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au monde, et voulant consacrer le reste de ses jours à la dévotion, il se fit bâtir un château sur le bord du Molouïa, à l'extrême limite du territoire mérinide. Il y habite encore aujourd'hui, et les princes de la maison de Merîn continuent à le traiter avec une haute considération à cause des services qu'il a rendus à leurs pères. Ils le prennent pour conseiller intime, et ils emploient toujours son entremise quand ils ont des affaires importantes à régler avec les rois et les grands des autres pays. Pour cette raison les souverains voisins, les chefs arabes et les gouverneurs des provinces ont toujours les yeux fixés sur lui.

Abou-Bekr et Mohammed, frères de Ouenzemmar, étant rentrés dans leur tribu, firent assassiner Meimoun, dans sa tente, par quelques-uns de leurs dépendants et serviteurs. Après ce méfait, ils s'emparèrent du commandement des nomades.

En l'an 767(1365-6), les Hosein proclamèrent la souveraineté d'Abou-Zîan et soutinrent ce prince dans une tentative de révolte contre son cousin, le sultan Abou-Hammou. Dès lors, la puissance des Arabes se fit sentir de nouveau, et ce peuple commença à envahir les pays occupés par les Zenata. S'étant alors établis dans les parties du Tell que le gouvernement zenatien ne pouvait plus défendre, ils entrèrent dans le Maghreb central par tous les défilés que l'on avait laissés sans gardes, et s'avancèrent dans l'intérieurde la province, maisgraduellementet lentement comme l'ombre que projette le soleil.

A la suite de cette invasion, les Zoghba obtinrent des territoires considérables, bon gré, mal gré, le sultan ayant dû accorder toutes leurs demandes. Aux tribus amies il donnait des apanages pour récompenser leurs services et s'assurer leur attachement; aux tribus ennemies, il en concéda d'autres afin de mettre un terme à leurs brigandages.

De cette manière, les Zenata se virent obligés d'évacuer une portion considérable de leur propre territoire et de se retirer dans leurs provinces maritimes, pendant que chaque tribu de ces Arabes obtint, sur le Tell, la possession des lieux qui avoisinaient les régions qu'elle fréquentait dans le désert. Les Beni-Yezid redevinrent maîtres des pays du Hamza et de Beni-Hacen, et ils

refusèrent même de payer l'impôt; les Beni-Hosein occupèrent la campagne de Médéa; les Attaf, celle de Miliana; les Dïalem, le pays d'Ouzina, et les Soueid, tout le territoire des Beni-Toudjîn, à l'exception du Ouancherîch, où les difficultés du terrain s'opposaient à leur progrès. Une fraction de la tribu de Toudjîn restait encore dans cette localité et reconnaissait pour chefs les enfants d'Omar-Ibn-Othman, de la tribu d'El-Hachem, branche des Beni-Tigherîn.

Quant aux Beni-Amer [-Ibn-Zoghba], ils occupent le pays qui s'étend depuis Teçala et Melèta jusqu'au Zîdour, et de là, à Guedara, montagne qui domine Oran. Le sultan se réserva les villes de ce territoire à l'exception de Kelmîtou et de Mazouna, dont il concéda la première à Abou-Bekr, fils d'Arîf, et la seconde à Mohammed, fils d'Arîf. Du reste, son gouvernement abandonna aux Beni-Amer tout le plat pays, et il s'en fallut de bien peu qu'ils ne s'emparassent aussi des grandes villes. Mais tout commencement est suivi d'une fin, et à chaque chose il y a un terme écrit; aussi [leur progrès s'est arrêté et] ils se trouvent encore dans l'emplacement que nous venons d'indiquer.

Aux environs d'El-Batha se trouve une autre branche des Soueid appelée les Habra et que l'on regarde comme descendue de Modjaher-Ibn-Soueid, bien qu'ils se disent eux-mêmes appartenir à la famille d'El-Micdad-Ibn-el-Asoued', laquelle faisait partie de la tribu de Behra, branche de celle de Codâa. Il y en a aussi parmi eux qui veulent rattacher leur tribu à celle de Todjîb, branche de la tribu [himyerite] de Kinda. Dieu seul sait la vérité à cet égard.

Parmi les nomades soueidiens on rencontre une peuplade de pasteurs appelée Sobeih. Elle tire son origine de Sobeih-IbnEiladj-Ibn-Malek [-Ibn-Zoghba], et se fait respecter par son nombre et sa puissance. Quand les nomades de la tribu de Soueid se mettent en marche, elle les accompagne, et elle s'arrête avec eux aux mêmes lieux de station.

1. Micdad-Ibn-el-Asoued fut un des principaux compagnons de Mahomet. Il mourut à Médine en l'an 33 (653-4), à l'âge de 70 ans. (Tehdib-el-Asmá.)

La tribu de Hareth-Ibn-Malek fournit deux branches, les Attafet les Dïalem. Les premiers occupent une partie du territoire située au midi de Miliana, et les familles d'entre eux qui s'appliquent à la vie nomade reconnaissent pour chefs les fils de ZianIbn-Yacoub-Ibn-Mouça-Ibn-Yacoub-Ibn-Naser-Ibn-Aroua-IbnMansour-Ibn-Abi-'d-Dib-Ibn-Hacen-Ibn-Eiad-Ibn-Attaf-Ibn[Roumi-Ibn-Hareth]; elles obéissent aussi à la famille d'un neveu du même [Zîan] appelé Ali-Ibn-Ahmed. Parmi eux se trouve une fraction de la tribu de Nizar, branche de celle d'Athbedj. Le sultan leur a concédé les impôts du Djebel-Derrag et du territoire qui s'étend depuis cette montagne jusqu'au Chélif. Le Quancherich sépare leur pays de celui qu'occupent les Soueid.

Les Dialem habitent au midi du Ouancherich, et ils possèdent le pays d'Ouzina, situé aussi au midi de cette montagne. Leur chef, Sàd-Ibn-Abbas-Ibn-Ibrahîm, appartient aux Aulad-Ibrahim-Ibn-Rizc-Ibn-Réaïa-Ibn- Mezrouà -Ibn-Saleh-Ibn-Dilem. Avant lui, l'autorité avait été exercée par son oncle, Abou-YahyaIbn-Ibrahim; mais le sultan Abou-Einan, ayant fait arrêter ce chef à l'instigation d'Arîf-Ibn-Yahya, l'avait laissé mourir en prison.

Les Dïalem forment plusieurs subdivisions, telles que les Benibou-Ziad-Ibn-Ibrahim-Ibn-Roumi, les Dehacna (les Dihcan), descendants de Dihcan-Ibn-Hacen [-Ibn-Ibrahim], et les BeniNoal, autres descendants de Hacen [-Ibn-Ibrahîm]. Toutes ces familles sont sœurs de celle de Dîlem-Ibn-Hacen. On y compte de plus les Beni-Akerma-Ibn-Mezrouâ-Ibn-Saleh, famille que l'on appelle aussi les Akarema.

Dans les combats livrés par les Beni-Malek aux Beni-Amer, les Attaf et les Dialem étaient toujours moins nombreux que les Soueid et les alliés de ceux-ci ; et cela, parce que l'esprit de corps n'était plus si fort chez eux que chez les autres descendants de Malek. Les Soueid avaient bien la supériorité du nombre, mais les Dïalem avaient plus de courage et s'aventuraient plus au loin dans le Désert.

A côté des Dialem, sur le Tell, on trouve une branche des Hareth appelée Beni-Gharîb-Ibn-Hareth. Elle y est établie à de

meure fixe et se trouve obligée à payer l'impôt au sultan et à lui fournir un contingent de troupes. Son occupation est d'élever des moutons et des boeufs. Le droit de lui commander appartient à la famille Mezrouà-Ibn-Khalifa-lbn-Khalouf-Ibn- Youçof-IbnBerka-Ibn-Monahef-Ibn-Mektoab-Ibn-Mania-Ibn-Moghîth-IbnMohammed-Ibn-el-Hareth. Ce Mohammed portait le surnom d'El-Gharib (l'étranger), et c'est de lui qu'ils tirent leur nom. Le commandement en second est exercé chez eux par les AuladYouçof. Toutes leurs familles s'appellent d'une manière collective les Aulad-bou-Manià, et toutes leurs branches confédérées reconnaissent pour chefs les Bou-Kamel.

Les Beni-Amer-Ibn-Zoghba occupent l'extrémité du territoire habité par les Zoghba dans le Maghreb central. Autrefois, ils demeuraient dans la partie orientale de cette région, mais à présent, on les trouve établis au midi de Tlemcen, à côté des Makil. Pendant un temps, les Beni-Amer vivaient avec les Beni-Yezid comme s'ils ne faisaient qu'une seule et même tribu, et tous les étés, ils allaient les visiter dans le Hamza, à Dehous et à BeniHacen, afin d'obtenir d'eux leur approvisionnement de blé1. Même jusqu'à ce jour, les Beni-Yezid reconnaissent aux Beni-Amer le droit de prélever chez eux un impôt qui consiste en une certaine quantité de grains. On dit que les Beni-Amer ont joui de ce privilège depuis le temps où ils fréquentaient le pays des BeniYezîd.

Selon un autre récit, Abou-Bekr-Ibn-Zoghli, s'étantvu enlever le territoire de Dehous par les Riah, fit un appel aux Beni-Amer. Plusieurs fractions de cette tribu vinrent à son secours, et dans le nombre, les Beni-Yacoub, sous la conduite de Dawoud-IbnAttaf, les Beni-Hamid, conduits par Yacoub-Ibn-Moarref et les Chafaï, commandés par Saleh-Ibn-Balegh. Les Riah furent défaits à Sour-] Ghozlan, et Ibn-Zoghli, voulant donner à ses alliés un témoignage de sa reconnaissance, leur assigna [un don annuel de mille gherara ou sacs de blé) à fournir par le territoire

1. Dans le texte arabe, je lis éirahom à la place de ghairahom, en supprimant le point diacritique de la lettre ghaïn. Les manuscrits offrent la même leçon que le texte imprimé.

des Beni-Yezîd. La coutume de payer le gherara se maintint très longtemps.

Dans la suite, Yaghmoracen transporta les Beni-Amer dans le territoire qu'ils occupent à présent aux environs de Tlemcen. Il les y établit afin d'opposer une barrière aux envahissements des Arabes makiliens. Pendant l'hiver, ils parcourent les régions du Désert, et au printemps, ils montent dans le Tell, pour y passer la saison de l'été.

Les Beni-Amer se partageaient d'abord en trois branches : les Beni-Yacoub-Ibn-Amer, les Beni-Hamid-Ibn-Amer et les BeniChafaï-Ibn-Amer. Cette dernière se sépara en deux familles : les Beni-Checara et les Beni-Motarref, lesquelles se subdivisèrent aussi en plusieurs ramifications. Des Beni-Hamîd sortirent les Beni-Obeid, et de ceux-ci les Hedjez, appelés aussi les BeniHidjaz. Hidjaz lui-même eut deux fils: Hadjouch et Hadjîch. Hadjouch fut père de Hamed, Mohammed et Rebab. Mohammed eut pour descendants les Ouelalda, enfants de Quellad, fils de Mohammed. Rebab aussi laissa de la postérité que l'on connaît aujourd'hui sous le nom de Beni-Rebab. Les descendants d'Ocaïl, fils d'Obeid, s'appellent les Ocala, et ceux de Mahrez-Ibn-HamzaIbn-Obeid portent le nom de Meharez. Le droit de commander aux descendants de Hamîd appartenait à Allan, un des Mahrez, le même que tua Hadjouch, aïeul des Beni-Rebab.

Sous les règnes de Yaghmoracen et de ses fils, les Beni-Amer eurent pour chef un membre de la famille des Beni-Yacoub, nommé Dawoud-Ibn-Hilal-Ibn-Attaf-Ibn-Redad-Ibn-KerichIbn-Abbad-Ibn-Maniâ-Ibn-Yacoub. Les Beni-Hamid avaient aussi leur chef, mais il n'était que le lieutenant de celui des BeniYacoub. Lechef des Hamid appartenait à la famille de Rebab-IbnHamed-Ibn-Hadjouch-Ibn-Hidjaz-Ibn-Obeid-Ibn-Hamîd, famille que l'on appelle aussi les Hedjez. Du temps de Yaghmoracen c'était Moarref-Ibn-Saîd-Ibn-Rebab qui les commandait. Il était lieutenant de Dawoud [-Ibn-Hilal-Ibn-Attaf], comme nous venons de le dire. Dawoud se brouilla avec Othman, fils de Yaghmoracen, en prenant sous sa protection Abou-Zékérïa, fils du sultan hafside Abou-Ishac. Ce jeune prince venait de s'échapper de

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