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vices, avec l'assurance de sa fidélité, et pour lui demander des secours. Les envoyés lui rapportèrent une réponse très-favorable et ouvrirent ainsi, avec la cour andalousienne, une série de communications qui ne cessèrent plus, tant que dura cette guerre. En l'an 335 (946-7), vers la fin de sa carrière, le même chef y envoya son fils Aïoub qui, depuis lors, servit la cause d'En-Nacer.

Meiçour, ayant quitté El-Mehdia avec un corps d'armée, se vit abandonner, pendant sa marche, par les Beni-Kemlan, tribu hoouarite. Abou-Yezîd reçu les transfuges dans ses rangs et, encouragé par leurs représentations, il alla se mesurer avec le général fatemide. Pendant quelque temps, la victoire demeura incertaine, jusqu'à ce que les nekkarites et leur chef chargèrent en masse avec l'intention de vaincre ou de mourir. Les Fatemides prirent la fuite; Meiçour fut tué par les Beni-Kemlan, et sa tête fut envoyée à Cairouan d'où on la porta en Maghreb. Le camp des vaincus resta au pouvoir des insurgés. Abou-Yezîd expédia aussitôt un corps de troupes contre [Souça]. Cette ville fut prise d'assaut et un petit nombre seulement des habitants put échapper à la mort ou à des mutilations affreuses. Un massacre épouvantable remplit de cadavres toute l'Ifrîkia; les villes, les hameaux furent changés en solitudes, et les malheureux que le fer n'avait pas atteints succombèrent à la faim.

Après la mort de Meiçour, Abou-Yezîd commença à mépriser l'opinion publique ; il prit pour vêtement un habit de soie et pour monture un cheval fringant. Par cette conduite, il mécontenta ses partisans et s'attira les reproches des chefs kharedjites, qui lui écrivirent à ce sujet de tous les côtés.

Sur ces entrefaites, El-Caïm s'était retranché dans El-Mehdïa où il avait rassemblé des troupes ketamiennes et sanhadjiennes afin de soutenir un siége. Abou-Yezîd arriva enfin devant la ville et livra aux Fatemides plusieurs combats qui étaient tous à son avantage. Il s'empara [du faubourg] de Zouîla et alla se poster

1 Voy. t. I, p. 532.

dans le Mosalla même d'El-Mehdia. El-Caïm dit alors aux siens ces mots [si connus] : « C'est de là qu'il doit rebrousser che>> min.» Le siége se traîna en longueur et permit à Abou-Yezîd de rassembler sous les drapeaux les Berbères [des environs] de Gabes, de Tripoli et de Nefonça. Deux fois il combattit les assiégés [et les rejeta dans la ville], mais la troisième et la quatrième fois, ses troupes furent repoussées. Malgré ces échecs, il gardà ses positions et tint la ville si étroitement bloquée que la famine s'y déclara.

Pendant ce temps, une armée ketamienne s'était rassemblée à Constantine pour aller au secours d'El-Caïm, mais elle fut dispersée par les Ourfeddjouma qu'Abou-Yezid envoya contre elle, sous la conduite de Zeggou-el-Mezati. Le prince fatemide perdit ainsi tout espoir de ce côté là. Par le départ de plusieurs détachements chargés de ravager les provinces, l'armée d'AbouYezîd fut tellement diminuée qu'il ne resta plus au camp que les Hoouara de l'Auras et les Beni-Kemlan. Ces Berbères avaient même reçu plusieurs messages d'El-Caïm et, s'étant aperçus qu'Abou-Yezîd leur témoignait de la méfiance, ils passèrent, les uns dans El-Mehdia, les autres dans leur pays. Alors, d'après le conseil de ses partisans, Abou-Yezîd prit le parti d'abandonner son camp et de se diriger vers Cairouan. Ce fut en l'an 334 (945-6) qu'il y arriva et qu'il fut assez heureux d'échapper à un complot ourdi par les habitants, qui voulaient s'emparer de sa personne. Cédant alors aux remontrances d'AbouAmmar, qui blâmait amèrement son attachement aux choses mondaines, il renonça aux habitudes de luxe qu'il avait contrac tées et reprit, avec la robe de laine, sa vie simple et rude d'au trefois.

La nouvelle de la délivrance d'El-Mehdïa se répandit partout et servit de signal au massacre des nekkarites. Pour venger ses

Voy. t. 11, p. 533.

• Selon les historiens des Fatemides, le Mehdi Obeid-Allah avait déjà prédit ce fait. Voy. t. 1, p. 525.

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amis, Abou-Yezid se mit à dévaster les campagnes et à attaquer les villes, dont il détruisit un grand nombre. D'après ses ordres, Aïoub, son fils, était allé camper à Bédja, pour y attendre les nombreux renforts que les Berbères devaient lui fournir, quand tout-à-coup, il apprit qu'Ali-Ibn-Hamdoun-el-Andeloci, seigneur d'El-Mecîla, s'avançait à la tête d'une armée composée de Kelamiens et de Zouaoua. Ces troupes avaient passé par Constantine, Laribus et Sicca-Veneria, afin d'en prendre les garnisons et de les emmener avec elles. Attaquée par Aïoub pendant la nuit, l'armée fatemide se débanda et perdit son chef qui tomba dans un précipice avec son cheval'. Le vainqueur marcha ensuite sur Tunis; mais, s'étant rencontré avec Hacen-Ibn-Ali, le général fatemide qui commaudait la garnison de cette ville, il essuya une défaite. Dans un nouveau combat avec le même officier, il remporta la victoire. Hacen se réfugia dans le pays des Ketama et, après avoir levé des troupes chez ce peuple, il alla camper sous les murs de Constantine. Abou-Yezid expédia un corps de Berbères contre lui et, comme il avait alors reçu les secours que ce peuple devait lui envoyer, il se crut assez fort treprendre le siége de Souça 2.

pour en

Dans le mois de Choual 334 (mai-juin 946), eurent lieu la mort d'El-Caïm et l'avènement de son fils El-Mansour. Le nouveau khalife voulut se rendre en personne à Souça, ville que les insurgés foudroyaient avec leurs catapultes, mais il renonça à son intention, d'après les conseils de ses amis, et se contenta d'y envoyer des secours. La garnison ainsi renforcée, livra bataille aux assiégeants et remporta la victoire. Abou-Yezîd courut à Cairouan et, ne pouvant s'y faire admettre, il s'éloigna après que les babitants lui eurent remis son ancien percepteur, Abou

Ammar.

El-Mansour quitta alors El-Mehdĩa et se rendit à Souça, d'où il marcha sur Cairouan. Ayant repris possession de cette ville

1 Voy. t. 1, p. 554.

Voy. t. 1, p. 532, nole.

T.HI.

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il accorda une amnistie aux habitants et traita avec une bonté extrême la famille d'Abou-Yezid et les autres personnes que ce rebelle y avait laissées lors de sa fuite. Une troisième fois, AbouYezid réunit une armée et, voulant mettre le siége devant Cairouan, il commença par attaquer, de nuit, le camp qu'El-Mansour avait établi sous les murs de la ville. Dans la bataille qui s'ensuivit, les Berbères combattirent avec un grand acharnement et ne lâchèrent pied que vers le soir. Plusieurs autres engagements eurent lieu entre les deux partis, mais l'arrivée de renforts permit enfin au khalife de remporter une victoire éclatante. Ceci se passa vers le milieu de Moharrem 335 (août 946). AbouYezid prit la fuite et laissa une foule de Berbères morts sur le champ de bataille.

Le vainqueur poursuivit son adversaire jusqu'à Sbîba et, de là, il se porta sur Baghaïa en passant par Tebessa. Arrivé dans Baghaïa, il reçut une lettre par laquelle Mohammed-Ibn-Khazer1 lui offrit sa soumission avec l'assurance qu'en ami dévoué, il se préparait à lui porter secours. Dans sa réponse, le khalife lui dit de guetter l'arrivée d'Abou-Yezîd afin de le faire prisonnier et de mériter ainsi une récompense de vingt charges d'or. De Baghaïa, El-Mansour se rendit à Tobna où il rencontra DjâferIbn Ali, gouverneur d'El - Mecila, qui lui présenta un riche cadeau et une forte somme d'argent. Averti alors qu'Abou-Yezîd venait d'arriver à Biskera et avait adressé à Mohammed-IbnKhazer une demande de secours, demande qui fut très-mal accueillie, il marcha sur cette ville dont les habitants saluèrent son arrivée avec un grand empressement.

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Abou-Yezîd se réfugia chez les Beni-Berzal, dans la montagne de Salat, d'où il passa dans le Djebel-Kîana, montagne qui, de nos jours, s'appelle Djebel-Aïad. El-Mansour le poursuivit jusqu'à Maggara et, ayant repoussé une attaque que ce chef

1 Un autre chapitre de ce volume renferme l'histoire d'Ibn Khazer. Dans le texte arabe, il faut lire Maggara à la place de meferrihi. Ces deux leçons ne diffèrent que par un seul point diacritique.

infatigable dirigea contre lui pendant la nuit, il le força à rentrer dans le Salat et puis à en sortir pour se jeter dans les sables du Désert. Les Beni-Kemlan abandonnèrent alors le fugitif et se rendirent auprès de Mohammed-Ibn-Khazer, de qui ils obtinrent une amnistie au nom du khalife.

El-Mansour continua toujours sa marche, sans quitter l'ordre de bataille et alla camper au pied du Salat d'où il passa dans les sables qui sont au-delà; puis, il revint sur ses pas et, entré dans

le

pays de Sanhadja, il apprit qu'Abou-Yezid avait reparu dans le Kiana. Il y retourna sans perdre un instant et fit cerner cette montagne par les Ketama, les Addjîça, les Zouaoua, les BeniZendac, les Mezata, les Miknaça et les Meklata. Il y pénétra luimême et, à la suite d'un combat, il contraignit Abou-Yezîd et les nekkariens à se retrancher sur les cîmes du Kîana. Pendant que ses troupes tenaient les insurgés étroitement bloqués, il se rendit à El-Mecîla. Abou-Yezîd s'enferma dans la Calâ (château) de la montagne, repoussa plusieurs assauts et, quand on eut enfin pris le château d'assaut, il se réfugia dans une tour qui couronnait l'édifice. Les assiégeants y pénétrèrent de vive force et tuèrent Abou-Ammar-el-Ama ainsi que Yeddous-ez-Zenati, mais AbouYezid leur échappa, quoique criblé de blessures. Emporté dans cet état par trois de ses compagnons, il se laissa tomber dans un précipice où il resta sans mouvement. On se saisit alors de lui et, le lendemain, on l'envoya à El-Mansour. Ce prince donna l'ordre de panser les blessures du prisonnier et, l'ayant ensuite. fait comparaître devant lui, il l'accabla de reproches et lui prouva que, par la loi, il méritait la mort. Il s'abstint toutefois de lui ôter la vie et se contenta de lui assigner une ration de vivres et de le faire transporter, en une espèce de cage, à El-Mehdia. Vers la fin 335 (juillet 947), Abou-Yezîd mourut de ses blessures Sa peau fut empaillée et portée à travers les rues de Cairouan. Les débris de l'armée nekkarienne se rallièrent autour de Fadl, fils d'Abou-Yezid, qui se trouvait alors avec Mâbed -IbnKhazer, et partirent avec eux pour attaquer l'arrière-garde d'ElMansour; mais ils tombèrent dans une embuscade que Zîri-IbnMenad, émir des Sanhadja, leur avait dressée et perdirent beau

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