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gneur de l'Andalousie occidentale, eut avec lui plusieur démêlés, et s'étant mis, dans une de ses campagnes, à parcourir déguisé les environs du château d'Arcos, il se vit arrêter par les gens de son adversaire. Amené devant ce chef, il trouva l'accueil le plus honorable et reçut la permission de s'en aller. Ceci se passa en l'an 443 (1051-2).

Rentré dans sa capitale [Séville], il n'oublia pas ce trait de générosité, et, s'étant ensuite attaché à gagner l'amitié des chefs berbères qui régnaient en souverains sur les pays voisins, il confirma Ibn-Nouh dans le gouvernement de Mourour et d'Arkos. Tous ces princes finirent par se faire les compagnons et courtisans du sultan de Séville.

En l'an 445 (1053-4), El-Motaded fit les préparatifs d'un grand festin auquel il invita tous ces gouverneurs de villes et de provinces, et, pour leur donner un témoignagne de l'extrême considération qu'il leur portait, il les fit entrer dans une salle de bain que l'on avait chauffée pour les recevoir. Ibn-Nouh fut le seul qu'El-Motaded garda auprès de lui. On ferma alors la porte et les soupiraux de la salle et on y retint ces malheureux jusqu'à ce qu'ils moururent. Après avoir épargné par un sentiment de reconnaissance les jours d'Ibn-Nouh, ce prince s'empressa d'incorporer dans ses états les places fortes qui avaient appartenu à ses victimes, et obtint ainsi la possession de Ronda, de Xérès et des pays qui en dépendaient. Le chambellan Abou-MenadIbn-Nouh mourut quelque temps après et eut pour successeur son fils Abou-Abd-Allah-Mohammed. Celui-ci, se voyant resserré tous les jours davantage par les troupes d'El-Motaded, lui céda ses états en l'an 458 (1066) et passa le reste de sa vie auprès de ce monarque.

Il mourut en 468 (1075-6) et, avec lui, finit la dynastie des Beni-Nouh.

1 La correction proposée dans la note de l'édition arabe est fausse; la leçon du texte est bonne.

HISTOIRE DES BENI-BERZAL, BRANCHE DES DEMMER QUI FONDA UN ROYAUME A CARMONA EN ESPAGNE.

Nous avons mentionné que les Beni-Berzal descendent d'Ournîd, fils de Quanten, fils d'Ourdiren, fils de Demmer, ainsi que l'a dit Ibn-Hazm', et nous avons ajouté qu'ils sont frères des Beni-Isdourîn, des Beni-Saghmar et des Beni-Itouweft. Ils habitaient l'Ifrikïa, dans le Salat et dans la partie du territoire d'El-Mecila qui touche à cette montagne.

Nombreux et puissants autrefois, ils soutinrent les doctrines kharedjites de l'hérésie nekkarite. Abou - Yezid, voulant se soustraire à la poursuite d'Ismaïl-el-Mansour et éviter la rencontre de Mohammed-Ibn-Khazer qui le guettait au passage, alla se réfugier chez eux. Serré de près par les troupes d'El-Mansour, il quitta le Salat et passa dans le Kîana 2, montagne où il lui arriva ce que nous avons déjà raconté3. Les Berzal firent alors leur soumission au gouvernement fatemide et prirent pour patron Djàfer-Ibn-Ali-Ibn-Hamdoun, seigneur d'El- Mecîla et du Zab. En l'an 360 (970-4), Djâfer se révolta contre El-MoëzzMådd et trouva dans les Beni-Berzal des partisans très-dévoués. Pendant qu'El-Hakem-el-Mostancer l'oméïade régnait sur l'Espagne, ils accompagnèrent Djafer en ce pays et se firent incorporer dans les milices du khalife, avec plusieurs autres fractions de tribus zenatiennes et berbères. Ceci eut lieu à l'époque où ces peuples s'étaient rangés du côté des Oméïades pour combattre les Idrîcides. Les Beni-Berzal se distinguèrent en Espagne par leur bravoure et les bons services qu'ils rendirent à l'empire.

Le chambellan El-Mansour-Ibn-Abi-Amer, s'étant proposé d'enlever toute espèce d'autorité au khalife Hicham, parvint,

1 Ibn--Hazm fait descendre les Beni-Berzal de Demmer, mais sans indiquer le nom d'Ourîd parmi leurs ancêtres V. p. 186 de ce volume. 2 C'est à tort que les manuscrits et le texte imprimé portent Ketama. 3 Voy. t. 11, p. 538 et t 1, p. 211.

avec l'appui des Beni-Berzal et des Berbères, à exécuter son projet, malgré l'opposition des grands de l'empire et des affranchis d'El-Hakem. Ayant alors comblé de bienfaits les troupes qui l'avaient secondé, il se rendit assez fort pour détruire la puissance des grands et pour consolider son autorité. Craignant ensuite l'influence que Djâfer-Ibn-Yahya' exerçait sur les troupes africaines, il fit mourir ce chef et se concilia ensuite les Berbères au point d'en faire un corps entièrement dévoué.

Il leur confia les charges les plus importantes de l'administration et les postes les plus élevés de l'empire. Ishac, un des principaux chefs des Beni-Berzal, obtint de lui le gouvernement de la ville et de la province de Carmona et garda cette place tant que les fils de son protecteur conservèrent leur puissance. Lors de la grande révolte des milices įberbères, il se fit confirmer dans la possession de Carmona par El-Mostaïn.

En l'an 414 (1023-4), El-Cacem-el-Mamoun le hammoudite, se voyant détrôné et chassé par le peuple de Cordoue, voulut se réfugier, soit dans Séville où se tenait un de ses officiers berbères nommé Mohammed-Ibn-Abi-Zîri, soit dans Carmona, auprès d'Abd-Allah, fils et successeur d'Ishac le berzalien. Ces deux chefs, s'étant laissé gagner par le cadi Ibn-Abbad [seigneur de Séville], refusèrent de donner asile au proscrit qui, averti ensuite par le même Ibn Abbad de se méfier d'Abd-Allah, changea de route et se rendit à Xérès. Ibn-Abi-Zîri et AbdAllah-el-Berzali mirent à profit cette occasion pour se rendre indépendants.

Après la mort d'Abd-Allah, son fils et successeur, Mohammed, soutint une guerre contre El-Motaded-Ibn-Abbad et, en l'an 418 (1027), il aida Yahya-Ibn-Ali le hammoudite à assiéger ce chef dans Séville. Plus tard, il fit une alliance avec El-Motaded et combattit Abd-Allah - Ibn-el- Aftas [roi de Badajos]. Cette guerre se termina par la défaite des troupes d'Ibn-el-Aftas,

Il faut lire Djâfer-Ibn-Ali. Voy. la note de la page 259 de ce volume où la même erreur est relevée, et t. 11, p. 557.

commandées par son fils El-Modaffer, lequel resta prisonnier entre les mains de Mohammed-el-Berzali. Plus tard, le vain-. queur rendit la liberté à son captif. La guerre s'étant ensuite rallumée entre Mohammed-el-Berzali et El-Motaded-Ibn-Abbad, celui-ci envoya des troupes contre Carmona. Ismaïl, fils d'ElMotaded et commandant de cette armée, se mit à ravager les environs de la ville, après avoir dressé une embuscade de cavaliers et de fantassins avec le dessein d'y faire tomber El-Berzali. Par une fuite simulée, il attira les troupes de Carmona vers cet endroit et, dans le combat acharné qui s'ensuivit, il eut la satisfaction de voir El-Berzali perdre la vie. Ceci eut lieu en l'an 434 (1042-3).

El-Azîz, fils et successeur de Mohammed-el-Berzali, prit un titre honorifique à l'exemple des princes voisins, et s'appela ElMostadher (le victorieux); mais El-Motaded, ayant graduellement étendu son autorité sur l'Andalousie occidentale, vint le resserrer dans Carmona et lui enlever les villes d'Ecija et d'Almodovar. En l'an 459 (1066-7), El-Berzali céda sa capitale à El-Motaded et mit fin au royaume que les Beni-Berzal avaient fondé en Espagne.

A une époque plus récente, la tribu des Berzal établie dans le Sellat périt entièrement, et elle se compte maintenant au nombre des races éteintes.

NOTICE DES BENI

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QUÉMANNOU ET DES BENI ILOUMI, TRIBUS ZENATIENNES DE LA PREMIÈRE RACE. HISTOIRE DE LEUR DOMINATION

DANS LE MAGHREB CENTRAL.

Ces deux tribus sont d'origine zenatierne et appartiennent à la catégorie des peuplades qui suivirent immédiatement les tribus zenatiennes de la première race. Je n'ai jamais pu découvrir la série d'aïeux qui les rattache à Djana, mais j'ai appris de quelques-uns de leurs généalogistes que l'on s'accorde à regarder Iloumi comme frère d'Ourtadjen, ancêtre des Beni-Merîn, et à considérer Medioun [Mediouna] comme frère utérin d'lloumi et

d'Ourtadjen. Du reste, les Mérinides reconnaissent à ces tribus la même origine qu'à eux-mêmes et leur concèdent tous les priviléges qui résultent de cette parenté.

Les Quémannou et les lloumi se distinguaient parmi les tribus zenatiennes par leur nombre et par leur puissance. Ils habitaient tous le Maghreb central; le premier de ces peuples ayant occupé le territoire situé à l'Est du Minas et qui renferme le Mindas, Merat et la partie du bas Chelif correspondant à ces localités; le second demeurait sur le bord occidental de la même rivière et possédait El-Djâbat, El-Batha, Sig, Cîrat, DjebelHoouara et Beni-Rached. Ils ne cédaient en nombre et en puissance qu'aux Maghraoua et aux Ifrenides.

Quand Bologguîn-Ibn-Ziri repoussa les Maghraoua et les BeniIfren dans le Maghreb-el-Acsa, après leur avoir enlevé le Maghreb central, il permit aux Beni-Ouémannou et aux Benifloumi de rester dans les contrées qu'ils occupaient. Ces deux tribus se firent alors auxiliaires des Sanhadja et profitèrent ensuite de l'affaiblissement que l'influence de ce peuple subit dans le Maghreb central pour étendre leur domination sur cette région. Les Ouémannou obtinrent alors l'amitié d'EnNacer - Ibn-Alennas, seigneur de la Calâ - Ibn - Hammad et fondateur de Bougie; aussi devinrent-ils les champions de la dynastic hammadite, à l'exclusion des Beai-Iloumi. A cette époque, leurs chefs appartenaient à une de leurs premières maisons, les Beni-Makhoukh. El-Mansour, fils d'En-Nacer, ayant épousé une sœur de Makhoukh, fournit à cette famille l'occasion d'acquérir dans l'empire hammadite une influence encore plus grande qu'auparavant.

Postérieurement à l'année 470, les Almoravides prirent Tlemcen, et Youçof-Ibn-Tachefin y établit comme gouverneur un messoufite nommé Mohammed-Ibn-Tinamer. Cet officier en

L'année est incertaine notre auteur indique d'abord l'an 471 (v. t. 1, p. 53), puis l'an 473 (p. 271 de ce volume). L'auteur du Carlos place le même événement dans l'année 472 (1079-80).

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