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révolte d'Ibn-Séïd-en-Nas, père de celui-ci. Le sultan se décida alors à donner cet emploi à Dafer-el-Kebîr qui venait d'arriver du Maghreb.

Cet officier, affranchi de l'émir Abou-Zékérïa, s'était distigué par ses bons services sous le règne du sultan Abou-'l-Baca. Quand ce prince se vit menacé par son frère, le sultan AbouYahya-Abou-Bekr, Dafer alla se poster à Bédja avec l'armée, et quand El-Mezdouri marcha contre Tunis avec les Arabes de l'avant-garde d'Ibn-el-Lihyani, il se porta au-devant d'eux et leur livra bataille. Nous avons déjà mentionné qu'il essuya une défaite et tomba au pouvoir de l'ennemi. S'étant ensuite rendu auprès du sultan Abou - Yahya - Abou - Bekr, il fut réintégré dans la haute position qu'il avait déjà occupée. En l'an 743, après la mort d'Ibn-Thabet, il obtint le gouvernement de Constantine, mais ensuite, comme il donnait de l'ombrage à Ibn-Ghamr, il fut rappelé par le sultan et déporté en Espagne. Plus tard il repassa en Maghreb et s'établit auprès du sultan [mérinide] Abou-Saîd; puis, ayant appris la mort d'Ibn-Ghamr, il revint à Tunis où le sultan lui fit bon accueil. Ce fut justement alors que le chambellan Ibn-el-Caloun arriva de Bougie; aussi le sultan fixa son choix sur Dafer pour remplir les fonctions de chambellan auprès de l'émir Abou-Abd-Allah à Constantine.

Dafer se rendit à sa destination et remplaça par des gens à lui tous les Tunisiens employés dans la haute administration de la province. Parmi ceux qu'il renvoya on remarqua Abou-'l-AbbasIbn-Yacin, secrétaire de l'émir Abou-Abd-Allah, et Abou-Zékérïa-Ibn-ed-Debbagh, ministre des finances. Ces deux fonctionnaires étaient venus à Constantine dans la suite de l'émir.

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Mohammed-Ibn-Abi-Bekr-Ibn-Abi-Amran descendait d'Abou

Amran-Mouça, fils d'Ibrahîm, et petit-fils du cheikh Abou-Hafs,

1 Voy. p. 383 de ce volume.

qui avait gouverné l'Ifrikïa comme lieutenant de son cousin Abou-Mohammed - Abd-Allah, fils du cheikh Abou-Mohammed-Abd-el-Ouahed. Cette nomination lui fut adressée de Maroc par Abou-Mohammed à l'époque où il reçut le sien. Mouça y exerça le commandement pendant huit mois, jusqu'à l'arrivée de son cousin, ce qui eut lieu vers la fin de l'an 623 (1226). Il passa le reste de sa vie au service du gouvernement tunisien, et ses enfants furent élevés dans le palais des Hafsides. Son descendant, Abou-Bekr, père du Mohammed-Ibn-Abi-Amran dont nous allons parler, jouissait d'une haute considération à la cour, et son fils épousa la fille d'Abou-Yahya-Zékérïa-Ibn-el-Libyani, lequel consentit à ce mariage, en considération de la parenté qui unissait déjà les deux familles. Le sultan, en quittant Tunis, laissa Ibn-Abi-Amran comme son lieutenant, et quand il s'embarqua pour Alexandrie, il le chargea du commandement de Tripoli.

Ce fut vers cette époque qu'Abou Darba s'enferma dans ElMehdïa après la défaite de ses troupes. Assiégé ensuite par le sultan Abou-Yahya-Abou-Bekr, il conclut avec lui un traité de paix et obtint la levée du blocus.

Quant à Hamza-Ibn-Omar, il persévéra dans sa révolte contre le sultan et lui donna beaucoup de tracas par ses incursions dans l'Ifrika. Ayant alors réuni à ses bandes une foule d'Arabes nomades, il invita Ibn-Abi-Amran à quitter Tripoli et à venir le joindre; ensuite, il marcha sur Tunis avec l'intention d'y attaquer le sultan avant qu'il pût faire ses préparatifs de guerre.

Dans le mois de Ramadan 721 (septembre-octobre 1324), le sultan Abou-Yahya-Abou-Bekr sortit de Tunis et se rendit à Constantine avec Moulahem-Ibn-Omar. Comme les délations des courtisans lui avaient inspiré les sentiments les plus défavorables à l'égard de Mohammed-Ibn-el-Caloun, celui-ci s'en aperçut, et d'après les conseils de son ami et confident, Moëzz-Ibn-Motaên-elFezari, vizir (ou lieutenant) de Hamza '-Ibn-Omar, il résolut d'embrasser la cause d'Ibn-Abi-Amran. Quand le sultan quitta Tunis

Dans le texte arabe, lisez onezir Hamza.

à l'approche des rebelles, Ibn-el-Caloun resta dans la ville, et le lendemain, il monta à cheval et y fit proclamer ce prince comme khalife. Deux jours après le départ du sultan, Ibn-Abi-Amran prit possession de la capitale et il y resta jusqu'au commencement de l'année suivante.

Le sultan étant arrivé à Constantine, s'occupa de rassembler et d'organiser une armée, et, dans le mois de Safer 722 (févriermars 1322), il se mit en campagne. Ibn-Abi-Amran marcha à sa rencontre avec Hamza-Ibn-Omar et ses alliés arabes. Deux batailles livrées à Er-Redjla1 permirent au sultan de châtier ses adversaires Abou-Abd-Allah-Ibn-Abi-Bekr, cheikh des Almohades, y perdit la vie, et l'avant-garde, commandée par Mohammed-Ibn-Mansour-Ibn-Mozni et d'autres chefs, fut entièrement écrasée. Le nombre des morts et des prisonniers fut immense. Ayant ainsi remporté ane victoire dont on ne vit jamais la pareille, le sultan ordonna l'arrestation de Moulahem-Ibn-Omar.

MOULAHEM-IBN-OMAR ET SES COMPAGNONS, CHEFS DES KAOUB, SONT MIS A MORT.

La victoire que le sultan venait de remporter contraria beaucoup les espérances de Moulahem-Ibn-Omar et donna lieu, chez les compagnons de ce chef, à des propos qui annonçaient de mauvais desseins. Bientôt le sultan apprit qu'une conspiration se tramait contre lui et que les auteurs du complot étaient Moulahem, son fils Mansour, ses pupilles Zâdan et Mâdan, tous les deux fils d'Abd-Allah-Ibn-Ahmed-Ibn-Kâb, et Soleiman-IbnDjamê, l'un des cheikhs des Hoouara. Le secret lui fut divulgué par leur cousin, Aun-Ibn-Abd-Allah-Ibn-Ahmed, auquel ils avaient fait des ouvertures sans pouvoir ébranler sa fidélité. Les conjurés s'étant rendus chez le sultan, furent arrêtés par son ordre et conduits à Tunis. Dans le mois de Djomada (juin-juillet) de la même année, il y revint lui-même et se fit prêter de nouveau le serment de fidélité.

La position de cette localité nous est inconnue.

Les Arabes qui avaient suivi ses traces, vinrent camper à quelque distance de la ville et exigèrent la mise en liberté de Moulahem et de ses compagnons. Cette demande eut pour réponse la mort des prisonniers et l'envoi de leurs cadavres à HamzaIbn-Omar. Pénétré de douleur à ce spectacle, le chef arabe convoqua toutes les fractions de sa tribu et leur fit jurer de venger l'assassinat de leurs cheikhs. Il se mit alors en marche, accompagné d'Ibn-Abi-Amran et se dirigea sur Tunis où il espérait surprendre le sultan. Ce prince venait de congédier son armée et se livrer au repos, quand on vint lui annoncer l'approche de l'ennemi. Il quitta aussitôt la capitale, où il n'avait passé que quarante jours, et s'enfuit à Constantine. Ibn-Abi-Amran prit possession de Tunis et y resta six mois. Pendant cet intervalle, le sultan parvint à rassembler et organiser une armée, de sorte qu'il fut bientôt en mesure de se mettre en campagne. Ibn-AbiAmran, accompagné des Arabes sous les ordres de Hamza, vint à sa rencontre et livra une bataille dans laquelle ses troupes furent encore mises en pleine déroute. Il prit la fuite et le sultan rentra à Tunis dans le mois de Safer 723 (fév.-mars 1323).

BATAILLE DE RAGHÎS, ENTRE LE SULTAN ABOU-YAHYA - ABOU – BEKR
ET ABOU-DARBA,
FILS D'IBN-EL-LIHYANI.
BATAILLE D'ES-

CHICCA, ENTRE LE SULTAN ET IBN-ABI-AMRAN.

Hamza-Ibn-Omar ayant été chassé de Tunis à plusieurs reprises, renvoya son compagnon, Ibn-Abi-Amran, à son gouvernement de Tripoli, comme ne pouvant plus lui être utile. Ensuite, il fit des propositions à Abou-Darba, qui se tenait toujours dans El-Mehdïa, et le décida à se rendre avec lui auprès du sultan des Beni-Abd-el-Ouad afin de solliciter l'appui d'une armée zenatienne. Arrivés à Tlemcen, ils se présentèrent devant AbouTachefin et l'engagèrent à s'emparer de Bougie, en lui promettant d'empêcher cette ville d'être secourue et de tenir en échec le souverain de Tunis au moyen de courses et d'expéditions qu'ils dirigeraient contre lui. Le sultan abd-el-ouadite agréa cette pro

position et mit en campagne une armée de plusieurs milliers d'hommes, sous les ordres de Mouça-Ibn-Ali-el-Kordi, commandant de la forteresse de Temzezdekt et chef de la maison militaire.

Le sultan de Tunis ayant appris que cette colonne venait de quitter Tlemcen et s'avançait à grandes journées, sortit de sa capitale et marcha au-devant d'elle. Il était déjà parvenu à Raghîs, endroit situé entre Bone et Constantine, quand l'armée zenato-arabe parut sur les hauteurs voisines. A cette vue, le désordre se mit parmi ses troupes, et celles des deux aîles lachèrent pied; mais le centre tint ferme et combattit avec tant de bravoure que l'ennemi fut repoussé et mis en fuite. Cette bataille eut lieu dans le mois de Châban 723 (août 1323). Le butin fut très-considérable; un grand nombre de femmes zenatiennes tombèrent entre les mains des vainqueurs et ne durent leur liberté qu'à la générosité du sultan. Mouça-Ibn-Ali reprit la route de Tlemcen accompagné d'Abou-Darba et suivi par les

débris de leur armée.

Quelques jours après leur retraite, le sultan se dirigea vers sa capitale, mais, avant d'y arriver, on vint le prévenir qu'IbnAbi-Amran avait rassemblé une foule d'Arabes et se tenait aux environs de Cairouan. Il se détourna aussitôt de sa route pour se porter du côté de Chicca, et, après avoir trouvé et châtié les insurgés, il reprit sa marche et entra à Tunis, en Choual 724 (septembre-octobre 1324). Quand il eut licencié son armée, les nommés Soheim et Amer-ben-bou-Ali-Ibn-Kethîr allèrent en avertir Hamza; et ce chef, accompagné d'Ibrahim, fils d'Abou-Bekres-Chehîd', marcha avec ses bandes contre la capitale. Le sultan envoya chercher les troupes qui se tenaient à Bédja sous les ordres de l'affranchi Abd-Allah-el-Akel, et sans attendre leur arrivée, sortit le même jour à la tête des premières compagnies de la milice qui se trouvaient sous sa main et se dirigea vers Chadla. Le lendemain matin il fut attaqué dans le voisinage de cet endroit par les Arabes. Pendant le combat, qui se maintint

Voy. p. 429 de ce volume.

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