Images de page
PDF
ePub

avec l'appui des Beni-Berzal et des Berbères, à exécuter son projet, malgré l'opposition des grands de l'empire et des affranchis d'El-Hakem. Ayant alors comblé de bienfaits les troupes qui l'avaient secondé, il se rendit assez fort pour détruire la puissance des grands et pour consolider son autorité. Craignant ensuite l'influence que Djâfer-Ibn-Yabya1 exerçait sur les troupes africaines, il fit mourir ce chef et se concilia ensuite les Berbères au point d'en faire un corps entièrement dévoué.

Il leur confia les charges les plus importantes de l'administration et les postes les plus élevés de l'empire. Ishac, un des principaux chefs des Beni-Berzal, obtint de lui le gouvernement de la ville et de la province de Carmona et garda cette place tant que les fils de son protecteur conservèrent leur puissance. Lors de la grande révolte des milices jberbères, il se fit confirmer dans la possession de Carmona par El-Mostaïn.

En l'an 414 (1023-4), El-Cacem-el-Mamoun le hammoudite, se voyant détrôné et chassé par le peuple de Cordoue, voulut se réfugier, soit dans Séville où se tenait un de ses officiers berbères nommé Mohammed-Ibn-Abi-Zîri, soit dans Carmona, auprès d'Abd-Allah, fils et successeur d'Ishac le berzalien. Ces deux chefs, s'étant laissé gagner par le cadi Ibn-Abbad [seigneur de Séville], refusèrent de donner asile au proscrit qui, averti ensuite par le même Ibn-Abbad de se méfier d'Abd-Allah, changea de route et se rendit à Xérès. Ibn-Abi-Zîri et AbdAllah-el-Berzali mirent à profit cette occasion pour se rendre indépendants.

Après la mort d'Abd-Allah, son fils et successeur, Mohammed, soutint une guerre contre El-Motaded-Ibn-Abbad et, en l'an 448 (1027), il aida Yahya-Ibn-Ali le hammoudite à assiéger ce chef dans Séville. Plus tard, il fit une alliance avec El-Motaded et combattit Abd-Allah - Ibn-el- Aftas [roi de Badajos]. Cette guerre se termina par la défaite des troupes d'Ibn-el-Aftas,

4 Il faut lire Djâfer-Ibn-Ali. Voy. la note de la page 259 de ce volume où la même erreur est relevée, et t. 1, p. 557.

commandées par son fils El-Modaffer, lequel resta prisonnier entre les mains de Mohammed-el-Berzali. Plus tard, le vainqueur rendit la liberté à son captif. La guerre s'étant ensuite rallumée entre Mohammed-el-Berzali et El-Motaded-Ibn-Abbad, celui-ci envoya des troupes contre Carmona. Ismaïl, fils d'ElMotaded et commandant de cette armée, se mit à ravager les environs de la ville, après avoir dressé une embuscade de cavaliers et de fantassins avec le dessein d'y faire tomber El-Berzali. Par une fuite simulée, il attira les troupes de Carmona vers cet endroit et, dans le combat acharné qui s'ensuivit, il eut la satisfaction de voir El-Berzali perdre la vie. Ceci eut lieu en l'an 434 (1042-3).

El-Azîz, fils et successeur de Mohammed-el-Berzali, prit un titre honorifique à l'exemple des princes voisins, et s'appela ElMostadher (le victorieux); mais El-Motaded, ayant graduellement étendu son autorité sur l'Andalousie occidentale, vint le resserrer dans Carmona et lui enlever les villes d'Ecija et d'Almodovar. En l'an 459 (1066-7), El-Berzali céda sa capitale à El-Motaded et mit fin au royaume que les Beni-Berzal avaient fondé en Espagne.

A une époque plus récente, la tribu des Berzal établie dans le Sellat périt entièrement, et elle se compte maintenant au nombre des races éteintes.

NOTICE DES BENI OUÉMANNOU ET DES BENI

TIENNES DE LA PREMIÈRE RACE.
DANS LE MAGHREB CENTRAL.

ILOUMI, TRIBUS ZENAHISTOIRE DE LEUR DOMINATION

Ces deux tribus sont d'origine zenatienne et appartiennent à la catégorie des peuplades qui suivirent immédiatement les tribus zenatiennes de la première race. Je n'ai jamais pu découvrir la série d'aïeux qui les rattache à Djana, mais j'ai appris de quelques-uns de leurs généalogistes que l'on s'accorde à regarder Iloumi comme frère d'Ourtadjen, ancêtre des Beni-Merîn, et à considérer Medioun [Mediouna] comme frère utérin d'lloumi et

d'Ourtadjen. Du reste, les Mérinides reconnaissent à ces tribus la même origine qu'à eux-mêmes et leur concèdent tous les priviléges qui résultent de cette parenté.

Les Ouémannou et les Iloumi se distinguaient parmi les tribus zenatiennes par leur nombre et par leur puissance. Ils habitaient tous le Maghreb central; le premier de ces peuples ayant occupé le territoire situé à l'Est da Mînas et qui renferme le Mindas, Merat et la partie du bas Chelif correspondant à ces localités; le second demeurait sur le bord occidental de la même rivière et possédait El-Djâbat, El-Batha, Sîg, Cîrat, DjebelHoouara et Beni-Rached. Ils ne cédaient en nombre et en puissance qu'aux Maghraoua et aux Ifrenides.

Quand Bologguîn-Ibn-Zîri repoussa les Maghraoua et les BeniIfren dans le Maghreb - el - Acsa, après leur avoir enlevé le Maghreb central, il permit aux Beni-Ouémannou et aux BeniIloumi de rester dans les contrées qu'ils occupaient. Ces deux tribus se firent alors auxiliaires des Sanhadja et profitèrent ensuite de l'affaiblissement que l'influence de ce peuple subit dans le Maghreb central pour étendre leur domination sur cette région. Les Ouémannou obtinrent alors l'amitié d'EnNacer - Ibn - Alennas, seigneur de la Calâ - Ibn - Hammad et fondateur de Bougie; aussi devinrent-ils les champions de la dynastie hammadite, à l'exclusion des Beni-Iloumi. A cette époque, leurs chefs appartenaient à une de leurs premières maisons, les Beni-Makhoukh. El-Mansour, fils d'En-Nacer, ayant épousé une sœur de Makhoukh, fournit à cette famille l'occasion d'acquérir dans l'empire hammadite une influence encore plus grande qu'auparavant.

Postérieurement à l'année 470', les Almoravides prirent Tlemcen, et Youçof-Ibn-Tachefin y établit comme gouverneur un messoufite nommé Mohammed-Ibn-Tînamer. Cet officier en

L'année est incertaine notre auteur indique d'abord l'an 474 (v. t. H, p. 53), puis l'an 473 (p. 271 de ce volume). L'auteur du Cartas place le même événement dans l'année 472 (1079-80).

valit les états d'El-Mansour[-Ibn-en-Nacer], y prit plusieurs villes importantes et mit le siége devant Alger1. Après la mort de Mohammed le messoufite, son frère Tachefîn lui succéda dans le gouvernement de Tlemcen et dévasta la ville d'Achir, après l'avoir emportée d'assaut. Comme les Ouémannou et les Iloumi avaient secondé les Almoravides dans cette expédition, El-Mansour en fut très-courroucé et marcha avec ses troupes contre la première de ces tribus. A la suite d'une bataille avec les guerriers que Makhoukh avait rassemblé, il ramena dans Bougie les débris d'une armée que les vainqueurs poursuivaient avec acharnement. S'étant alors laissé emporter par la colère et par la soif de vengeance, il fit mourir sa femme, la sœur de Makhoukh; puis, en l'an 496 (1102-3) 3, il marcha contre Tlemcen. Soutenu par les renforts que les tribus arabes d'El-Athbedj, de Rîah et de Zoghba lui envoyèrent, ainsi que par un contingent zenatien, il s'empara de cette ville et épargna les jours de Tachefîn-IbnTînamer. Au sujet de cette fameuse expédition, on peut voir la notice des Sanhadja1. Après la mort d'El-Mansour, son fils et successeur El-Azîz épousa la seconde fille de Makhoukh, lequel venait de renouer ses liaisons avec les Hammadites.

Pendant que les nomades augmentaient leur puissance dans le Maghreb central et que les Beni-Ouémannou et les Beni-Iloumi, devenus maintenant ennemis, se livraient une longue suite de combats, Makhoukh mourut et le commandement des Quémannou se partagea entre ses fils, Tachefin, Ali et Abou-Bekr. Les Abd-el-Ouad, les Toudjîn, les Beni-Rached, tous zenatiens de la seconde race, et les Ourcîfan, tribu maghraouienne, soutenaient, tantôt les Quémannou, tantôt les Iloumi, mais ceux-ci eurent presque toujours pour alliés leurs parents et voisins, les BeniMerîn.

4 Voy. t. II, pp. 53, 54, 76.

2 Dans le texte arabe, il faut supprimer le verbe catel, qui se trouve entre les mots casrihi et zandjaho.

Les manuscrits et le texte arabe imprimé portent 486.

Tome 1, p. 54.

Nous devons cependant faire observer que les lloumi et les Ouémannou, tout en se faisant la guerre, restaient soumis à la domination des Zenata de la seconde race et qu'ils subissaient leur autorité jusqu'à l'apparition des Almohades. A cette poque, Abd-el-Moumen pénétra dans le Maghreb central, força Tachefin-Ibn-Ali [le souverain almoravide] à prendre la fuite et, reçut la soumission d'Abou-Bekr, fils de Makhoukh, et de Youçof, fils de Yedder. Ces deux chefs allèrent le trouver dans le Rif et obtinrent pour leur tribu, les Beni-Ouémannou, l'appui d'un corps almohade sous les ordres de [Youçof-]Ibn-Ouanoudin et d'Ibn-Yaghmor1. Les Iloumi et les Abd-el-Ouad, voyant leurs pays ravagés par cette armée, se firent envoyer des secours par Tachefîn-Ibn-Ali et prirent position à Mindas. Soutenus aussi par les Beni-Ourcîfan, par les Beni-Toudjîn, branche des BeniBadîn, par les Oungacen, tribu mérinide, et par les Abd-el-Ouad, commandés par Hammama-Ibn-Modahher, les lloumi attaquèrent les Beni - Quémannou, leur tuèrent six cents hommes ainsi que leur chef, Abou - Bekr - Ibn - Makhoukh, et firent sur eux un grand butin. La troupe almohade se réfugia dans les montagnes de Cîrat avec le reste des Ouémannou, pendant que TachefinIbn-Makhoukh courut implorer le secours d'Abd-el-Moumen. S'étant mis à la suite de ce monarque, Tachefin l'accompagna au siége de Tlemcen, ville où Tachefin-Ibn-Ali s'était enfermé.

Quand le souverain almoravide s'enfuit jusqu'à Oran, Abdel-Moumen fit envahir le pays des Zenata par une armée almohade. Le cheikh Abou-Hafs, qui commandait cette colonne, se posta sur le plateau de Mindas, au milieu du territoire zenatien et, après avoir châtié ces populations de la manière la plus sévère, il les contraignit à faire leur soumission et à recevoir la doctrine almohade. De là, il alla rejoindre Abd-el-Moumen, qui faisait le siége d'Oran, et lui présenta une députation de chefs envoyée par les vaincus et conduite par Séïd-en-Nas, fils d'Amîren-Nas et cheikh des Beni-Iloumi. On y remarqua aussi Həm

Voy. t. I, p. 176.

« PrécédentContinuer »