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tendent au loin, en dehors, dans les cercles de Biskra, de Bordj-bou-Arreridj, d'Aumale, de Médéa, de Boghar, de Laghouat et jusque dans la Kabilie.

Voici ce que l'histoire et la tradition nous apprennent des différentes phases par lesquelles a passé le sol que celte tribu occupe maintenant. Nous allons d'abord faire connaître l'origine que s'attribuent les divers éléments qui forment, par leur ensemble, ce que nous comprenons sous la dénomination de tribu des Oulad-Madj, et ce que la tradition a pu nous apprendre à leur sujet; nous dégagerons ensuite ce qui a un caractère réellement historique.

Les gens lettrés du pays font descendre la tribu de ce Mâdi-ben-Magrob-el-Hilali dont parle l'historien Ibn-Khaldoun et qui était chef des Gourras, tribu qui avait pénétré en Afrique avec la première invasion. Ce personnage se trouvait établi à Barka, à l'époque de la deuxième invasion. La tribu dont il aurait été la souche, aurait habité le Zab et serait venue ensuite s'établir dans le Hodna, où elle aurait trouvé installée, dans les régions de l'OuedChellal et de l'Oued-Msila, les tribus des Arib, des Zenakhera, des Oulad-Ali-ben-Daoud et les Douaouda. Grâce à leur courage personnel, les Oulad-Mâdi refoulèrent successivement toutes ces tribus. Les Arib furent rejetés à l'ouest ils sont maintenant dans la subdivision d'Aumale); les Zenakhera trouvèrent un refuge du côté de Boghar et, enfin, les Oulad-Ali-ben-Daoud et les Douaouda dans la région de Biskra. Les indigènes citent d'une façon positive plusieurs sous-fractions des Oulad-Mâdi originaires des Arib, et qui, au lieu de quitter le Hodna avec leur ancienne tribu, y restèrent et se fondirent au milieu

des vainqueurs. Ce sont, dans la fraction des Oulad-Mâtoug, des Oulad-Selini et les Akakla, et chez les Oulad-bou-Gahïa, les Khebatna. Les Mârif, originaires aussi des Arib, se seraient fondus avec les Oulad-Abd-el-Hak.

Les Oulad-Mâdi, devenus ainsi possesseurs de la partie occidentale du Hodna, s'établirent définitivement sur ce point, en rayonnant partout vers le nord; car les OuladMansour ou Mâdi de Bordj-bou-Arreridj font aussi partie de la grande famille des Oulad-Mâdi.

Les Oulad-Madi trouvèrent, en outre, établie sur l'OuedMsila, la fraction des Oulad-Sidi-Hamla qui, quoique comprise maintenant parmi les groupes qui constituent la tribu, n'a pourtant rien de commun avec elle. Ils la délogèrent de plusieurs points; mais ils la laissèrent se maintenir dans le Hodna, en retrécissant toutefois son territoire.

La tradition, conservée par des documents assez diffus et des généalogies qu'on trouve entre les mains des indigènes, et qui proviennent sans doute de compilations faites par quelques talebs peu scrupuleux, assigne aux Oulad-Hamla une origine assez curieuse pour qu'elle soit relatée.

« Les Oulad-Sidi-Hamla sont cherifs, et Sidi-Hamla, père de la tribu, est un descendant direct d'Idris, fondateur de la dynastie idrissite qui régna en Maghreb. C'est à ce titre qu'il descend du prophète Mahomet. Sidi-Hamla vivait au ve siècle de l'hégire. » Sans accepter ni contester cette origine très-douteuse, il est bon de remarquer que les Oulad-Sidi-Hamla ont toujours joui d'une réputation de sainteté qui a servi à établir les légendes ayant cours chez les indigènes, et dont l'une, entre autres, repré

sente Sidi-Hamla défrichant, guidant d'une main sa charrue et, de l'autre, arrachant les arbustes couvrant le sol. On le voit encore ailleurs arrêter, en imposant les mains, le cours torrentiel de l'Oued-Msila, grossi par une crue, et offrir ainsi un passage à un ennemi qui le provoquait d'un autre côté et qui, reconnaissant dans ce fait la puissance surnaturelle de ce saint homme, se retira en lui demandant sa bénédiction. D'après les documents cités plus haut, Lokman, fils d'Iris, auquel serait échu le commandement du pays de Saïda et de Msif, serait le père de Sidi-Mohammed-Hamla, qui, seul de cette grande famille, serait resté dans le pays avec ses nombreux serviteurs et adhérents, et aurait ainsi fondé la tribu des Oulad-Sidi-Hamia.

La tradition fait venir Abd-el-Hak, qui a donné son nom à celle fraction des Oulad-Madi, de la kasba des BeniIlman de l'Ouennour'a. Mis à la tête du Hodna par Mouley-Otman, prince du Maroc, qui avait étendu son autorité dans cette région lors de ses guerres contre les princes Hafsites de Tunis, Abd-el-Hak s'établit à Saïda, où il se maintint au milieu des Oulad-bou-Abbana, des Oulad-Nakhelat, des Oulad-Saïdi et des Merachda, peuplades semi-berbères, semi-arabes fixées à cette époque sur ce point, et qui composent actuellement la fraction. des Oulad-Abd-el-Hak.

La famille noble des Bou-Diaf descend en droite ligne d'Abd-el-Hak.

D'après les récits indigènes, la fraction des OuladMâtoug descendrait d'un homme du nom de Iakoub qui serait venu de Fez, amenant avec lui sa nombreuse

famille et une colonie d'Israélites qu'il tenait sous sa protection, et qui aurait peuplé plus tard les villes de BouSâda et de Msila.

Les Oulad-Sedira seraient de la même souche que les Oulad-Derradj, et seraient venus se mettre au service des Oulad-Madi comme cultivateurs.

Les Oulad-Sidi-Sliman seraient, suivant les uns, originaires des Oulad-Derradj, suivant les autres, des Zouï, tribu de marabouts de la subdivision de Batna. D'après ces derniers, le marabout Sidi-Sliman-el-Ouzzani serait jadis venu du sud, entraînant à sa suite un grand nombre de gens qui se seraient fixés sur l'Oued-Msila.

Qnant aux deux autres fractions, les Oulad-Ali-benKhaled et les Oulad-bou-lahïa, elles sont considérées, avec les Oulad-Mâtoug, comme le noyau autour duquel s'est formé la tribu.

Les Oalad-Madi passent en général pour nobles (djouad) et, de fait, ils ont toujours exercé dans le pays une suprématie dont il faut voir l'origine dans leur nature guerrière et leur réputation d'intrépidité et d'excellents cavaliers. De là, l'habitude de partager les Oalad-Madi en deux castes : les nobles et les merabtin ou cheurfa (Oulad-Sidi-Hamla).

Les Oulad-Abd-el-Hak appelés Oulad-bou-Ras, fournirent les chefs du sof de l'Oued-Msila. La famille des BouDiaf, avons-nous dit, est issue de cette fraction.

La famille qui se mit à la tête du sof de l'Oued-Chellal est, suivant les indigènes, étrangère à la tribu. BouAziz, qui en était le chef, était originaire des Oulad-SidiOtman des Zouï (Oulad-Derradj); son principal chef était

Brahim-ben-Abd-Allah, le révolté de 1864 dont nous aurons à nous occuper plus loin (1).

Bou-Sada (2).

Un certain Bel-Ouacha, homme de grande tente de la tribu des Bedarna, descendants des Soleïm de la deuxième invasion arabe, occupait depuis longtemps les immenses terrains qui s'étendent du Ilodna méridional jusqu'aux montagnes des Oulad-Naïl, lorsque, vers le quatrième siècle de l'hégire, un cherif nommé Sliman-ben-Rabiah, originaire du Maroc, vint camper au pied du Djebel-Msâda, à Aïoun-Defla.

Peu de temps après, il fut rejoint par un taleb vénérable qui avait fait de savantes études dans les zaouïa de Fez Si-Tamer, ainsi s'appelait ce lettré, s'arrêta près des pierres taillées, vestiges d'anciennes constructions nazaréennes. Le Marocain, séduit par l'abondance de la rivière et la limpidité de la fontaine, chassa les chacals qui demeuraient dans les roseaux, et aidé par les gens de Si-Sliman, il pétrit des briques, se construisit une maison, puis s'adonna à la contemplation et à l'étude des livres.

Quelques nomades des Oulad-Nail et des Oulad-Mâdi visitèrent ce saint homme, dont la réputation de science et de justice ne tarda pas à s'étendre jusqu'à Msila et audelà. Des jeunes gens, avides de profiter du savoir de

(1) Renseignement fourni par le commandant Aublin.

(1) Nous avons trouvé une partie des documents sur Bou-Sâda dans les notices de notre regretté ami Aucapitaine. Je les ai complétés par de nouveaux renseignements que j'ai recueillis_sur place.

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