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verdoyante; des bandes d'autruches couraient la plaine qui leur offrait des herbages abondants arrosés par les cours d'eau aujourd'hui à sec ou morts selon l'expression locale, et par des pluies périodiques. C'est désert maintenant; rien n'y vit presque plus; la température se serait considérablement modifiée et aurait produit, par ses conséquences, un bouleversement complet dans la nature du pays. La population la plus ancienne que me signalait la traditiou locale, lorsque, en 1871 et 1872, je fis un assez long séjour à Ouargla, s'appelait donc les Issedraten nom berbère arabisé en Sedrata et cette tradition était confirmée, me disait-on, par un manuscrit déposé à la mosquée de Negouça. Après beaucoup de démarches j'obtenais communication de ce document, bien moins complet qu'on me l'avait annoncé. Il consiste en deux feuillets précédant un exemplaire du Koran, à demi rouge par l'action du temps, sur lesquels le copiste du livre sacré, avant d'entreprendre son travail capital, a fait ce que les tolba nomment, l'essai de la plume. Cet exercice calligraphique, qui ordinairement ne consiste qu'en quelques phrases décousues, a eu ici pour but de transcrire une tradition offrant un certain intérêt historique. En voici la copie textuelle même avec les fautes dont elle fourmille. Je me suis borné à supprimer dans le texte arabe les premiers passages sans importance, relatifs aux miracles des marabouts que j'ai cependant conservés dans la traduction pour en garder le souvenir :

هذا التريخ جملة مشايخ سدرة من ورجلان الى بران

و اجتمعوا على الشيخ صالح بن موسى اهل تلی

از دوس و اهل مكيد الوسط و اهل تلى مماس و اهل حيمة و اهل بران الشيخ صالح به بلاده تـلـى و اهل تمزوغت كلهم مجتمعون عند از دوس و تلی موسی و ترمنت و فالوا له نحن اتينـك مدهشين

خايفين من أعوقب الزمان انصر الينا و علم الشيوخ تدوم لنا بلداننا ام تذهب من يدينا بفال لهم الشيخ صالح بن موسى والله والله والله ثم والله ما رايت اليكم في دوامها فليلا ولا كثيرا و العكازة ہے یدیہ یعنی الذکرة وضر بها الارض بغيظ بـفـل لـهم والله والله

والله ثم والله ما بقيت البركة لا هنا كلا هنا لا هنا انا لله وانا اليه

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(manque, le bas de la feuille usé par le temps...)

و تمزغت و ملوش و اهل تای مماس و بفیت انفوصة نفــــــــــــ و ذهبت نوايحها سمها الشيخ انفوصة و اما هي قبل الشيخ ليـــس انفوصة حتى نفصت نواحيها جسمها الشيخ صالح انفوصة وهي قبل ذلك اسمها تلى ازدوس فال الشيخ صالح بن موسى من فــريــة محروز الى فرية عين البغل و من جبل العيباد الى جران ثلاثة ماية و خمسة و عشرون بلاد بسط الله عليهم رزف و واد من المياة الجرية و العيون في تلك الحوزة الى عينا و واحد و خمسون عينا و بسط عليهم العدل و يامرون المعروف وينهون المنكر و يعطون كل ذي حق حقه بلها اراد الله باهلكهم سلط الله عليهم الـهـلك بـوفـعـت الفتنة بين اهل حيمة واهل بران اهل حيمة معهم اهل تمزوغت و اهل ملوش واهل تلى قبلية ومعهم كثيرا من البلدان واما اهل جران تلی امماس و اهل تلی از دوس و غیرهم تسبب الفتنة بينهما رجل اراد ان يسفى ابله و هو من جران وانت مراة من اهل حيمة ارادت تسفى الزف وفي يديها انا بدفع صاحب الابل ابلہ

معهم

بالتمطت المراة بانكسر اناءيها بوفع الكلام بين الرجل والمراة مرجعت المراة زفها فلما وصلت لاهل حيمة باخبرت بالرجل واتى الرجل الى صاحب كلابل وقال له كيف خبرك اكسرت اناء المراة حتى وقع بينهما الكلام وقتل رجل بران رجل حيمة و ارتبع الخبر الى اهل حيمة و جزعوا و قتلوا اصاحب كلابل و ارتبع الخبر الى اهل جران و جزعوا هم و من معهم و جزعوا اهل حيمة و من معهم و اكبرت الفتنة بينهم واكسرت اهل جران بفامت كلامة واخذت الطبل من يد سيدها والعجب كل العجب دخلت فی کدیۃ الرمل بصار ينفخ الطبل في وسط الرمل الى ان بقدرة الله سلط عليهم الجبابر باذهبت من يد اهلها بصارت قرفة منهم رحلت الى المشرف و برفة رحلت الى واد مزاب و جرفة الى المهلل و الباقی اجتمعوا الى ورجلان وفي الفوصة و ابترفت العروش وخبيت العيون وذهبت الـعـلـوم ما بفي كلا الحين الفيوم

TRADUCTION

«Ceci est la chronique de la totalité des cheïkhs des Sedrata, » à partir de Ourdjelan (1) jusqu'à Feran, que Dieu soit satisfait » d'eux tous : le cheikh Salah ben Mouça,

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le cheikh Abou

le cheikh Abou Mohammed ben

Abd-Allah ben Mohammed El-Mokhfi,

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Seliman ben Zegoum, le cheïkh Beker ben bou Beker,

» le cheïkh Abaz ben Ouassim,

(1) Ourdjelan-Ouargla.

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le cheïkh Abou Yakoub ben

Seliman ben Brahim,

le cheïkh Sidi Salah Taharki,

• Abou Omar hen Abd-El-Kafi, Abou Isahac, - Abou Sekal,

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Abou Mouça ben Amor et le cheïkh Abou Khezer.

• Chacun de ces hommes saints a accompli des miracles et » voici ce qu'a fait le cheïkh Salah ben Mouça : Un certain jour, ⚫ après avoir récité à l'oratoire la dernière prière du soir, il

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s'en retournait à sa demeure, quand, arrivé devant la porte, » il aperçut au milieu de sa maison dite Dar Sidi Salah ben Mouça une colonne lumineuse qui du sol s'élevait jusqu'au ⚫ ciel. Il pénétra dans chaque chambre et s'écria: O grand » Dieu, ô mon seigneur, ô mon maître! Que ne m'as-tu réservé la vue de ce miracle dans le séjour de l'éternité ! Il se pros

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» terna et pria à deux reprises à la glorification de Dieu et lorsque le matin fut venu, la nouvelle de ce fait miraculeux parvint aux cheïkhs de Feran, de Tala-Memas, de Haïma, aux » habitants de Mekied-el-Ouest; le bruit s'en répandit aussi » à Tala-Azdous et dans chaque village. Les cheïkhs accoururent auprès du saint homme dans l'après-midi, et aussitôt que > celui-ci connut leur arrivée, il se rendit parmi eux et leur » dit cette nuit vous serez mes hôtes! Et ils quittèrent la chapelle (où ils s'étaient rassemblés) pour aller avec lui à sa maison. Le cheikh Salah appelant sa femme lui dit : 6 ma ⚫ dame, prends la gueçaà (1) et apporte-nous les dattes de telle jarre. Sa femme lui répondit: Par Dieu, je t'assure que depuis dix jours, il n'y a plus une seule datte dans cette jarre. En entendant cette réponse, le cheïkh Salah saisit brusque»ment la gueçaà des mains de sa femme, pénétra dans la chambre où se trouvait la jarre et y enfonçant sa main bénie ■ en retira des dattes et du miel en telle quantité qu'il en remplit deux gueçaå, en laissant encore en abondance dans la jarre et, enfin, posa devant ses hôtes ce qu'il avait pris.

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» Les habitants de Tala-Azdous, les gens de Mekied el-Ouest, >> ceux de Tala-Memas, de llaïma, Feran, Tamezour'et, se rassem» blèrent tous autour du cheïkh Salah dont le pays était Tala

(1) Gueçaâ, grand plat en bois qui peut contenir de la nourriture pour dix personnes.

» Azdous, Tala-Mouça et Tarmount (1). Ils lui dirent nous » sommes venus vers vous épouvantés, terrifiés par la perspec

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tive des calamités de ce bas monde. Examinez donc dans la » science prophétique des cheïkhs si notre pays est destiné à se perpétuer entre nos mains ou bien si nous devons le perdre.

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Le cheïkh Salah leur répondit par trois fois : Par Dieu! Par Dieu! oui par Dieu! je ne prévois pas si votre jouissance » du pays durera peu ou beaucoup de temps. Prenant ensuite à • la main son bâton, c'est-à-dire la crosse de l'invocation divine, »il en frappa le sol avec colère et dit par trois fois à ses auditeurs Par Dieu, oui par Dieu, la bénédiction divine ne - restera qu'ici, qu'ici, qu'ici! Nous appartenons à Dieu et nous >> retournerons à lui...........

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... et Tamezour'et, Melouch (2), les habitants de Tala-Memas et il resta Negouça qui s'amoindrit et dont les environs. disparurent. Le cheïkh la nomma Negouça (la diminuée), car » avant lui cette ville n'avait pas diminué d'importance et on » ne la nomma ainsi que lorsque ses alentours s'amoindrirent. » Voilà pourquoi le cheïkh i'appela Negouça; avant cette époqne on la nommait Tala-Azdous. Le cheïkh Salah rapporte » que du village de Mabarouz (3) à celui d'Aïn-el-Beghel et depuis la montagne dite Djebel-Eïbad jusqu'à Feran, il existait trois cent vingt-cing villages auxquels Dieu avait généreusement ouvert ses mains pour les combler de tous les

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n

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(1) Voici la situation de ces divers centres :

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Mekied-el-Ouest.

Negouça.

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Ruines à côté de Negouça, près la fontaine dite Tala-Meguert et de la tombe du marabout Sidi Ali El-Bahloul. Tala-Memas. A l'est de Negouça.

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-

Près de la fontaine dite Tala-Izgaren, du côté sud de

Tamezour'et. Entre Ouargla et le Djebel-Krima.

Tarmount.

Id.

Issedraten.

(2) Melouch du côté de Chott.

(3) Maharouz au nord de Negouça.

aux ruines des

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