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1.616

MAY 161881

Atr1020.1

Minot fund.

Les Sanhadja, une des tribus berbères les plus considérables
par leur nombre, ont continué, jusqu'à nos jours, à former la
majeure partie de la population du Maghreb. Chaque montagne,
chaque plaine de cette région renferme une peuplade sanhadjienne:
c'en est au point que bien des personnes les regardent comme
formant le tiers de toute la race berbère. Lors de l'apostasie des
Berbères et de leurs révoltes contre les émirs de l'Ifrîkïa, évé-
nements dont on a déjà lu le récit, les Sanhadja se firent remar-
quer par leur insubordination. Pour faciliter l'intelligence de la
notice que nous allons donner ici, nous reproduirons une partie
de ces renseignements o.

Voy. tome 1, pag. 224 et suiv.

Les Sanhadja sont les enfants de Sanhâdj, nom dont la pre-
mière lettre doit recevoir dans la prononciation un léger mélange
du son du z, et dont la dernière lettre [le dj] est un k se rap-
prochant du g. Entre l'n et l'a du même mot, les Arabes ont
inséré un h, afin de l'adapter au génie de leur langue. Par suite
de ces changements, Zanag est devenu Sanhadj 2.

Les généalogistes berbères disent que la tribu de Sanhadj a
pour aïeul Bernès, fils de Berr; mais Et-Taberi et Ibn-el-Kelbi
regardent les Sanhadja et les Ketama comme descendant de
Himyer. Nous avons déjà mentionné cette opinion dans notre
chapitre sur les Ketama. Parmi les traditions que l'historien
Et-Taberi rapporte à ce sujet, on lit que Sanhadj était fils d'Isou-
gan, fils de Meiçour, fils d'El-Fend, fils d'Ifricos, fils de Caïs.
Quelques généalogistes prétendent qu'il était fils d'El-Mothenna,
fils d'El-Mansour, fils d'Es-Sabah, fils de Yahsob, fils de Malek,
fils d'Amer, fils de Himyer le jeune, fils de Seba. Telle est aussi
la généalogie rapportée par Ibn-en-Nahoui, historien de la
dynastie sanhadjienne; il le fait descendre de Yahsob, person-
nage dont nous avons fait mention dans la généalogie des tribus
himyerides ; mais la chose n'est pas comme il le dit. Les généa-
logistes berbères les plus exacts disent que Sanhadj était fils
d'Asîl, fils de Zéazâ, fils de Tîmta, fils de Sedder, fils de Mou-

L'auteur essaie ici de peindre la prononciation du mot Zanag ou
Sanague: il est impossible de la représenter exactement à l'aide des
lettres arabes.

Les philologues arabes prétendent qu'il faut prononcer Sinhadj ou
Sonhadj. Ils paraissent ne s'être pas doutés que ce mot est une altéra-
tion de Zanag.

3 Voy. vol I, pag. 291.

▲ Variante: Nasrgan.

Jusqu'à présent le traducteur n'a pu recueillir aucun renseignement
au sujet de cet historien.

• Pour la généalogie des Himyerides, voyez l'Essai de M. C. de Per-
ceval, tableau I.

7 Variante: Amil.

lan, fils de Mesleten, fils de Serr, fils de Mekcîla, fils de Dîcous, fils de Halhal, fils de Cherou, fils de Misraïm, fils de Cham. Ils ajoutent que Guezoul, Lamt, Heskoura et Sanhadj naquirent tous de la même mère, laquelle était fille de Zahhîk-Ibn-Madghis et se nommait Tiski-el-Ardja. Ces quatre frères furent appelés les Enfants de Tiski. De ceci il faudrait conclure que les quatre tribus berbères dont nous venons d'indiquer les noms descendent de quatre frères, enfants d'une même mère; mais Dieu sait si cela est vrai.

« Les Sanhadja forment plusieurs branches, savoir les >> Telkata [ou Tolokkata], les Andjefa, les Cherta, les Lem>> touna, les Messoufa, les Guedala, les Mendaça, les Beni>> Ouareth et les Itîcen. Les Andjefa se composent des Beni» Mez-Ouaret 2, des Beni-Celît, des Fechtala et des Melouana 3.» Voilà ce que rapportent quelques généalogistes berbères dans leurs livres; mais certains historiens de la même nation déclarent que le nombre des branches dans lesquelles la tribu de Sanhadja se partage est de soixante-dix.

Selon Et-Taberi et Ibn-el-Kelbi, la partie du Désert occupée par les Sanhadja s'étendait à une distance de six mois de marche. Les Telkata, une des plus grandes divisions de la tribu, fondèrent la première dynastie sanhadjite. Ils étaient établis à demeure fixe, dans le territoire qui sépare le Maghreb central de l'Ifrîkïa ; mais les Messoufa, les Lemtouna, les Guedala et les Cherta vivaient sous la tente et habitaient le Désert. Les Andjefa, la branche la plus considérable de la tribu de Sanhadja, formait plusieurs ramifications dont chacune occupait un territoire différent.

Les Sanhadja étaient clients de la famille d'Ali-Ibn-Abi-Taleb [gendre de Mahomet], de même que les Maghraoua l'étaient du khalife Othman; mais j'ignore de quelle manière cette relation

1 Variante: Islin.

2 Mez-Ouaret paraît être la traduction berbère du surnom arabe IbnQuareth (fils de Ouareth).

3 Dans les manuscrits, plusieurs de ces noms offrent des variantes; nous en avons signalé les principales dans l'édition du texte arabe.

vint à s'établir. Parmi les Sanhadjiens qui se distinguèrent sous la domination musulmane, on remarqua Thabet-Ibn-Ourzîdan‘, qui se révolta en Ifrîkïa sous le règne d'Es-Saffah, lors de la chute des Oméïades de l'Orient. On cite aussi Abd-Allah-IbnSekerdid; Abbad-Ibn-Sadec, général au service de HammadIbn - Bologguîn; Soleiman-Ibn-Bateinan-Ibn-Alîan, imam de Badis, fils de Bologguîn; la famille Hamdoun, vizirs des princes hammadites, et dont l'un, appelé Meimoun-Ibn-Djemîl, eut pour oncle maternel...... 3, directeur de l'approvisionnement de l'Espagne. Mais il serait trop long de les énumérer tous. Hamdoun, chef de la famille dont nous venons de faire mention, était fils de Soleiman, fils de Mohammed, fils d'Ali, fils d'Alîm.

Deux races sanhadjiennes fondèrent chacune un empire les Telkata en Ifrikïa et en Espagne; puis, les Messoufa et les Lemtouna en Maghreb. Ces deux dernières tribus faisaient partie de la population qui porte toujours le voile (litham), et on les distinguait par le surnom d'Almoravides. Nous traiterons de chacune de ces dynasties.

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Les Sanhadja de la première race descendaient de Telkat, fils Kert, fils de Sanhadj. Leur pays renfermait les villes d'El-Mecîla, Hamza, Alger, Lemdïa [Médéa], Milîana et les régions occupées de nos jours par les Beni-Yezîd, les Hosein, les Attaf, tribus zoghbiennes, et par les Thâleba. Au milieu des Sanhadja vivaient plusieurs peuplades ayant la même origine qu'eux et dont la postérité habite encore les territoires où leurs ancêtres avaient demeuré. Ces peuplades sont les Metennan, les Ouannougha, les

Les noms de plusieurs anciennes tribus berbères commencent par la syllabe our. Il paraît certain que ce mot est l'ancienne forme d'ou (fils). Ourzidan doit alors signifier fils de Zidan.

Dans le texte arabe, il faut probablement lire : Sekerdid kedalik. Telle est la leçon que nous avons adoptée dans la traduction.

› Dans les manuscrits, le nom a été laissé en blanc.

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