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les cendres des objets métalliques, des bijoux et même des monnaies.

La distribution de ces monuments antiques mérite aussi d'être signalée; ainsi les dolmens se trouvent dans la partie méridionale de l'île, en face de la Sardaigne, tandis que le tumulus a été trouvé dans la partie septentrionale, sur la montagne de Tenda. Les haches en pierre polie ont été trouvées autour des lacs de la montagne, dans les environs d'Ajaccio, et surtout dans la Balagne, c'est-à-dire à l'ouest de l'île.

Les urnes funéraires ont été trouvées (1) près d'Ajaccio, à Bonifacio, à Saint-Florent, à l'île Rousse, à Cargese; mais c'est surtout près d'Ajaccio où on a pu les observer le mieux.

La partie méridionale de l'île, qui est celle des dolmens, a offert aussi à Mérimée (2) des tombeaux formés par de fortes pierres de granit d'une date indéterminée, mais très-ancienne; enfin, cet observateur a pu remarquer une pierre grossièrement sculptée, dont il n'a pu déterminer la nature, mais qui paraît être le couvercle d'un tombeau phénicien, comme on en voit au musée du Louvre.

Hérodote et autres historiens ont bien parlé d'une colonie de la Phocée qui vint en Corse fonder Aleria, mais pas un historien n'a indiqué la présence des Phéniciens en Corse. Les urnes funéraires peuvent appartenir aux Orientaux comme aux premiers conquérants romains.

A quel peuple peut-on attribuer les dolmens, les haches en pierre et les tumulus? Quel est le peuple autochthone de la Corse? Les Basques, les Celtes, les Gaulois ou les Belges ontils passé dans cette île?

Il est possible que les Basques y soient arrivés, mais ils n'y ont pas laissé leur langue; à peine si quelques noms propres de lieux rappellent la langue basque. En serait-il de même du celtique? Il est évident que si les Celtes, à une époque antérieure aux Romains, s'étendaient jusqu'à la Ligurie, à l'Italie, ils ont pu aller aussi en Corse; mais nous savons particulièrement qu'au temps de Jules César ce peuple n'arrivait pas jusqu'à la Méditerranée.

(1) Voir Histoire de la Corse, anonyme, in-12, p. 252. Nancy, 1749. quet, Statistique de la Corse, in-4°, p. 10. Paris et Renues, 1835.

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(2) Voir Campi, la Sciarabola d'Ajaccio, in-8°. Paris, 1862. — Mérimée, Noles d'un voyage en Corse, in-8°, p. 88.

Si la langue celtique pure existait encore, on pourrait la confronter avec le dialecte corse; mais nous n'en avons que des mélanges avec le gallig, et, chose curieuse! ces mélanges offrent des points de comparaison qui méritent quelques considérations.

Ainsi, la contrée de la Sardaigne qui fait face à la Corse s'appelle la Gallura; le détroit de Bonifacio, qui sépare les deux îles, portait encore du temps des Romains, le nom de Fretum Gallicum. C'est dans la partie méridionale de la Corse que se trouvent les dolmens; enfin, la langue parlée dans les parties de la Corse et de la Sardaigne qui se font face, cette langue est la même. Serait-elle un reste de gallig, appelé à tort celtique ? Les Galates dans leurs excursions seraient-ils arrivés jusque dans la Corse et en Sardaigne? On serait tenté de répondre affirmativement.

Dans le mémoire que j'ai eu l'honneur de soumettre à la Société, comme dans une discussion que j'ai soutenue dans les Annales de la Corse (1), je crois avoir démontré en effet quelques analogies entre le dialecte corse et les langues du Nord, même avec le breton; mais j'ai surtout démontré qu'une infinité de mots corses ne dépendent ni du latin ni de l'italien, dont on voudrait les faire venir; bien plus, ils ne sont explicables ni par le gallig ni par le basque, preuve qu'ils sont d'une très-grande ancienneté.

L'étude des habitants de la Corse m'a porté à admettre quatre types, que j'ai appelés celtique, pélasge, arabe et saxon. Je n'ai rien à changer au fait, mais j'ai besoin de m'expliquer sur le nom.

Ce que j'ai appelé saxon, type peu nombreux qui se trouve pourtant dans le nord de la Corse, pourrait bien n'être que gaulois kymrique ou le belge de Jules César. Seulement, ce type se trouverait à l'opposé des dolmens qui sont au midi. On pourrait lui rapporter le tumulus dont j'ai parlé, et en Gaule les tumulus forment une zone précisément occupée par les Gaulois, Belges ou Galates. Il serait curieux que le dialecte corse dût à ce peuple le peu qu'il a de gaulois, improprement appelé celte.

Un autre type sur lequel j'ai besoin de revenir est celui que

(1) Voir Mattei, Annales de la Corse, in-4o, 1877, mois d'avril et de juin.

j'ai appelé celtique, pour suivre les idées reçues, mais qui sont peu exactes. Du reste, les hommes de petite taille, en Corse, ne sont pas brachycéphales, comme les Auvergnats et les Bretons; ils sont dolichocéphales. Tiendraient-ils la petitesse de leur taille des Basques qui ont pu passer dans l'île à une époque excessivement reculée? Je crois plutôt que ce type, assez rare, reconnaît la même source que les petits hommes des environs de Naples, auxquels, du reste, ces Corses ressemblent.

Quant à la masse de la population corse, comme je l'ai dit ailleurs, elle tient du type que j'ai appelé pélasge ou grec, largement représenté aussi en Italie.

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Je viens vous soumettre le résultat de mes fouilles dans la caverne du Mammouth, située en Pologne, non loin de Cracovie. A Stockholm et à Buda-Pesth j'ai parlé de mes fouilles précédentes. Cette année, j'ai recommencé mes recherches après deux années d'interruption, et je puis déjà répondre, par la présentation de la coupe des gisements, aux quelques observations qui m'ont été faites à Buda-Pesth.

Voici la coupe qui donnera un aperçu exact de la superposition des foyers quaternaires et de la pierre polie (voir cicontre, p. 440):

La coupe a été faite à partir du pilier à gauche jusqu'au bout du couloir à droite; des deux côtés accolés aux parois se trouvent les deux petits foyers de la pierre polie. Comme je l'ai dit dans mes précédents articles (Rech. archéol. en Pologne, 1874 et 1875), il y a eu effondrement de la voûte à l'entrée de la caverne, ce qui a pu occasionner l'écoulement de la couche supérieure de la pierre polie de 50 à 75 centimètres; ou bien les hommes de cette époque arrivèrent après l'effondrement, établirent leurs foyers dans les couloirs à droite et à gauche, et habitèrent relativement peu de temps la caverne. Je penche pour ce dernier avis; autrement il serait toujours resté, malgré l'écoulement de la couche supérieure, quelque trace de poterie ou des restes de la faune actuelle, et je n'ai rien rencontré, excepté les ossements très-frais d'un coq, de corneilles et de tourterelles, apportés récemment par les animaux de proie. Dans le couloir à droite, j'ai trouvé un coin en diorite, de la poterie et quelques animaux actuels, l'ours ordinaire, le cerf, le sanglier, le bison, le chevreuil, un pied de cheval et un

LA CAVERNE DU MAMMOUTH EN POLOGNE.

crâne humain dolichocéphale, offert par moi à M. de Quatrefages pour le muséum de Paris. Cette année, dans le couloir à gauche, j'ai découvert une hache en serpentine perforée et de la poterie associées à la faune actuelle.

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A, B, petits foyers de la pierre polie. C, Pilier auquel touchent les couches des foyers quaternaires.
Épaisseur, 2m, 42.

Dans la couche quaternaire de 2,92, j'ai pu compter jusqu'à sept foyers, reconnaissables seulement à la terre brûlée, rougie, aux ossements brisés et aux silex qu'ils renferment en très-grande quantité; pas de trace de stalagmite ni de pierres

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