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eurent pour chef Hariz-Ibn-Ali-Ibn-Amer-Ibn Ali-Ibn-Chebana. Les chefs des Guezoula invoquèrent le secours de cette tribu contre les habitants du Sous, et, secondés par elle, ils vainquirent leurs ennemis. Ce fut alors que les Chebanat se fixèrent dans ce pays. Quand ils l'eurent subjugué en entier, les Doui-Hassan allèrent s'emparer de Noul. Ceux-ci avaient demeuré anparavant dans le pays qui s'étend depuis Ras-el-Aïn et Garet jusqu'au Zîdour. Plus tard, ils firent la guerre à Ali-Ibn-Yedder et le tuerent dans une bataille. Garet est maintenant habité par les BeniOura. Le mot oura signifie voisinage en langue berbère.

HISTOIRE DES BENI-SOLEIM-IBN-MANSOUR.

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LISTE DE LEURS TRIBUS.

EXPOSITION DE LEUR ORigine et de LEUR GÉNÉALogie.

Les Beni-Soleim, peuple très-nombreux, formaient une des plus grandes d'entre les tribus descendues de Moder. Ils habitaient [la partie de l'Arabie appelée] le Nedjd. Leur aïeul Soleim était fils de Mansour-Ibn-Ikrima-Ibn Khaçafa-Ibn-Caïs. Partagée déjà en plusieurs branches dans les temps anté-islamiques, cette tribu reconnaissait pour chefs les descendants d'Es-Cherîd-IbnRiah-Ibn-Thâleba-Ibn-Oçaïa -Ibn-Khafaf-Ibn-Imr-il-Caïs-IbnBohtha-Ibn-Soleim. Amr, fils d'Es-Cherid et chef de toutes les tribus modérites, laissa deux fils, Sakhr et Moaouïa dont le premier est [bien connu comme] le frère d'El-Khança. Cette femme épousa El-Abbas-Ibn-Mirdas, un des un des compagnons du Prophète,

et elle assista avec son mari à la bataille d'El-Cadicïa ?.

1 Le texte arabe des meilleurs manuscrits porte djouar; dans les autres on lit houar, mot qui ne diffère du précédent que par l'absence d'un point diacritique, et dont aucune des nombreuses significations ne se rend en berbère par oura. Je me suis assuré que ce mot, ainsi que plusieurs autres appartenant aux dialectes berbères de l'Afrique occidentale, est totalement inconnu aux habitants de la Cabilie algérienne.

2 Dans l'Essai de M. C. de Perceval on trouvera l'histoire de cette bataille et des personnages dont Ibn-Khaldoun fait mention ici. M. de Sacy, dans son commentaire sur les Séances de Hariri, fait mention d'El-Khança, femme dont le véritable nom était Tomadir. Il y rapporte quelques fragments des élégies qu'elle composa sur la mort de son frère.

Au nombre des tribus soleimides on comptait les Oçaïa, les Riel et les Dekouan, peuplades contre lesquelles le Prophête de Dieu lança des imprécations parce qu'elles avaient assassiné quelques-uns de ses partisans. A la suite de cette malédiction les trois tribus perverses tombèrent dans une déconsidération et un oubli complets.

Du temps des Abbacides les Soleim se faisaient remarquer par leur esprit de brigandage et d'insubordination; de sorte qu'un khalife de cette dynastie enjoignit à son fils de ne jamais épouser une femme de cette tribu. Comme ils poussaient leurs incursions jusqu'au territoire de Médine, le gouvernement de Baghdad envoya des troupes contre eux et les fit poursuivre et châtier, même au milieu de leurs déserts. Lors des troubles suscités par les Carmats, les Soleim et les Beni-Ocaïl-Ibn-Kab formèrent une alliance avec Abou-Taher-el-Djennabi et ses fils, chefs de cette secte hérétique et émirs de la province de Bahrein 1. Après la chute de la puissance carmatienne, les Beni-Soleim s'emparèrent de Bahrein, et, à l'imitation de leurs anciens alliés, ils proclamèrent leur adhésion aux doctrines chîites. Sous la dynastie des Bouides, les Beni-'l'-Asfer-Ibn-Taghleb occupèrent cette province au nom des Abbacides et en expulsèrent les Soleim. Les membres de la tribu proscrite se rendirent dans la Haute-Égypte, d'où El-Mostancer les fit transporter en Ifrîkïa par son vizir ElYazouri, en les chargeant d'aller combattre El-Moëzz-Ibn-Badîs, émir qui venait de répudier la domination fatemide, ainsi que nous l'avons dit plus haut 2. Ils traversèrent alors le Nil avec les tribus hilaliennes et se fixèrent, pendant un temps, à Barca et aux environs de Tripoli. De là iis passèrent en Ifrîkïa, province où l'on trouve, encore aujourd'hui, quatre grandes branches de cette tribu, savoir: les Zoghb3, les Debbab, les Héïb et les Auf.

1 Voyez sur Abou-Taher l'introduction à l'Histoire des Druzes, de M. de Sacy, et le Dictionnaire biographique d'Ibn-Khallikan, volume 1, page 426 et suivantes, de la traduction.

2 Voyez page 30 et suivantes.

3 La tribu des Zoglib, famille soleimide, ne doit pas être confondue avec celle des Zoghba, famille hilalienne dont l'auteur a déjà parlé.

Voici comment Ibn-el-Kelbi expose la généalogie de Zoghb Zoghb, fils de Nacera, fils de Khafaf, fils d'Imr - il - Caïs, fils de Bohtha, fils de Soleim; mais Abou - Mohammed - et Tidjani, docteur tunisien, dit, dans son Rihla (ou voyage)', que Zoghb était fils de Djerou-Ibn-Malek-Ibn-Khafaf; il le considère même comme le père de Debbab et de Zoghb-el-Asgher [le cadet], ancêtres de deux branches soleimides qui se trouvent actuellement en Ifrikïa. Abou-'l-Hacen-Ibn-Saîd dit : « Zoghb, » était fils de Malek, fils de Bohtha, fils de Soleim. Sa tribu >> occupait le territoire situé entre les deux villes saintes [la » Mecque et Médine], mais elle est maintenant en Ifrikïa avec ses sœurs [les autres tribus sorties de la même souche]. Deb>> bab était fils de Malek et petit-fils de Bahtha. >> Dieu sait lequel de ces trois auteurs a raison, mais il est évident que la généalogie donnée par Ibn-Said ressemble beaucoup à celle que nous fournit Et-Tidjani; elles seront même identiques si nous supposons qu'Ibn-Saîd ait oublié le nom de Djerou dans la sienne.

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Héïb était fils de Bohtha-Ibn-Soleim; le territoire occupé par ses descendants s'étend depuis la frontière de Barca qui touche à l'Ifrîkïa jusqu'à la petite Acaba, du côté d'Alexandrie. Ils se fixèrent dans cette région après que leurs frères [les autres Arabes] furent entrés en Ifrîkïa. La première branche des Héïb que l'on rencontre en partant de l'Occident est celle des BeniAhmed, peuplade qui habite Adjedabia et les environs. Sa force la rend formidable aux caravanes de pèlerins, mais elle reconnaît la supériorité des Chemmakh. La tribu des Chemmakh renferme un grand nombre de familles et tient le premier rang parmi les

1 Ce rihla renferme le récit d'un voyage entrepris dans les états de Tunis, Tripoli et Bougie, par Abou-Yahya-Zekérïa-Ibn-Ahmed-elLihyani, grand cheikh des Almohades-hafsides, sous le règne du khalife hafside Abou-Acida. L'auteur de cet ouvrage se nomme Abou-Mʊhammed-Abd-Allah-Ibu-Ibrahim-et-Tidjani. Il dit être parti avec ce prince vers la fin de l'an 706 (décembre 1305). Plus tard il devint secrétaire d'Abou-Yahya-Zékérïa-el-Lihyani, proclamé khalife au mois de redjeb 744. Une traduction inédite de ce voyage a été faite par M. Alphonse Rousseau.

2 Voy. page 9, note 4.

Héïb parce qu'elle est maitresse de cette portion du pays fertile de Barca qui renferme le Merdj. A l'orient des Chemmakh, et jusqu'à la grande Acaba on rencontre une autre branche de la tribu de Héïb, les Beni-Lebid. Ceux-ci sont très-nombreux et font souvent la guerre aux Chemmakh. A l'est des Beni-Lebîd et jusqu'à la petite Acaba habitent les Chemal et les Mohareb. Le commandement de ces deux tribus appartient aux Azaz, famille mieux connue sous le nom des Azza. Ces diverses subdivisions de la tribu de Héïb occupent une longue bande de pays dans laquelle elles ont détruit toutes les villes et où ils n'ont laissé subsister aucun gouvernement régulier, aucune autorité excepté celle de leurs cheikhs. Elles ont pour sujets quelques Berbères et Juifs qui se livrent à l'agriculture et au commerce. Parmi ces tribus demeurent plusieurs fractions des Rouaha et des Fezara..

De tous les chefs des Arabes nomades qui habitent aujourd'hui le pays de Barca, le plus distingué se nomme Abou-Dib. Je ne sais à quel aïeul on doit rapporter son origine, mais les membres de sa tribu prétendent qu'il appartient aux Azza. Il y a, cependant, des personnes qui le regardent comme faisant partie des Beni-Ahmed, tandisque d'autres le considèrent comme étant descendu de Fezara. Quant à cette dernière opinion, elle est peu probable, puisque les Arabes de la tribu de Fezara sont en très-petit nombre dans ce pays et que les Héïb y dominent; comment, d'ailleurs, une famille quelconque pourra-t-elle exercer le commandement dans une tribu dont elle ne fait pas partie?

Auf était fils de Behtha-Ibn-Soleim. Ses descendants habitent la région qui s'étend depuis la rivière de Cabes jusqu'au territoire de Bône. Ils forment deux grandes tribus : les Mirdas [ou Merdès] et les Allac. Ceux-ci se subdivisent en deux branches: les Beni-Yahya et les Hisn. Il paraîtrait, cependant, d'après les poèmes composés par Hamza-Ibn-Omar, chef des Kaoub, et far d'autres poètes modernes appartenant à cette race d'Arabes, que

Le merdj ou prairie est situé au sud-est de Ptoléméta, à la dislance d'environ deux lieues. Quelques débris de l'ancienne ville de Barca s'y voient encore. (Della Cella, Beechey.)

(

Yahya et Allac étaient frères. Les Beni-Yahya forment trois branches Himyer, Delladj et Rîah. Himyer se partage en deux fractions Terdjem et Kerdem. De Kerdem sortent les Kaoub, descendants de Kâb-Ibn-Ahmed-Ibn-Terdjem. La tribu de Hisn se subdivise aussi en deux branches : les Beni-Ali et les BeniHakim.

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Nous allons maintenant parler successivement de toutes ces tribus. Elles passèrent le Nil à la suite des Beni-Hilal et s'établirent à Barca. Quand le cadi Abou-Bekr-Ibn-el-Arebi 1 échappa au naufrage avec son père, après avoir vu engloutir le navire qui les portait, ce fut là qu'il aborda. Les Kaoub y étaient alors, et il trouva auprès de leur chef un accueil fort bienveillant, comme il nous le raconte lui-même dans son Rihla ou récit de voyage.

Quand Ibn-Ghanîa et Caracoch-el-Ghozzi vinrent allumer la guerre aux environs de Tripoli et de Cabes, une foule d'Arabes, avides de pillage, et quelques bandes, formées d'un mélange de diverses tribus, embrassèrent le parti de ces aventuriers. Les Beni-Soleim aussi combattirent plusieurs fois sous leurs ordres. Caracoch ayant fait mettre à mort quatre-vingts kaoubiens, le reste de cette tribu se réfugia à Barca et demanda secours aux tribus de Debkel-Ibn-Himyer et de Rîah, branches des Soleim. Aidés par ces Arabes, les Kaoub résistèrent à Caracoch jusqu'à ce que sa mort, et ensuite celle d'Ibn-Ghanîa, fussent venues mettre fin à la guerre et raffermir la dynastie hafside sur le trône de l'Ifrikïa.

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Après avoir perdu son collègue Caracoch, Ibn-Ghanîa continua sa lutte contre l'autorité d'Abou - Mohammed le hafside. Les Soleim embrassèrent la cause de celui-ci, mais les Douaouida, branche de la tribu de Rîah, se mirent aux ordres de leur ancien chef, Masoud-el-Bolt qui venait de s'échapper du Maghreb, et prirent le parti d'Ibn-Ghanîa. Masoud et ses fils restèrent atta

La vie de ce célèbre écrivain mystique se trouve dans le Dictionnaire biographique d'Ibn-Khallikan. (Voy. la traduction anglaise de cet ouvrage, vol in, page 13.) Ibn-el-Arebi naquit à Séville en 468 (1076) et mourut en 543 (1448), en se rendant de Maroc à Fez.

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