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NOUVELLES ET MÉLANGES.

LETTRE ADRESSÉE A M. MOHL.

Monsieur,

En cherchant, il y a quelques mois, dans les archives des Indes à Séville, des renseignements sur les premiers temps de l'histoire d'Amérique, j'ai trouvé quelques papiers relatifs à la Chine, que je voudrais signaler à la curiosité de plusieurs de nos collègues de la Société asiatique. J'avais rencontré, dans la correspondance des vice-rois de la Nouvelle-Espagne avec le roi, certains passages sur la Chine, lorsque mon attention fut appelée par l'archivero sur une masse de papiers relatifs aux îles Philippines (1760-1770), qui contenait, entre autres, deux volumes manuscrits; un dictionnaire et une grammaire de la langue chinoise. Ces volumes, envoyés de Manille pour être imprimés aux frais du roi, avaient été soumis au conseil des Indes, renvoyés par le conseil à l'examen d'un comité, et, enfin, laissés ensevelis dans les rapports pour ou contre, dont ils avaient été l'occasion.

Le dictionnaire est en espagnol et en chinois; le chinois est écrit en caractères romains. Le manuscrit a 652 pages; il est très-bien écrit et a pour auteur le père Ortiz, un des premiers missionnaires espagnols en Chine.

La grammaire est du fray Juan Rodriguez, moine de l'ordre de saint Augustin. Elle commence par une longue introduction ou traité sur la langue chinoise. L'auteur est sévère dans sa critique de la grammaire de Fourmont, et déclare n'avoir jamais rencontré de Français, d'Espagnols, d'Anglais ou de Hollandais, enfin personne, qui ait pu apprendre le chinois en se servant de ce livre. Quelquesuns ont bien pu, dit-il, y apprendre quelques mots et quelques phrases, mais leur conversation aurait été comme celle d'un porteur d'eau des Asturies à Madrid, qui aurait essayé de parler castillan.

Je suis tout à fait incompétent pour avancer une opinion sur le mérite ou l'importance de ces volumes; mais le fait de leur compo

sition, à une époque où peu d'Européens s'occupaient de la langue chinoise, doit, je suppose, leur donner un certain intérêt aux yeux des sinologues.

Parmi les lettres du vice-roi de la Nouvelle-Espagne à Philippe II, il s'en trouve une datée de Mexico, 22 mai 1574, laquelle contient un curieux passage sur les premiers rapports commerciaux de l'Espagne avec la Chine. Le vice-roi entrevoyait peu d'avantage pour l'Espagne à étendre ses relations avec les Chinois. Il dit : « Depuis que j'ai écrit à votre Majesté, par l'Aviso, j'ai vu quelques-unes des choses qui ont été achetées des Chinois, et je tiens le tout pour un commerce de peu d'importance, où même il y a plus à perdre qu'à gagner. Tout ce qu'on apporte en effet se réduit à de mauvaises soieries dont la trame est le plus souvent en herbe, à quelques brocarts faux, des éventails, des porcelaines et des cabinets en laque (escritorios), etc. de fait si je me conformais aux vrais principes d'administration, de tout ce qu'ils apportent ici je n'en laisserais rien entrer dans le pays; car en échange c'est de l'or et de l'argent qui s'en va, les Chinois étanзsez bien avisés pour ne vouloir rien autre chose. On me dit qu'ils at déjà tiré de ces îles plus de quarante mille ducats en argent et en or1. »

D

Le vice-roi se plaint aussi de ce que les Chinois sont trompeurs et de mauvaise foi, et ajoute que, si le commerce doit continuer et devenir avantageux, il sera nécessaire d'envoyer des hommes entendus (hombres de negocios) pour visiter le pays et examiner avec soin quelles sont ses productions.

L'année suivante, Philippe II envoya en Chine la première ambassade. Dans l'Historia del gran Reyno de la China, par Mendoza (Rome 1585), se trouve la relation, non-seulement des premières missions religieuses des moines espagnols en Chine, mais encore celle des ambassades de Philippe II. La première, qui se composait

1 «Despues que escrivi a vostra magestad en el navio de Aviso, he visto algunas cosas de las que han traido rescatadas de los Chinos, y tengolo todo por cosa pequeña y antes por contratacion dañosa que provechosa; por que todo quanto traen son unas sedas muy miserables, que las mas dellas traen la trama de yerba, y unos brocateles falsos, y ventalles, y porcelanas, y escritorios, y en efecto todo quanto traen, si yo no tuviera respecto a mas que al buen gobierno desta tierra, no permitiera que entrara en este reyno ninguna cosa dellos, y en recompensa desto llevan oro y plata, y son tan agudos que ninguna otra cosa quieren. Dizen me que sacaron mas de quarenta mil ducados en oro y en plata de las islas. »

de quarante personnes, partit de Séville en 1575; mais le vaisseau sur lequel elle était embarquée fit naufrage en vue des îles Philippines; les papiers et les présents furent volés par les naturels, et les chefs de l'ambassade massacrés.

En 1581 on fit une nouvelle tentative. Mendoza lui-même fut l'ambassadeur choisi par Philippe. Il s'était rendu à Mexico, et était prêt à partir pour aller s'embarquer à Acapulco, quand le vice-roi, comte de Coruña, l'empêcha de continuer sa route, retint à Mexico les présents destinés aux Chinois, et renvoya l'ambassadeur à Lisbonne, alors au pouvoir de Philippe. Mendoza déclare lui-même qu'il ne peut comprendre la cause de ce rappel.

Dans les lettres du comte de Coruña au roi, en 1581 et 1582, il y a de fréquentes allusions à cette ambassade, que le vice-roi désapprouve vivement, en appuyant son opposition sur l'avis du procurador des Philippines. Ce fonctionnaire, dans une lettre au vice-roi, dont la copie, envoyée à Philippe II, est conservée à Séville, déclare que l'expédition occasionnera une dépense que les Philippines ne peuvent guère supporter; que des difficultés se rencontrent à chaque pas; qu'il faut envoyer de beaux présents; qu'une querelle s'élèvera probablement avec le garde-côte, qui a des ordres rigoureux de tenir éloignés tous les étrangers dont les Chinois sont excessivement jaloux ; qu'une autre difficulté serait le manque d'interprètes compétents, les franciscains de Macao étant les seuls qu'on pût espérer de trouver; qu'enfin, la côte étant infestée par des corsaires, les navires devaient être armés, ce qui augmenterait considérablement la dépense.

Je serais heureux, monsieur, si ces notes présentaient quelque intérêt pour vous-même ou pour quelques-uns des membres de la Société asiatique, et je profite de cette occasion pour vous prier d'agréer, etc.

George SUMNER.

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Je me propose de rassembler et d'expliquer dans cet article plusieurs textes propres à faire juger du caractère de cette Divinité, qui joue un rôle considérable dans le Zend Avesta. Le Yaçna renferme trois chapitres qui sont consacrés à sa louange, et c'est principalement à ces chapitres que je compte emprunter les textes sur lesquels je désire appeler l'attention des philologues et des mythographes. Lorsque ces passages auront été expliqués, j'essayerai d'en faire un résumé mythologique, destiné

1 Voyez Journal Asiatique, III série, tom. X, sqq. p. 320

sqq.

P.

5

sqq. p. 237

à mettre en lumière le rôle de cette Divinité. Je commence mes emprunts par l'analyse d'une portion considérable du chapitre Ix du Yaçna. Je distinguerai ces passages par des numéros, pour la facilité des recherches.

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हाऊश्रनाया: गुरुतायां किल हाऊनसंध्यायां हूमः उपेयिवान् जरथुश्त्रं प्राप्तवान् श्रग्निं परितः पावयन्तं किल मिस्थानं परिवर्तुलं स्नापितुमभीप्सन्तं गाथाश्च समुद्गिरन्तं तत् श्रशिंवोत्रयं ब्रुवाणं य [1. यत् ? 2 ] फुऊराने प्राक् ॥ तस्मादापृच्छत् जरथुश्त्र : को नरोऽसि अहो इस्तो ' न प्राक् बभूव पुरः प्रकटत्वात् श्रसौ परिज्ञातवान् यत् मो ऽयं समेति । यदि च समागतो

1 Ms. Anq. n° 11 F. pag. 78; n° vI S. pag. 35; n° IIT S. pag. 49. Vendidad Sade, pag. 38; éd. Bombay, p. 42; ms. Manakdjî, pag. 170.

Le fra du mot suivant est surchargé dans le manuscrit de Manakdji, ce qui justifie ma conjecture.

3 Le manuscrit de Manakdjî est encore surchargé en cet endroit; on y peut deviner «dans le Yaçna. »

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