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dû décliner humblement notre compétence devant ses savantes dissertations. C'est ce que nous faisons encore aujourd'hui.

En opérant le percement de la rue Impériale, à Constantine, on a trouvé, à l'angle oriental de la place de Nemours, une pierre épigraphique encastrée, la tête en bas, dans un mur de construction arabe. Deux copies de ce monument, destiné à perpétuer le souvenir d'un tétrastyle, ayant été envoyées à M. Cherbonneau, le docte directeur du collége arabe-français d'Alger a bien voulu envoyer à la Société la notice qui est insérée dans ce volume.

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Maintenant, il nous faut revenir à l'infatigable M. L. Ch. Féraud. Sous le titre: Histoire des villes de la province de Constantine, notre érudit Secrétaire a entrepris une œuvre de longue haleine et du plus haut intérêt. Nous en donnons la première étape, l'Histoire de Bougie.

Il ne nous appartient pas de faire l'éloge de cet important travail; nous n'entreprendrons pas davantage de l'analyser. Tout ce que nous en dirons, c'est qu'il met en lumière beaucoup de faits ignorés ou mal connus jusqu'à ce jour touchant cette capitale déchue, qui a eu des temps de splendeur qu'on ne peut comparer qu'à ceux de Tlemsen, et qu'il est aussi complet que possible dans l'état actuel des choses.

-Plusieurs auteurs algériens, et, entre autres, M. le général de Neveu, se sont occupés des Khouan, et nous ont fait connaitre, dans leur ensemble, ces mystérieuses et dangereuses associations; mais leur organisation intérieure, leurs croyances particulières, leurs modes d'ini

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tiation, leurs rites, restent encore cachés pour nous en grande partie. M. E. Mercier, interprète judiciaire, vient de soulever un coin du voile dans une étude où se trouve le résumé d'un curieux manuscrit, catéchisme des frères de Sidi Abd-el-Kader-el-Djilani, une des confi éries de l'espèce les plus anciennes et les plus répandues. - Nous espérons que M. Mercier ne s'en tiendra par là, et qu'il pourra bientôt nous renseigner sur les us et coutumes des autres khouan existant dans la province.

La dernière partie de l'Histoire de Constantine, par M. Vayssettes, interprète-traducteur assermenté, se trouve à la suite du Mémoire que nous venons de citer. Chacun a pu déjà apprécier ce travail dans nos volumes de 1867 et de 1868. L'auteur, dans cette troisième période, poursuit l'histoire des beys jusqu'à la chute d El-Hadj-Ahmed, c'est-à-dire jusqu'au moment où nous avons substitué notre gouvernement à celui des Turcs.

M. le capitaine de Boysson est l'auteur d'un Mémoire fort curieux sur les tombeaux qu'il appelle mégalytiques, et qui se trouvent chez les Mâdid, tribu du cercle de Bordj-bou-Areridj. Ces tombeaux, d'après M. de Boysson, qui ne donne d'ailleurs cette conclusion que sous réserve, appartiendraient à la race berbère, et n'auraient pas une haute antiquité.

Nous voudrions partager complétement cette opinion; mais, d'après les descriptions données par le Mémoire dont nous parlons, ces sépultures offrent de telles affinités avec les monuments funéraires celtiques dont il a été plusieurs fois question dans ce Recueil (1), que, malgré nous, nous pencherions volontiers à leur attribuer la (1) Voir, principalement, les Notices de M. Ch. Féraud.

même origine,

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et une antiquité pareille conséquemment Ces éléments de comparaison sont surtout sensibles dans les tombeaux du cercle d'Aïn-Beïda.

Toutefois, ce n'est qu'une hypothèse aussi de notre part.

Nous ajouterons encore un mot. Les travaux de M. le général Faidherbe ont très-certainement une grande valeur; cependant, à notre avis, M. Ch. Féraud, qui n'est pas cité par M. de Boysson, n'a pas rendu de moins grands services à cette partie de nos recherches, par ses savantes investigations.

-Sans contredit, la province de Constantine qui, du temps des Romains, a été plus civilisée que le reste de l'Algérie, doit être, et est, en effet, plus riche que ses sœurs en restes de cette époque. Il n'est donc point étonnant que chacun de nos volumes mette au jour une foule d'épigraphes, dont plusieurs ont une véritable importance pour l'histoire et la géographie anciennes du pays. C'est ce dont nos lecteurs trouveront une nouvelle preuve cette année.

Les réflexions qui précèdent nous ont été suggérées par l'examen des inscriptions que M. Poulle, vérificateur du Domaine, a bien voulu se charger de traduire, en les accompagnant de dissertations et d'éclaircissements de la plus haute valeur, qui dénotent tout à la fois un grand talent d'épigraphiste et de vastes connaissances historiques. Nous n'entreprendrons pas de compte-rendu de cet excellent travail. Nous appellerons seulement, d'une manière particulière, l'attention sur l'inscription qui restitue l'orthographe de Tubusuctus, que l'on a cru jusqu'à ce jour être Tubusuptus, et sur l'importance que dut

avoir ce point stratégique, nommé Tiklat de nos jours.

Mais la Société serait coupable d'ingratitude, si, à propos des découvertes de l'espèce, elle ne rendait pas justice au zèle et à l'intelligence de M. Costa, un de ses membres, qui s'est donné la mission de surveiller toutes les fouilles qui se font à Constantine et aux environs, et de prendre lui-même un soin minutieux des antiquités qu'on y découvre. La Société l'en remercie.

La précieuse traduction du Kitab-el-Adouani, dont M. Ch. Féraud a bien voulu enrichir notre volume de l'an dernier, a donné lieu à une lettre sur le fleuve sabbatique par M. Oppetit. Elle clôt notre publication.

Après cette analyse sommaire des matières contenues dans notre treizième volume, il nous reste à dire que nos relations avec les Sociétés savantes d'Europe augmentent toujours; que nos publications sont de plus en plus recherchées, même par ceux qui ne s'occupent pas des sciences, et que des échanges nous ont été proposés. Ce nous est une douce chose de voir estimer nos travaux ainsi que le fait, par exemple, le dernier compte-rendu du Comité des Sociétés savantes de France, compte-rendu que nous croyons devoir transcrire ici:

« Vous me permettrez de ne pas séparer la Revue africaine de la Société archéologique de Constantine. Seulement, j'aurai moins à dire sur celle-ci, où le caractère spécial que son titre annonce est encore plus prononcé que dans la première. Du reste, en inaugurant une nouvelle série avec son onzième volume, elle annonce que, ses ressources s'étant accrues, elle s'efforcera de donner

à ses Mémoires et Notices une plus grande variété, et que, dans ce but, elle y fera place aux documents intéressant l'histoire et la linguistique des races et des choses du pays.

› L'un des premiers travaux de ce genre qui se présente à nous est celui de M. Tauxier, sous-lieutenant au 74e de ligne, sur la détermination et le sens de plusieurs mots de l'ancienne langue numide. Pour découvrir de quelle langue sémitique cet idiome se rapproche le plus, M. Tauxier se propose d'étudier la composition des noms de villes et de peuplades d'Afrique conservés par les géographes, les itinéraires et les procès-verbaux des conciles, de déterminer les radicaux de ces noms, et de les comparer aux mots des dictionnaires chaldaïques, hébreux, hymiarites, éthiopiens, arabes, touaregs et kabiles, afin d'en retrouver la signification. « Cette étude, dit-il, exige malheureusement une réunion de documents telle, qu'on ne peut la trouver que dans les bibliothèques des grandes villes. Venant d'Afrique, en garnison au camp de Châlons, je suis obligé de différer mes recherches; j'ai pensé cependant que vous voudrez bien accueillir, comme spécimen des découvertes que l'on peut faire dans cette voie, les minces résultats que j'ai pu obtenir jusqu'ici. » Nous avons cité ce passage, parce que, en même temps qu'il fait honneur à M. Tauxier, il montre bien ce que méritent de respect et d'indulgence ces modestes et laborieux collaborateurs obligés, comine lui, de se partager entre leurs devoirs professionnels et leurs études de prédilection.

D

» M. Ab. Cahen, rabbin consistorial de la province de Constantine, dans sa Lettre sur les Juifs de l'Algérie et de Tuggurt, explique les causes de la haine que ses coréligionnaires montrèrent contre les Espagnols, lors de l'expé

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