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CARTE

DE LA PARTIE DU BERRI SUR LAQUELLE A ÉTÉ RELEVÉ LE VOCABULAIRE CI-JOINT

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NOTA. Cette étude du dialecte berrichon n'a été faite que sur la partie centrale du territoire indiqué sur cette carte. Ainsi que l'indique le texte, les villes qui limitent ce quadrilatère, Vierzon, Bourges, Château- Neuf, Issoudun, constituent des centres spéciaux dont le dialecte offre des variantes assez marquées pour mériter qu'on en fasse l'objet d'une étude à part.

comparaison vraiment profitable que si l'on compare les ressemblances, aussi bien que les dissemblances, qui existent entre plusieurs dialectes.

J'ai noté un certain nombre de mots conservés de l'époque de Rabelais. Quelques autres rappellent de très-près l'allemand, l'anglais, le latin ou le grec.

D'autres points, enfin, sur lesquels j'ai cru devoir particulièrement insister, ont trait à quelques règles grammaticales et syntaxiques que j'ai essayé de formuler.

La prononciation y tient une large place, et, sous ce chef, je range les substitutions systématiques des voyelles ou des consonnes dans certaines catégories de mots.

A est remplacé par é ou é ou ai dans beaucoup de mots; par exemple glaner devient glèner, ou yèner; tarir, têri; clarinette, clairinelle; agace, equiace; ouailles, oueilles.

A est remplacé pari: agneau, ignau, ignelle.

A est remplacé par en arroser, enrouser; accourir, s'encourir.

A est remplacé par cu: brailler, breuiller; rave, reuve. A est remplacé par o armoire, ormoire; armoise, ormoise. A s'ajoute au commencement d'un certain nombre de mots : gland, agland (ayand); munition, amunition.

As, à la fin des mots, se prononce avec â long, suivi de la soufflante labiale w, qui se substitue à s. Exemple: pas, prononcez pâw; empas, empaw; bardadas, bardadâw; bras, brâw (instrument à broyer le chanvre).

Ai, ou é, par in: maigrelet, mingr'let; médion, minguion. É est remplacé par a : étonner, alonner; écouter, acouter; vermine, varmine; serpe, sarpe; serpent, sarpent; perdre, pardre; chercher, charcher, etc.

Ai et é est remplacé par eu, dans: faible, feube; affaibli, affeubli; crème, creume; crever, creuver; crevaison, creuvaison. chèvre, chicuve; chef, cheuf; lièvre, lieuve; fièvre, fieuve, etc.

É est remplacé par i, dans: fréquenter, friquenter; léans, lians; dehors, dihors; catéchisme, calichime, etc.

E, que la langue française a tort de qualifier de muet, puisque, dans la plupart des cas, elle le prononce eu, est véritablement muet dans le corps d'un grand nombre de mots berrichons, c'est-à-dire qu'il s'élide complétement; exemple: c'leu, ch'ti.

È, pénultième, dans les mots terminés en ère, se prononce ée, au lieu de è. C'est le son n° 1 substitué au son no 5 de ma classification. Exemple: rère, parpaillère, crémaillère, mère. Prononcez réere, parpaillée-re, crémaillée-re, mée-re, pée-re, etc.

E (muet) est remplacé par i soufflante dans toutes les terminaisons en eau. Exemple: eau, iau; beau, biau; chapeau, chapiau; peau, piau; oiseau, oisiau.

Ei (diphthongue=é) est toujours remplacé par i. Exemple: peigne, pigne; oreiller, oriller; enseigner, ensigner; enseignement, ensignement; groseilles, grousilles (on dit aussi : grouselles), etc.

E est remplacé par u dans femelle, fumelle.

Eu est remplacé par a. Exemple: peuplier, papl'ier.

Eu est remplacé par u dans bleu, blu; heurter, hurter; heureux, hureux, etc.

I est remplacé par e. Exemple: dissolu, dessolu; cimetière, cémetière, etc.

O est remplacé par a. Exemple: oripeaux, alipiaux.

O, par eu. Exemple: charogne, chareugne.

Oi, par o. Exemple: moineau, moniau; boisseau, bossiau; boiteux, boteux; moisson, mosson, etc.

Oi, par ou. Exemple : poireau, pouriau.

Le son oi (wa) est conservé intact dans un certain nombre de mots voir, savoir, abreuvoir, etc., qui n'appartiennent vraisemblablement pas à la langue primitive.

... Il devient oué (we) dans d'autres, avec élision de r final. Exemple mouchoir, mouchoué; battoir, batoué.

....... Il se prononce ouée (wée) dans quelques-uns. Exemple : balichoireries, balichouéer'ries; bigeoires, bigeouéeres; nageoires, nageouċeres, etc.

Dans une catégorie de mots il se prononce é ou ée. Exemple : croire, prononcez créere; toit, tet; droit, dret.

Oy se prononce ay ou ey (wae) dans les verbes et leurs dérivés, tels que : broyer, prononcez brayer; nettoyer, netteyer; noyer, neyer.

O est remplacé par ou. Exemple : copeau, coupiau; chose, choue; arroser, enrouser; rosée, rousée; et dans tous les mots en onneux et onner au type de ramonner, ramouneux; raisonneur, raisouneux; ràteleur, rateleux; moissonneur, mois

souner; sonner, souner; donner, douner; abonner, abouner; bonnet, bounet.

Il en est de même dans un grand nombre de mots devant. me, ne. Exemple: homme, houme; pomme, poume; savonne,

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Réciproquement, ou devient o, dans une autre catégorie, après cr. Exemple: croupi devient cropi; croupe, crope; accroupi, acropi; croupion, cropion; croûton, crotson, etc.; et dans boudin, fourche, coussin, etc., bodin, forche, cossin; et dans les mots commençant par la syllabe bour. Exemple: bourgeon, qui fait borgeon; bourdir, bordi ; bourbier, borbier ; bourdon, bordon; bourgeois, borgeois, etc.

Ou et ons s'élident souvent dans le pronom vous, devant une voyelle. Exemple: v'avez, v'allez, etc. Ils s'élident également dans beaucoup de formes du verbe vouloir. Exemple : je v'lais, vous v'lez, i v'lont, etc.

O est quelquefois muet, c'est-à-dire qu'il s'élide dans le corps de certains mots, quand il est placé entre une explosive et la labiale m. Exemple: commencer deviennent c'mmincer; comment, c'mment; commander, c'mmander; raccommoder. rac'mmoder; dommage, d'mmage, etc.

NASALES.- Toutes les fois qu'un mot se termine en ne, ner, na, nette, ni, not, etc., la syllabe qui précède (la pénultième) est nasalisée. Exemple: reine se prononce rein-ne; traîne, train-ne; nenni, nen-ni; Nanette, Nan-nette; Jeanne, Jean-ne; panner, pan-ner; jeûner, jeun-ner; Jeannot, etc., Jean-nôt.

La nasale en se transforme en in, dans commencer, qui devient c'mmincer, et quelques autres.

Ou est remplacé par eu dans rouiller, reuilli.

Ou est remplacé par u, dans : outil, uti; épousseter, epus

seter.

U, par é, dans jument, gément, qu'il est bon de confronter avec ces deux mots : jumeaux, gémaux.

U, par i, humeur, himeur; répugner, répigner, etc.

U, par eu buvons, beuvons, etc.

Cette règle ne souffre pas d'exception dans les formes fémi

nines du type une, eune; chaqueune, commeune, etc.

Ui, par oui

buis, bouis.

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Uie, par eue: truie, treue; pluie, pleue; parapluie, parapleue, etc.

Ui, par u: bruit, brut; fruit, frut; huissier, hussier; huisserie, husserie; ruisseau, russiau.

Ui, par i buisson, bisson.

Al final est remplacé par au, dans un grand nombre de substantifs cheval, chevau; animal, animau; (un) bestial, bestiau; et dans tous les mots composés avec le mot mal malcuit, maucuit; malmener, maumener.

Un est généralement remplacé par in. Un, in, ou yin; emprunt, emprint; quelqu'un, queuqu'in, etc.

U se change en eu dans les finales en ume. Plume, pleume ; enclume, encleume; allume, alleume; écume, éceume, etc.

I disont qu'alle est ben gente,
Qu'alle est douce coume in ignau;
Mais j'ai ben peur qu'a mé piante
Des pleum's de bœu à mon chapiau.

Pour l'immense majorité de ces catégories de substitutions d'un son à un autre, il ne m'a pas été possible de formuler une règle. Je n'en ai pu établir que pour un petit nombre de catégories. J'ai cru devoir cependant indiquer toutes les substitutions qui m'ont paru avoir quelque importance, dans l'espoir que la comparaison avec ce qui se passe dans d'autres idiomes permettra de fixer ces règles d'altération, que le cadre trop restreint où je me suis renfermé m'empêche d'apercevoir.

Les règles sont plus générales et plus faciles à déterminer quand il s'agit des substitutions de consonnes, ou de leur suppression, ou de leur intrusion dans certains mots. Mais, dans la plupart des cas, là encore elles ne peuvent être formulées.

J'ai déjà indiqué d'une manière générale, dans ma communication sur la classification des bruits, les principales règles qui président à ces mutations, j'aurai ici à passer successivement en revue les diverses catégories, avec exemples à l'appui.

Je m'occuperai d'abord de ces agents mixtes qui jouent, dans les langues parlées, tantôt le rôle de consonnes, tantôt le rôle de voyelles, comme en chimie certains corps fonctionnent tantôt comme bases, tantôt comme acides.

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