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17 juin 1856. Le commissariat civil devint sous-préfecture en 1858. Setif est enfin le siége d'un tribunal de première instance depuis 1860.

Par décret du 26 avril 1853, une concession de vingt mille hectares de terres a été accordée à une compagnie. genevoise en vue de hâter la colonisation européenne autour de Setif. Cette compagnie a créé plusieurs villages, entre autres ceux d'Aïn-Arnat, d'El-Ouricia, de Bouhira, de Mahouan, de Messaoud, d'El-Harmelia et quelques fermes importantes. La population européenne qui exploite ce territoire s'élevait, au 31 décembre dernier, à quatre cent cinq âmes, et les indigènes installés comme locataires ou employés, au chiffre de deux mille sept cents individus environ 1.

En résumé, la colonisation occupe aujourd'hui, autour de Setif, une superficie territoriale d'environ quarantesix mille hectares, sur lesquels s'élèvent encore les villages de Fermatou, Khalfoun, Mesloug, Aïn-Sefia et ElAnasser. Sur la route de Constantine sont ceux de SaintArnaud et de Saint-Donat.

Le cercle de Setif, qui confine aux cercles de Bougie et de Gigelli au nord, à l'est à ceux de Constantine et de Batna, au sud à celui de Batna et à l'ouest à celui de Bordj-bou-Areridj, forme un quadrilatère un peu allongé vers le nord-ouest, qui mesure environ trente lieues du nord au sud et à peu près la même longueur de l'est à l'ouest. Cette portion du pays a une constitution physique qui participe de celle de toute l'Algérie.

(1) Les rapports annuels, publiés par les soins de la Compagnie genevoise, renferment des renseignements statistiques très-curieux à consulter.

Le cercle est divisé par trois chaines de montagnes parallèles entre elles et à la mer, en trois gradins successifs dont le troisième, le plus au sud, fait partie de la grande ligne de partage du bassin de la Méditerranée et de ceux de l'intérieur.

Au nord, la grande chaîne des Babor qui se prolonge, à l'est, sous les noms de Tamesguida, Djebel-Afroun, Zareza, Arrès, Zouar'a, Mçid, El-Kantour, point où la chaine est coupée par la route de Philippeville à Constantine, aux Toumiettes, et se rattache au Djebel-Taïa. A l'ouest, cette même chaîne prend le nom de Takouclit, Takintoucht, montagne des Beni-Mohali, Djebel-Trouna, el va tomber presque à pic, sous le nom de Djebel-Gueldaman, sur l'Oued-Sahel, au confluent de cette rivière avec le Bou-Sellam.

Du Djebel-Trouna, se détache de la chaîne principale un contrefort considérable, qui, se dirigeant du sud au nord, va rejoindre les contreforts du Jurjura en-formant, à son point de jonction avec eux, le défilé de Felaï par où s'échappe l'Oued-Sahel pour descendre vers la mer.

Cette grande chaîne, dite des Babor, renferme, dans la partie comprise dans le cercle de Setif, plusieurs pics remarquables, qui sont le Babor ct le Tababort, séparés seulement par une gorge étroite et qui s'élèvent, le premier à mille neuf cent soixante-dix mètres, et le deuxième à mille neuf cent soixante-cinq mètres au-dessus du niveau de la mer; Adrar-Amellal (ou bien ou-Mellal) mille neuf cent quatre-vingt-quinze mètres. C'est du pied de ce mont que l'Oued-Aguerioun franchit la chaîne, en passant par une coupure à pic de près de mille mètres de profondeur dite Chabet-el-Akhera (le ravin de l'autre

monde); vient ensuite le Takoucht, qui a mille neuf cent quatre mètres de hauteur; le Takintoucht, mille six cent soixante-quatre mètres.

A l'ouest de ce pic, la chaine s'abaisse sensiblement en traversant les Guifsar et les Beni-Mohali; puis elle se redresse brusquement par le Djebel-Trouna, d'où elle va, en s'abaissant, tomber sur l'Oued-Sahel sous le nom de Djebel-Gueldaman.

Cette chaîne, qui forme véritablement la berge de la Méditerranée, ne donne naissance, sur son versant nord, qu'à des ruisseaux insignifiants. Elle est de la nature la plus sauvage et la plus pauvre, et est habitée par des tribus kabiles misérables, dont le caractère, fier et remuant, se plie difficilement à l'obéissance.

Au sud de cette première chaîne, et à environ sept licues, s'en trouve une deuxième qui lui est exactement parallèle, mais qui n'a pas le même caractère sauvage; elle prend, à partir de l'est, les noms de Djebel-Medjounės, de Djebel-Magris dont le sommet est à mille sept cent vingt-deux mètres; de Djebel-Anini, de Tafat, de Guergour, de Djebel-Magraoua; elle se prolonge, dans le cercle de Bordj-bou-Areridj, sous le nom de Djebel-bouChian, Djebel-Zamora, Djebel-Djafra, Djebel-Bounda, des Biban, et va se rattacher au massif du Dirà, au sud d'Aumale.

A l'est, elle se prolonge sous le nom de Djebel-Sâada, Lekahl, Zouaoui; elle est coupée à Constantine par le Roumel; de là elle passe au nord de Guelma et va mourir, près de La Calle, au cap Roux.

Du Djebel-Anini se détache un contrefort qui court vers le nord et va se relier à la chaîne des Babor par le

Djebel-bou-Andas. Če contrefort complète, comme on le verra plus bas, la ligne de partage entre le bassin du Bou-Sellam et celui de l'Oued-Aguerioun.

Comme la chaîne des Babor, cette deuxième chaîne est coupée par un cours d'eau assez important, le BouSellam, qui descend du versant sud du Magris, conle d'abord au sud, puis, tournant brusquement au nord, franchit la chaîne où il a pris naissance, entre le DjebelTafat et le Guergour, à travers une gorge d'une profondeur considérable et de l'effet le plus pittoresque, où il existe une source thermale qui jonit, dans le pays, d'une grande réputation.

La région comprise entre la chaine des Babor et cette deuxième chaîne est très-accidentée; elle est, néanmoins, cultivée presque partout. La partie Est produit des céréales en abondance; en se rapprochant de l'Oued-Sahel, le pays devient plus difficile; mais il est, néanmoins, couvert de populeux villages, très-fertile et très-cultivé. Les Kabiles y ont des jardins de toute beauté, et y cultivent l'olivier sur une très-grande échelle.

Enfin, au sud du Magris, à environ dix-huit lieues, passe la grande ligne de partage du versant méditerranéen et du bassin des Cholt.

Cette grande chaîne, qui traverse l'Algérie dans toute sa longueur, porte, dans la partie comprise dans le cercle de Setif, le nom de Djebel-bou-Taleb. Cette montagne, qui ferme, du côté du sud, l'horizon de la plaine de Setif, sépare le Tell proprement dit du bassin des Chott, appelé, dans cette partie de l'Algérie, Hodna. Il est couvert tout entier d'une forêt qui fournit en abondance des

cèdres et des pins d'Alep, le chêne-vert, le genévrier, le thuya, etc.

Cette chaîne très-abrupte ne peut être franchie commodément que par les cols de Soubella et de Ras-elAïoun. Elle est habitée par une population d'origine berbère très-industrieuse et qui, avant la conquête française, tirait un grand parti de la mine de plomb située dans la fraction du Hal-Hamma.

Au milieu de la vaste plaine qui sépare le Djebel-Magris du Djebel-bou-Taleb, sort brusquement de terre une chaîne d'une constitution bizarre. Cette chaîne, qui n'est qu'un énorme rocher aride, court de l'est à l'ouest, comme tous les autres. Vers son milieu, une solution de continuité de trois lieues de longueur la divise en deux parties le Djebel-Youssef, à l'est, dont l'extrémité orientale est marquée par le piton de Sidi-Brao, et le DjebelSadim, à l'ouest. De cette combinaison de montagnes résulte, pour la ville de Setif, un coup d'oeil des plus pitloresques; en effet, pour le spectateur placé dans cette ville, la plaine des Rir'a, vue par la coupure qui sépare le Djebel-Youssef du Sadim, se déroule comme la scène d'un théâtre immense, dont les pics du Bon-Taleb forment le fond.

Telle est, à grands traits, l'esquisse du réseau des montagnes qui sillonnent le cercle de Setif. Au point de vue hydrographique, il est compris tout entier dans les deux bassins de l'Oued bou-Seilam et de l'Oued-Aguerioun.

Le bassin du Bou-Sellam est fermé, au nord, par la première des chaines de montagnes dont nous avons parlé, c'est-à-dire à partir du confluent de la rivière avec l'Oued-Sahel, par le Djebel-Gueldaman.

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