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LETTRE DU 16 SEPTEMBRE 1665 (Mayolas)

Le duc de Beaufort, qui, sans cesse,
Par sa valeur et son adresse,
Vogue, cingle et règne sur mer,
Avoit l'œil au guet près d'Alger
Pour épouvanter ces Barbares,
Plus dangereux que les Tartares.
Mais, ayant ouï tout de bon
Le terrible bruit du canon,
Remply de courage et de zèle,
Il se rendit près de Sarcelle
Pour rejoindre maint gros vaisseau
Qui, près de terre, étoit sur l'eau.
Prenant Sainte-Anne et la Royale,
D'une vitesse sans égale,

Il courut du côté des lieux
D'où venait le bruit furieux.
Il apercut avec liesse
Aupres de cette forteresse
Cinq navires des ennemis
Qui là, par hazard, s'étoient mis,
Accompagné de tout son monde
Qui dans le peril le seconde
Du commandeur Pol, courageux,
Du marquis de Martel, très preux,
Il les ataque, il les canonne,
N'epargne vaisseau ny personne,
Les charge vigoureusement,
Les blesse dangereuzement,
Rompt les mats et perce les toiles
De leurs plus favorables voiles,
Emporte la teste et les bras

Des capitaines et soldats;

De sorte que tous ces corsaires,
Quoy qu'ils soient beaucoup temeraires,

Furent contraints de reculer

Et de promptement s'en aller.

Alors ce prince avec ses troupes,

Dans des barques et des chaloupes,

Les poursuivant, prit l'amiral,
Le Croissant, le vice-amiral
Et remporta toute la gloire

De cette celebre victoire.

LETTRE DU 25 OCTOBRE 1665 (Mayolas)

Du Louvre, on porta dix drapeaux
Illustres, riches, grands et beaux,
Que le duc de Beaufort nagueres
A remporté sur les corsaires
Au son des trompettes, tambours,
Plus éclatans que les discours
Dans l'église de Notre Dame
Ou tous les jours on la reclame.

(A suivre).

H.-D. DE GRAMMONT.

NOTES

SUR LA

BASILIQUE DE THEVESTE "

Les ruines de la basilique sont situées à environ. 600 mètres au N.-E. de la ville actuelle de Tébessa. Elles consistent en un vaste édifice de 66 mètres de longueur, sur 22 de largeur, renfermé dans un mur d'enceinte de 180 mètres de longueur, sur 100 de largeur en moyenne. Des tours carrées, dont deux seulement sont encore en partie debout, sont distribuées autour de cette enceinte. L'entrée principale est tournée vers le S.-O., dans la direction de la ville; elle donne accès dans une cour, de chaque côté de laquelle se trouvaient des constructions aujourd'hui rasées au niveau du sol. En face de cette porte est un vaste escalier, qui sépare cette cour de la basilique proprement dite.

La basilique de Theveste était bâtie sur un plan rectangulaire, trois fois plus long que large. La façade principale était ornée de colonnes, et se prolongeait à droite et à gauche de l'escalier par un portique. Trois portes conduisaient dans le bâtiment, dont la capacité intérieure était divisée, dans le sens de sa longueur, en trois parties, par une double rangée de colonnes ados

(1) A ces notes était joint un fort beau plan de la basilique; à notre grand regret, nous avons dù renoncer à le publier, l'exiguïté de nos ressources ne nous permettant pas d'affronter les frais de la gravure. (N. de la R.)

sées à des pieds-droits supportant des arcades dirigées dans le sens longitudinal de l'édifice. La partie centrale était plus large et plus haute que les deux ailes; elle se terminait par un hémicycle; à droite et à gauche de l'hémicycle, deux salles rectangulaires correspondaient aux bas côtés. Elle offrait, à l'intérieur, deux ordres superposés.

Les colonnes du premier étage supportaient le plafond des galeries supérieures et les demi-pilastres soutenant la toiture au-dessus de la nef centrale, excepté du côté de l'hémicycle.

Le second ordre était séparé du premier par un mur peu élevé qui formait la balustrade et servait de stylobate continu aux colonnes supérieures.

Entre la porte principale du monument et celle de la nef, un espace carré, de 20 mètres de côté, garni intérieurement de 4 portiques, avec une vasque au centre, formait l'atrium. Cette partie était à ciel ouvert.

Dans l'aile droite du bâtiment, en face de la 3e rangée de colonnes en partant de l'atrium, il existe une porte de communication donnant accès, au moyen de onze marches, dans une partie annexée en contre-bas au corps principal. Cette annexe présentait l'aspect d'un trèfle régulier. Les branches du trèfle étaient formées par trois hémicycles de même diamètre que celui de l'abside de la nef centrale.

Le tout était construit en grand appareil, avec des assises régulières de 0m51 d'épaisseur.

Comme architecture, ce monument est du style corinthien, et ses proportions sont de l'époque de la Rome impériale.

D'un examen attentif des ruines, en laissant de côté les débris qui proviennent des restaurations, on peut tirer les conclusions suivantes :

1o Les colonnes de l'étage inférieur étaient en granit. Les fùts, à double socle, l'un circulaire, l'autre carré,

sont des monolithes. Le diamètre inférieur des colonnes est de 0m50, ce qui donnait pour module: R 0,25. La hauteur de ces colonnes est de 4 mètres. Elle est donc exprimée en modules par le chiffre 16. Cette proportion s'écarte un peu de celle de Vitruve, qui est de 19.

L'espacement d'axe en axe des colonnes est de 3m25, ce qui donne un écartement ordinaire, puisqu'il est généralement de 6 modules pour les colonnes corinthiennes. Une architrave monolithe courait d'un chapiteau à l'autre.

A chacune de ces colonnes, dans la nef, était adossé un pied-droit, monolithe de 2m42 de hauteur et de 0m45 d'épaisseur. Ces pieds-droits supportaient directement des arcades en plein cintre, de la plus grande simplicité, car l'archivolte même n'y figurait pas. Ces arcades nous donnent la hauteur des galeries latérales: 5m30.

Il n'y avait pas de pieds-droits derrière les colonnes de l'atrium.

2o Les colonnes de l'étage supérieur étaient en marbre rose, et n'avaient que 3m20 de hauteur. Leur diamètre inférieur était de 0m40, ce qui donnait un module de 0,20, soit, pour leur hauteur: 0,20 16 3m20. - Selon Vitruve, les colonnes de l'étage supérieur devaient être d'une hauteur égale aux 3/4 de celles de l'étage inférieur; les proportions étaient donc bien observées ici.

3o La toiture à deux pentes était en charpente.

4o Les chapiteaux étaient tous de l'ordre corinthien le plus pur, tant par leur hauteur (2 modules 1/3) que par la forme des feuilles d'acanthe, des volutes et du tailloir.

Le Testament de Caïus Cornelius Egrilianus, dont une partie est gravée sur l'arc de triomphe de Tébessa, présente malheureusement des lacunes assez nombreuses. La construction d'un autre édifice y était peut-être prévue en même temps que celle de l'arc de triomphe. Nous

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