Images de page
PDF
ePub

L'Oued-bou-Sellam descend des versants sud du DjebelMagris; il est formé par cinq ruisseaux, l'Oued-Mahouan, l'Oued-Mohammed-el-Hannach, l'Oued-Ouricia, l'OuedGoussinet et l'Oued-Fermatou, qui se réunissent au nord de Setif. La rivière prend alors le nom de Oued-bou-Sellam; elle court d'abord au sud-sud-ouest, passe à trois kilomètres à l'ouest de Setif, et va butter contre le DjebelSadim. Elle tourne alors au nord-nord-est, et vient franchir la chaîne dans laquelle elle prend sa source entre le Djebel-Tafat et le Guergour. Dans toute cette partie de son cours, le Bou-Sellam arrose la riche plaine des Amer, des Ouled-Mosli et des Rerazla; à partir des gorges du Guergour, il coule, au contraire, dans un pays très-accidenté. Arrivé au pied des Guifsar, il tourne brusquement à l'ouest et va tomber dans l'Oued-Sahel, en face du pic d'Akbou.

Le Bou-Sellam, qui, en réalité, n'est lui-même qu'un torrent, n'a pas d'affluents considérables. Les seuls quil méritent d'être cités sont, à droite, l'Oued-Kharoua du Djebel-Anini, l'Oued-Bachbach; à gauche, l'Oued-Bahira, qui descend du Bou-Taleb, et l'Oued-el-Mahin.

Le bassin de l'Oued-Aguerioun, d'une étendue beaucoup moindre, est compris entre les Babor au nord, le Magris et l'Anini au sud, le contrefort qui réunit l'Anini au Bou-Andas à l'ouest, et une ligne de collines peu importantes qui réunissent le Djebel-Medjounès au Babor, à l'est.

L'Oued-Aguerioun descend, sous le nom d'Oued-Berd, de la gorge qui sépare le Babor du Tababort; il longe le versant sud de la chaine du Babor jusqu'à hauteur du pic Adrar-ou-Mellal; là il tourne au nord, prend le nom

d'Oued-Aguerioun et se fraie un passage à travers l'énorme chaîne par une gorge d'une profondeur immense et qui n'a exactement que la largeur de son lit. La chaîne franchie, l'Oued-Aguerioun descend, sans avoir d'autres obstacles à surmonter, vers le golfe de Bougie, où il se jette.

Le seul affluent un peu important de cette rivière est l'Oued-bou-Chama, qui descend des versants nord du Magris, coule d'abord à l'ouest, dans une direction diamétralement opposée à celle de l'Oued-Berd, puis tourne brusquement au nord, après avoir dépassé le Djebel-Menlanou, et se jette dans l'Oued-Berd.

Le cercle de Setif proprement dit est divisé administralivement en une banlieue civile, puis en dix-neuf kaïdats et douze cheïkhats, tant en pays arabe qu'en pays kabile.

Le territoire civil forme, autour de la ville, une banlieue presque circulaire de vingt-quatre kilomètres environ de diamètre. Il a été pris exclusivement dans la tribu des Amer.

Les kaïdats arabes sont :

Amer-Dahara; Amer-Guebala; Eulma;

[ocr errors]

Dahara; Guellal et Oulad-Gassem;

Aïn-Taghrout; — Oulad-Nabet.

Les kaïdats kabiles sont :

Guergour; Amoucha;

[ocr errors][merged small]

Oulad-Mosli ;

-Sahel-Guebli;

Beni-CheBeni-Aïdel et

bana; Beni-Ourtilan; Beni-lala;

[ocr errors]

Illoula ;

[merged small][merged small][ocr errors]

Les cheïkhats sont :

Beni-Seliman.

Beni-Smaïl;

Sebtia ;

- Beni-Tizi;

Beni-Felkaï ; Beni-Djabroun;

Beni-Dracen;- Larbâ ; - Lâllem;

[ocr errors]
[ocr errors][merged small]

Beni-Menallah;

Oulad-Salah. A

l'exception du premier de ces cheïkhats, tous les autres se trouvent dans la région montagneuse des Babor.

La partie arabe, généralement en plaine et couverte d'abondants pâturages, est riche en bestiaux et en céréales. Elle est comprise dans l'immense plateau ondulé qui s'étend de la Medjana jusqu'à Tébessa. Dénudée comme tout le reste du plateau, elle produit beaucoup de céréales et convient admirablement à l'élève du bétail et des chevaux. Lorsque, au printemps, les récoltes ont atteint une certaine hauteur et qu'une légère brise fait onduler les épis, les plaines de Setif, qui s'étendent à l'infini, offrent aux regards l'aspect d'une er irisée des couleurs les plus chatoyantes; mais en été, quand le soleil a desséché et brûlé la plaine, tout le terroir ressemble à un immense paillasson fauve et poudreux.

Les habitants vivent groupés en douar sous la tente. Ils changent de campement plusieurs fois dans l'année, selon les exigences du moment, sans franchir le périmètre de leur tribu. Si les pâturages sont abondants sur tous les points du pays, chacun reste chez soi; mais dans les mauvaises années, quand la plaine est desséchée, que les pluies ont été insuffisantes pour favoriser la végétation, ou bien qu'une invasion de sauterelles a ravagé certaines étendues de pays, chacun cherche à établir la réciprocité de parcours avec des tribus voisines plus favorisées. Ces relations amicales sont déterminées suivant des conventions traditionnelles pour se prêter un secours mutuel.

Quelques familles, renonçant à l'existence de la tente, ont construit des mechta ou gourbis, sortes de chaumières, d'où elles ne s'éloignent pas.

Le Kabile tire sa principale richesse des oliviers et des arbres fruitiers qui abondent dans certains cantons; ses villages, placés d'habitude sur des points élevés et faciles à défendre, sont très-peuplés. Ceux qui bordent le cours du Bou-Sellam sont considérables, bien construits, couverts en tuile, et jouissent d'une aisance relative. Si l'industrie est nulle dans le pays de plaine, elle est trèsdéveloppée, au contraire, dans la montagne. On y confectionne beaucoup de beurnous, de tapis et autres étoffes en laine, des instruments en fer, des ustensiles en bois, de la poterie, des ouvrages en sparterie, du savon; autrefois, ils fabriquaient des armes, de la poudre et de la fausse monnaie. L'exploitation des forêts et des mines de fer par des compagnies européennes, sont aujourd'hui, pour eux, une nouvelle source de prospérité.

La population indigène de tout le cercle est estimée au chiffre de cent trente mille âmes environ. Dans la plaine, on parle arabe; dans la montagne, c'est la langue kabile qui est la plus répandue; certaines tribus éloignées n'en connaissent même pas d'autre.

Deux éléments bien distincts ont concouru à la formation de la population de toutes ces tribus; ce sont : 1° l'élément autochtone ou berbère, auquel se seraient mélangés les débris des conquérants romains et vandales; et 2o l'élément arabe amené par l'invasion hilalienne.

En remontant le cours des ages et consultant les auteurs grecs, latins et musulmans, nous voyons que les premiers habitants de cette région furent des peuples autochtones, enfants du pays, auxquels vinrent se mélanger plus tard, mais bien avant les temps historiques, d'immenses migra

tions venues toutes de l'Orient. Salluste parle des Gétules et des Libyens, parmi lesquels arrivèrent des Mèdes, des Perses et des Arméniens. Les auteurs arabes rattachent les Africains à la race de Cham; d'autres ramènent l'origine des Berbères à Djalout ou Goliath, c'est-à-dire aux Philistins, chassés par David de la Palestine. A l'époque romaine, les montagnes au nord de Setif étaient habitées. par de grandes peuplades connues sous le nom de Banioures et de Kedamousiens (Ketama). Aux Banioures, succédèrent les Bavares ou Babares, desquels vient évidemment le nom de Babor donné à leur pays.

Les Quinquegentiens, bandes puissantes, soumettent la peuplade des Nababes qui habitaient le Mons-Ferratus ou Jurjura; ils se fractionnent ensuite en tribus indépen dantes dont les plus connues sont, entre autres, les Massinissenses qui se trouvent, de nos jours, aux mêmes lieux où Théodore les combattit lors de la guerre de Firmus ; ce sont les Msisna ou Imsissen, de la rive droite de l'Oued-Sahel. Sur le territoire des Msisna, s'élève une haute montagne appelée aujourd'hui Nagmous et qui, vraisemblablement, doit être le Nagmus, figuré exaclement à la même place par la carte romaine de Peutinger.

D'après Ibn-Khaldoun, la grande tribu des Ketama habitait, lors de l'invasion arabe, la région montagneusc comprise dans le quadrilatère de Setif à Bougie et de Constantine à Collo. Parmi les nombreuses ramifications de cette tribu, figuraient quelques groupes que nous retrouvons encore à peu près à la même place et dont le nom primitif ne s'est pas beaucoup altéré. Ce sont les Silin, les Guescha, les Maàd, les Beni-Zoundaï, les Djemila, les Talha.

« PrécédentContinuer »