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les Oméïades avaient établis dans le Maghreb en furent expulsés par ce général. A la suite de cette victoire, Djouher reprit la route de l'Ifrikia, et, ayant incorporé la ville de Tèhert dans la province gouvernée par Ziri-Ibn-Menad, il fit son entrée à Cairouan accompagné de ce chefainsi que des Fatemides (Idrîcides) du Maghreb, et traînant à sa suite Ahmed-Ibn-Bekr et Mohammed-Ibn-Ouaçoul enfermés dans des cages. Le jour de son arrivée à El-Mansourïa fut une véritable fête.

Pendant quelque temps, Caïcer et Modaffer, affranchis d'ElMansour, se partageaient toute l'autorité en Maghreb, le premier ayant sous la main les provinces orientales de ce pays et le second les provinces occidentales; mais, en l'an 349 (960-1), ils furent arrêtés et mis à mort par l'ordre de leur souverain.

L'année suivante les Chrétiens s'emparèrent de Crète, île habitée par les descendants des musulmans espagnols qu'El-HakemIbn-Hicham [Toméïade] avait déportés en Egypte à cause de la part qu'ils avaient prise à la révolte du faubourg (er-rebed de Cordoue1. Arrivés à Alexandrie, ces proscrits s'emparèrent de la ville; assiégés ensuite par Abd-Allah-Ibn-Taher, gouverneur de l'Égypte, ils capitulèrent, à la condition d'être envoyés en Crète où leur émir, Abou-Hafs[-Omar-Ibn-Choaïb]-el-Bellouti, parvint dans la suite à se rendre indépendant. Les descendants de ce chef y régnaient encore, quand les Chrétiens arrivèrent avec une flotte de sept cents navires, conquirent toute l'ile, tuèrent une partie des habitants et réduisirent le reste en esclavage 2. Jusqu'à nos jours, Crète est demeurée au pouvoir des infidèles.

En l'an 351, Ahmed, [fils d'El-Hacen-Ibn-Ali-el-Kelbi, seigneur de la Sicile, obtint possession de Taormine, forteresse dont la garnison [grecque] se rendit à discrétion après un siège

1. Le rebed, ou faubourg, de Cordoue, fut détruit par El-Hakem, l'an 202 (818), parce que les habitants s'étaient mis en révolte. Pour les détails de cet événement, voir la continuation de l'Art de vérifier les dates, t. II, p. 362.

2. Romain II occupait alors le trône de Constantinople; ce fut son général Nicéphore Phocas qui acheva cette conquête.

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de neuf mois. Il donna à sa nouvelle conquête le nom d'ElMoëzzïa, en l'honneur d'El-Moëzz, seigneur de l'Ifrîkïa, et il y établit une population musulmane. Il mit ensuite le siège devant Rametta, autre forteresse de ce pays. Les habitants demandèrent des secours à leur souverain, seigneur de Constantinople, et ce prince leur envoya des troupes par mer et par terre. Ibn-elHacen, de son côté, sollicita des renforts d'El-Moëzz, et bientôt un corps de troupes, commandé par El-Hacen, fils de ce monarque, arriva au port de Messine. Ayant alors réuni toutes ses forces, le gouverneur de la Sicile en envoya une partie contre Rametta, dont le blocus avait déjà été formé par El-Hacen-IbnAmmar, et il marcha avec le reste contre les Grecs, bien résolu de vaincre ou de mourir. Attaquant l'ennemi avec impétuosité, il en tua le commandant et plusieurs patrices, mit en déroute les bandes chrétiennes et les culbuta dans un ravin profond. Après s'être emparé de leur camp et de leurs bagages, il serra Rametta de si près que la garnison ne put plus se procurer de vivres et laissa enlever la place d'assaut. Les débris de l'armée grecque s'embarquèrent et mirent à la voile, mais ils ne purent échapper à la flotte d'Ahmed-Ibn-el-Hacen. Plusieurs de leurs navires furent incendiés ou pris par les musulmans, dont quelques-uns se jetèrent à l'eau pour les aborder à la nage. Ahmed envoya alors des troupes contre les villes qui étaient encore occupées par les Grecs, et, en ayant fait piller et dévaster les environs, il contraignit les habitants à payer la capitation. Cette campagne, appelée l'Expédition du Détroit, eut lieu en l'an 354 (965).

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La mort de Kafour l'ikhchidite, gouverneur de l'Égypte 1, causa une grande perturbation dans ce pays; la disette et l'esprit

T. II.

1. Pour la vie de Kafour, voir le second volume de la traduction d'Ibn-Khallikan.

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et du Maghreb. A cette occasion, il lui donna le nom de Youçof et le surnom d'Abou-'l-Fotouh (père des victoires). Il ne voulut cependant pas lui accorder aucune autorité sur la Sicile et il confia le gouvernement de Tripoli à Abd-Allah-Ibn-Yakhlof le ketamien. La perception de l'impôt des biens meubles (djebaïat-el-amoual) fut donnée à Zîadet-Allah-Ibn-el-Cadîm 1, et celle de l'impôt territorial (kharadj), à Abd-el-Djebbar-el-Khoraçani et à Hocein-Ibn-Khalef-el-Marsedi. Ceux-ci furent placés sous le contrôle de Bologguîn. Vers la fin de Choual 361 (août 972), ElMoëzz établit son camp en dehors d'El-Mansourïa, et, s'étant porté à Sardènïa, il y passa quatre mois, afin de réunir ses troupes et d'organiser l'administration de l'empire. Ayant appelé auprès de lui les membres de sa famille et les gouverneurs des provinces, il partit pour l'Égypte, emportant les trésors de l'empire et le mobilier du palais. Bologguîn, qui l'accompagna jusqu'à une petite distance, reçut alors son congé et revint au siège du gouvernement.

Pendant qu'El-Moëzz marchait sur Tripoli, une partie des populations se retira dans les montagnes de Nefouça, pour se mettre hors d'atteinte. Arrivé à Barca, en Redjeb 362 (avrilmai 973), il perdit son poète favori, Mohammed-Ibn-Hani-elAndeloci, qui fut trouvé assassiné au bord de la mer. Dans le mois de Chaban (mai-juin), il fit son entrée à Alexandrie et reçut de la manière la plus gracieuse les notables du Vieux-Caire (Misr).

1. " El-Moëzz, ayant confié à Youçof-Bologguin le gouvernement de » l'Ifrikïa, nomma Abou-Moder-Ziadet-Allah-Ibn-Obeid-Ailah-Ibn-el» Cadim directeur général de tous les bureaux établis dans les pro» vinces de l'empire (pour la perception de l'impôt). » — (En-Noweiri, man. no 702, fol. 29 recto.) Ibn-Haucal avait connu ce Zîadet-Allah; voir, dans le Journal asiatique de 1842, sa description de l'Afrique,

n° CXLI.

2. La vie de ce poète andalousien, que ses contemporains plaçaient au niveau d'El-Motenebbi, le plus illustre des poètes de l'Orient, se trouve dans ma traduction d'Ibn-Khallikan, vol. III, p. 125.

Le 5 du mois de Ramadan (10 juin), il entra au Nouveau-Caire (El-Cahera), ville qui devint le lieu de sa demeure et qui fut habitée par ses successeurs jusqu'à la chute de sa dynastie 1.

1. Pour d'autres détails, voir la Vie d'El-Moëzz, par M. Quatremère. La dynastie fatemide fut renversée par Saladin.

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