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I arriva le seize à H.-bou-Rouba en passant par H.Oulad-Messaoud, au sud de Foggarat-el-Zoua, par la gorge d'Aguelman, l'oued El-Ethel, H.-Insokki, DaïatSafsaf et H.-Djemel.

Après deux jours de recherches inutiles, pendant lesquelles trois mehara poussèrent une pointe jusqu'à H.-el-Bakra, il fut décidé que, les environs d'Ouargla paraissant complètement déserts, l'expédition se rabattrait dans la direction de Metlili, et, le 19 au soir, elle arriva à H.-el-Hadjer. Là, deux des Oulad-Ba-Hammou, dont les mehara étaient trop fatigués pour suivre plus longtemps, reprirent le chemin d'In-Salah. Leurs compagnons continuèrent alors leur route, et, le 22 à 8 heures du matin, découvrirent de loin, à un kilomètre des puits de Noumerat, où ils voulaient aller boire, une nezla de quinze tentes.

La plupart des hommes de ces tentes, qui appartenaient toutes à la fraction des Oulad-Allouch des ChâambaBerezga, étaient alors à El-Ateuf. Deux seulement s'y trouvaient présents, et le kebir du douar, Cheikh ben Tahar avec trois autres, faisait boire les chameaux aux puits.

A la vue du rezzou, les deux hommes restés au campement, les femmes et les enfants se sauvèrent précipitamment pour aller rejoindre ceux-ci en leur portant des armes. Sans perdre un instant, Cheikh ben Tahar envoya deux de ses neveux âgés d'une quinzaine d'années, l'un à El-Ateuf, l'autre à Metlili, pour donner l'alarme; puis, dès qu'ils furent partis sur de bons mehara qu'ils montèrent sans selles, il se porta au-devant de l'ennemi avec les cinq hommes dont il disposait. Pendant ce

Cheikh ben Djoudi et Hamona ben Cheikh : cinq Touareg des KelKhela, Neffeni Ould Zidir, Cheikh Mohamed et El-Meneir, ses fils, Mohamed Ould Sidi Ali et Idda-ag-Guemmam; trois Oulad-BaHammou: Bou Hafs ben Rabah, Kadi et Abd-el-Kader Ould Cheikh ; deux Zoua: Ahmed, et Cheikh ben Mohamed ben El-Hadj elRahamni.

temps-là, les Châamba qui avaient aperçu près du douar sept chameaux appartenant à des Mozabites, s'en étaient emparés, et les Touareg, mieux montés, avaient couru jusqu'aux tentes; mais ils n'y trouvèrent pas grand chose, et revinrent presque aussitôt, emportant seulement un tellis, une peau de bouc, et un burnous.

L'un d'eux cependant (1) qui avait devancé ses compagnons, voyant attachée au piquet, sa selle sur le dos, la jument de Cheikh ben Tahar, s'était empressé de la dérober; mais, en essayant de la mettre au galop pour aller couper le passage aux deux messagers envoyés au Mzab et à Metlili, il fit un faux mouvement et tomba, entraînant la selle, dans les étriers de laquelle il se trouva pris, sous le ventre de la bête. Il parvint à se dégager en coupant les sangles avec son sabre, mais non sans blesser assez grièvement la jument qui se trouvait dans un état de gestation avancé, et qu'il dut, par suite, abandonner.

(A suivre).

LE CHATELIER.

(1) Neffeni Ould Isdir.

LES

BEN-DJELLAB
ᎠᎫᎬᏞᏞᎪᏴ

SULTANS DE TOUGOURT

NOTES HISTORIQUES

SUR

LA PROVINCE DE CONSTANTINE

(Suite. Voir les nos 133, 135, 136, 137, 140, 141, 142, 146, 147, 151, 152, 153, 154, 155, 160, 161, 162, 164, 165, 166, 167, 168, 169, 170, 173 et 174.)

Mais n'anticipons pas sur les événements. Il nous reste, en effet, à rappeler ici le retentissement et les conséquences que les événements de Djedda eurent chez la plupart des tribus du sud de la province pendant une période de deux ou trois ans, c'està-dire de 1858 à 1860. Au milieu d'un calme profond, alors que les populations jouissaient enfin de tous les biens que donne la paix, des insurrections éclataient encore sur divers points. Le fanatisme seul déterminait ces levées de boucliers, qui auraient assurément pris une gravité redoutable sans la bonne organisation de nos troupes. Ceux qui ne connaissent la vie intime de l'Arabe et le fond de son caractère se font difficilement une idée de sa crédulité, de sa facilité avec laquelle ce peuple prête l'oreille aux chérifs qui cherchent à exciter son fanatisme. Ce fanatisme, loin d'être éteint, se rallume toujours avec une vigueur

extraordinaire au souffle du premier imposteur venu qui prêche la guerre sainte.

L'agriculture développée, la sécurité et la facilité des communications, l'écoulement des produits, la richesse publique augmentée, voilà de quels avantages nous les avions déjà dotés à cette époque. Ils le sentaient bien, mais toutes ces considérations s'effaçaient devant le sentiment de haine qui leur faisait encore éprouver l'idée que la terre sacrée de l'Islamisme était souillée par le pied du Chrétien.

L'Arabe du Sud vit au jour le jour. Aujourd'hui est tout pour lui, il ne pense jamais au lendemain. Le seul avenir qui le préoccupe est celui que le Prophète promet aux fidèles. Il doit, pour voler à la guerre sainte, quitter sans hésiter sa famille, sa tente, saisir son fusil, sauter en selle: mourir sera pour lui une récompense. Combien ne doit pas être redoutable un peuple d'un caractère aussi impressionable? Soldat et cavalier par nature, frémissant au bruit de la poudre, aussi prompt à prendre ses armes qu'à brider son cheval attaché devant sa tente, toujours prêt à partir, sans s'occuper d'autre chose que d'examiner sa poudrière et de faire jouer la batterie de son fusil. Où le conduit-on? Il n'en sait rien et ne s'en préoccupe pas. On lui a dit qu'il allait gagner le ciel en combattant l'infidèle.... Rien ne peut l'arrêter. Joignez à cela que sa crédulité lui fait ajouter foi aux contes les plus absurdes; que son imagination est vivement frappée par des légendes et des prédications dont le merveilleux et le fantastique semblent à ses yeux être le cachet de leur origine divine. Que l'on se rende compte, enfin, de la rapidité avec laquelle se propagent les moindres nouvelles et l'on ne sera plus étonné du rôle important que les chérifs ont toujours joué chez les Arabes. Leurs têtes sont comme des grains de poudre qui s'em flamment spontanément.

Les deux énergumènes auteurs des nouvelles révoltes, dont nous allons successivement rappeler les épisodes, étaient Si Sadok-ben-El-Hadj et Si Mohammed-ben-bou-Khentach. Le premier était originaire des Oulad-Sidi-Mansour, marabout des Oulad-Youb. Il s'était toujours tenu dans la montagne de l'Ahmar. Khedou, près de Biskra, n'ayant jamais voulu vivre au contact

du Chrétien. Lors de l'insurrection de Khanga, il avait servi da lieutenant à Sidi Abd-el-Afid; puis, aux affaires de Zaatcha, il s'était mis à la tête d'un contingent de sept cents fusils pour défendre les assiégés. Ces antécédents démontrent suffisamment le caractère fanatique du personnage dont l'ardeur guerrière aurait dû se refroidir par les échecs subis naguère. Il a été démontré que Si Sadok avait reçu la visite d'émissaires arrivant secrètement d'Orient, comme il en était arrivé également dans les montagnes de la Kabylie orientale dont la population se révolta au même moment, c'est-à-dire à un signal simultané parti d'un centre religieux quelconque, de la zaouia senoussienne probablement.

A dater de ce moment, Si Sadok entreprenait des tournées pastorales chez les khouans de l'ordre de Sidi Abd er-Rahman dont il était le mokaddem dans cette région. Des. réunions avaient lieu, et comme le meilleur moyen d'intéresser ses audileurs et de faire abonder les aumônes est toujours de parler contre les Chrétiens, le massacre de Djedda fut présenté comme le signal d'un mouvement général en faveur de l'Islamisme. Les imaginations se montèrent au récit de bruits exagérés et même absurdes habilement répandus. Nous pumes bien, un instant, fermer les yeux, afin de ne point augmenter l'influence du marabout Si Sadok, tout en surveillant ses menées. L'exaltation, si rien ne l'avivait, pouvait tomber d'elle-même, et au lieu de susciter des complications en punissant immédiatement les agitaleurs, il semblait alors possible d'attendre un moment plus convenable pour arriver à ce châtiment sans déplacement de forces.

Jusqu'au mois de novembre 1858, le mouvement séditieux n'avait pas fait encore de grands progrès. Si Sadok sembla même un instant effrayé du rôle qu'il allait jouer; mais un de ses fils, Si Brahim, connu pour son exaltation et son fanatisme agissait en son nom et parcourait incessamment les tribus. Triomphant de l'hésitation de son père, il lui faisait écrire des lettres pour appeler à la guerre sainte. Une de ces lettres, apportée dans les premiers jours de novembre à Sidi-Okba par un nommé BouGriba, devait être lue sur le marché. Lorsque les gens de cette

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