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nant son frère Khalid: «La famille Khaldoun, dit Ibn-Haiyan, est encore aujourd'hui une des maisons les plus illustres de Séville, et elle a toujours brillé par le haut rang qu'occupaient ses membres, soit dans les commandements militaires, soit dans les sciences. » Le troisième chef était Abd Allah IbnHaddjadj, le principal membre de la famille Haddjadj. « Cette maison, dit encore Ibn-Haiyan, fait partie de la tribu de Lakhm et a subsisté à Séville jusqu'à ce jour. Elle vient d'une ancienne souche dont plusieurs branches fleurissent encore; elle s'est toujours distinguée en produisant des chefs et des savants d'un talent supérieur.» En l'an 280 (893-894 de J. C.), l'esprit de sédition qui agitait l'Espagne reprit de nouvelles forces; l'émir Abd Allah venait d'accorder le gouvernement de Séville à Oméiya Ibn-Abd el-Ghafir, et lui avait confié en même temps le soin d'élever son propre fils Mohammed. Arrivé à son poste, Oméiya trama un complot contre son protégé et encouragea secrètement ses amis, c'est-à-dire les personnes dont nous avons parlé, à se révolter contre Mohammed et contre lui-même. Il se retira alors avec le jeune prince dans le château, et les insurgés y ayant mis le siége, Mohammed demanda et obtint la permission d'aller joindre son père. Oméiya s'empara aussitôt du commandement suprême à Séville, et, ayant fait assassiner Abd Allah Ibn-Haddjadj, il le remplaça par son frère Ibrahîm Ibn-Haddjadj. Pour affermir son autorité et s'assurer la fidélité des familles

Khaldoun et Haddjadj, il retint leurs enfants près de sa personne, et, quelque temps après, quand son usurpation les eut poussés à la révolte, il menaça de faire périr ses otages, et aussitôt elles déposèrent les armes. Dans la suite, elles obtinrent la remise de leurs enfants, en lui promettant par serment de rester fidèles à sa cause. Bientôt, cependant, elles se révoltèrent de nouveau et attaquèrent Oméiya avec tant d'acharnement, qu'il prit la résolution de périr les armes à la main. En conséquence, il fit mourir ses femmes, couper les jarrets à ses chevaux et brûler tout ce qu'il possédait de précieux; et, se précipant alors sur ses ennemis, il combattit sans reculer jusqu'à ce qu'il succombât. Sa tête fut abandonnée aux insultes de la populace, et les révoltés écrivirent à l'émir Abd Allah qu'ils avaient tué leur gouverneur, parce qu'il avait cessé de reconnaître l'autorité du souverain. Sentant la nécessité de les ménager, Abd Allah agréa leurs excuses et leur donna pour gouverneur Hicham Ibn-Abd er-Rahman, un de ses parents; mais, excités par Koréib Ibn-Khaldoun, ils emprisonnèrent leur nouveau commandant et tuèrent son fils. Alors Koréib s'empara de l'autorité. « Après la mort d'Abd Allah Ibn-Haddjadj, dit Ibn-Saîd, d'après El-Hidjari, son frère Ibrahîm aspira à l'indépendance; et, pour mieux réussir dans son projet, il demanda en mariage une fille d'Ibn Hafsoun, un des chefs les plus entreprenants parmi les insurgés, et qui était maître de la ville de Malaga et de toute la province jusqu'à

Ronda. Ayant éprouvé un refus, il se tourna vers Koréib Ibn-Khaldoun, et, après s'être concilié sa faveur et avoir acquis sa confiance, il devint son lieutenant dans le gouvernement de Séville. Koréib opprimait le peuple et le traitait avec une hauteur et un mépris excessifs, pendant qu'Ibrahîm gouvernait avec douceur et intervenait en sa faveur près de son chef. S'étant acquis ainsi son affection à mesure que Koréib la perdait, il envoya secrètement à l'émir Abd Allah, pour lui représenter qu'il possédait la confiance du peuple, et demander des lettres de nomination au gouvernement de Séville.

Ayant obtenu ces titres, il en donna communication aux notables (b) de la ville, et ceux-ci, lui étant tout dévoués, se soulevèrent contre Koréib, qu'ils détestaient, et, l'ayant tué, ils envoyèrent sa tête à l'émir Abd Allah. Ibrahîm demeura alors maître de Séville. « (Koréib Ibn-Khaldoun), dit Ibn-Haiyan, résida alternativement à Séville et au château de la ville de Carmona, une des meilleures forteresses de l'Espagne, dans laquelle il avait mis sa cavalerie en garnison. Il enrôla des troupes, les organisa par classes, et se concilia la faveur de l'émir Abd Allah par des envois d'argent et des cadeaux, et par des secours d'hommes à chaque bruit de danger. Sa cour fut un centre d'attraction, et toutes les bouches répétèrent ses louanges; les hommes de naissance se rendirent auprès de lui, et de riches cadeaux récompensèrent leur démarche; les poëtes célébrèrent ses nobles qualités, et une généreuse rétribution fut leur par

tage; Abou Omar Ibn-Abd Rabbih lui-même, l'auteur de l'Ikd1, rechercha son patronage et négligea pour lui tous les autres princes qui s'étaient déclarés indépendants. Koréib reconnut le mérite de cet éminent écrivain et le combla de présents. » La famille Khaldoun fleurit ainsi à Séville, comme Ibn-Haiyan, Ibn-Hazm et autres historiens l'ont raconté; sa prospérité dura sans interruption sous la dynastie des Oméiydes, et ne cessa qu'à l'époque des Tawaïf, quand l'Espagne se trouva séparée en plusieurs royaumes indépendants. Alors elle perdit son rang politique en perdant son influence. Quand la puissance d'Ibn-Abbad acquit de la prépondérance à Séville et qu'il eut amené les habitants à reconnaître son autorité, il choisit ses vizirs dans la famille Khaldoun et lui ouvrit la carrière des emplois dans le gouvernement. Les membres de cette famille l'accompagnèrent à Zellaca, où il défit le roi de Galice (Alphonse VI, roi de Castille), avec le secours de Youçof Ibn-Taschifîn, et un grand nombre d'entre eux tombèrent martyrs dans cette campagne. Ils avaient été surpris de nuit dans une expédition conduite par Ibn-Abbad; mais ensuite la victoire resta aux musulmans, Dieu les ayant secourus contre l'ennemi. A la suite de ces événements, Youçof IbnTaschifin et ses Almoravides tournèrent leurs armes contre l'Espagne (islamique), et, dès lors, l'empire des Arabes disparut et leurs tribus s'anéantirent.

1 Voy. sa vie dans Ibn-Khallikan, texte arabe, tom. I, pag. trad. tom. I, pag. 92.

14;

DE MES AÏEUX EN IFRÎKIYA (LA PROVINCE DE TUNIS).

Quand les Almohades, peuple qui eut pour rois Abd el-Moumin et ses enfants, enlevèrent l'Espagne aux Almoravides, ils confièrent à diverses reprises le gouvernement de Séville et des Arabes d'Andalousie au dignitaire le plus éminent (s; zaîm) de leur empire, le cheikh Abou Hafs, chef de la tribu de Hintata. Dans une autre occasion, ils élevèrent son fils Abd el-Wahid à ce poste, et, plus tard, ils y nommèrent Abou Zékériya, fils de ce dernier. A cette époque, nos ancêtres de Séville s'étaient attachés à la cause des Almohades, et lors du gouvernement d'Abou Zékériya Yahya Ibn-Abd el-Wahid, un de nos aïeux du côté des femmes, nommé Ibn-el-Mohtésib, lui fit cadeau d'une jeune esclave galicienne, dont il fit sa concubine. Il eut d'elle plusieurs enfants; savoir: Abou Yahya Zékériya, son successeur désigné, mais qui mourut avant lui; puis Omer et Abou Bekr. Cette femme reçut alors le titre d'omm el-kholefâ (mère des successeurs ou des khalifes). Postérieurement à l'an 620 (1223 de J. C.), Abou Zékériya passa au gouvernement de l'Ifrîkiya (le royaume de Tunis), et en l'an 625 il se déroba à l'autorité des descendants d'Abd elMoumin, se déclara indépendant, et s'empara de la souveraineté de l'Ifrîkiya. Vers la même époque, la desorganisation se mit dans l'empire des Almohades en Espagne, et Ibn-Houd se révolta contre eux. A

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