Souvenirs d'un vieux critique

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Calmann Lévy, 1884 - 12 pages
 

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Fréquemment cités

Page 299 - Roi, je ne trouvai personne ; je m'assis dans un coin et j'attendis '.Tout à coup une porte s'ouvre : entre silencieusement le vice appuyé sur le bras du crime, M. de Talleyrand marchant soutenu par M. Fouché ; la vision infernale passe lentement devant moi, pénètre dans le cabinet du Roi et disparaît.
Page 186 - Je me rappellerai éternellement quelques soirées passées dans cet abri de l'amitié : nous nous réunissions, au retour de la promenade, auprès d'un bassin d'eau vive, placé au milieu d'un gazon dans le potager...
Page 268 - Dans ces moments, il me semble que ma conscience se retire dans son éternité; elle regarde circuler au dedans d'elle ses astres et sa nature, avec ses saisons et ses myriades de choses individuelles; elle s'aperçoit, dans sa substance même, supérieure à toute forme, contenant son passé, son présent et son avenir, vide qui renferme tout, milieu invisible et fécond, virtualité d'un monde qui se dégage de sa propre existence pour se ressaisir dans son intimité pure. En ces instants sublimes...
Page 186 - ... c'était un égoïste qui ne s'occupait que des autres. Afin de retrouver des forces, il se croyait souvent obligé de fermer les yeux et de ne point parler pendant des heures entières. Dieu sait quel bruit et quel mouvement se passaient intérieurement chez lui, pendant ce silence et ce repos qu'il s'ordonnait.
Page 193 - Je ne sais s'il a jamais existé une intelligence plus fine que celle de ma femme : elle devine la pensée et la parole à naître sur le front ou sur les lèvres de la personne avec qui elle cause : la tromper en rien est impossible. D'un esprit original et cultivé, écrivant de la manière la plus piquante, racontant à merveille, madame de Chateaubriand m'admire sans avoir jamais lu deux lignes de mes ouvrages...
Page 174 - Le cerveau brûlé par le raisonnement a soif de simplicité, comme le désert a soif d'eau pure. Quand la réflexion nous a menés au dernier terme du doute, ce qu'il ya d'affirmation spontanée du bien et du beau dans la conscience féminine nous enchante et tranche pour nous la question.
Page 218 - Il demeurait à l'Abbaye-aux-Bois, où il avait une seule pièce servant à la fois de chambre à coucher, de salle à manger et de salon.
Page 181 - ... d'illusions. Courage, courage, nature! Poursuis, comme l'astérie sourde et aveugle qui végète au fond de l'Océan, ton obscur travail de vie; obstine-toi; répare pour la millionième fois la maille de filet qui se casse, refais la tarière qui creuse, aux dernières limites de l'attingible, le puits d'où l'eau vive jaillira. Vise, vise encore le but que tu manques depuis l'éternité; tâche d'enfiler le trou imperceptible du pertuis qui mène à un autre ciel. Tu as l'infini de l'espace...
Page 173 - ... de la scolastique, qui avait deux natures. Une de mes moitiés devait être occupée à démolir l'autre, comme cet animal fabuleux de Ctésias qui se mangeait les pattes sans s'en douter. C'est ce que ce grand observateur, Challemel-Lacour, a dit excellemment : « Il pense comme un homme, il sent comme une femme, il agit comme un enfant.
Page 258 - Depuis bien des années le Dieu immanent m'a été plus actuel que le Dieu transcendant, la religion de Jacob m'a été plus étrangère que celle de Kant ou même de Spinoza. Toute la dramaturgie sémitique m'est apparue comme une œuvre d'imagination. Les documents apostoliques ont changé de valeur et de sens à mes yeux. La croyance et la vérité se sont distinguées avec une netteté croissante. La psychologie religieuse est devenue un simple phénomène et a perdu la valeur fixe et nouménale....

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