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Dans son beau livre sur l'Energie Française, M. Gabriel Hanotaux, évoquant le spectacle d'une Afrique du Nord étroitement rattachée à la mère patrie, la doublant en étendue et en force, dit que « là sera un jour la pépinière des hommes, la source des richesses nouvelles, la position culminante sur le continent triangulaire et massif, aux plateaux escarpés, qui domine les trois mers ».

Et saluant l'activité féconde du colon français «sur l'autre côte de la Méditerranée », il ajoute : « Aujourd'hui, ce ne sont ni les courages ni les initiatives qui font défaut, tout au contraire. On retrouve bien ces hommes «qui ont besoin de projets et ces hommes «qui ont besoin d'espérance » dont parlait Talleyrand. Jusque dans ses parties les plus lentes et les plus sédentaires, la nation s'ébranle. Les terres sont là, immenses; elles sont riches et fécondes. Mais elles réclament de longs sacrifices, une mise de fonds, des capitaux. Les capitaux, non plus, ne nous manquent pas; seulement, ils hésitent. Telle est la situation présente. >>

Ces paroles s'appliquent à merveille à l'œuvre entreprise à l'Enfida et à Sidi-Tabet par un groupe de Français énergiques, confiants dans l'avenir de la Tunisie et désireux d'associer leurs efforts au vaste programme d'expansion coloniale poursuivie par les hommes d'Etat de la troisième République. Et pourtant, combien de nos compatriotes connaissent la valeur des résultats déjà obtenus par leur ténacité inlassable? Si tous savent le nom de l'Enfida et de Sidi-Tabet, combien ont suivi le persévérant labeur poursuivi sur ce sol par les hommes qui avaient assumé la lourde tâche de créer là deux nouveaux centres de colonisation française?

Ce fut d'abord le fondateur même de la Société Franco-Africaine, M. Rey, qui mourut en 1899, après avoir su, à force d'intelligence et de diplomatie conciliatrice, triompher de toutes

les difficultés du début. «Jamais l'on ne saura assez, m'écrivait récemment un de ceux qui appréciaient le plus son caractère et sa valeur intellectuelle, quel esprit de suite, quelle ardeur et en même temps quelle prudence il lui fallut déployer dans la conduite de cette affaire. »

Continuateur de ces sages traditions, M. Feraud, le président actuel, a su maintenir à cette importante association son bon renom et la haute situation morale que sa loyauté en affaires et la réalisation scrupuleuse des engagements contractés lui avaient valu auprès des pouvoirs publics.

C'est à M. Louis Gros qu'échut la mission de rechercher, en qualité d'administrateur délégué, (1) les solutions les plus propres à assurer la bonne exécution du programme de mise en valeur de l'Enfida. Tâche délicate, précisément parce que la terre exige «de longs sacrifices,............ des capitaux ».

M. Louis Gros comprit à merveille que, pour mener à bien cette œuvre, il fallait une direction assez souple pour se plier à toutes les exigences du milieu, assez novatrice pour tenter les combinaisons les plus diverses, assez hardie pour faire appel à toutes les bonnes volontés. Ce triple point de vue a été clairement exposé par cet administrateur distingué dans les rapports annuels que publie la Société.

«Les procédés de culture de nos locataires, dit-il dans le

(1) Le Conseil d'administration de la Société Agricole et Immobilière Franco-Africaine, société anonyme au capital de trois millions (siège social, 77, rue Paradis, Marseille) constitué pour l'exploitation de l'Enfida et de Sidi-Tabet, est composé ainsi qu'il suit :

MM. Augustin FERAUD, officier de la Légion d'honneur, président.

Amédée RODRIGUES, chevalier de la Légion d'honneur, vice-président.
Louis GROS, officier du Mérite agricole, administrateur délégué.
Albert ARMAND, chevalier de la Légion d'honneur.

Henri GAZAgne.

René MILLET, commandeur de la Légion d'honneur.
Edmond MONTAMAT.

Jules-Charles Roux, commandeur de la Légion d'honneur.
Périclès ZARIFI, officier de la Légion d'honneur.

rapport de 1904, sont à ce point rudimentaires et primitifs que le succès de leurs travaux est compromis par tout accident dans la marche normale des saisons.....

«Cette incurie et les insuccès qu'elle entraîne et qui se traduisent par des déficits dans les recouvrements sont l'objet de nos préoccupations et nous étudions avec méthode et persévérance les moyens, sinon de triompher d'un tel état de choses, du moins de l'améliorer dans toute la mesure du possible.»

Et, dans un autre document, M. Louis Gros indique comment, par le métayage ou la cession définitive à des agriculteurs français, on peut pallier a ces inconvénients:

« Ces agriculteurs deviendraient en quelque sorte des moniteurs dont l'exemple et les succès encourageraient les locataires arabes à modifier leurs procédés de culture, à renoncer à leurs instruments aratoires si imparfaits et à se préserver aussi de bien des mécomptes. >>

Collaboration des indigènes, colonisation au moyen des Européens et plus particulièrement des Français, exploitation directe par la Société, tels sont en somme les trois termes du problème que M. Louis Gros s'est proposé de résoudre à l'Enfida.

Pour la réalisation de ce programme, il a eu la bonne fortune d'avoir à ses côtés, en M. Alfred Coeytaux, un régisseur capable de suivre ses instructions, de se conformer au plan adopté, d'être le fidèle agent d'une entreprise profitable tout à la fois au bien de la Société et au développement de la colonisation française en Tunisie.

« C'est parmi les parents de notre régisseur, dit encore l'Administrateur délégué, parmi les fils des employés que nous avons pu recruter les premiers fermiers ou métayers réunis sur le domaine. »

Les résultats obtenus en dix ans de labeur par M. Achille Coeytaux, le jeune colon dont nous publions le journal, indiquent suffisamment la valeur de la méthode.

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