cette famille] le fit assassiner dans un conseil de tribu par un individu nommé Mohammed-Ibn-Hamed-Ibn- Yezid, membre d'une des familles connues sous le nom des Achach. Yacoub eut pour successeur son cousin Mohammed-Ibn-Meskîn-Ibn-AmerIbn-Yacoub-Ibn-el-Cos, et celui-ci eut tantôt pour lieutenant, et tantôt pour rival, l'un ou l'autre de ses nombreux parents. Soheim-Ibn-Soleiman-Ibn-Yacoub, un de ses coadjuteurs, assista à la bataille de Tarifa avec le sultan Abou l'Hacen et s'y distingua par sa bravoure. La famille d'Abd-es-Selam produisit Abou'lHaul et Abou'l-Cacem, tous deux fils de Yacoub-Ibn-Abd-es-Selam. Le premier demeura fidèle au sultan Abou'l'Hacen que les Beni-Soleim venaient d'accabler à Cairouan, et il parvint, avec le concours des Mohelhel, à le faire sortir de cette ville et à le conduire à Souça. Un autre membre de la même famille était Bou-Zeid-Ibn-Omar-Ibn-Yacoub lequel eut un fils qui porta le nom de Khalifa. Pendant le règne du sultan Abou-Yahya, Mohammed-IbnMeskîn continua à gouverner les Hakîm et à servir ce prince avec une fidélité à toute épreuve. Après sa mort, le commandement passa à son neveu, Khalifa-Ibn-Abd-Allah-Ibn-Meskin, l'un des cheikhs que le sultan Abou-'l-Hacen avait fait arrêter à Tunis, quelque temps avant l'affaire de Cairouan. Ce monarque était encore bloqué dans cette dernière ville quand il accorda la liberté à son prisonnier, dont il se concilia l'amitié par cet acte de clémence bien entendue. A la suite du désastre de Cairouan, les Arabes étendirent leur domination partout, et comme la famille Meskin s'était mise en possession de Souça, le sultan concéda cette ville à Khalifa. A la mort de ce chef, le commandement des Hakîm passa entre les mains de son cousin, Amer-Ibn-Mohammed-Ibn-Meskîn. En l'an 755 (1354), Amer fut assassiné dans le Djerîd par un kaoubien nommé Mohammed-Ibn-Tebîná-Ibn-Hamed, qui croyait venger ainsi la mort [de son père], tué par Yacoub-Ibn-Abd-es-Selam. Dès lors la désunion se mit dans la tribu, et le commandement Voyez ci-devant, page 143, en est maintenant partagé entre deux chefs dont l'un s'appelle Abou-Sânouna-Ahmed-Ibn-Mohammed-Ibn-Abd-Allah-Ibn-Mes kin, et l'autre Abd-Allah-Ibn-Mohammed-Ibn-Yacoub-Ibn-Abdes-Selam-Ibn-Yacoub. Celui-ci est neveu d'Abou-'l-Haul, de même que son rival est neveu de Khalifa. Le sultan Abou-'l- Abbas, s'étant rendu maître de Tunis, enleva la ville de Souça à la famille de Yacoub et s'attira ainsi l'inimitié d'Ahmed [-Abou-Sânouna]. Ce chef fit aussitôt une alliance avec Soula-Ibn-Khaled-Ibn-Hamza, de la famille d'Abou-'l-Leil, et s'étant précipité avec lui dans la révolte, il commit les excès les plus graves. De nos jours ils se tiennent dans le Désert, ayant été obligés de fuir le territoire de l'empire. Quant à l'autre chef hakimien, Abd-Allah-Ibn-Mohammed, surnommé Er-Rouwaï, il s'attacha au parti du sultan et lui procura l'appui des Aulad-Mohelhel. Il exerce, jusqu'à ce jour, une grande influence sur les populations placées sous ses ordres. Abou-Sânouna est rentré, depuis, au service du sultan, et il partage, maintenant, avec Abd-Allah-Ibn-Mohammed, le commandement des Hakim. Les Beni-Ali, tribu-sœur de celle de Hakim, se composent de plusieurs familles, savoir: les Aulad-Merâi, les Aulad-Soura, (toutes deux descendues d'Aun-Ibn-Ahmed-Ibn-Ali-Ibn-Hisn), les Aulad-Nemi, les Bedrana, les Aulad-Omm-Ahmed, les Hadra, les Redjlan, appelés aussi les Macâd, les Djomeiat, les Homr, les Meçanïa, les Al-Hocein et les Hedjri. L'on dit cependant que les Hedjri n'appartiennent pas à la tribu de Soleim mais à celle de Kinda, et qu'ayant fait alliance avec les Soleimides, ils s'attribuèrent la même origine que ce peuple. Le droit de commander aux Beni-Ali est exercé par la famille Soura. Le chef actuel se nomme Abou-'l-Leil-Ibn-Ahmed-IbnSalem-Ibn-Ocba-Ibn-Chibl-Ibn-Soura-Ibn-Merâi-Ibn-Hacen-IbnAun. Le commandement en second appartient à la famille Merâi [El-Merâïa], parente de celle de Soura. Les Merâïa sont fils de Merâi-Ibn-Hacen-Ibn-Auu. Les Beni-Ali occupent le pays situé entre El-Edjem et El-Mobarka, localité des environs de Cabes. La portion de cette tribu qui s'adonne à la vie nomade s'est con fédérée avec les Kaoub, et suit quelquefois les Aulad-Abi-'lLeil, mais en général elle accompagne les Aulad-Mohelhel. Quant aux Debbab, autre branche de la tribu des Soleim, nous avons déjà indiqué les différentes opinions au sujet de leur origine et mentionné que leur aïeul Debbab était fils de Rebiâ, frère de Zoghb-el-Asgher et fils de Zoghb-el-Akber. Le mot Zoghb se prononce actuellement avec un o, mais Abou-Mohammed-el-Tidjani nous apprend, dans son voyage, qu'El-Adjedabi et Er-Rochati le prononçaient Zighb. Les Debbab occupent le pays qui s'étend depuis Cabes à Tripoli et de là jusqu'à Barca. Ils formèrent plusieurs tribus dont une, les Aulad-Ahmed-Ibn-Debbab, se tient à l'occident de Cabes et stationne auprès des sources que visitent les caravanes. Elle est voisine de la tribu de Hisn et des sources du pays des Zoghb2. Les Beni-Yezîd, autre branche de la tribu de Debbab, occupent les mêmes localités que les Aulad-Ahmed. « Yezîd, dit Tedjani, » n'est pas le nom de leur ancêtre; c'est le terme par lequel on » désignait la formule de serment usité chez ce peuple, et qui >> exprimait le souhait d'un accroissement (d'enfants et de richesses) 3. » Cette tribu se subdivise en plusieurs familles, savoir : Les Sohba, enfants de Sohb-Ibn-Djaber-Ibn-Faïd 5 Ibn-RafèIbn-Debbab; 1 Er-Rochati, Abou-Mohammed-Abd-Allah, natif d'Orihuela en Espagne, composa un ouvrage sur la généalogie des compagnons de Mahomet. Il fut tué à la prise d'Alméria par les chrétiens, en l'an 542 (4447). (Ibn-Khallikan, vol. 11, page 70 ) 2 Le texte arabe de ce paragraphe est sans doute altéré, aussi la traduction en est purement conjecturale. Peut-être faut-il lire oua mouatenhom gharbi Cabes ila Oïoun-Rahhal oua hom modjaweroun li-Hisn oua min Oïoun-Rahhal belad Zoghb, c'est-à-dire: le territoire qu'ils habitent s'étend à l'ouest de Cabes jusqu'à Cïoun-Rahhal (puits des voyageurs); ils sont voisins des Hisn, et le pays des Zoghb fait partie d'Oïoun-Rabbal. 3 La traduction de la fin de ce passage est conjecturale. Le texte porte: en quatre familles, bien que l'auteur lui-même nous en nomme sept. 5 Variante: Caïd. Les Hamarna, famille-sœur de la précédente et dont l'aieul, Hamran, était fils de Djaber; Les Khardja, branche de la famille des Al-Soleiman, qui, ayant été expulsée du territoire de Meslata par ceux-ci, est venue se confédérer avec les Hamarna et demeure parmi eux; Les Asabéà (gens aux doigts), ainsi nommés parce qu'ils descendent d'un homme qui avait un doigt de trop; mais Et-Tidjani a oublié de nous faire savoir auquel des fils de Debbab ils font remonter leur origine; Les Nouaïl, enfants de Naïl-Ibn-Amer-Ibn-Djaber; Les Aulad-Sinan-Ibn-Amer, Et les Aulad-Ouchah-Ibn-Amer. LesOuchah, famille qui commande à toutes les tribus sorties du Debbab, se composent de deux grandes branches : les Mehamid [ou Mahmouds], descendants de Mahmoud-Ibn-Tauc-IbnBakïa-Ibn-Ouchah, et les Djouari [ou Djarïas], descendants de Hamid-Ibn-Djarïa-Ibn-Ouchah. Les Mehamîd habitent les plaines et les montagnes entre Cabes et Nefouça, et ils prennent leurs chefs dans la famille de Rehab-Ibn-Mahmoud. Celui qui les gouverne maintenant est un fils de Sebâ-Ibn-Yacoub-Ibn-Atïa-IbnRebab. Les Djouari occupent Tripoli et ses dépendances, telles que Tadjora, Heragha et Zenzour. Ils obéissent à la famille de Morghem-Ibn-Saber-Ibn-Asker-Ibn-Hamîd, et ils ont aujourd'hui pour chef, Saber, fils d'Asker, fils d'Ali, fils de Morghem. << La tribu des Ouchah renferme aussi deux autres familles qui » se sont mêlées avec les Djouari et les Mehamîd; l'une, les >> Djouaouiba, descend de Djouwab-Ibn-Ouchah; l'autre, les » Amr ou Amour, tire son origine d'Amr-Ibn-Ouchah. >> Tels sont les paroles d'Et-Tidjani au sujet des Amour, mais nous avons déjà indiqué une tribu du même nom parmi les descendants de Hilal-Ibn-Amer, et les gens dont elle se compose reconnaissent les Amour debbabiens pour leurs frères; ils ajoutent qu'ils n'appartiennent en aucune façon à la descendance de Soleim et qu'ils n'ont rien de commun avec les Debbab, si ce n'est le territoire qu'ils habitent. Dieu sait lequel des deux partis à raison. Parmi les tribus ouchahides on compte les Hariz-Ibn-Temîm Ibn-Amr-Ibn-Ouchah. C'est de Harîz que sortit Faïd-Ibn-Harî, z un des plus célèbres cavaliers d'entre les Arabes et poète dont les vers se répètent encore aujourd'hui parmi ce peuple et font le charme de leurs soirées, les délices de leurs réunions. L'on a dit, cependant, qu'il appartenait aux Mehamîd et qu'il était fils de Hariz-Ibn-Harbi-Ibn-Mahmoud-Ibn-Tauc. Les Debbab soutinrent avec zèle la cause de Caracoch et d'IbnGhania. Ce fut le premier de ces chefs qui fit mourir les cheikhs des Djouari. Après la mort d'Ibn-Ghanîa, les Debbah passèrent au service de l'émir Abou-Zékérïa et restèrent fidèles à lui et à sa dynastie. Ce furent eux qui, les premiers, se laissèrent tromper par la ressemblance d'Ibn-Abi-Omara avec le fils du sultan Yahya-el-Maklouê et prêtèrent leur appui à cet aventurier. La chose se passa de cette manière: Noceir, affranchi d'El-Makhlouê, se réfugia chez eux à la mort de son patron et des princes, ses fils. Il y était encore quand Ibn-Abi-Omara passa par là. Frappé de la ressemblance de cet homme avec El-Fadl, fils de son ancien maître, il se mit à pleurer et à se lamenter. Ibn-AbiOmara lui en demanda la raison et, sur sa réponse, il se concerta avec lui afin de se faire passer pour le jeune prince. Noceir sut si bien présenter la chose à ces Arabes, qu'ils accueillirent avec empressement l'étranger, et ce fut Morghem-Ibn-Saber qui en donna l'exemple et entraîna toute la tribu. Abou-Merouan - Abd-el-Mélek - Ibn-Mekki, seigneur de Cabes, se rallia à la même cause. Alors s'effectua le triomphe que Dieu avait prédestiné à un misérable intriguant ainsi que la profanation du trône des khalifes par le corps d'un imposteur. Pour les détails de cette révolution nous renvoyons le lecteur à cette partie de notre ouvrage qui traite de la dynastie hafside. Le sultan Abou-Hass parvint enfin à désabuser les Arabes et à les détacher de la cause du prétendant. Plus tard, les Debbab méconnurent son autorité, et comme il fit marcher contre eux son général Abou-Abd-Allah-el-Fezazi, ils envoyèrent demander secours au neveu du sultan, l'émir Abou-Zékérïa, qui gouvernait alors la ville de Bougie et la partie occidentale de l'Ifrikia. Un des membres de cette députation |