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Taï» Quand ce peuple sortit du Yémen avec les Beni-Aced, il » s'établit aux Deux-Montagnes, Adja et Selma, et sur le terri» toire qui les sépare, pendant que les Beni-Aced se fixèrent >> entre ces lieux et le pays de l'Irac. Mais lors de la guerre que » l'on a appelée Harb-el-Feçad (guerre d'iniquité), plu>> sieurs branches de la tribu de Taï, telles que Beni-KharedjaIbn-Sad-Ibn-Catra, appelés aussi les Beni-Djedîla, du nom >> de leur aïeule, quittèrent les Deux-Montagnes avec la fa>> mille de Teim-Allah et celle de Hobeich, pour aller s'établir » à Alep et à Hader-Taï (demeure fixe de Taï). La seule portion >> de la tribu de Taï qui resta aux Deux-Montagnes fut la famille >> des Beni-Rouman-Ibn-Djondob-Ibn-Kharedja-Ibn-Såd. Ceux>> ci reçurent le nom d'El-Djébélïin (gens de la Montagne) >> et ceux qui allèrent se fixer sur le territoire d'Alep et à Hader>> Taï furent appelés es-Sehliin (gens de la plaine). »

Il se peut donc que les familles de Djerrah et de Fadl, établies maintenant en Syrie, appartiennent à cette tribu de Kharedja qu'Ibn-Hazm représente comme s'étant transportée à Alep et à Hader-Taï; car la Palestine, où les Djerrah demeurent à présent, est plus rapprochée des lieux que nous venons de nommer qu'elle ne l'est des Deux-Montagnes, Adja et Selma, où habite l'autre partie de la tribu de Taï. Mais, après tout, c'est Dieu seul qui sait la vérité au sujet de leur origine.

Les Beni-Haï-el-Forat (enfants de la tribu de l'Euphrate), descendants de Kilab, fils de Rebiâ, fils d'Amer-Ibn-Sâsâ, vivent sous la protection de la famille de Fadl. Ils avaient d'abord accompagné les autres tribus qui tirent leur origine d'Amer-IbnSâsâ quand elles émigrèrent du Nedj et passèrent en Mésopo

Harb-el-Feçad fut une guerre intestine qui déchira la tribu de Taï pendant qu'elle habitait les Deux-Montagnes. (Voyez Selecta ex historia Halebi, page 4). – Et-Tebrizi raconte, d'après l'historien AbouRiah, l'origine de cette guerre qui dura vingt-cinq ans. (Voyez Hamaça, p. 176.) Ce fut entre les familles de Djedila et d'El-Gauth, qu'elle commença. (Voyez aussi l'Essai de M. Caussin de Perceval, tome 2, page 629.)

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tamie. Lors de la dispersion des descendants d'Amer dans les provinces de l'empire musulman, les Beni-Haï-el-Forat occupèrent les environs d'Alep, et une de leurs familles, celle de Saleh-Ibn-Mirdas, se rendit maîtresse de la ville. Saleh descendait d'Amer-Ibn-Kilab. Plus tard, les Mirdacides perdirent leur puissance, et ayant repris la vie nomade, ils s'établirent auprès de l'Euphrate en se mettant sous la protection des chefs. de la tribu de Taï.

Dans la partie de cet ouvrage que nous avons consacrée à l'histoire de la dynastie turque [des Mamlouks Bahrites] qui régna sur l'Egypte et la Syrie, nous avons indiqué, par ordre chronologique, les noms des chefs appartenant à la famille Fadl qui se sont succédés dans le commandement des Arabes de la Syrie et de l'Irac; nous y avons parlé de chacun d'eux, en commençant à l'époque où le sultan Aïoubide, El-Mélek-el-Adel, exerça le pouvoir, et nous avons conduit notre récit jusqu'au temps actuel, c'est-à-dire, la fin de l'an 796 (octobre, 1394 de J.-C.). Nous reproduirons ici ces mêmes indications, en observant l'ordre dans lequel elles se présentent.

Du temps des Aïoubides, sous le règne d'El-Mélek-el-Adel, l'émir de la tribu de Taï s'appelait Eiça-Ibn-Mohammed-Ibn-Rebiâ. Il eut pour successeur Hoçam-ed-Din-Manê-Ibn-HadethaIbn-Ghadïa-Ibn-Fadl. En l'an 630 (1232-3), son fils Mohenna lui succéda. Quand Cotoz, le troisième souverain de la dynastie turque qui gouverna l'Egypte, reprit la Syrie sur les Tatars et défit leur armée à Aïn-Djalout 2, il détacha la ville de Sélémïa du gouvernement d'El-Mansour-Ibn-el-Modaffer-Ibn-Chahanchah, prince de Hamah 3, et la donna en fief à Mohenna, fils de Manê. Lors de la mort de Mohenna, événement dont je n'ai pu découvrir la date, le sultan [El-Mélek] ed-Daher [Bibers] pro

1 Voy. Ibn-Khallikan, traduction, vol. 1, page 634; Abulfedœ annales, sous l'année 402; et le Selecta ex historia Halebi de Freytag, p. xvi. Voy. Deguignes, Histoire des Huns, tome v, page 131.

3 Cet El-Mansour fat grand-père du célèbre historien et géographe Abou-'l-Fedâ.

fita de l'ascendant que le gouvernement turco-égyptien avait pris, pour se rendre à Damas afin de conduire à Baghdad le khalife El-Hakem, oncle d'El-Mostâcem. Il donna alors le commandement des Arabes de la Syrie à Eiça, fils de Mohenna, fils de Manê, et lui assigna plusieurs fiefs sous la condition qu'il veillerait à la sûreté des voyageurs. Sur la demande d'Eiça, il emprisonna le cousin de celui-ci, Zamel, fils d'Ali, fils de Rebiâ, de la famille d'Ali. Pendant tout le temps de son administration, Eiça sut maintenir la tranquillité dans le pays où il commandait et réprimer l'esprit de brigandage qui animait les Arabes. Il tenait ainsi à leur égard une conduite tout opposée au système d'indulgence qu'avait suivi son père. En l'an 679 (1280–1), Soncor-el-Achkar se réfugia auprès de lui, et ce fut alors qu'ils écrivirent à Abagha [khan des Moguls de la Perse], pour le pousser à la conquête de la Syrie. Eiça mourut en 684 (1285-6), et son fils Mohenna le remplaça par l'ordre d'El-Mansour-Calaoun [le septième des sultans Mamlouks]. Plus tard, quand [El-Mélek] el-Achref, fils de Calaoun, se rendit à Emesse en Syrie, Mohenna, fils d'Eiça, vint le trouver avec plusieurs membres de sa famille. El-Achref l'ayant aussitôt fait arrêter, ainsi que son fils Mouça et ses frères, Mohammed et Fadl, les envoya tous en Egypte. Ils y restèrent prisonniers jusqu'à l'an 694 (1294-5), quand El-Adel-Ketbogha monta sur le trône et leur rendit la liberté. Mohenna s'en retourna alors au poste qu'il avait déjà occupé. Pendant le règne d'El-Mélek-en-Nacer, il se montra, alternativement, l'ami des Tatars de l'Irac et du gouvernement égyptien: il n'assista même pas à aucun des combats que les Mamlouks livrèrent à Ghazan [le sultan tatar]. En l'an 710 (1310-4), Cara-Soncor, accompagné d'Acouech-el-Afrem et leurs partisans, se réfugia chez Mohenna, après s'être mis en révolte, et il passa ensuite à la cour du souverain tatar, Khorbenda. Depuis lors, Mohenna resta au milieu de ses nomades sans oser paraître devant le sultan égyptien dont il redoutait la colère. En l'an 742, son frère Fadl alla présenter ses devoirs au sultan, et en récompense de cette démarche, il obtint sa nomination au commandement des Arabes. Dès-lors, Mohenna se vit repoussé

par toutes les tribus, et en l'an 746, il alla trouver Khorbenda, roi des Tatars. Ce monarque lui fit un accueil très-gracieux et le gratifia d'un fief situé dans l'Irac. Cette même année, Khorbenda mourut, et Mohenna, ayant rejoint ses tribus, chargea ses fils Ahmed et Mouça, de se rendre, avec leur oncle MohammedIbn-Eiça, à la cour d'El-Mélek-en-Nacer et de présenter à ce sultan l'humble soumission de leur père. En-Naçer les reçut trèsbien et leur assigna un logement dans le château appelé El-Casrel-Ablac. Les ayant alors comblés de faveurs, il leur accorda la grâce de leur père auquel il rendit le commandement des Arabes et le fief dont il avait joui. Cette même année, je veux dire l'an 717, Eiça, fils de Mohenna, accompagné de son frère Mohammed et de plusieurs autres membres de la famille Fadl, firent le pèlerinage de la Mecque, emmenant avec eux douze mille chameaux chargés. Mohenna retomba bientôt dans son habitude de courtiser les Tatars et de faire des incursions sur les terres de la Syrie. Le sultan, voyant que ces désordres ne s'arrêtaient pas, en fut tellement courroucé, qu'en l'an 720, lors de son retour du pèlerinage, il ordonna à ses lieutenants en Syrie, d'expulser de ce pays tous les membres de la famille Fadl et de les y remplacer par leurs collatéraux de la famille Ali. De cette manière, Mohammed-Ibn-Abi-Bekr reçut le commandement des Arabes et obtint, pour lui et les siens, tous les fiefs que le gouvernement égyptien avait concédés à Mohenna et à ses fils. Mohenna resta en disgrâce jusqu'à l'an 731 (1330-1), époque à laquelle il se rendit auprès du sultan, avec la suite d'El-Afdel, fils d'El-Mouwéïd et seigneur de Hamah. Ce fut par l'intercession de ce protecteur, qu'il obtint son pardon et rentra en possession de ses fiefs et de son commandement.

Un grand émir égyptien qui vit Mohenna lors de cette visite, (ou qui en avait entendu parler), m'a raconté que cet Arabe refusa tous les cadeaux du sultan, et qu'il avait amené avec lui plusieurs chamelles pour se nourrir de leur lait. Il s'abstint même de rendre visite aux grands officiers de l'empire, ou de faire la moindre sollicitation auprès d'eux.

Mohenna alla ensuite retrouver ses tribus, et mourut en l'an

734. Son fils Modaffer-ed-Din-Mouça, lui succéda et mourut en 742 (1344-2), quelque temps après la mort d'El-Mélek-enNacer. Il eut pour successeur son frère Soleiman. Celui-ci mourut en 743, et son cousin paternel, Chérif-ed-Dîn-Eiça, fils de Fadl, fils d'Eiça, lui succéda. Chéref-ed-Din mourut à El-Kirietein, en l'an 744, et fut enterré auprès du tombeau de KhaledIbn-el-Ouélîd. Son frère Seif, fils de Fadl, le remplaça dans le commandement des Arabes nomades. En l'an 746 (1345–6), le sultan d'Égypte, El-Kamel, fils d'En-Nacer, remplaça Seif par Ahmed, fils de Mohammed, fils d'Eiça. Seif réunit alors du monde [afin d'attaquer son successeur], mais ses troupes furent mises en déroute par Féïad, fils de Mohenna. Le commandement passa ensuite à Ahmed, fils de Mohenna, que le sultan Hacen-enNacer nomma à cette dignité afin de mettre un terme à ces dissensions. Ceci se passa à l'époque où ce prince était encore sous la tutelle de Beibogharous, et pendant le premier de ses deux règnes. Ahmed, fils de Mohenna, mourut en 749 et eut pour successeur son frère Feïad. Celui-ci mourut en 762 (1360–4). · Le sultan Hacen-en-Nacer, qui régnait alors pour la seconde fois, nomma Kheiar, un autre fils de Mohenna, à la place vacante. Kheiar se révolta en 765 et resta deux années dans le Désert sans vouloir reconnaitre l'autorité du sultan; puis il se fit réintégrer dans son commandement par l'intercession du vice-roi de Hamah. En l'an 770, il se révolta de nouveau; et, d'après l'ordre du sultan El-Achref, il fut remplacé par son cousin paternel Zamel, fils de Mouça, fils d'Eiça. L'émir déposé se rendit alors aux environs d'Alep, et ayant réuni autour de lui les Beni-Kilab et d'autres tribus, il se mit à ravager ce pays. Le gouverneur d'Alep, Cochtémir-el-Mansouri, marcha à sa rencontre, et s'étant avancé jusqu'à l'endroit où Kheiar avait dressé son camp, il enleva les troupeaux des Arabes et se porta vers leurs tentes.

1 El-Kirietein, station sur la route qui mène de la Mecque à Deraïa, est située à 94 lieues de la première de ces villes. Khaled-Ibn-el-Ouélid fut enterré près d'Emesse.

2 Voy. Deguignes, Histoire des Huns, t. v, p. 223.

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