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et

que

battirent en Syrie. Selon ces conteurs, Og était si grand qu'il saisissait des poissons dans la mer et les tenait auprès1 du soleil pour les faire cuire. Ils connaissaient aussi peu la nature des corps célestes que la constitution de l'espèce humaine, puisqu'ils croyaient que le soleil était chaud et que, plus on se rapprochait de cet astre, plus la cha- P. 319. leur augmentait; ils ne savaient pas que la chaleur c'est la lumière, la lumière, dans le voisinage de la terre, est plus intense qu'ailleurs. Ce phénomène a pour cause la réflexion des rayons solaires, qui, ayant touché le sol, s'en retournent à l'encontre des autres rayons et ajoutent encore à leur chaleur. Lorsqu'on dépasse la limite jusqu'à laquelle les rayons réfléchis peuvent atteindre, on n'y trouve plus de chaleur; dans les régions parcourues par les nuages, il fait froid. Quant au soleil, 'il n'est ni chaud ni froid, c'est un corps simple, lumineux, sans tempérament distinctif. Selon les mêmes individus, Og, fils d'Enac, appartenait à la nation amalécite ou à la nation chananéenne, races qui devinrent la proie des Israélites lors de la conquête de la Syrie. Or la taille des Israélites était alors à peu près comme la nôtre; ce qui est démontré par les dimensions des portes de Jérusalem. On a bien pu abattre ces portes et les relever, mais on n'a jamais changé leur forme ni leur grandeur. Comment donc serait-il possible que la taille d'Og eût dépassé à un tel point celle de ses contemporains. L'erreur que nous signalons provient de l'étonnement que l'on ressent à l'aspect des monuments anciens. Ne sachant pas que les dynasties d'alors pouvaient réunir des ouvriers en foule et se servir de machines dans la construction des grands édifices, on attribua ce résultat aux forces énormes qu'une taille gigantesque avait données aux anciens peuples; mais la chose est bien loin d'être ainsi.

Masoudi rapporte, sur l'autorité des philosophes (grecs),, une opinion de cette nature; mais elle est sans fondement et tout à fait arbitraire. Ils disent qu'à l'époque de la création le corps de l'homme était, par sa nature, aussi vigoureux que parfait. Grâce à cette perfection, les hommes vivaient jusqu'à un âge très-avancé, et les corps

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P. 320. jouissaient d'une grande force. Selon eux, la mort survient par suite de la désorganisation des forces naturelles; plus ces forces sont intenses, plus la vie se prolonge. Au commencement du monde, la durée de la vie était à son maximum et le corps humain était dans toute sa perfection. Ces avantages diminuèrent graduellement, avec la diminution de la matière constituante, et ils se trouvent à présent dans l'état d'amoindrissement que nous voyons. Cette diminution (disent-ils) doit continuer jusqu'à l'époque de la désorganisation générale et de la ruine de l'univers. On voit combien cette opinion est fantastique; elle n'a, pour se soutenir, aucune preuve tirée de la nature des choses, aucune démonstration fournie par le raisonnement. Nous pouvons examiner de nos yeux les habitations des anciens, les portes1 (de leurs villes), les rues qui passent auprès de leurs édifices, leurs temples, leurs maisons et lieux d'habitation, tels que les demeures que les Thémoudites s'étaient taillées dans le roc; nous y verrons des maisons assez petites et des portes très-étroites. Le Prophète luimême nous a fait savoir que ces excavations servaient de demeures aux Thémoudites. Il ordonna de jeter la pâte qu'on avait pétrie avec l'eau de cette localité, de ne pas employer cette eau, mais de la verser par terre. « N'entrez pas, dit-il, dans la demeure des gens qui se sont fait tort à eux-mêmes, ou bien entrez-y en pleurant, afin de ne pas éprouver un malheur semblable à celui qui les a frappés. » Les observations qui précèdent s'appliquent également aux monuments du pays des Adites, de la Syrie, de l'Égypte et de toutes les contrées de la terre, depuis l'orient jusqu'à l'occident. Ce que nous venons d'énoncer à ce sujet est l'exacte vérité.

On peut compter au nombre des souvenirs qui attestent la puissance des anciennes dynasties les descriptions des fêtes et des mariages. Voyez ce que nous venons de raconter au sujet de Bouran, du repas donné par El-Haddjadj2 et de la munificence d'Ibn Dhi-Yezen3. Une autre classe de souvenirs, ce sont les indications au sujet des

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dons que les princes se plaisaient à prodiguer. La valeur de ces dons. est en rapport direct avec la grandeur de l'empire; cela s'observe même dans les empires qui approchent de leur décadence. Les sentiments généreux qui animent les princes se mesurent d'après la puissance de leurs royaumes et l'étendue de leur domination. Ces nobles inspirations ne les abandonnent pas, jusqu'à ce que leur pouvoir soit renversé. Considérez, par exemple, la manière dont Ibn Dhi-Yezen traita la députation des Coréichides qui s'était rendue auprès de lui1: il leur fit cadeau de plusieurs livres pesant d'or et P. 321. d'argent; à chaque membre de la députation il donna dix jeunes esclaves et un sachet d'ambre gris; il décupla ce présent pour Abd elMottaleb. Et cependant le royaume de ce prince ne se composait alors que de la capitale du Yémen, et il subissait lui-même la domination de la Perse. Il se laissa porter à cet acte de générosité par sa noble disposition et par l'exemple de ses ancêtres, les Tobba, qui possédaient un grand royaume et qui avaient subjugué les habitants des deux Iracs, de l'Inde et du Maghreb. Les Sanhadja de l'Ifrîkiya2 se distinguèrent aussi par leur générosité : chaque fois qu'une députation composée de chefs zenatiens arrivait à leur cour, ils donnaient à chacun de ces émirs plusieurs charges d'argent, plusieurs paquets de vêtements et un grand nombre de bêtes de somme très-bien dressées. La chronique d'Ibn er-Rekîk renferme, à ce sujet, une foule d'anecdotes. N'oublions pas comment les Barmékides prodiguaient les cadeaux et les gratifications. S'ils se chargeaient de soulager un pauvre, ils ne se contentaient pas de lui offrir de quoi le soutenir pendant la moitié d'une journée ou une journée entière; ils lui donnaient une propriété, une place dans l'administration ou les moyens de vivre dans l'aisance pendant le reste de ses jours. On trouve dans les livres un grand nombre de traits de générosité par lesquels les Barmékides

1

Voyez l'histoire de Madi - Karib Saif

Ibn Dhi-Yezen, dans l'Essai de M. Caussin

de Perceval, t. I, p. 154 et suiv.

2

C'est-à-dire, les princes Zirides qui

gouvernèrent la Mauritanie orientale au
nom des Fatémides, khalifes qui régnaient
alors en Égypte.

s'étaient illustrés. La valeur de ces dons était en rapport avec la splendeur de l'empire. A cette liste nous pouvons ajouter 1Djouher l'Esclavon, secrétaire d'état et chef de l'armée fatémide : lorsqu'il quitta Cairouan pour faire la conquête de l'Égypte, il emporta avec lui mille charges d'or et d'argent. Or rien de semblable ne pourrait arriver sous une de nos dynasties modernes. Un état2 écrit de la main d'Ahmed Ibn Mohammed Ibn Abd el-Hamid, renferme l'indication de toutes les redevances que les provinces de l'empire envoyaient au trésor public, à Baghdad, sous le règne d'El-Mamoun; je l'ai extraite de l'ouvrage intitulé Djirab ed-Doula (Ressources de l'Empire), et je la reproduis ici.

Redevances des provinces de l'Empire.

P. 322. Le Souad, 27,780,000 dirhems; de plus, en contributions diverses, 14,800,000 dirhems; 200 manteaux de Nedjran; 240 livres de terre sigillée (bol d'Arménie).

. هذا

Kesker, 11,600,000 dirhems.

Les districts du Tigre, 20,800,000 dirhems.

Holouan, 4,800,000 dirhems 5.

Ahouaz, 25,000 dirhems; 30,000 livres de sucre.

, le mot, ou, ou bien

,c'est-a-dire ثنتان مكررة مرتين encore

(trois ثلاث مرات on met les mots الف

L'édition de .وكذا je lis , وهذا Pour

double, répété deux fois). Après les trois

1

Boulac et les manuscrits C et D portent

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Le Fars, 27,000,000 dirhems; 30,000 flacons d'eau de rose; 20,000 livres de raisins secs noirs.

Le Kerman, 4,200,000 dirhems; 500 pièces d'étoffe du Yémen; 20,000 livres de dattes; 1,000 livres de cumin.

Le Mekran, 400,000 dirhems.

Le Sind et les pays voisins, 11,500,000 dirhems'; 150 livres de bois d'aloès indien.

Le Sidjistan, 4,000,000 dirhems; 300 pièces d'étoffe de soie rayée de diverses couleurs; 20,000 livres de sucre raffiné.

Le Khoracan, 28,000,000 dirhems; 1,0003 lingots d'argent: 4,000 bêtes de somme; 1,000 esclaves; 27,000 tuniques; 3,000 livres de P. 323. myrobolans (fruit médicinal).

Le Djordjan, 12,000,000 dirhems; 1,000 pièces de soie.
Coumis, 1,500,000 dirhems; 1,000 lingots d'argent.

Le Taberistan, Rouïan et Nihaouend, 6,300,000 dirhems; 600 tapis de Taberistan 5; 200 habits; 500 tuniques (thoub); 300 serviettes; 300 tasses d'argent.

Reï, 12,000,000 dirhems; 20,000 livres de miel.

Hamadan, 11,800,000 dirhems; 1,000 livres de confitures de grenades; 12,000 livres de miel.

La région située entre Basra et Koufa, 10,700,000 dirhems.
Masébédan et Reban 6, 4,000,000 dirhems.

Chehrezour, 6,000,000 dirhems.

Mosul et ses dépendances, 24,000,000 dirhems; 20,000 livres de miel blanc.

L'Aderbeïdjan, 4,000,000 dirhems.

La Mésopotamie et les districts de l'Euphrate qui en dépendent, 34,000,000 dirhems.

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