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pulsèrent les Maghrebins de ce pays à la suite d'une guerre entre les deux factions, les fils de Khazroun allèrent s'établir dans les environs de Tripoli. Plus tard, Sald parvint au commandement de cette ville et il conserva le pouvoir jusqu'à sa mort, événement qui eut lieu en l'an 429 (1037-8).

Abou-Mohammed-et-Tidjani dit dans son récit de voyage, en parlant de Tripoli : « En l'au 429, quand les Zoghba tuèrent » Saîd, fils de Khazroun, [un petit-fils de Ouerrou nommé] >> Khazroun-Ibn-Khalifa quitta le Guîtoun[-Zenata] avec son >> peuple pour aller prendre le gouvernement de cette ville. » L'autorité lui fut remise par le président du conseil municipal, » Abou-'l-Hacen-Ibn-el-Monemmer, légiste qui s'était distingué >> par sa connaissance des règles à suivre dans le partage des » successions. Ayant reçu de ce docteur le serment de fidélité, >> Khazroun resta dans Tripoli jusqu'au mois de Rebîâ premier » de l'an 430 (déc. 1038), quand il en sortit, sous un déguise» ment, ponr échapper à [son parent] El-Montecer-Ibn-Khaz>> roun qui s'y était présenté à la téte d'une armée zenatienne. » Celui-ci prit alors possession de Tripoli d'où il expulsa Ibn» en-Monemmer, et il y commanda très-longtemps. »

Ces renseignements présentent une grave difficulté : les Zoghba, peuple arabe hilalien, n'entrèrent en Ifrîkïa qu'après l'an 440; donc, ils ne pouvaient pas se trouver à Tripoli en 429, à moins de supposer qu'une fraction de leur tribu fût arrivée antérieurement dans ce pays. Les Beni-Corra, tribu hilalienne, étaient alors à Barca, et peut-être [le khalife égyptien] El-Hakem les aura-t-il envoyés en Ifrikïa avec Yahya-Ibn-AliIbn-Hamdoun; mais ce serait là un événement inconnu à tous nos historiens.

Dès lors, Tripoli resta sous l'autorité de cette famille zenatienne, les Beni-Khazroun; mais, quand les Arabes hilaliens

1 Ceci eut probablement lieu sous le règne d'Ed-Daher, fils d'ElHakem, lequel, dit El-Macrîzi (t. II, p. 16, éd. de Boulac), accorda sa faveur aux Turcs et détruisit complètement l'influence des Kelama (Maghrebins).

eurent envahi l'Ifrîkïa pour se partager les états d'El-MoëzzIbn-Badîs, la province do Tripoli et la ville de Cabes échurent aux Zoghba. La ville de Tripoli resta toutefois aux Beni-Khazroun, même après que les Zoghba se laissèrent expulser des campagnes de l'Ifrîkïa par les Arabes de la tribu de Soleim.

Quand les Beni-Adi, tribu hilalienne, firent irruption dans les états du souverain hammadite, El-Montecer - Ibn - Khazroun marcha avec eux et occupa les villes d'El-Mecîla et d'Achîr ; ensuite, il se jeta dans le Désert pour échapper à En-Nacer qui s'était mis à la poursuite des envahisseurs. Ce prince, ne les ayant pas atteints, rentra dans la Calâ-Beni-Hammad, et, voyant se renouveler leurs incursions, il fit la paix avec El-Montecer en lui concédant les campagnes du Righa et du Zab. Il recommanda toutefois au gouverneur de Biskera, Arous-Ibn-Sindi, de le débarasser d'un chef aussi incommode, et ce bon serviteur fit assassiner El-Montecer après l'avoir accueilli chez lui. Cela eut lieu entre les années 460 et 470 (1067-78).

Un autre membre de la famille Khazroun, duquel je ne me rappelle pas le nom, prit alors le commandement de Tripoli. La possession de cette ville leur resta, même après la chute de l'empire sanhadjien; mais, en l'an 540 (14145-6), quand les habitants se décidèrent à émigrer pour échapper à la famine qui les moissonnait, la puissance des Beni-Khazroun en fut tellement ébranlée que Lodjar (Roger), roi chrétien de la Sicile, découvrit la faiblesse de leurs moyens de défense et fit bloquer la forteresse par ses navires. Déjà les villes d'El-Mehdia et de Sfax étaient tombées en son pouvoir et avaient reçu des gouverneurs choisis par lui-même, quand George, fils de Michel, et commandant de la flotte chrétienne, profita des dissensions du peuple de Tripoli pour se rendre maître de leur ville, en expulser les Khazroun et y établir comme gouverneur Abou-Yahya - Ibn - Matrouh-etTemîmi, qui en était alors le principal cheikh.

Ainsi tomba la famille Khazroun; mais une partie de ses membres resta dans les campagnes de Tripoli jusqu'à la conquête de

1 Voy. t. 1, p. 49.

l'Ifrikïa par les Almohades. Les musulmans se soulevèrent alors contre les chrétiens et les chassèrent du pays, ainsi que nous l'avons raconté à la suite de notre chapitre sur l'empire des Sanhadja 1.

NOTICE DES BENI-YALA, BRANCHE DE LA FAMILLE KUAZER QUI RÉGNA DANS TLEMCEN.

Dans le chapitre sur Mohammed-Ibn-Khazer et ses descendants, nous avons dit que Mohammed-Ibn-el-Kheir [petit-fils de ce chef] mourut de sa propre main, en voyant la défaite de ses partisans par Bologguin, et que ses fils, El-Kheir et Yala, vengeraient sa mort en tuant Zîri, père de Bologguîn. Celui-ci les chassa dans le Maghreb-el-Acsa et, plus tard que l'an 360 (970), il fit mourir El-Kheir3 de sang-froid. Cela se passa dans le territoire de Sidjilmessa, quelque temps avant le départ d'El-MoëzzMâdd pour le Caire et antérieurement à la nomination de Bologguin comme vice-roi de l'Ifrikïa. Mohammed, fils d'El-Kheir [2° chef de ce nom] et son oncle, Yala-Ibn-Mohammed, prirent alors le commandement des Zenata. Ces deux émirs traversèrent le Détroit à plusieurs reprises pour offrir leurs respects à El-Mansour-Ibn-Abi-Amer et se laissèrent enfin enlever le commandement des Maghraoua par Mocatel et Zîri, fils d'Atïa-Ibn-AbdAllah-Ibn-Khazer. Après la mort de Mocatel, [le régent de l'Espagne] El-Mansour choisit Ziri-Ibn-Atïa pour gouverner le Maghreb, ainsi que nous l'avons dit 1. Vers la même époque, eurent lieu la mort de Bologguîn et la révolte d'Abou-'l· Behar-IbnZîri [le sanhadjien], gouverneur du Maghreb central, contre Badîs, seigneur de l'Ifrîkïa. Nous avons parlé de la conduite

1 Voy. t. n, p. 39, et l'Appendice n° v du n ême volume.

2 En l'an 361. Voy. pp. 235, 236.

3 On lit dans le texte arabe Mohammed; mauvaise leçon. Voy. p 238 de ce volume.

tenue par Abou-l-Behar dans ses rapports avec Zîri-Ibn-Atïa et Yeddou-Ibn-Yala. Ziri devint ensuite maître du Maghreb et, s'étant révolté contre El-Mansour, il plaça ce ninistre dans la nécessité d'envoyer en Afrique son fils El-Modaffer, afin de comprimer l'insurrection. El-Modaffer chassa les Zenata du Maghreb-el-Acsa2, mais Zîri pénétra dans le Maghreb central, assiégea plusieurs villes de ce pays et se porta en avant jusqu'à El-Mecîla et Achîr.

A cette époque, Saîd-Ibn-Khazroun avait embrassé le parti des Sanhadja et obtenu d'eux le gouvernement de Tobna. Tous les Zenata de l'Ifrîkïa s'étaient ralliés autour de lui, ainsi qu'ils le firent plus tard autour de son fils Felfoul. Lors de l'expédition de Zîri contre El-Mecîla et Achir, Felfoul abandonna les Sanhadja, leur fit la guerre et donna tant d'occupation à Badîs, ainsi qu'à El-Moëzz3, fils et successeur de Badis, qu'il les empêcha de porter leurs armes dans le Maghreb central. HammadIbn-Bologguîn, auquel ils remirent le soin de rétablir l'ordre dans cette province, entama une guerre avec les Zenata qui lui rapporta tantôt des victoires, tantôt des revers.

En l'an 393 (1002), après la mort de Zîri-Ibn-Atïa, son fils, El-Moëzz, devenu souverain du Maghreb, enleva aux Sanhadja la ville et la province de Tlemcen et fonda la ville d'Oudjda, ainsi que nous l'avons dit. [Son parent] Yala-Ibn-Mohammed s'établit dans Tlemcen, le servit fidèlement et transmit à ses en fants le gouvernement de cette ville et de tout le pays envi

ronnant.

Les successeurs de Hammad, prince qui avait enlevé le pays des Sanhadja à la famille de Bologguîn, eurent tant à faire dans

'Page 240 de ce volume.

2 Telle est la leçon des manscrits; celle du texte imprimé est fausse. • Les manuscrits et l'édition imprimée du texte arabe portent ElMansour. Cette leçon est fausse.

Ce fut Ziri, père d'El-Moëzz, qui fonda Oudjda. Voy. ci-devant, p. 243.

leurs guerres avec les Zirides qu'ils conclurent plusieurs trèves avec les fils de Yala et leur donnèrent ainsi le loisir de consolider leur autorité dans Tlemcen. Les Arabes hilaliens ayant envahi l'Ifrikïa et enlevé ce pays à El-Moëzz[-Ibn-Badîs], s'en partagèrent les provinces et allèrent ensuite occuper les campagnes des états régis par les Hammadites. Cette famille dut se tenir enfermée dans la Calâ, mais elle parvint ensuite à relever sa puissance et, secondée par les Arabes des tribus d'Athbedj et de Zoghba, elle sou:nit les Zenata du Maghreb central. Après cette conquête, elle installa ses nouveaux alliés dans le Zab, en leur concédant plusieurs localités de ce pays. Dans leurs guerres avec les Yala, émirs de Tlemcen, [les Hammadites se faisaient appuyer par] les Zoghba, peuple dont le territoire était plus rapproché [de leur capitale que ne l'était le pays des Athbedj].

Tlemcen obéissait alors à un descendant de Yala, nommé Bakhti, lequel eut pour vizir et général un ifrenide appelé AbouSoda-Ibn-Khalila. Cet officier sortait assez souvent pour combattre les Athbedj et les Zoghba, et, en ces occasions, il rassembla sous son drapeau les Maghraoua, les Beni-Ifren, les BeniHoumi, les Beni-Abd-el-Ouad, les Toudjin, les Beni-Mer în et toutes les autres tribus zenatiennes du Maghreb central qui reconnaissaient l'autorité des Beni-Yala. Dans un de ces conflits, lequel eut lieu postérieurement à l'an 450 (1058), Abou-Soda perdit la vie.

Après la mort de Bakhti et l'avènement de son fils, El-Abbas, les Almoravides s'emparèrent du Maghreb-el-Acsa, et leur chef, Youçof-Ibn-Tachefîn, expédia une armée lemtounienne contre Tlemcen. Mezdeli, l'officier qui commandait ces troupes avait l'ordre de combattre les Maghraoua établis dans cette ville et les derniers restes de la famille Zîri[-Ibn-Atïa] qui s'y étaient réfugiés. Il soumit le Maghreb central, dispersa les bandes que Moalla, fils d'El-Abbas, fils de Bakhti, conduisit à sa rencontre, fit Moalla prisonnier et lui ôta la vie.

En l'an 473 (1080-4), Youçof-Ibn-Tachefîn vint à la tête de tous ses corps almoravides et s'empara de Tlemcen. Les Maghraoua, qui s'y étaient enfermés, furent exterminés et El-Abbas, fils de

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