-Klioraçan eût produit. Devenu seul maître de Tunis, il l'entoura de murs et obtint des Arabes l'engagement de veiller à la sûreté des voyageurs. Il construisit les palais des Beni-Khoraçan et sul gagner le cæur des savants docteurs par l'empressement qu'il mettait à rechercher leur société. En l'an 510 (4116-7), il fut assiégé par Ali-IbnYahya-Ibn-Temîm, et ne put obtenir la paix qu'en cédant à toutes les exigences de son adversaire. En 514, il reconnut la souveraineté d'El-Aziz, fils d'El-Mansour et seigneur de Bougie, dont l'armée était venue l'investir. Il conserva le gouvernement de Tunis jusqu'à l'an 522 (1128), quand il fut emmené prisonnier à Bougie avec toute sa famille par Motarref-Ibn-AliIbn-Hamdoun, général au service de Yahya, fils d'El-Aziz. En quittant Bougie, à la tête des troupes hammadites, Motarref s'était dirigé vers l'Ifríkïa, et il en avait déjà occupé presque toutes les villes, quand il s'empara de Tunis.

Keramat, fils d'El-Mansour et oncle de Yahya, fils d’Aziz, reçut de Motarref le commandement de la ville conquise et le

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ville de Bougie, occupé celle de Constantine et défait les Arabes à Setif, écouta les plaintes des populations de l'Ifrikïa auxquels ces nomades continuèrent à faire subir milles vexations, et envoya à leurs secours une armée almohade sous la conduite de son fils Abd-Allah. Cette expédition partit de Bougie et arriva sous les murs de Tunis' en l'an 552 (1157). Les habitants firent une vigoureuse résistance, et ayant admis dans leur ville un corps d'Arabes commandé par Mohrez-Ibn-Ziad, ils opérèrent, de concert avec lui, une sortie contre les assiégeants et les forcèrent à la retraite. Pendant ces derniers événements, Abd-Allah-IbnKhoraçan, l'émir qu'ils s'étaient donné », avait cessé de vivre et ,

? [son neveu] Ali, fils d'Ahmed venait de prendre le commandement. Le nouveau gouverneur n'avait exercé les fonctions de son office que cinq mois quand Abd-el-Moumen lui-même parut devant Tunis et l'obligea à faire sa soumission. Ali se mit alors en roule pour Maroc, emmenant avec lui ses enfants et le reste de sa famille, mais il mourut , en 554, avant d'être parvenu au terme de son voyage.

Mobrez-Ibn-Ziad évacua la Moallaca vers la même époque et s'étant entouré des guerriers de sa tribu, il alla joindre les autres Arabes afin de repousser les Almohades. Abd-el-Moumen était déjà de retour de son expédition et rentré en Maghreb quand on lui apprit que les Arabes concentraient leurs forces à Cairouan. D'après ses ordres, une armée almobade marcha contre eux, et dans une bataille qui se livra près de cette ville, elle fit éprouver à l'ennemi des pertes énormes, tant en tués qu'en prisonniers. L'émir Mohrez-Ibn-Ziad étant tombé entre les mains des vainqueurs, fut mis à mort, et son cadavre, attaché à une potence, fut planté sur le mur de Cairouan.

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- Lo texte arabe porle nezel, à la première forme, mais il faut lire nazel à la troisième. Dans les manuscrits africains, et surtout dans ceux de l'ouvrage d'Ibn-Khaldoun, les copistes confondent très-souvent ces deux formes du verbe, ce qui pourrait donner lieu à de graves contresens, si le traducteur n'apportait pas dans sou travail une attention soutenue

2 Voici la généalogie de ce chef : Abd-Allah, fils d'Abd-el-Aziz, fils d'Abd-el-Hack, fils d'Abd-el-Aziz, fils de Khoraçan.

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à jouir de la plus haute prospérité. En l'an 554 (1159), Abd-elMoumen assiégea Cassa, renversa la famille régnante et en envoya tous les membres à Bougie. El-Motezz mourut dans cette ville en l'an 557, à l'âge de cent quatorze ans, ou de quatre-vingtdix, selon un autre récit. Son petit-fils Yahya mourut peu de temps après.

Abd-el-Moumen confia le gouvernement de Cafsad Nôman-IbnAbd-el-Hack, membre de la tribu des Hintata ; et, trois années plus tard, il le remplaça par Meimoun-Ibn-Addjana, de la tribu des Guenfica. Meimoun eut pour successeur Emran-Ibn-Mouça le sanbadjien. Le nouveau gouverneur se conduisit d'une manière si tyrannique que les habitants résolurent de lui enlever l'autorité. Ayant appris qu'un petit-fils d'El-Motezz, nommé Ali-Ibnel-Ezz, se trouvait à Bougie dans un état voisin de l'indigence, et exerçant le métier de tailleur, ils le firent venir à Cafsa, massacrèrent Emran-Ibn-Mouça, et chargèrent leur protégé de régir l'état et protéger le peuple. En l'an 563 (1167–8) le cîd AbouZékérïa, fils d'Abd-el-Moumen, mit le siége devant Cafsa, d'après les ordres de son frère Youçof; mais, bien qu'il serrât la ville de fort près et qu'il abattît les dattiers dont elle était entourée, il fut obligé d'opérer sa retraite. En l'an 576 (1180-1), Youçof, fils d'Abd-el-Moumen, vint en personne pour assiéger Cafsa, et ayant contraint Ibn-el-Ezz à se rendre, il l'envoya à Maroc avec sa famille et lui permit d'emporter ses trésors. Le prince détrôné reçut du conquérant la place d'administrateur des impôts à Salé, et remplit les fonctions de cet office jusqu'à sa mort. Avec lui finit la dynastie des Rend.

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HISTOIRE DES BENI-DJAMB, FAMILLE AILALIENNE QUI, AYANT OBTENU

DU GOUVERNEMENT SANHADJIEN LE COMMANDEMENT DE CABES, PROFITA DES TROUBLES SUSCITÉS PAR LES ARABES, POUR Y FONDER UN ÉTAT INDÉPENDANT.

Quand El-Moëzz se trouva bloqué dans Cairouan par les Arabes, qui venaient d'envahir l'Ifrika et de conquérir tout le pays

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