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lui, Ibn-Ouanoudîn parvint à surprendre Sidjilmessa, ville dont il avait convoité la possession depuis longtemps. Il épargna toutefois les jours d'Arcam.

En l'an 634 (1236-7), Ibn-Oucarît obtint d'Ibn-Houd le secours d'une flotte et faillit s'emparer de Salé, forteresse dans laquelle se trouvait le cîd Abou-'l-Ola, beau-pêre d'Er-Rechîd.

En 635, le peuple de Séville répudia l'autorité d'Ibn-Houd et proclama la souveraineté d'Er-Rechîd. Abou-Omar 1 - Ibn-elDjedd, l'auteur principal de ce mouvement, envoya en Afrique [quelques membres de] la famille Haddjadj2, et cette députation se rendit à Maroc après avoir soulevé les habitants de Ceuta en faveur d'Er-Rechid. El-Yanechti, l'officier qui y commandait, était déjà en rebellion contre Ibn-Houd, quand cette nouvelle révolution lui enleva son pouvoir usurpé. Er-Rechîd, qui se trouvait alors à Maroc, désigna comme gouverneur de Ceuta un de ces envoyés, le nommé Aboa-Ali-Ibn-Khalas.

Quelques jours après leur arrivée à la capitale, Omar-IbnOucarît fut conduit [en Afrique] par une députation espagnole, après avoir été arrêté à Séville sur la réquisition du cadi AbouAbd-Allah-el-Moumenani lequel était alors chargé d'une mission auprès d'Ibn-Houd. On enferma cet homme turbulent dans la prison d'Azemmor; puis, sur l'ordre du khalife, on lui ôta la vie, après l'avoir paradé à dos de chameau devant le peuple. Son corps fut mis en croix au Ribat des Heskoura.

Après avoir congédié les députations de Séville et Ceuta, ErRechîd appela auprès de lui les chefs des Kholt, et, les ayant mis aux arrêts, il fit ravager les cantonnements de cette tribu par un corps d'armée et ordonna ensuite la mort des prisonniers. Ibn-Oucarît fut alors exécuté et mourut avec eux. De cette manière, le khalife abattit la puissance des Kholt.

En l'an 636 (4238-9), il reçut à foi et hommage Mohammed

1 Variante: Amr.

• Dans un autre chapitre, qui se trouvera ci-après, l'auteur parle plus longuement d'Ibn-el-Djedd. Dans la note 3, p. 201 de ce volume, nous avons dit quelques mots de la famille Haddjadj.

Ibn-Youçof-Ibn-Nasr-Ibn-el-Ahmer, qui s'était soulevé en Es

pagne contre Ibn-Houd.

L'année suivante, de graves désordres affligèrent le Maghreb dont les campagnes avaient été envahies par la tribu des Merîn. Les Riah, commandés par leur cheikh, Othman-Ibn-Nasr, essuyèrent une défaite sanglante en voulant les repousser de la province d'Azghar. Abou-Mohammed-Ibn-Ouanoudîn, qui avait été rappelé de Sidjilmessa, en 635, pour recevoir d'Er-Rechîd le commandement général de Fez, de Sidjilmessa, de Ghomara et des territoires qui en dépendent, marcha contre les Mérinides et se fit battre par eux. Le même malheur lui arriva dans une seconde et une troisième expédition, mais, néanmoins, il continua à leur faire la guerre encore deux ans avant de rentrer dans la capitale.

Les Mérinides persistèrent, toutefois, à harasser le Maghreb et, pendant ces hostilités, les Beni-Hammama, une de leurs familles, obligèrent les Miknaça à leur payer tribut. Les BeniAsker, [autre tribu merinide,] en éprouvèrent une telle jalousie qu'ils ne cessèrent de porter le ravage dans le territoire des Miknaça [à Tèza].

En 639 (1241-2), Er-Rechîd fit mourir son secrétaire [AbouAbd-Allah]-Ibn-el-Moumenani, après avoir découvert que ce fonctionnaire entretenait une correspondance secrète avec le cîd Omar-Ibn-Abd-el-Azîz, neveu du feu sultan El-Mansour. Une lettre écrite par El-Moumenani et adressée au cîd, avait été déposée au palais par une méprise du messager était tombée entre les mains du sultan.

En 640 [9 du second Djomada] (4 décembre 1242), Er-Rechîd fut trouvé noyé, dit-on, dans une des citernes du palais. Selon un autre récit, il en fut retiré vivant, mais une fièvre le saisit à l'instant et l'emporta.

REGNE D'ES-SAÎD, FILS D'EL-MAMOUN.

Après la mort d'Er-Rechîd, son frère, Abou-'l-Hacen-[Ali-]EsSaid, fut proclamé souverain sur la proposition d'Abou-Mohammed-Ibn-Ouanoudîn. Le nouveau khalife prit le titre d'El-Mo

taded-billah (soutenu par la faveur de Dieu) et choisit pour vizirs les cîds Abou-Ishac, fils du cîd Abou-Ibrahîm, et YahyaIbn-Attouch. Il emprisonna alors plusieurs cheikhs almohades dont il confisqua, en même temps, les biens, et, voulant s'assurer l'appui des Djochem, il attacha à son service les chefs de cette population arabe et confia même la présidence du conseil à Kanoun-Ibn-Djermoun.

A peine eut-il reçu du peuple le serment de fidélité, qu'il apprit la révolte d'Abou-Ali-Ibn-Khalas le valencien, gouverneur de Ceuta, et la défection des habitants de Séville qui avaient reconnu pour souverain l'émir hafside, Abou-Zékérïa, seigneur de l'Ifrîkïa. Bientôt après, le chef hezerdjien, Abd-Allah-Ibn-Zékérïa, se révolta à Sidjilmessa et y fit proclamer la souveraineté de ce même émir; heureux de pouvoir ainsi se soustraire à la vengeance d'Es-Said qui ne voulut jamais lui pardonner certains propos qu'il avait tenus le jour de l'avènement d'Er-Rechîd.

Plus tard, mais dans la même année, Es-Saîd reçut un présent que lui envoya Yaghmoracen, seigneur de Tlemcen. Cette circonstance porta l'émir hafside, Abou-Zékérïa, à marcher sur Tlemcen et à s'en rendre maître; mais il y rétablit Yaghmoracen bientôt après, ainsi que nous le raconterons dans l'histoire des Beni-Abd-el-Ouad.

En l'an 642 (1244-5), Es-Saîd sortit de Maroc afin de rétablir l'ordre dans les provinces du Maghreb, et, après avoir dressé son camp sur le bord du Tencîft, il fit arrêter Saîd-Ibn-Zékérïael-Guedmĵoui contre lequel on l'avait indisposé. Abou-Zeid, frère de Said, s'enfuit aussitôt à Sidjilmessa, emmenant avec lui Abou-Saîd-el-Aoud-er-Reteb. Le khalife confisqua les biens que les fugitifs avaient laissés à Maroc et marcha ensuite contre Sidjilmessa où il trouva que le gouverneur, Abd-Allah le hezerdjien, s'était mis en état de défense. Abou-Zeid-Ibn-Zékérïa-el-Guedmioui [profita de cette occasion pour rentrer en grâce], il poussa les habitants à se soulever contre le hezerdjien, se rendit maître de la ville et la remit au khalife. Abd-Allah-el-Hezerdji subit la peine de mort, mais El-Aoud-er-Reteb trouva moyen de s'enfuir à Tunis.

Rentré en Maghreb, Es-Saîd ordonna la mort de Said-IbnZékérïa, et, après avoir pris position à El-Macarmeda, ville des environs de Fez, il conclut une trève avec les Beni-Merîn. Arrivé à Maroc, il fit arrêter Abou-Mohammed-Ibn-Ouanoudîn et l'envoya prisonnier à Azemmor, ainsi que Yahya-Ibn-Mezahem et Yahya-Ibn-Attouch. Le soin de garder ces détenus fut confié à Ibn-Makcen. Peu de temps après, Ibn-Ouanoudîn effectua son évasion par un stratagème, et, s'étant rendu, de nuit, chez Kanoun-Ibn-Djermoun, il obtint de ce chef une monture et une escorte d'Arabes sofyanides, afin d'aller rejoindre son peuple, les Hintata. Es-Saîd lui écrivit alors une lettre d'excuses, et, étant parvenu à le rassurer, il lui donna l'autorisation de fixer son séjour dans Taffout, château situé sur la montagne des Hintata, et d'y amener sa famille.

Kanoun-Ibn-Djermoun s'étant alors mis en révolte, Es-Saîd marcha contre lui, après s'être assuré l'appui des Beni-Djaber et des Kholt. En quittant Maroc, il prit pour vizir le cîd AbouIshac, fils du cîd Abou-Ibrahîm-Ishac et neveu d'El-Mansour, et il y laissa comme son lieutenant Abou-Zeid, frère du cîd AbouIshac; au troisième frère, Abou-Hafs-Omar, il donna le gouvernement de Salé. Abou-Yahya-Ibn-Abd-el-Hack [le mérinide] ayant appris que le sultan venait de se mettre en campagne [l'an 643]1, rassembla les Beni-Rached, les Beni-Oura et les Sofyan, afin de lui livrer bataille; les deux armées étaient sur le point de se trouver en présence, lorsque Kanoun-Ibn-Djermoun profita de l'embarras des Almohades pour surprendre Azemmor. Le sultan marcha aussitôt contre lui et le poursuivit si vivement qu'il réussit à lui tuer un grand nombre de Sofyanides. Il s'empara aussi de toutes les richesses du chef rebelle et de ses troupeaux. Kanoun se réfugia, avec les débris de sa tribu, au milieu des Beni-Merîn, et Es-Saîd rentra dans sa capitale.

En l'an 643 (1245-6), la populace de Mequinez assassina le gouverneur que Said y avait installé, et les cheikhs de la ville,

Ici, l'auteur a laissé la date en blanc, bien qu'il l'ait déjà indiquée. Voy. t. I, p. 62.

craignant la vengeance du khalife, y proclamèrent la souveraineté d'Abou-Zékérïa le hafside, émir de l'Ifrîkïa. Ils lui envoyèrent, en même temps, un acte d'hommage et de fidélité qu'ils firent dresser par Abou-l-Motarref-Ibn-Omeira. En prenant cette résolution, ils avaient suivi les conseils d'Abou-YahyaIbn-Abd-el-Hack, l'émir mérinide, dont ils s'étaient assurés la protection par le don d'une somme d'argent; mais ils ne tardèrent pas cependant de changer d'avis, et une députation, composée des personnages les plus distingués chez eux par leur piété, se rendit acprès d'Es-Saîd et lui fit agréer les excuses de leurs concitoyens.

En cette même année, les habitants de Séville et de Ceuta firent prévenir Abou-Zékérïa le hafside qu'ils venaient de le reconnaître pour souverain. Un navire équipé par Ibn-Khalas, qui voulut envoyer de riches présents à cet émir et dans lequel il avait fait monter son fils, sombra en sortant du port [de Ceuta]. Le 27 Ramadan 646 (13 janvier 1249) 1, le roi chrétien s'empara de Séville.

Es-Said ayant appris que Séville et. Ceuta s'étaient déclarés pour Abou-Zékérïa et que cet émir avait conquis la ville de Tlemcen, informé aussi que Yaghmoracen venait d'embrasser le parti des Hafsides, ainsi que les habitants de Mequinez et de Sidjilmessa, résolut de marcher sur Tlemcen et d'envahir l'Ifrîkïa. Parti de Maroc dans le mois de Dou-'l-Hiddja 645 (avril 1248), il fit la rencontre de Kanoun-Ibn-Djermoun qui venait se mettre de nouveau à ses ordres, et, avec le concours de ce chef, il rallia sous ses drapeaux les Sofyan et les autres tribus djochemites. Arrivé à Tèza, il reçut une députation mérinide qui lui présenta la soumission de l'émir Abou-Yahya-IbnAbd-el-Hack. Il reprit alors sa marche vers Tlemcen avec un renfort mérinide. Dans le mois de Safer 646 (mai-juin 1248), il arriva à Temzezdekt où il fut tué par les Abd-el-Quadites, ainsi que nous le raconterons dans l'histoire de ce peuple. L'on dit que cette catastrophe fut amenée par la trahison des Kholt qui

Selon les historiens chrétiens, Séville capitula le 23 novembre 1248.

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