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tion qui eut lieu après la prise de Séville par Ibn Adfonch, roi des Galiciens1. L'auteur de cette notice se nomme Abou Zeïd Abd erRahman, fils de (Abou Bekr) Mohammed, fils de (Abou Abd-Allah) Mohammed, fils de Mohammed, fils d'El-Hacen, fils de Mohammed, fils de Djaber, fils de Mohammed, fils d'Ibrahîm, fils d'Abd er-Rahman, fils de Khaldoun 2. Pour remonter à Khaldoun, je donne ici une série de dix aïeux seulement; mais je suis très-porté à croire qu'il y en avait encore dix dont on a oublié de rapporter les noms. En effet, si Khaldoun, le premier de nos aïeux qui s'établit en Espagne, y entra lors de la conquête de ce pays (par les musulmans), l'espace de temps qui nous sépare de lui serait de sept cents ans, ou d'environ vingt générations, à raison de trois générations par siècle3.

Nous tirons notre origine de Hadramaout, tribu arabe du Yémen, et nous nous rattachons à ce peuple dans la personne de Ouaïl Ibn Hodjr, chef arabe qui fut un des Compagnons du Prophète. Abou Mohammed Ibn Hazm dit dans son Djemhera : « Ouaïl était fils de Hodjr, fils de Saad, fils de Mesrouc, fils de Ouaïl, fils d'En-Nôman, fils de Rebïah, fils d'El-Hareth, fils de Malek, fils de Chorahbîl, fils d'El-Hareth, fils de Malek, fils de Morra, fils de Homeïdi (var. Hamîri, Himyeri), fils de Rend (var. Zeïd), fils d'El-Hadremi, fils

1 Ferdinand III, fils d'Alphonse IX et souverain des royaumes de Léon et de Castille, acheva la conquête de Séville en novembre 1248. A la suite de cet événement, un grand nombre de musulmans. espagnols émigrèrent en Afrique.

En Mauritanie et en Espagne, les grandes familles d'origine arabe se distinguaient par des noms particuliers choisis dans leurs listes généalogiques. On adoptait le nom le moins usité, et par conséquent le plus remarquable. Si la liste des ancêtres se composait de noms d'un emploi général, on y prenait un composé de trois consonnes et on y ajoutait la syllabe oun. Ainsi se formèrent les noms de

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d'Omar (var. Amr), fils d'Abd-Allah, fils d'Aouf, fils de Djochem (var. Djorchem), fils d'Abd-Chems, fils de Zeïd, fils de Lami (var. Louï), fils de Chemît (var. Chît), fils de Codama (var. Catama), fils d'Aadjeb, fils de Malek, fils de Laï (var. Louï), fils de Cahtan. Il eut un fils nommé Alcama Ibn Ouaïl, et un petit-fils nommé Abd el-Djebbar Ibn Alcama.

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Nous lisons dans l'Istiáb d'Abou-Omar Ibn Abd el-Berr', sous la lettre ou (, ) : « Ouaïl se rendit auprès du Prophète, et celui-ci, ayant étendu son manteau par terre, le fit asseoir dessus et dit : « Grand Dieu! répands tes bénédictions sur Ouaïl Ibn Hodjr et sur ses enfants, et sur les enfants de ses enfants, jusqu'au jour de la résurrection. En le congédiant, il le fit accompagner par Moaouïa Ibn Abi Sofyan, qu'il avait chargé d'enseigner au peuple de Ouaïl le Coran et l'islamisme. Lors de l'avènement de Moaouïa au khalifat, Ouaïl, son ancien compagnon (de voyage), alla lui présenter ses hommages; mais il ne voulut pas accepter le djaïza2 que ce prince lui offrit. Lors de l'échauffourée de Hodjr Ibn Adi el-Kindi3, à Koufa, Quaïl et les autres chefs yéménites qui étaient sous les ordres de Ziad Ibn Abi Sofyan, réunirent leurs forces contre le perturbateur. » On sait que Hodjr tomba entre leurs mains et qu'il fut mis à mort par Moaouïa, auquel ils l'avaient livré.

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Parmi les descendants de Ouaïl, dit Ibn Hazm, on compte les Beni Khaldoun de Séville, famille dont l'aïeul Khaled, dit Khaldoun, quitta l'Orient pour l'Espagne. Il était fils d'Othman, fils de

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Hani, fils d'El-Khattab, fils de Koreïb, fils de Madi-Kerib, fils d'ElHarith, fils de Ouaïl, fils de Hodjr. » Le même auteur dit : « Koreïb Ibn Othman et son frère Khaled, petits-fils de Khaldoun, comptaient au nombre des chefs les plus insubordonnés de l'Espagne. Mohammed, dit-il, le frère (d'Othman), laissa des enfants, et un de ses descendants fut Abou 'l-Aci () Amr, fils de Mohammed, fils de Khaled, fils de Mohammed, fils de Khaldoun. Abou 'l-Aci eut trois fils, Mohammed, Ahmed et Abd-Allah. Parmi les descendants d'Othman, frère (de Mohammed), on remarque Abou-Moslem Omar Ibn Khaldoun, philosophe (hakim)' espagnol et disciple de Maslema el-Madjrîti2. Il était (petit-) fils de Mohammed, fils d'Abd-Allah, fils de Bekr, fils de Khaled, fils d'Othman3, fils de Khaldoun. Son cousin paternel, Ahmed, était fils de Mohammed, fils d'Ahmed, fils de Mohammed, fils d'Abd-Allah. Le dernier de la postérité de Koreïb, chef déjà nommé, fut Abou 'l-Fadl Mohammed, fils de Khalef, fils d'Ahmed, fils d'Abd-Allah, fils de Koreïb.

De mes aïeux en Espagne.

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Notre ancêtre, étant arrivé en Espagne, s'établit à Carmouna avec une fraction de sa tribu, les Hadramaout. Sa lignée se propagea dans cette ville; puis elle se transporta à Séville. Cette famille appartenait au djond du Yémen 5. Koreïb et son frère Khaled, descen

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envoyèrent dans ces pays plusieurs tribus arabes, tant modérites que yéménites, et les y établirent comme colonies militaires (djond). En Syrie, il y avait cinq djonds; celui de Kinnisrîn, près d'Alep; celui de Hems (Émesse), celui de Damas, celui d'El-Ordonn (le territoire du Jourdain) et celui de Filistin (Palestine). L'Irac en avait au moins deux : celui de Koufa et celui de Basra. Une grande partie des troupes dont se composaient les armées des khalifes était tirée des djonds. En l'an 51 de l'hégire, les deux djonds réunis de Koufa et

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dants de Khaldoun, se firent remarquer dans la révolte qui éclata à Séville sous le règne de l'émir Abd-Allah el-Merouani 1. Oméia Ibn Abi Abda, s'étant emparé du gouvernement de Séville, le garda pendant quelques années, et fut tué par Ibrahîm Ibn Haddjadj, qui s'insurgea contre lui à l'instigation de l'émir Abd-Allah el-Merouani. Cela eut lieu dans la dernière moitié du ir siècle (de l'hégire). Je vais donner une notice sommaire de cette révolte d'après les renseignements tirés par Ibn Saîd 2 (des écrits) d'El-Hidjari 3, d'Ibn Haiyan' et d'autres historiens. Ceux-ci appuient leurs récits sur l'autorité d'Ibn el-Achâth, historiographe de Séville.

Pendant les troubles qui agitèrent l'Espagne sous le règne de l'émir Abd-Allah, les personnages les plus influents de la ville de Séville aspirèrent à l'indépendance, et se jetèrent dans la révolte. Ce furent trois chefs de grandes familles qui provoquèrent le soulèvement: 1o Oméia, fils d'Abd el-Ghafer et petit-fils d'Abou Abda, du même qui fut nommé gouverneur de la ville et de la province de Séville par Abd er-Rahman, le premier des Oméiades qui entra en Espagne. Oméia tenait un haut rang à la cour de Cordoue, et avait gouverné les provinces les plus importantes de l'empire. 2o Koreïb, chef de la famille Khaldoun. Il avait pour lieutenant son frère Khaled. «La famille Khaldoun, dit Ibn Haiyan, est encore aujourd'hui

de Basra fournirent cinquante mille soldats à Rebiâ Ibn Zîad, qui allait s'installer dans le gouvernement du Khoraçan. Les djonds de la Syrie avaient expédié des détachements en Espagne; celui de Kinnisrîn fut établi à Jaën, celui d'Émesse à Séville, celui de Damas dans la province d'Elvira, celui du Jourdain à Reiya (province de Malaga) et celui de Palestine dans la province de Sidonia. (Voy. aussi l'Hist. des Musulmans d'Espagne de M. Dozy, t. I, p. 268.)

'Le septième souverain de la dynastie oméiade espagnole. On appelait cette branche de la famille les Merouanides, parce

qu'Abd er-Rahman, le fondateur de la dynastie, était arrière-petit-fils du khalife Abd el-Melek Ibn Merouan.

2 Abou'l Hacen Ali Ibn Mouça Ibn Saîd, historien et géographe, naquit à Grenade l'an 610 (1214 de J. C). Il passa plusieurs années en Orient et mourut à Tunis en 685 (1286-1287 de J. C.).

3 Les trois manuscrits portent, par erreur, El-Hidjazi. Abou Mohammed AbdAllah el-Hidjari, natif de Guadalaxara, traditionniste, légiste et historien, mourut à Ceuta, l'an 591 (1195 de J. C.).

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une des plus illustres de Séville. Elle a toujours brillé par le haut rang qu'occupaient ses membres dans les commandements militaires et dans les sciences. » 3o Abd-Allah Ibn Haddjadj, chef de la famille des Haddjadj. « Cette maison, dit Ibn Haiyan, fait partie de la tribu de Lakhm, et reste encore à Séville. C'est une souche bien enracinée dont les branches continuent à fleurir. Elle s'est toujours distinguée en produisant des chefs et des savants d'un talent supérieur. » Entre les années 280 (893 de J. C.) et 290, pendant qu'un esprit général d'insubordination agitait l'Espagne, l'émir Abd-Allah confia son jeune fils Mohammed aux soins d'Oméia, fils d'Abd el-Ghafer, qu'il venait de nommer gouverneur de Séville. Arrivé à son poste, Oméia trama un complot contre son souverain, et poussa secrètement les chefs dont nous avons parlé à se révolter contre son pupille et contre luimême. S'étant enfermé dans la citadelle avec le jeune prince, il s'y laissa assiéger par les insurgés. Mohammed ayant obtenu d'eux la permission d'aller joindre son père, Oméia profita de son départ pour s'attribuer le commandement suprême. Il fit alors assassiner Abd-Allah Ibn Haddjadj, et le remplaça par Ibrahîm, frère de sa victime. Voulant affermir son autorité et s'assurer l'obéissance des familles Khaldoun et Haddjadj, il retint leurs enfants auprès de lui, et, voyant qu'elles étaient peu disposées à lui obéir, il les ramena à la soumission par la menace de faire mourir ses otages. Pour obtenir la remise de leurs enfants, elles s'engagèrent, par serment, à lui être fidèles; mais ensuite elles se révoltèrent de nouveau, et attaquèrent Oméia avec tant d'acharnement, qu'il prit la résolution de mourir les armes à la main. Ayant fait égorger ses femmes, couper les jarrets à ses chevaux et brûler tout ce qu'il possédait de précieux, il s'élança au milieu des assaillants et combattit jusqu'à la mort. Les vainqueurs livrèrent sa tête aux insultes de la populace, et mandèrent à l'émir Abd-Allah qu'ils avaient tué leur gouverneur parce qu'il s'é

tait soustrait à l'autorité de son souverain. Sentant la nécessité de les ménager, l'émir agréa cette excuse et leur envoya, en qualité de gouverneur, un de ses parents nommé Hicham Ibn Abd er-Rahman.

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