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sein que l'émir Abou-Yahya-Abou-Bekr, fils d'Abou-Zékérïa. Il passa les premières années de sa vie sous les yeux du sultan et ce fut aux soins de ce prince qu'il dut l'avantage d'une excellente éducation. Parvenu à l'âge viril, il gagna la faveur de YacoubIbn-Ghamr, et, protégé par ce ministre, il obtint une position qui, en lui ouvrant la carrière des hauts commandements, le fit entrer au nombre des amis et favoris du prince. Le sultan AbouYahya-Abou-Bekr, voulant envahir l'Ifrîkïa, confia à Ibn-elHakim le commandement d'une division de l'armée.

Après la mort d'Ibn-Ghamr, Ibn-el-Hakîm fut nommé au gouvernement de Bédja, en remplacement d'Ibn-Séïd-en-Nas, promu à celui de Bougie. Son aptitude aux affaires se fit bien reconnaître à la manière dont il administra la province de Bédja, une des plus importantes de l'empire.

Quand le sultan consulta ses intimes sur les moyens à prendre afin de renverser le pouvoir d'Ibn-Séïd-en-Nas, ce fut Ibn-elHakim qui se chargea d'arrêter ce fonctionnaire. Pour accomplir ce coup de main, il se cacha avec une bande des intimes dans un cabinet du jardin de Ras-et-Tabîa, et fit dire à Ibn-Séïd-en-Nas que le sultan désirait lui parler. Au moment où le chambellan passa auprès du cabinet, ils se jetèrent sur lui, et, l'ayant garrotté, ils le traînèrent à la tour de la citadelle que l'on tenait toujours disposée pour le châtiment 'de grands personnages. Ce fut Ibn-el-Hakim qui présida à l'interrogatoire du prisonnier et qui le fit mourir dans les tortures.

Il reçut alors du sultan le commandement en chef des troupes, l'administration de l'état et le gouvernement de tout l'empire, hormis la capitale. Le secrétariat des commandements et le visa des mandats du trésor furent confiés à Ibn-Abd-el-Azîz. Ces deux fonctionnaires se partagèrent ainsi tout le poids de l'administration; mais, de même que l'épée l'emporte sur la plume,

1. Littéralement pour le redressement ou correction. Dans le texte arabe il y a une transposition de lettres; la vraie leçon est lithicaf.

de même le ministre d'état, chef de l'armée 1, l'emporta sur le secrétaire. Ibn-el-Hakîm s'acquitta parfaitement des devoirs que sa nouvelle position lui imposa.

1. Dans le texte arabe, il faut lire er-riaçataïn, à la place d'erraïçaïn, ou bien supprimer ce dernier mot.

T II.

FIN DU TOME SECOND

31

APPENDICES.

I

(Extrait de l'Encyclopédie d'En-Noweiri 1.)

ORIGINE ET GÉNÉALOGIE DES ZIRIDES 2.

Le premier de cette famille qui exerça l'autorité suprême fut Abou-'l-Fotouh (le père des victoires) -Bologguîn-Youçof, fils de Zîri. Menad, père de Zîri, était fils de Menkouch, fils de Zenag [Sanhadj], fils de Zeid le petit, fils de Ouachfak, fils de Zîcouch (?), fils d'Ouzghafi, fils de Seri, fils d'Outleki, fils de Soleiman, fils d'El-Hareth, fils d'Adi le petit, surnommé El-Mothenna, fils d'El-Misouer, fils de Yahsob, fils de Malek, fils de Zeid le grand, [fils d'El-Gouth le petit, fils de Sâd-Abd-Allah, fils d'Auf, fils d'Adi, fils de Malek, fils de Zeid, fils de Cheddad, fils de Zerâ. Celui-ci, nommé aussi Himyer, était fils de Seba le petit, fils de Kâb, fils de Zeid, fils de Sehl, fils d'Amr, fils de

1. Voir t. I, p. 313.

2. Dans les chapitres que nous donnons ici, En-Noweiri expose l'origine des Zirides d'après Ibn-Cheddad, historien qui appartenait à cette famille et qui cherchait toujours à en relever l'importance. Dans l'exécution de sa tâche, il n'a pas hésité à confondre les faits et les personnes, à sacrifier la vérité de l'histoire, à altérer les dates et à imaginer une généalogie qui pût rattacher son aïeul Ziri aux Himyerites, ancienne et illustre dynastie des Arabes antéislamiques. Nous avons toutefois reproduit les premiers chapitres de ce roman, parce qu'ils renferment quelques détails qui paraissent être vrais et quelques faits auxquels d'autres historiens ont fait allusion.

Caïs, fils de Moaouïa, fils de Djochem, fils d'Abd-Chems, fils de Ouathel, [fils de Haidan,] fils d'El-Ghauth, fils de Coten, fils d'Auf, fils d'Arîb, fils de Zoheir, fils d'Aïmen, fils d'El-Homeiça, fils d'Amr, fils de Himyer-el-Arendjedj, fils de Seba1, fils de Yechdjob, fils de Yarob, fils de Kahtan, fils d'Aber (Heber), lequel est le même personnage que Houd 2.

Telle est la généalogie donnée par Ezz-ed-Dîn-Abou-Mohammed-Abd-el-Azîz, fils de Cheddad, fils d'El-Moëzz, fils de Badis, dans son ouvrage historique intitulé El-Djemê ou El-Baïan fi Akhbar il-Maghreb ou el-Cairouan (Recueil et Elucidation touchant l'histoire du Maghreb et de Cairouan).

Ce fut en l'honneur de cette famille qu'un poète composa les vers suivants :

Possesseurs d'un royaume et d'une couronne qui fut justement fière d'emprunter l'éclat de leur gloire,

Ces princes jetèrent les fondations de la digue de Mareb3, ouvrage colossal qui n'aurait cependant pas suffi à contenir le torrent de leur générosité.

1. Pour rattacher la famille des Zîrides à la souche de Himyer-IbnSeba l'ancien, la personne qui composa cette généalogie intercala entre les noms purement berbères qui forment la véritable liste ancestrale de cette maison et le nom de Himyer, fils de Seba le petit, une série d'aïeux imaginaires, portant tous des noms arabes. En remontant de Seba le petit jusqu'à Himyer l'ancien, ce d'Hozier musulman a commis plusieurs bévues, ainsi que l'on peut facilement le reconnaître à l'inspection du tableau I des généalogies arabes que M. Caussin de Perceval a donné dans son Essai sur l'histoire des Arabes. La prétendue généalogie des Zîrides est reproduite dans le Dictionnaire biographique d'IbnKhallikan, texte arabe, vol. I, p. 143 de l'édition de cet ouvrage publiée à Paris par M. de Slane. Elle se retrouve aussi dans le Kharida, espèce d'anthologie et de biographie poétique que composa le célèbre Eimaded-Din, secrétaire-rédacteur du sultan Saladin. Voir le manuscrit de la Bibliothèque nationale no 1375, ancien fonds, fol. 59, recto.

2. Voir l'Essai de M. de Perceval, t. I, p. 14.

3. La digue du Mareb fut construite par Locman, un descendant de Himyer l'ancien, fils de Seba. Voir à ce sujet, l'Essai de M. C. de Perceval.

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