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cle Abd-Allah-Ibn-Khazer, et Yala-Ibn-Mohammed, à la tête des Beni-lfren. Téhert fut emporté d'assaut; Abd-Allah-Ibn-Bekkar y trouva la mort, et l'eunuque Meiçour, général commandant de la place, fut fait prisonnier. Dans un des combats qui précédèrent la chute de la ville, Hamza-Ibn-Mohammed-Ibn-Khazer perdit la vie. Quelque temps auparavant, les Maghraoua, sous les ordres de Mohammed-Ibn-Khazer, étaient allés prendre Biskera et tuer Zeidan, eunuque [qui y commandait au nom du souverain fatemide].

Quand Abou-Yezid eut levé le siége d'El-Mehdïa, Ismaïl-elMansour sortit à sa poursuite et pénétra dans le Maghreb. La proximité de ce souverain excita les appréhensions de Mohammed-Ibn-Khazer qui n'avait pas oublié sa défection et son acharnement à massacrer les partisans des Fatemides. Pour conjurer le danger qui le menaçait, il fit porter à El-Mansour un acte d'hommage et, en réponse à ce simulacre d'obéissance, il reçut la recommandation de poursuivre Abou-Yezîd et de mériter une récompense de vingt charges d'or en s'emparant de luj.

En l'an 340 (951-2), quelques années après la mort d'AbouYezid, son partisan dévoué, Mâbed-Ibn-Khazer, frère de Mohammed-Ibn-Khazer, tomba entre les mains d'Ismaïl-el-Mansour et subit la peine de mort. Sa tête fut plantée sur la muraille de Cairouan. Mohammed-Ibn-Khazer et son fils El-Kheir continuèrent à gouverner dans le Maghreb central, dont ils avaient partagé les provinces avec Yala-Ibn-Mohammed. En cette année, Fotouh, fils d'El-Kheir, accompagné des cheikhs de Téhert et d'Oran, se rendirent à la cour d'En-Nacer l'oméïade et reçurent de lui l'autorisation de repasser le Détroit et de rentrer dans leurs gouvernements respectifs.

Une guerre qui éclata entre les Maghraoua et les Sanhadja donna ensuite beaucoup d'occupation à Mohammed-Ibn-Khazer et à son fils El-Kheir. Yala-Ibn-Mohammed réussit alors à prendre et à dévaster la ville d'Oran 1. Vers la même époque, En-Nacer

1 En l'an 298 (910-1), Dowas-Ibn-Soulat, officier qui gouvernait le Maghreb central au nom des Fatemides et qui résidait à Téhert, fit re

fit choix de Hamîd-Ibn-Yesel pour gouverner Tlemcen et le pays qui en dépend; il confia, en même temps, le gouvernement du Maghreb à Yala-Ibn-Mohammed. Jaloux de voir une telle distinction accordée à son rival, Mohammed-Ibn-Khazer embrassa de nouveau le parti des Fatemides. En l'an 342 (953-4), il se rendit auprès d'El-Moëzz, qui était monté sur le trône après la mort de son père Ismaïl, et reçut de ce monarque l'accueil le plus honorable. Depuis lors, il resta fidèle aux Fatemides et, dans les années 347 et 348 (958-60), il prit part à l'expédition de Djouher dans le Maghreb. En 350 (961), il fit encore une visite à El-Moëzz et mourut à Cairouan, âgé de plus de cent ans. Cette même année fut marquée par la mort d'En-Nacer, le souverain oméïade; par le progrès de Pinfluence fatemide en Maghreb et par les revers du parti oméïade, dont les adhérents durent se retirer dans les districts de Ceuta et de Tanger.

El-Hakem-el-Mostancer, fils et successeur d'En-Nacer, imita la conduite de ses prédécesseurs et fit un appel à la fidélité des princes africains. Mohammed-Ibn-el-Kheir, petit-fils de Mohammed-Ibn-Khazer, s'empressa d'y répondre en se rappelant que son père et son aïeul avaient servi En-Nacer et que sa famille, les Beni-Khazer, tenait par les liens de clientèle à la famille des Oméïades. Nous avons déjà mentionné qu'Othman-Ibn-Affan [le troisième khalife] s'était déclaré patron de Soulat-Ibn-Ouezmar, aïeul des Khazer 1. Le chef maghraouien passa au fil de l'épée les partisans des Fatemides et avait déjà subjugué [une grande partie de] leur pays quand le khalife El-Moëzz lui suscita un adversaire redoutable dans la personne de Zîri-Ibn-Menad, émir des Sanhadja. Zîri eut l'ordre de faire la guerre aux Zenata et l'autorisation de garder pour lui-même toutes les provinces qu'il pourrait leur enlever. En l'an 360 (970-1), quand les

bâtir et repeupler la ville d'Oran. L'année précédente, cette colonie arabe-espagnole avait été détruite par les tribus du voisinage. Ce fut en l'an 343 que Yala s'en empara.

Ci-devant, p. 228.

troupes sanhadjiennes furent réunies, Bologguîn, fils de Zîri, profita d'un avis qu'il tenait d'une personne au service de Mohammed-Ibn-el-Kheir, et tomba sur les Zenata avant qu'ils eussent complété leurs préparatifs de guerre. Cette attaque trouva cependant une vigoureuse résistance, et ce ne fut qu'à la suite d'un combat acharné que les Zenata s'enfuirent du champ de bataille. Mohammed-Ibn-el-Kheir, se voyant entouré par l'ennemi, quitta ses compagnons et mourut de sa propre main. La déroute des Maghraoua fut complète : dix-sept de leurs émirs restèrent sur le champ de bataille, et, de là, on peut juger à combien montait le nombre total de leurs morts. Pendant que les autres tribus du Maghreb se rangeaient sous l'autorité [du souverain] de l'Ifrikïa, les Maghraoua se rallièrent autour d'ElKheir-Ibn-Mohammed, fils de leur dernier chef, MohammedIbn-el-Kheir.

Bologguîn travailla ensuite à indisposer le khalife Mâdd[-elMoëzz] contre Djâfer-Ibn-Ali-Ibn- Hamdoun, seigneur d'ElMecîla et du Zab, en lui rappelant les liaisons que ce chef avait entretenues avec Mohammed-Ibn-el-Kheir. Djâfer eut quelques soupçons de ce qui se passait et, quand El-Moëzz se disposa à partir pour le Caire et l'envoya chercher afin de lui confier le gouvernement de l'Ifrikïa, il en ressentit une telle appréhension qu'il alla se joindre aux Maghraoua. Fortifié par le concours de ce chef, El-Kheir-Ibn-Mohammed marcha contre les Sanhadja et, à son tour, il remporta la victoire. Zîri-Ibn-Menad, chef de la confédération sanhadjienne, mourut sur le champ de bataille, et sa tête fut apportée à Cordoue par Yahya, frère de DjâferIbn-Ali, et une députation de la famille Khazer'.

Au bout de quelque temps, Djâfer commença à se méfier des Zenata et jugea prudent d'aller joindre son frère Yahya, qui était resté à la cour d'El-Hakem l'oméïade.

Dans le texte arabe, il faut sans doute lire wa farès, à la place de wa fawed.

2 Voy. t. 11, pp. 7, 8.

En l'an 364 (971-2), Bologguîn, fils de Zîrı, reçut d'El-Moëzz l'ordre de faire la guerre aux Zenata et, s'étant fait donner des hommes et de l'argent, il partit pour le Maghreb avec l'autorisation de garder toutes les provinces qu'il pourrait y conquérir. Ayant fait proclamer qu'aucun quartier ne serait donné à l'ennemi, il parcourut [d'abord] les dépendances de Tobna, de Baghaïa, d'El-Mecîla et de Biskera, afin d'en expulser les Zenata. Arrivé à Téhert, il réussit à faire disparaître du Maghreb central les derniers restes de la puissance zenatienne, et, pénétrant alors dans le Maghreb-el-Acsa, il poursuivit El-Kheir-IbnMohammed et les Maghraoua jusqu'à Sidjilmessa. Les ayant enfin atteints, il les châtia si durement qu'ils se dispersèrent de tous les côtés. El-Kheir tomba au pouvoir du vainqueur et fut mis à mort après la victoire. La réduction du Maghreb accomplie, Bologguîn rebroussa chemin et, pendant qu'il traversait le Maghreb central, il porta le massacre au milieu des Zenata nomades et de leurs alliés, habitants des cabanes de broussailles. Ce fut alors qu'il prononça la peine de mort contre tout Berbère qui élèverait des chevaux et qui s'en servirait pour montures.

Les Zenata évacuèrent le Maghreb central, traversèrent le Molouïa et restèrent dans le Maghreb-el-Acsa jusqu'à ce que la famille de Yala-Ibn-Mohammed s'empara de Tlemcen. Les Beni-Khazroun établirent ensuite leur domination dans Sidjilmessa et dans Tripoli, pendant que Fez passa sous l'autorité des Beni-Ziri-Ibn-Atïa. Nous allons maintenant raconter l'histoire de ces familles.

HISTOIRE DE LA FAMILLE DE ZÎRI-IBN-ATÏA, PRINCES DE FEZ, ET DE L'EMPIRE QU'ELLE FONDA DANS LE MAGHREB-EL-ACSA.

Zîri-Ibn-Atia, chef de la famille des Khazer et héritier de leur principauté nomade, fonda un royaume dans le Maghreb-el-Acsa et prit la ville de Fez pour siége d'un empire qui resta dans sa postérité jusqu'à l'arrivée des Almoravides. Il était fils d'Atïa, fils d'Abd-Allah, fils de Khazer. Son grand-père, surnommé

Ibn-Tebadelt, du nom de sa mère, avait trois frères, dont le premier, Mohammed-Ibn - Khazer, mourut à Cairouan', après s'être d'abord distingué comme partisan d'En-Nacer l'oméïade. Måbed, le second frère, fut mis à mort par Ismaïl[-el-Mansour, le khalife fatemide,] et Felfoul, le troisième, abandonna son frère Mohammed pour embrasser la cause des Fatemides.

Selon un autre récit, Abd-Allah était fils de Mohammed-IbnKhazer et frère de Hamza-Ibn-Mohammed, le même qui fut tué dans la guerre avec Meiçour, un peu avant la prise de Téhert*.

El-Kheir, fils de Mohammed, fut mis à mort par Bologguîn, en l'an 364 (971-2)3, et, à la suite de cet événement, les Zenata abandonnèrent aux Sanhadja tout le Maghreb central et passèrent dans le Maghreb-el-Acsa, au-delà du Molouïa. Les Maghraoua se rallièrent alors autour des survivants de la famille Khazer, et eurent pour émirs Mohammed, fils d'El-Kheir, et les deux frères Mocatel et Ziri, fils d'Abd-Allah, fils de Khazroun, fils de Felfoul.

En l'an 369 (979-80), Bologguîn-Ibn-Zîri, gouverneur de l'Ifrîkïa, entreprit sa grande expédition dans le Maghreb-el-Acsa. Les princes zenatiens, tels que les Beni-Khazer et les BeniMohammed-Ibn-Saleh, s'enfuirent devant lui pour chercher une asile dans Ceuta, et Mohammed-Ibn-el-Kheir traversa le Détroit pour invoquer l'appui d'Ibn -Abi-Amer-el-Mansour. Ce ministre accueillit sa prière, mena en personne son armée jusqu'à Algésiras et confia à Djâfer-Ibn-Ali le commandement des troupes qui devaient combattre Bologguîn: Il mit aussi cent charges d'or à la disposition de ce général qui, ayant traversé le Détroit, rallia les princes zenatiens autour de lui et disposa ses forces en ordre de bataille, sous les murs de Ceuta. Bologguîn examina cette armée du haut de la montagne de Tétouan, reconnut l'im

1 Dans le texte arabe, lisez halek bil-Cairouan, à la place de melekel-Bairouan. Voy. ensuite p. 233 de ce volume.

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* Voy. p. 232 de ce volume.

3 Voy., ci-dessus, p. 235.

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