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EXPLICATION DES PLANCHES.

DESCRIPTION DES OSSEMENTS TRAVAILLÉS ET DES AMULETTES ET OBJETS EN IVOIRE OU DÉFENSE DE MAMMOUTH, TROUVÉS DANS LA CAVERNE DU MAMMOUTH.

PLANCHE XII.

FIG. 1. Côte de mammouth avec un manche arrondi. Longueur, 46 centimètres; épaisseur, 4 centimètres; au manche, 35 millimètres. FIG. 2. Breloque en ivoire, longue de 95 millimètres, large de 14 millimètres, ronde, amincie aux deux bouts en pointe, un peu aplatie par le milieu, avec une large entaille très-usée; un des bouts porte la trace de deux trous qui perforaient la pièce; de chaque côté, vers le bout, elle est ornée de sept entailles en cercle: la toute première double les autres simples, faites non avec une scie tranchante, mais avec un racloir en silex.

FIG. 3. Amulette en forme de cœur en ivoire, longue de 45 millimètres sur 30 de largeur; épaisseur du côté gauche, 10 millimètres, et du côté droit, 5 millimètres. Des deux côtés elle est ornée de huit entailles assez régulièrement distancées de 6 à 5 millimètres, trois du côté gauche et cinq du côté droit; le trou de suspension devait ètre de 5 à 6 millimètres; malheureusement il est brisé et très-usé.

FIG. 4. Amulette plus petite, ayant toujours le côté gauche plus gros que le côté droit. Longueur, 23 millimètres sur 15 de largeur; épaisseur, 6 et 5 millimètres; le trou, 4 millimètres.

FIG. 5, 6, 7. Les trois dernières sont presque de la même grandeur, de 20 à 18 millimètres de longueur sur 13 de largeur; épaisseur, 5 millimètres d'un côté et 3 de l'autre.

Dans ma brochure de l'année 1874, j'ai décrit la plus petite comme étant une dent canine de cerf.

FIG. 8. Pendeloque brisée, plate, dont il ne reste que la trace du trou de suspension, pareille à celle de Cro-Magnon (Reliquiæ Aquitanicæ, p. 69, pl. XIII, 11).

FIG. 9. Lamelle en ivoire ornée de huit rangées de points alignés assez régulièrement. Elle était percée de trois trous, dont un a disparu par la cassure; les points sont de grandeur différente; cela tient au poinçon en silex, qui n'a pas été toujours le même. Cette pièce était ajustée sur un autre objet. 42 millimètres de longueur sur 20 de largeur; épaisseur, 1 millimètre.

FIG. 10. Polissoir en ivoire, long de 90 millimètres sur 13 de largeur ; il porte seulement la trace d'usure, et sur un des côtés, dans l'épaisseur, on remarque une entaille de 1 millimètre.

FIG. 11. Une petite pièce ronde se terminant en biseau, percée du côté opposé, ornée de quelques entailles. Longueur, 43 millimètres sur 10 d'épaisseur.

FIG. 12. Lamelle en forme de petit sabot de cheval, longue et large de 25 millimètres. Plusieurs morceaux d'ivoire usés par le frottement et terminés en pointe.

FIG. 13. Côte de renne avec un dessin difficile à comprendre; pourtant

on peut supposer que c'est un poisson; la tète est visible. FIG. 14. Bois de renne taillés en fer de lance avec des entailles.

FIG. 15. Pointe obtuse pour détacher les peaux.

FIG. 16. Pièce plate ayant servi comme d'épingle à cheveux, d'après M. Chaplain.

FIG. 17. Petit poinçon en os de renne, orné de très-petites entailles sur les bords.

FIG. 18. Une dent de cheval percée deux fois après que le premier trou a été cassé.

FIG. 19. Trois dents incisives de l'ours.

Une astragale percée de l'ours des cavernes.

Un radius de l'ours, taillé en biseau.

Un os pénien entier et très-grand de l'ours des cavernes, ainsi que plusieurs morceaux trouvés dans les foyers, ont dû servir aussi d'emblème de la force virile et avoir été portés par nos troglodytes.

FIG. 20. Une dent d'élan percée.

FIG. 21. Une dent de loup percée.

FIG. 22. Une dent de renard polaire, percée.

FIG. 23. Un os d'échassier orné d'entailles de tous les côtés.

FIG. 24. Petit poinçon en os de renne.

DESCRIPTION DES SILEX TAILLÉS DES FOYERS QUATERNAIRES DE LA CAVERNE

DU MAMMOUTH.

PLANCHE XIII.

No 1. Grande hache type de Saint-Acheul, taillée sur deux côtés. No 2. Disque en silex, pareil au disque en quartzite de l'Infernat (Paléontologie humaine, Hamy, p. 187).

TYPES NOUVEAUX inconnus jusqu'a présent.

No 3. Hache triangulaire type du Moustier.

No 4. Grande hache à lame transversale, retouchée.

N° 8. Grand triangle avec deux pointes effilées et retouchées, pouvant servir de poinçons.

N° 6. Pointe de flèche avec entailles.

PLANCHE XIV.

No 1. Couteau arrondi des deux bouts, resserré par le milieu.

Nos 2, 3, 4. Couteaux et racloirs à manche.

Nos 5, 6, 7. Gros couteaux et grattoirs.

DESCRIPTION DES OBJETS EN Pierre trouvés DANS LES PETITS FOYERS

DE LA PIERRE POLIE.

a. Grande hache polie en diorite.

b. Grand marteau perforé en serpentine.

c. Petit silex retouché, ayant servi emmanché,

LES ESQUIMAUX

DU JARDIN D'ACCLIMATATION

Par M. le Dr A. Bordier,

(Rapport lu dans la séance du 22 novembre 1877.)

MESSIEURS,

Rapporteur de la commission dont j'avais l'honneur de faire partie avec MM. Broca, Dally, Girard de Rialle, Mazard et Topinard, et que vous avez chargée d'examiner les six Esquimaux actuellement au Jardin d'acclimatation, je viens vous rendre compte des résultats des visites que nous leur avons faites.

La plupart d'entre vous connaissent déjà les individus qui font le sujet de ce rapport. Ce sont: Okabak, trente-six ans ; Majak Okabak, sa femme, vingt-trois ans ; leurs deux filles, Auna Okabak, vingt-cinq mois, et Catharina, treize mois; enfin Kojangi, vingt-trois ans, et Gokkik, quarante et un ans, qu'on reconnaît à première vue pour un métis de Danois et d'Esquimau.

Nous devons la bonne fortune de les étudier à M. Geoffroy Saint-Hilaire, auquel nous sommes heureux d'adresser nos remercîments et à qui nous tenons à manifester ici l'espoir qu'il persévérera dans cette voie féconde pour l'anthropologie, qui consiste à faire venir à Paris les spécimens de tous les groupes humains. Nos Esquimaux ont été envoyés, avec divers animaux qu'ils conduisent, par M. Hagenbeck, qui fait à Hambourg le commerce des animaux de tous les pays.

Ils viennent de Jacobshaven, sur la mer de Baffin, côte ouest du Groënland, par 60 degrés de latitude nord, non loin de l'île et de la baie de Disco, ville de 200 à 300 âmes, dont les maisons vous sont connues par la demeure que les pensionnaires du Jardin se sont construite et par les descriptions que vous avez tous lues.

Désireux de vous rendre compte de nos investigations ethno

logiques et anthropométriques, je ne vous attarderai pas par de longs commentaires sur le Groënland, bien connu par les récits du capitaine Francis Hall, du docteur Hayes, par le compte rendu du voyage de l'aviso la Reine-Hortense; je dois cependant vous dire un mot du milieu avant d'aborder l'ethnologie, et enfin l'anthropologie descriptive et anthropométrique. Milieu. Par cette latitude, la température s'abaisse en hiver jusqu'à 45 degrés et diffère sensiblement de celle qu'ont à supporter les autres Esquimaux, dont l'habitat s'étend au midi du Groënland, depuis le Labrador jusqu'au détroit de Behring, dans tout le nord de l'Amérique. Jacobshaven, bien qu'appar tenant au district nord du Groënland, n'est cependant pas le point le plus septentrional, car Bessels a trouvé la limite septentrionale de l'habitat humain au Groënland à Ita, par 78°16 de latitude nord. Ita paraît n'être d'ailleurs qu'une station d'été.

A partir de la baie de Disco, en face de Jacobshaven, le soleil ne se lève pas depuis le 30 novembre jusqu'au 15 janvier.

La flore est rudimentaire, aussi les Groënlandais se serventils peu de bois, et celui qu'ils emploient leur est-il envoyé de Danemark.

La faune est moins pauvre; elle se compose, avant tout, du phoque, qui constitue à lui seul les éléments de la civilisation. propre à l'Esquimau: nourriture, éclairage, chauffage, habillement, construction des bateaux, accessoires et ustensiles divers, le phoque fournit tout; le narval, le morse viennent ensuite.

L'ours blanc est recherché pour ses fourrures, mais la chair semble être réservée aux chiens.

On trouve aussi le renne dans le Groënland, et lesEsquimaux actuellement à Paris possèdent plusieurs bois de cet animal, mais ils semblent leur servir uniquement de trophée; d'après le docteur Hayes, le renne serait assez abondant dans l'intérieur des terres, mais les habitants ne l'utilisent ni dans leur alimentation, ni comme moyen de locomotion. C'est là une différence profonde entre le génie des Lapons et le leur, différence sur laquelle insistait dernièrement M. Broca. Les oiseaux sont, paraîtil, assez abondants; leur plumage, qui rappelle celui de l'eider, leur sert de fourrures; les tendons leur tiennent lieu de fil.

Leur animal domestique est le chien, qu'ils attellent aux

traîneaux au moyen d'un petit harnais de cuir de phoque. Les chiens qu'on voit actuellement au Jardin d'acclimatation, au nombre de neuf, sont assez grands; leur poil blanc, avec taches noires et rousses, est abondant, les oreilles dressées, la tête large, l'iris jaune, café au lait.

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Ethnographie. L'installation sommaire d'un Esquimau présente pour nous cet avantage, qu'on peut l'observer à Paris aussi complète qu'au Groënland. Sans être nomades, et bien que fixés dans l'agglomération de Jacobshaven, ils font de fréquentes excursions de chasse ou de pêche, et, durant ces excursions, ils emportent avec eux à peu près tout ce qu'ils possèdent.

La maison est composée d'un monticule en terre gazonnée, de forme carrée, et rappelant assez nos travaux de fortification; on y entre par une porte basse donnant accès dans un couloir étroit et fort bas, dans lequel le Groënlandais lui-même, malgré sa petite taille, est forcé de se tenir courbé. L'unique chambre dans laquelle ce couloir donne accès, et dont le sol se trouve plus bas que le sol environnant, est aérée par un orifice placé à la partie supérieure; elle est éclairée par deux ouvertures hermétiquement fermées par des bandes cousues ensemble d'une sorte de baudruche, faite avec l'intestin du phoque. Cette sorte de vitrage immobile tamise dans la chambre une lumière très-suffisante et semble du dehors complétement opaque.

Le mobilier consiste eu une espèce de lit de camp, qui oc. cupe toute une moitié de la chambre, garni de peau de phoque, et sur lequel la famille entière passe la nuit, après avoir quitté son costume de jour et revêtu un autre costume plus large. Sur le sol, un bassin de serpentine, dont la forme rappelle celle d'un poisson, modèle que les artistes du pays ont le plus souvent sous les yeux, est rempli d'huile de phoque, dans laquelle trempent plusieurs mèches. La flamme qui s'élève de ce vase donne une lumière suffisante et maintient cet espace confiné à une température assez élevée.

On a trouvé à Terre-Neuve des débris de vases assez analogues à ceux que je viens de décrire; or la pierre dans laquelle ils sont taillés n'existe pas à l'état naturel dans cette île; tout porte donc à croire que les Esquimaux sont descendus, à une certaine époque, jusqu'à Terre-Neuve, et sans doute même beaucoup plus bas.

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