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la plus honorable, épargna la ville et reprit, la même matinée, le chemin de sa capitale, El-Calâ.

Après cette expédition, il tourna ses armes contre les Zenata et mena ce peuple si durement qu'il le força à se disperser dans le Zab et le Maghreb central. Rentré à Bougie, il attaqua les tribus qui en occupaient les environs, et leur fit éprouver tant de pertes qu'elles se jetèrent dans le Beni-Amran, le Beni-Tazrout, le Mansouria, le Sahrîdj, le Nador, le Hadjr-el-Maëz et autres montagnes presqu'inabordables. Jusqu'alors les souverains hammadites avaient attaqué ces tribus sans pouvoir les soumettre. Par des entreprises de cette nature, El-Mansour parvint à maintenir son autorité et à raffermir sa puissance.

Quand les Almoravides s'emparèrent de l'Espagne, Moëzz-edDola-Ibn-Somadeh, souverain d'Almeria, vint chercher un asile auprès d'El-Mansour. Ce monarque lui conceda Tedellis et l'établit dans cette ville.

La mort d'El-Mansour eut lieu en 498 (1104-5).

Badis, fils et succes

Règne de Badis, fils d'El-Mansour. seur d'El-Mansour, s'était déjà fait remarquer par la sévérité et la violence de son caractère; aussi commença-t-il son règne par confisquer les biens d'Abd-el-Kerîm-Ibn-Soleiman, vizir de son père, et par lui ôter la vie. D'El-Calà, il se transporta à Bougie où il fit éprouver le même sort à Seham, officier qui y commandait. Il mourut dans la première année de son règne et son frère El-Azîz lui succéda.

El-Azîz se trouvait

Règne d'El-Aziz, fils d'El-Mansour. à Djîdjel, où son frère l'avait relegué après l'avoir privé du gouvernement d'Alger, quand le caïd Ali-Ibn-Hamdoun le rappela à la capitale et le fit reconnaître pour souverain. Le mariage d'El-Azîz avec une fille de Makhoukh cimenta alors la paix que

Pour l'histoire de ce prince, voy. la continuation de l'Art de vérifier les dates, éd. in-8°, t. u, p. 491. Dans cet ouvrage, on donne à IbnSomadeh le titre de Hoçam-ed-Dola (glaive de l'empire).

le gouvernement hammadite s'empressa de conclure avec les Zenata. Ce monarque jouit d'un règne long et tranquille. Il se plaisait à faire venir des savants chez lui pour les entendre discuter des questions scientifiques.

L'île de Djerba, qu'il avait fait bloquer par sa flotte, se rendit à discrétion et reconnut son autorité. Tunis fut assiégé par ses troupes jusqu'à ce que le gouverneur, gouverneur, Ahmed-Ibn-Abd-el-Azîz,

fit sa soumission.

Sous le règne d'El-Azîz, les Arabes envahirent le territoire d'El-Calâ, au moment où l'on s'y attendait le moins, et ne s'en éloignèrent qu'après avoir saccagé tous les environs et forcé la garnison à s'enfermer dans la ville. Quand cette nouvelle fut connue à Bougie, El-Azîz fit partir un corps de troupes et un convoi d'approvisionnements sous la conduite de son fils Yahya et de son général Ali-Ibn-Hamdoun. L'arrivée de cette armée à El-Calâ mit fin au désordre et obligea les émirs arabes à solliciter leur grâce. Yahya leur accorda une amnistie et ramena ses troupes à Bougie.

Ce fut sous le règne d'El-Azîz, en l'an 512 (1118-9), que le Mehdi des Almohades arriva à Bougie, en revenant de l'Orient. Il joua dans cette ville son rôle de réformateur d'abus; mais, ayant été averti que le souverain délibérait sur la nécessité de le punir, il passa chez les Beni-Ourîagol, tribu sanhadjienne qui habitait la vallée de Bougie. Ayant obtenu la protection de ce peuple, il resta quelque temps avec lui et s'établit à Melala où il se mit à enseigner la loi divine. El-Azîz tenta de s'emparer de lui, mais les Beni-Ourîagol prirent les armes et continuèrent à défendre leur protégé jusqu'à son départ pour le Maghreb. El-Azîz mourut en l'an 515 (1121-2).

Règne de Yahya, fils d'El-Aziz. Yahya, fils et successeur d'El-Azîz, était d'un caractère mou et efféminé; il jouit, pourtant, d'un long règne. Dominé par les femmes et entraîné par l'amour de la chasse, il ne songea qu'à s'amuser pendant que l'empire tombait en dissolution et que les tribus sanhadjiennes s'éteignaient successivement autour de lui. Il changea le coinde

la monnaie, chose qu'aucun de ses prédécesseurs n'avait voulu ́faire, à cause de leur respect pour les droits des Fatemides. IbnHammad rapporte que les dinars (pièces d'or) de Yahya portaient sur chaque face des inscriptions disposées en trois lignes et en cercle. Le cercle d'une des faces offrait ces mots: Craignez le jour où vous serez ramenés devant Dieu; alors chaque âme sera rétribuée selon ses œuvres, et elles ne subiront aucune injustice. Les trois lignes de la même face se composaient de ces mots: Il n'y a point d'autre dieu que Dieu; Mahomet est l'envoyé de Dieu; Yahya, fils d'El-Aziz-Billah, l'émir victorieux, se place sous la protection de Dieu. Dans le cercle du revers on lisait: Au nom de Dieu, le Miséricordieux, le Clément ! ce dinar a été frappé à En-Naceria, en l'an cinq cent quarantetrois. Les trois lignes du revers renfermaient ces mots : L'imum est Abou-Abd-Allah-el-Moctafi-li-Amr-Illah, Emir-el-Mouminin, l'abbacide 3.

En l'an 543 (1448-9), il se rendit à la Calâ pour y faire des perquisitions et en emporter tous les objets de valeur qui y restaient encore.

Son général, le jurisconsulte Motarref-Ibn-Ali-Ibn-Hamdoun, marcha, par son ordre, contre Ibn-Forcan qui s'était révolté à Touzer, et ayant emporté cette ville de vive force, il lui envoya le chef rebelle. Ce malheureux fut enfermé dans la prison d'Alger et y passa le reste de ses jours. Selon un autre récit, Yahya

lui ôta la vie.

Dans une seconde expédition, Motarref s'empara de Tunis et mit le siége devant El-Mehdïa. La vigoureuse résistance que cette place lui opposa le fit renoncer à sa tentative et reprendre le chemin de Bougie'.

1 Coran, sourate II, verset 281.

A la lettre tient ferme à la corde de Dieu, expression tirée du Coran, sour. II, vers. 98.

3 On voit par ceci que Yahya, en changeant le coin de la monnaie, répudia la souveraineté des Fatemides et reconnut celle des Abbacides. • Motarref prit Tunis en 522 et assiégea El-Mehdïa en 530.-(Baïan.) - Voy. aussi p.p. 27 et 30 de ce volume.

Quand les chrétiens [de la Sicile] se rendirent maîtres d'ElMehdia, El-Hacen, le souverain qu'ils venaient de chasser, alla trouver Yahya-Ibn-el-Azîz, lequel l'envoya à Alger chez son frère, El-Caïd. Quand les Almohades marchèrent sur Bougie, ElCaïd abandonna Alger, et El-Hacen, que le peuple de cette ville prit alors pour chef, se rendit au-devant d'Abd-el-Moumen et parvint à leur concilier la bienveillance de ce monarque. Yahya plaça alors son frère Sebâ à la tête d'un corps de troupes et l'envoya contre les Almohades. La défaite de cette armée entraîna la chute de Bougie, et Yahya s'embarqua pour la Sicile afin de se rendre, de là, à Baghdad. Au lieu de pousser jusqu'à cette île, il alla débarquer à Bône, chez son frère 2 El-Hareth qui lui reprocha amèrement la faute qu'il venait de commettre en abandonnant ses états. Piqué d'un aussi mauvais accueil, il alla trouver son frère, El-Hacen, à Constantine, et le décida à lui remettre le commandement de cette forteresse. Sur ces entrefaites, les Almohades prirent d'assaut El-Calà et la détruisirent de fond en comble, après y avoir tué Djouchen, fils d'El-Azîz, et Ibn-ed-Dahhas, chef athbejite.

En l'an 547 (1152-3), Yahya prêta le serment de fidélité à Abd-el-Moumen, et lui céda la ville de Constantine moyennant certaines conditions que le souverain almohade remplit trèsexactement. Conduit à Maroc par l'ordre de ce prince, il y demeura jusqu'à l'an 558 (1463), quand il alla s'établir à Salé dans le château des Beni-Achera. Il y mourut la même année.

El-Hareth, fils d'El-Azîz, et seigneur de Bône, s'enfuit en Sicile, et ayant obtenu quelques secours du seigneur de cette île, il revint prendre possession de la ville qu'il avait abandonnée. Plus tard, il tomba au pouvoir des Almohades et mourut dans les tourments. Avec lui s'éteignit la dynastie des Hammadites.

De toutes les tribus issues de Telkata 3 il n'en reste plus une

1 Ci-devant, p. 28, on voit que le gouverneur d'Alger était fils d'ElAziz.

2 Ci-devant, p. 28, El-Hareth est désigné comme le frère d'El-Azîz, père de Yahya,

3 Le texte arabe imprimé porte, par erreur, Teklatta.

seule, à moins qu'on admette les prétentions de quelques peuplades qui habitent les bords de la rivière de Bougie et qui s'attribuent cette origine. Elles font aujourd'hui partie de la milice et ont la jouissance de certaines terres aux environs de la ville, sous la condition de marcher avec les troupes du sultan, toutes les fois que lui ou ses généraux se mettent en campagne.

HISTOIRE DE LA DYNASTIE SANHADJIENNE FONDÉE A GRENADE PAR HABBOUS-IBN-MAKCEN-IBN-ZÎRI 1.

Badîs, fils d'El-Mansour et petit-fils de Bologguîn-Ibn-ZîriIbn-Menad, proclamé souverain de l'Ifrîkïa en l'an 385 (995), confia à ses oncles et autres parents le commandement des forteresses de cet empire. A Hammad, il donna le gouvernement d'Achîr, et, à Itouweft, frère [de Hammad], celui de Tèhert. Ziri-Ibn-Atïa, seigneur de Fez et chef de la nation maghraouienne, envahit alors le territoire sanhadjien avec l'intention d'y faire reconnaître la souveraineté de Hichâm-el-Mouaïed, khalife de Cordoue, et vint, à la tête des Zenata, mettre le siége devant Tèhert. L'armée que Badîs envoya contre lui, sous la conduite de Mohammed-Ibn-Abi-'l-Arab, ayant essuyé une défaite dans le voisinage de cette ville, ce monarque marcha lui-même à la rencontre de l'ennemi; et, bien que Felfoul, fils de Saîd-Ibn-Khazroun et seigneur de Tobna, se fût révolté contre lui, il força Zîri-Ibn-Atïa à une prompte retraite. Ayant alors laissé dans Achir ses grands oncles, Zaoui, [Makcen,] Djelal, Arem et Mâhnîn, et ses oncles Hammad et Itouweft, il repartit pour Cairouan. En l'an 389, Zaoui et ses frères tramèrent une révolte contre Badîs et abandonnèrent Hammad à ses propres ressources, après lui avoir enlevé tous ses bagages. Abou-'l-Behar, fils de Zîri, qui se trouvait alors avec Badîs, craignit la colère de ce prince

1 Dans la continuation de l'Art de vérifier les dates, t. 1, p. 468, on trouvera une notice sur cette dynastie.

2 Le texte arabe et les manuscrits portent 386. Cette date est fausse.

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