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bourrage, et nous avons ainsi la preuve de l'exactitude de notre procédé de cubage.

On pourrait arriver au même degré d'exactitude en combinant d'une autre manière la hauteur des vases et la largeur de l'entonnoir; il suffirait de recommencer, sur les mêmes principes, d'autres séries d'expériences. Mais je doute qu'on puisse trouver, pour la mensuration du premier litre, un vase aussi commode sous tous les rapports que le litre officiel en étain, et le choix de ce premier vase commande, pour ainsi dire, tout le reste du procédé.

Nous possédons maintenant les éléments nécessaires pour fixer le procédé et déterminer le manuel opératoire du cubage des crânes. Il ne sera pas inutile, en terminant, de décrire ce procédé dans tous ses détails.

$5. Description du procédé rigoureux du cubage par le plomb.

Le matériel du cubage des crânes comprend :

1o Une provision de 13 kilogrammes de plomb n° 8 représentant un volume d'environ 2 litres.

Les grains du plomb no 8 ont un diamètre de 2 millimètres et deux dixièmes. En d'autres termes, dix de ces grains, mis en file, occupent une longueur de 22 millimètres.

Ce plomb est déposé dans une solide boîte en bois de chêne, de 4 à 5 litres de capacité, assez longue pour qu'on puisse aisément y puiser le plomb à l'aide de la manette.

2o Une manette en fer-blanc, semblable à celle dont les épiciers se servent pour manier les grains de café.

3 Un large vase cylindrique en fer-blanc, pourvu d'une anse et d'une contenance d'un peu plus de 2 litres. Nous l'appelons le double litre. C'est dans ce vase qu'on vide les cranes, et on s'en sert ensuite pour verser le plomb dans les vases du cubage.

4o Le litre en étain, mesure revêtue du poinçon officiel qui en garantit l'exactitude. Largeur intérieure, 86 millimètres; hauteur intérieure, 175 millimètres.

5o L'éprouvelle graduée, cylindrique, d'une contenance d'un demi-litre (500 centimètres cubes), d'une hauteur de 38 à 40 centimètres et d'une largeur d'environ 4 centimètres.

Ce vase doit être en verre très-épais et très-solide et en

forme d'éprouvette, c'est-à-dire se continuant inférieurement avec une base élargie.

Les éprouvettes ne sont jamais exactement cylindriques. Les dimensions de notre éprouvette ne peuvent donc pas être rigoureusement fixées. Une différence de 1 à 2 centimètres sur la hauteur ne tire pas à conséquence. On cherche donc chez les marchands de cristaux une éprouvette dans laquelle un demi-litre de mercure monte à une hauteur de 38 à 40 centimètres, et on la fait couper exactement au niveau correspondant.

La graduation doit être faite expérimentalement et non géométriquement. On prend une mesure contenant 5 centimètres cubes de mercure, et on verse ce liquide dans l'éprouvette, de manière à marquer des divisions de 5 en 5 centimètres cubes.

Les éprouvettes graduées du commerce sont tout à fait trompeuses, parce qu'elles sont généralement divisées en parties égales. Il est bien rare d'ailleurs qu'elles aient les dimensions convenables.

6o L'entonnoir à opercule, en fer-blanc, large de 10 centimètres à sa partie supérieure, haut de 10 centimètres, terminé en un goulot cylindrique, large de 20 millimètres intérieurement et long de 1 centimètre. Cet entonnoir est destiné à introduire le plomb dans l'éprouvette graduée avec une vitesse déterminée. Il est fixé à frottement dans le centre d'un opercule. L'opercule est un disque en bois dur, épais de 2 centimètres, de forme circulaire et d'une largeur un peu supérieure à celle du diamètre extérieur de l'éprouvette. Une rainure circulaire, pratiquée sur sa face inférieure, permet de l'adapter exactement et centre pour centre (mais surtout sans frottement) sur l'ouverture de l'éprouvette. Au centre de l'opercule, on creuse une ouverture cylindro-conique, destinée à recevoir à frottement l'entonnoir, de manière à le fixer dans le centre et dans l'axe de l'éprouvette.

L'entonnoir à opercule, donnant un écoulement rapide, permet d'introduire promptement le premier litre de plomb. dans le crâne; mais, pour l'introduction du second litre, le bourrage devant accompagner l'écoulement du plomb, il est nécessaire d'employer un entonnoir sans opercule.

7° L'entonnoir étroit ou sans opercule. Il est semblable au

précédent, si ce n'est que son goulot n'a que 12 millimètres de largeur. Il sert à introduire dans le trou occipital tout le plomb qui excède le premier litre. Il faut que son goulot soit étroit pour deux raisons d'abord, parce qu'il faut réserver pour le passage du fuseau une grande partie de l'aire du trou occipital; et ensuite, parce que le bourrage doit être fait avec une certaine lenteur, pour que la jauge puisse être complète.

8° Deux grandes cuvelles en terre, a et b, dans lesquelles on place le crane pour le bourrer, le double litre pour y vider le crâne, et enfin le litre et l'éprouvette pour les raser.

9o Une rase, mince lame de bois à bord rectiligne, pour raser le plomb sur le litre ou sur l'éprouvette. Une petite équerre de géomètre remplit très-bien cet office.

10° Une sébille en bois, large d'environ 10 centimètres, sur laquelle on fait reposer le crâne pour le bourrer; si l'on appuyait directement le crâne sur la cuvette, on le fixerait difficilement pendant le bourrage.

11o Le fuseau, pièce en bois dur, cylindro-conique, longue de 20 centimètres; la partie cylindrique a 10 centimètres de long sur 2 de large; la partie conique a donc également 10 centimètres de long; elle se termine en pointe émoussée. La précision du bourrage exige que le fuseau ait les dimensions qu'on vient d'indiquer (1).

12° Plusieurs tampons de ouate pour tamponner les orbites; une provision de ouate pour fermer les petites pertes de substance, et enfin quelques lames de ouate en feuilles gommées d'un côté, pour boucher les ouvertures de plus grande dimension.

13° Enfin une corde de moyenne grosseur (d'environ 8 millimètres de diamètre), assez longue pour faire huit à dix fois le tour du crâne, et destinée à consolider les crânes en mauvais état, ou ceux dont les sutures ne sont pas absolument immobiles. On devra toujours consolider ainsi les crânes dans lesquels la suture sphéno-basilaire n'est pas soudée. Sans cette précaution, la poussée excentrique du plomb pourrait disjoindre certaines

(1) Les personnes qui ne voudraient pas prendre la peine de faire faire ellesmêmes les divers instruments que nous venons d'énumérer, et spécialement les éprouvettes graduées, en trouveront l'assortiment complet chez M. Mathieu, fabricant d'instruments de chirurgie et d'anthropologie, à Paris.

sutures, et alors même qu'elle n'endommagerait pas le crâne, elle pourrait produire une dilatation qui augmenterait notablement la jauge. J'ai pu constater dans certains cas une différence de capacité de plus de 30 centimètres cubes, suivant que le crâne avait ou non été consolidé par des tours de corde.

L'existence d'une petite perte de substance n'empêche pas de pratiquer le cubage; lorsqu'elle n'a pas plus de 1 centimètre de large, on y pousse un tampon de ouate qui fait saillie à l'intérieur; le plomb, aplatit cette saillic, qui ne diminue pas la capacité du crâne de plus de 1 à 2 centimètres cubes, erreur insignifiante. Lorsque le voûte orbitaire est cassée, ce qui est assez fréquent, on tamponne fortement l'orbite avec de la onate; celle-ci empiète d'abord un peu sur la cavité du crâne, mais le plomb la refoule ensuite et l'erreur est encore trèsminime. D'une manière générale, toutes les fois que la perte de substance ne paraît pas devoir introduire une erreur de plus de 4 à 5 centimètres cubes, la jauge est bonne, et on ne doit pas renoncer au cubage.

On peut même cuber avec une exactitude très-suffisante les crânes dont la voûte présente une perte de substance de 5 à 4 centimètres. On applique sur la perte de substance une lame de ouale gommée, recouverte d'une lame de papier en huit ou dix doubles, qui la déborde largement; on applique par-dessus une petite pièce de carton et on fixe solidement le tout avec plusieurs tours de corde.

Dans l'énumération précédente j'ai indiqué indistinctement tous les objets dont je me sers pour pratiquer le cubage. Il en est dans le nombre dont le choix est indifférent, et que chacun peut modifier à sa guise sans aucun inconvénient. Mais je dois signaler tout spécialement ceux qui exercent une influence directe sur les résultats du cubage, et qui ne pourraient être modifiés sans rendre l'opération incertaine ou trompeuse. Ce sont : no 4, le litre en étain; no 5, l'éprouvelle graduée; n° 6, l'entonnoir à opercule; et n° 11, le fuseau. Le fuseau assure la fixité de la jauge; les dimensions de l'entonnoir déterminent la vitesse de l'écoulement, et la hauteur des vases 4 et 5 détermine la hauteur de la chute du plomb. Lorsque ces trois conditions sont combinées d'une manière fixe, le cubage, pratiqué avec une attention suffisante, donne

des résultats constants, à 5 centimètres cubes près, et lorsqu'elles sont combinées suivant les indications que j'ai données, les résultats ne sont pas seulement certains, ils sont en outre exacts, c'est-à-dire conformes à ceux du jaugeage au

mercure.

Procédé opératoire.

L'opération du cubage des crânes ne peut être faite rapidement qu'avec le concours d'un aide. En se partageant le travail d'une manière méthodique, l'opérateur et son aide peuvent l'abréger beaucoup. Ils se placent vis-à-vis l'un de l'autre sur les bords d'une grande table où sont étalés tous les instruments.

Avant de cuber le premier crâne, on remplit de plomb le litre en étain; ceci est fait une fois pour toutes, car pour le second crâne le litre se trouve déjà rempli par le cubage du premier, et ainsi de suite.

On place la sébille (n° 10) dans l'une des cuvettes a, et on y pose le crane renversé sur sa voûte. De la main gauche, l'opérateur saisit l'entonnoir à opercule et l'applique sur le trou occipital, pendant que de la main droite il saisit le litre de plomb et le déverse dans le crâne, ce qui dure treize ou quatorze secondes. On pourrait se servir également à cet effet de l'entonnoir étroit (no 7); mais l'écoulement du litre durerait deux fois plus longtemps, et il y a intérêt à abréger cette partie de la manœuvre, que le poids d'un litre de plomb, soulevé d'une seule main, rend assez fatigante.

Dès que le premier litre est introduit, l'opérateur soulève le crâne à deux mains, l'incline fortement en avant, en lui donnant une ou deux secousses, pour remplir les fosses frontales. et temporales, puis le dépose de nouveau sur la sébille dans une direction légèrement inclinée en avant; alors commencent à la fois le bourrage et l'introduction du second litre.

L'opérateur saisit de la main gauche l'entonnoir étroit (no 7), applique le goulot sur le bord antérieur du trou occipital, le remplit rapidement de plomb et, pendant que celui-ci commence à s'écouler dans le crâne, il saisit le fuseau de la main. droite et bourre rapidement, en dirigeant d'abord les coups obliquement vers l'avant; à ce moment, le fuseau doit être poussé le plus loin possible. L'aide verse de temps à autre du plomb dans l'entonnoir, qui ne doit jamais rester vide; le creux produit par chaque coup de fuseau est ainsi immédiatement com

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