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cine verbale. Les deux barres verticalement parallèles qui suivent immédiatement, seraient alors, non la marque de la filiation, mais le signe d'une lettre entrant, comme initiale, dans la composition d'un premier nom propre, sujet du verbe, et l'on devrait probablement supposer une suite de plusieurs noms propres remplissant les deux lignes parallèlement ascendantes.

Quel peut être, dans cette hypothèse, le verbe? Ici, se présente un second détail non moins digne de notre

attention.

Le groupe trilittère, que je regarde comme la racine verbale, a deux lettres semblables, la première et la dernière; l'intermédiaire est un Yed ou D; les deux extrêmes sont de valeur inconnue. La figure se montre sur d'autres monuments anciens. Je l'avais prise, jusqu'à présent, pour un Yek ou к, variante des deux parallèles à crochets pareillement divergents, mais non fermés.

La présence simultanée des deux figures sur notre monument, ne permet pas de persister dans cette assimilation. Aucune autre donnée ne fournit de lumière.

En cherchant dans la langue phénicienne ou carthaginoise, par l'intermédiaire de la langue hébraïque, une racine verbale applicable à la circonstance et ainsi composée ? D?, on ne trouve, je pense, que HDн, soit en lettres arabes, hadah.

Au point de vue graphique, la leçon est, à mon avis, fort admissible; car, l'aspirée dont il s'agit a, avec l'articulation gutturale, un rapport phonétique qui s'accorde avec le rapport figuratif.

Je crois que, pour le sens aussi, on peut trouver de la convenance. En effet, hadah, que l'on rend par tendre,

diriger (la main vers quelque chose), est assimilé par les hébraïsants, par Gesenius entre autres, à YDH, N, yadah. Or, le substantif qui sert de base à ce verbe, YD, yad, au propre main, signifie aussi par extension, monument, monument sépulcral; il est dans cette acception, synonyme de мTZBH OU MTZBT, matzebah ou matzebat, c'est-à-dire cippe, stèle, particulièrement cipp sépulcral (1). N'est-on point de là autorisé à conjecturer que le verbe hadah égal à yadah, a pu être employé dans le sens de poser un cippe sépulcral, YAD ? Dans cette hypothèse, que je pourrais appuyer sur d'autres considérations encore, en comparant surtout yadah à yarah (2), la lecture serait :

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(2) Dans son Vollstandiges hebr.-chald.-rabbinisches Worterb., à la page 303, Fr. Nork dit expressément : « YARAH dial. von YADAH stew. YAD, hand», et, à la page 6; il met précisément en regard les deux mêmes verbes en témoignage de la permutabilité du daleth ou D et du resch

ou R.

Je répète que ce n'est qu'une conjecture; je la livre pour ce qu'elle vaut. Dans les recherches enveloppées d'une pareille obscurité, à défaut de démonstration, il est souvent utile de s'aider de l'hypothèse, pourvu qu'on n'en dissimule pas, qu'on en dénonce au contraire avec sincérité le caractère transitoire. C'est ce que je fais ici en toute confiance.

Il ne me reste à parler que de deux des inscriptions qui m'ont été directement transmises par M. Cherbonneau. J'en reproduis les copies sur la planche 1.

Le n° 3 a été trouvé à Fedj el-Gomeh. Il est gravé sur une longue stèle en calcaire. La transcription en est trop peu sûre pour que je me hasarde à une explication.

Le n° 4 est très intéressant. Le texte paraît indubitablement complet. Il présente, à la colonne de gauche, en rétablissant un point dans le cercle, le groupe curieux Bzs que, dans mon précédent mémoire, j'ai signalé sur dix autres monuments, formant toujours à lui seul une ligne comme ici (1). Bien que je ne puisse attribuer à ce mot un sens précis, la fréquence si remarquable de son emploi dans une condition semblable et constante d'isolement, soit à droite ou à gauche du texte, rend, à mon avis, incontestable la signification approximative que je lui ai provisoiremment prêtée.

Les textes qui contiennent ce groupe sur les dix monuments que je viens de rappeler, offrent en outre cette particularité qu'ils ne sont composés que de deux lignes,

(1) Dans la nouvelle série d'épitaphes libyques, découvertes à la Cheffia par M. Reboud, à laquelle j'ai fait ci-dessus allusion, on remarque encore quatre textes analogues.

y compris celle formée par ce groupe. Ici, par une exception jusqu'à présent unique, il y a trois lignes dont deux s'avoisinent au même côté du groupe spécial. Le tout se lit et se traduit ainsi :

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La pierre n'est pas dégrossie; elle a été trouvée, comme celle du no 1, planche 1, sur le côté ouest de la Mahouna, près de Guelma. Une troisième pierre, placée auprès de celle-ci, n'a pu être copiée parce qu'elle est fruste.

Ainsi que je l'ai rappelé dans mon mémoire souvent cité, à la page 7, j'avais, en 1856-1857, conjecturé que les deux inscriptions retracées dans l'Annuaire de 1853, l'une au côté droit de la planche xvi, l'autre au côté gauche de la planche xvII, appartenaient à une même sépulture, et qu'elles étaient jumelles. Cette présomption s'est trouvée tout-à-fait autorisée par plusieurs exemples de la collection de M. Reboud. J'ajouterai ici, pour surcroît de preuve, la reproduction d'une curieuse épitaphe latine, dans laquelle il est expressément fait mention de deux textes tituli ambo, consacrés au souvenir d'une fille d'un an, l'un par son frère, l'autre par sa sœur.

Cette inscription se lit dans la Revue africaine, cahier d'avril 1858, page 260, en ces termes :

D. M. S.

BENEDICTA VI

XIT ANNO VN

O MENS V D

XXI H S E'S'T

T.L

HI TITVLI AMBO

FRATRIS ET SORO

J'avais conçu le projet de tenter, en confirmation de tout mon travail, l'analyse des nombreux noms de personnes qui, si je ne me suis trompé, y sont rapportés. Mais je n'ai pas tardé à me ranger à l'avis de M. le Baron de Slane, exprimé dans le dernier volume de sa traduction d'Ibn-Khaldoun, à la page 582, de cette manière Dans la plupart des langues, on rencontre des > obstacles souvent insurmontables quand on essaie de > trouver l'étymologie de noms propres. En chelha et > en touareg, les noms des hommes n'ont plus aucune

signification. Beaucoup de chefs berbères ont porté des > noms qui ne s'expliquent plus à l'aide de leur langue. » Aussi nous n'oserions entamer la discussion étymolo»gique des noms libyens, avant de pouvoir indiquer » d'une manière certaine la signification de Bologguin, » de Makcen, de Soggout, de Tachefin, de Tafraguin, et » d'autres noms purement berbères.

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