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que nous ont fait les anciens du pays. Auprès de Sigus, disent-ils, vivait une petite population qui portait le nom de Oulad Seguen (les enfants de Seguen, corruption du mot latin Siguenses). Autour de ce noyau, qui doit être considéré comme le berceau de la tribu, vinrent se grouper d'autres familles dont nous aurons le soin d'indiquer l'origine, et qui formèrent de nouvelles fractions.

Les marabouts, qui ont tous la prétention de faire remonter leur origine au Prophète, affirment, mais sans en fournir la preuve authentique, que celui de leurs aïeux qui vint le premier se fixer dans le pays, provenait des cherifs du Maroc, de la postérité d'Idris. Si Mohammed ben Khelouf, disent-ils, vint du Maroc vers le xve siècle et planta sa tente près de Djamâ el-Abassi. Il eut un fils qu'il nomma Segni, qui devint le chef du pays et donna son nom à la tribu. Nous admettons parfaitement avec eux que les descendants de Si Mohammed ben Khelouf se soient multipliés dans la contrée; mais nous parviendrons difficilement à leur persuader que leur ancêtre Segni prit le nom du lieu où il était né. Comment les convaincre qu'un marabout ait pu emprunter pour luimême le nom d'une ville bâtie par une race d'infidèles?

La tribu des Segnïa se compose, actuellement, de treize fractions qui se subdivisent elles-mêmes en plusieurs sous-fractions; ce sont :

1o Les Oulad Seguen, subdivisés en Oulad Saïd, Haddada, Oulad Djatir et Oulad Sidi Mohammed ben Ali. Ils savent, par tradition, qu'ils sont les plus anciens de la tribu et habitent le pays depuis un temps immémorial. Quelques-uns d'entre eux prétendent même descendre de la population qui habitait jadis la ville de Sigus. D'autres

se disent originaires de l'Aurès. Ce sont des gens paisibles, de bons cavaliers employés souvent pour le service du makhzen. Ils possèdent un territoire très-étendu, au nord et à l'est du Malessi et du Fortas. Leurs terres de culture sont nombreuses. Il existe chez eux une belle fontaine dite Aïn Gouça, au pied des ruines de la ville de Sigus, dont les eaux abondantes coulent dans l'oued Kleb, qui se jette dans le Roumel (Amsaga). Les ruines romaines y sont nombreuses, surtout auprès des sources-fontaines et des puits à Bir Tandja, Aïn el-Azereg, Aïn Cherchar, Aïn Oum er-Roumel et autres. C'est sur le territoire de cette fraction que le gouvernement français a fait construire une maison de commandement dite Bor dj de Sigus, dans laquelle réside le kaïd de la tribu. Non loin de ce bâtiment, on a également construit un caravanserail pour les voyageurs, sur le bord de la route qui traverse la plaine allant de Constantine à Aïn Beïda;

2o Les Oulad Khaled, qui se disent originaires des montagnes de l'Aurès, vivent à côté des précédents, avec lesquels ils ont des intérêts communs. Il s'y trouve aussi des ruines romaines;

3o Les Oulad Sekhar sont un mélange de Chaouïa de l'Aurès et de quelques familles arabes venues de divers points de la province ils occupent l'azel de ce nom au nord; leur territoire est petit, mais il a les meilleures terres permettant de récolter, quelle que soit la sécheresse, en raison de leur altitude;

4o Les Oulad Djahich, originaires de l'Aurès, se subdivisent en Oulad el-Hadj, Oulad Toumi, Oulad Amar. Ils occupent le Fortas et ses contreforts; Ils ont peu de

terres de culture. On y voit plusieurs belles fontaines, entre autres à Aïn el-Djenan;

50 Les Oulad Ouendadj, originaires de l'Aurès, se subdivisent en Oulad el-Eulmi, Oulad Aïça, Oulad Nacer, Oulad Sellam et Oulad Achour. Ils occupent les contreforts ouest du Fortas, et leurs cultures sont dans la plaine de Fesguia. Cette fraction avait autrefois pour industrie la fabrication des bois de selle et des bâts de chameau. Du temps des Turcs, elle était tenue de fournir les bâts pour les chameaux portant les approvisionnements de l'armée. C'était le seul impôt que l'on exigeait d'elle à cause de sa pauvreté. Elle a une belle fontaine dite Aïn Serira, auprès de ruines romaines;

6o Les Oulad Gassem, originaires des Oulad Gassem de l'ouest, se subdivisent en Oulad Bakha, Oulad Achour, Zahfa et Bahtia ;

7° Les Oulad Aicha, subdivisés en Oulad Sultan, Oulad bou Ali et Oulad Rihan, venus, les uns du Sahara et les autres de l'Aurès.

Ces deux fractions vivent ensemble dans l'espace compris entre le Guerioun et le Fortas; leurs terres de culture sont au pied de ces deux montagnes; Behira elBer❜la, qui leur appartient, est une plaine produisant un blé très renommé dans la contrée. Elles possèdent plusieurs fontaines très abondantes;

80 Les Oulad Mçaád, originaires des Beni Imeloul, de l'Aurès, se subdivisent en Oulad Mohammed ben Otman, Brakna, Oulad Abbas et Roumrian. Ils occupent le centre de la plaine de Kercha. On trouve chez eux plusieurs ruines romaines et de nombreuses fontaines;

9o Les Oulad Sassi, d'origine berbère, se subdivisent

en Oulad Ahmed, Oulad Maza et Oulad ben Abd Allah. Ils occupent la partie nord-ouest de la plaine de Kercha, en s'appuyant au Guerioun. Les membres de cette fraction fabriquent du charbon, font des plats à couscous, des cuillers et autres ustensiles en bois.- Plusieurs ruines antiques et plusieurs fontaines;

10° Les Oulad Achour, ne sont pas d'accord sur leur origine; néanmoins, il est démontré par leur langage même qu'ils sont d'origine berbère. Ils occupent l'oues de la plaine de Kercha. Leur principale fraction, dite des Kouaoucha tire son origine d'une sainte femme nommée Merabta bou Saâdia el-Kouchia, qui accomplit, dit-on, plusieurs miracles. Se trouvant un jour sur le versant du Guerioun, à l'endroit dit Abechara, elle leva les mains au ciel et ordonna à la montagne de se fendre et de se séparer en deux. Un fracas épouvantable retentit, la montagne s'ébranla, et l'ordre de la maraboute s'accomplit à l'instant. Interrogée sur ce fait, elle répondit que ce rideau de montagnes l'empêchait de voir la direction de la Mecque à l'heure de la prière. La coupure de la montagne se nomme depuis Fedj bou Saâdia. Les Oulad Achour ont, sur leur territoire, une vaste ruine romaine dite Kalaât el-Ouz;

11o Les Oulad Sebâ, originaires de l'Aurès, se subdivisent en Oulad bou Aziz et Drabla. Ils occupent le sud de la plaine de Kercha, la plus grande partie du Chebka et l'aguedel el-Beylik. Il existe chez eux une grande ruine dite Henchir Roumana, et plusieurs fontaines. Le terrain mouvementé que, dans leur langage imaginé, les indigènes appellent Chebka, le filet, est inextricable; on ne peut le traverser sans un bon guide, de peur de s'égarer;

12. Les Oulad Mahboub, originaires des Beni Oudjana de l'Aurès, se subdivisent en Oulad Ahmed, Oulad Ali, Oulad bou Tiour et Douafria. Ils s'étendent du Djebel bou Ras, chainon secondaire du Guerioun, à l'est de la tribu, jusqu'à la limite d'Aïn Beïda au sud. Leur territoire est très vaste; c'est la fraction la plus importante de la tribu. Il y a, chez eux, de nombreuses ruines romaines, près desquelles sont généralement des puits ou des fontaines.

13° Les Oulad sidi Ounis, gens de Zaouia, d'origine arabe. Leur ancêtre vint, dit-on, du Maroc, et fonda une zaouia où il enseignait le Koran; des terres furent alors affectées à cet établissement religieux. Ils occupent le pays situé à l'est, entre la Behira Touila et les Haracta d'Aïn Beïda. Leur terrain est bon; ils possèdent, comme les Oulad Mahboub, des troupeaux considérables. On trouve quelques ruines romaines sur leur territoire, et plusieurs belles fontaines, entre autres celle dite d'Aïn Fekroun, qui tire son nom du grand nombre de tortues qui vivent aux environs.

Comme on a dû le remarquer déjà par ce qui précède, on voit que le fond de la population des Segnïa se compose surtout de l'élément berbère; la langue chaouia y est, du reste, très répandue. Les Segnïa sont généralement pasteurs et cultivateurs. Sous les Turcs ils étaient gouvernés par un kaïd.

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Les deux établissements les plus renommés de la tribu sont la djamâ Sidi cl-Abbassi, sur la limite au nord-est, chez les Oulad Djahich, et celle de Sidi Ounis, dans la fraction du même nom. Les autres sont abandonnées et n'ont plus d'école.

Le climat de la tribu est froid dans la partie monta

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