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Hérodote nous apprend que, de son temps, on racontait chez les Scythes, la légende de l'hyperboréen Abaris qui, jadis, « avait porté une flèche tout autour de la terre sans manger (1). Cette légende n'est-elle pas un vague écho des antiques migrations de cette race. primitive, qui donna à la mythologie scandinave son dieu Barr ou Bor, l'ancêtre de Asses ou divinités primordiales.

Les Ibères, venus des pentes du Caucase, jetèrent de nombreux rameaux en Grèce, en Italie, en Gaule et aussi dans cette Espagne à laquelle ils donnèrent leur nom. Ce fut de là qu'ils passèrent en Afrique, s'étendant vers le Sud et l'Est en suivant les vallées et en laissant au Maroc les masses foisonnantes et compactes dont les descendants directs portent aujourd'hui le nom de Beraber ☐☐☐, qui n'est que le pluriel par réduplication du radical ber, aber,, dont le sens en berbère est : « Émigrer en masse, foisonner, déborder. »

Dans le sud du Sahara, ils laissèrent une autre agglomération considérable, peut-être même fondèrent-ils un des plus anciens états du continent africain: car, dans le pays des Touareg on montre les tombeaux des Iabbaren comme les monuments de la plus ancienne des races autochthones, race puissante, aujourd'hui légendaire, mais dont le souvenir n'est pas complètement éteint (2).

Plus tard, les traditions africaines gravement recueillies et enregistrées par les écrivains musulmans, firent de Berr,, l'ancêtre commun de toutes les races berbères, et le chef de la branche nord garda même, dans son appellation, le nom patronymique divinisé, car Beranes, Branes, c'est:

(1) Herodote, Meloomène, XXXVI.
(2) Voir Duveyrior, les Touaregs du Nord.

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« Berr est son dieu,» sens qui souligne pour ainsi dire la ressemblance, disons mieux, l'identité du Berr africain et du Borr skandinave.

Ces Ibères (ou Iabbaren), bien antérieurs aux Celtes, étaient, d'après ce qu'on sait aujourd'hui, des gens de taille moyenne, aux cheveux bruns, aux yeux noirs; la langue berbère nous confirme ce signalement dû à l'anthropologie moderne, car l'ethnique Ibère, singulier ber ou abar,, avec un suffixe grammatical devient, à la 22° forme, le nom-adjectif:

EX

=

=

berik, noir, foncé, brun, être noir, etc.; ètre de la race des Ibères c'était donc être noir, nous dirions bruns.

Ce vocable berik est toujours usité, mais la forme du participe présent: aberkan, est plus fréquente.

Les populations ibériennes de l'Europe comprenaient un grand nombre de nations; plusieurs d'entre elles contribuèrent au peuplement méditerranéen de l'Afrique septentrionale, et la preuve en est dans le caractère berbère de la plupart de leurs dénominations usuelles.

Ainsi, chez les Basques, les anciennes légendes nationales donnent au père de la race, échappé seul au déluge, le nom de Aïtor, mot dont la forme berbère s'accuse nettement:

+ = aït-our ou aït-tour.

Le premier vocable s'explique par: tribu de la race. originaire, tribu de la race lunaire — et enfin par: tribu de la race de la montagne, explication qui convient aussi au second vocable: aït-tour.

C'est, on le voit, une variété d'un des sens analytiques du mot ibère.

Chez les Basques, l'idée de homme était exprimée par le mot ouasko, ouasaka, ce qui revient au berbère:

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= oua = celui, ceux;

X = sak = des demeures primitives.

Nous expliquerons, ultérieurement, plus en détail ce mot sak (1), qui forme le radical de plusieurs ethniques africains; disons seulement ici, qu'il a aussi parfois en berbère, outre cette signification de demeure, celle de « nomade, rapide, léger. »

Une des vieilles tribus basques les mieux connues des Romains était celle des Cantabri, dont le nom fut même pendant longtemps étendu à toute la race; ce vocable signifie, en basque moderne, « chanteur excellent », mais il a pu primitivement être le berbère +: Kantaber;

1.;=kan = gouvernement, état,
fédération;

de Om), rienne. »>

=

=

ligue, con

+= taber celle des Berr ou Ibères (6o forme « État ou Confédération des Ibères, ligue ibé

Une autre grande tribu basque était celle des Ligurès ou Liguriens, dont le nom, dans l'idiome national, s'expiique par lli = peuple, et gor= montagne, c'est-à-dire « peuple de la montagne. »

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=

C'est exactement l'explication que nous fournit le mot écrit en berbère: I = ligor, ligour; || = ili, être, ☐ exister el, posséder, = loua les possédant, les peuples; gor, gour montagne, monticule, « les peuples de la montagne, les possesseurs de la montagne.

= =

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Au surplus = gor, gour, GR, est un vocable qui

(1) Voir Revue africaine, no 172, juillet-août 1885, page 258 et suiv,

se retrouve dans toutes les langues indo-européennes avec le sens de: montagne, monticule, témoin géologique, etc. (p en grec, giri en ariaque, gaïri en zend, gora en slave), et il existe en berbère, outre les gour ou garat, témoins géologiques du Sahara, un grand nombre de lieux montueux portant cette dénomination plus ou moins altérée (entre autres les monts Gouraya, près Bougie et près Cherchell, etc.).

La province ligurienne d'Alava (Libia, Livua ou des Levii), en Espagne, a pu fournir ces migrations des Lioua, Lebou ou Libiens, établis en Berbèrie dès les temps les plus reculés; Lebou se décompose en :

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Ce nom, après avoir servi d'abord à désigner tous les peuples du nord de l'Afrique, s'est conservé, dans les ethniques modernes, de: Allaoua Ahl-Loua, et de Lioua, oasis du zab chergui de Biskra. Il s'est conservé aussi dans le vocable berbère de l'Aurès: =aileb,

=

qui a usuellement le sens de « enfant. »>

Les Ligures cisalpins nous conduisent jusqu'à l'Étrurie ou pays des Étrusques; en berbère, Etrurie, devient El-Rouri, Aït-Rour:

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Et le mot Étrusque devient: Aït-our-saki :

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Les Étrusques avaient la prétention de descendre de leur dieu national Janus: c'étaient des ou-djana-ou

jana, fils du ciel, comme les Gudjana berbères : leur dénomination nationale était Rasena, mot dont le sens berbère est : « homme savant, »>

= R = our = homme,

10 =Sen sena = savoir, savant,

dénomination qui est en harmonie parfaite avec ce que nous savons de ce peuple si remarquable par la haute culture intellectuelle où il était parvenu dès les âges les plus reculés.

Chez les Étrusques, sur la limite de l'Ombrie, nous trouvons, comme nom d'une des principales tribus, les Taddertains, mot dont la traduction berbère est « villageois, citadins, et plus rigoureusement montagnards, » et qui vient de +A+ taddert, ville, village, montagne, dénomination géographique d'un grand nombre de localités kabyles ou sahariennes.

D'après Schaw, ce nom, en caractères étrusques, s'écrit: 303+V+ et se lit de droite à gauche: touder (1). On est frappé de la ressemblance de ces caractères avec les tifinar; encore bien que la valeur des lettres ne soit pas identique, on voit qu'on en est présence d'alphabets de la même famille. Une étude comparée du berbère et de l'étrusque mettrait certainement en relief d'autres similitudes plus remarquables encore dans les mœurs, dans les formes et dessins des poteries, et aussi dans le langage, à en juger du moins par le latin qui est le seul idiome voisin de l'étrusque dont nous puissions parler. Mais là où il conviendrait surtout de faire des recherches de linguistique comparée, ce serait dans le celtibérien, encore si mal connu : les inscriptions et médailles désignées sous ce nom sont écrites en réalité absolument et exclusivement en caractères tifinar. Nous ignorons si la valeur des lettres est la mème, mais la forme est iden

(1) Il y aurait plutôt TaDeTDeRD, la lecture ou la transcription donnée par Schaw semble défectueuse.

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